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Le Parti de l'égalité socialiste condamne le coup d'État présidentiel au Sri Lanka

Par le Parti de l'égalité socialiste
6 novembre 2003

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Le Parti de l'égalité socialiste, la section sri-lankaise du Comité International de la Quatrième Internationale, condamne avec vigueur la prise de pouvoir antidémocratique de la présidente sri-lankaise Chandrika Kumaratunga. Le fait qu'elle ait pris en charge trois ministères cruciaux, la Défense, l'Intérieur et l'Information, suivit de la déclaration de l'état d'urgence est une préparation à un coup d'État constitutionnel. Se basant directement sur l'armée, Kumaratunga a accompli les premiers pas pour mettre en place une dictature militaire.

Kumaratunga a maintenant les forces de sécurité entièrement sous son contrôle. Elle a commencé à les déployer autour des lieux stratégiques tels les principales centrales énergétiques de Colombo, plusieurs ambassades ainsi que les médias et les presses nationalisées. Elle a nommé des personnes à sa solde pour administrer ces institutions et d'autres départements et elle a suspendu le parlement pour deux semaines, enlevant dans les faits tous moyens au gouvernement du Front national uni (United National Front, UNF) de défier constitutionnellement ses gestes.

Encore plus important, l'état d'urgence abroge les droits démocratiques fondamentaux du peuple sri-lankais dans des conditions où les travailleurs, les jeunes et les masses de la campagne deviennent de plus en plus militants contre le chômage de masse, l'élimination des emplois, les privatisations et la détérioration des services sociaux. Alors que les provisions de la déclaration de l'état d'urgence ne sont pas toutes clarifiées, les précédentes avaient banni l'activité politique et permis au président d'imposer une censure très dure et à la police et à l'armée d'effectuer des arrestations et des détentions arbitraires.

En condamnant le coup de Kumaratunga, le PES dénonce aussi le rôle criminel qu'a joué le Lanka Sama Samaja Party (LSSP), le Nava Sama Samaja Party (NSSP) et le Parti communiste. Toutes ses soi-disant «organisations ouvrières» se sont rangées derrière Kumaratunga et ses manoeuvres basées sur l'armée contribuant ainsi à graisser la machinerie de la dictature.

Pour renforcer son contrôle sur le pays, Kumaratunga a usé de tous les pouvoirs étendus et autocratiques dévolus au président en vertu de la constitution de 1978 qui avait été imposée par le gouvernement du Parti national uni de J.R. Jayawardene en réponse au soulèvement de la classe ouvrière des années 1970.

Lorsqu'il était dans l'opposition, le Parti de la liberté du Sri Lanka (Sri Lanka Freedom Party, SLFP), le parti de Kumaratunga, s'était élevé contre cette «constitution dictatoriale» et avait promis de mettre un terme à la présidence exécutive. Mais en 1994, lorsque son Alliance du peuple (People Alliance, PA) a gagné les élections, elle a renié ses engagements. Alors que le PA a perdu les élections en 2001, Kumaratunga a gardé la présidence. Elle exploite maintenant cette position pour miner le gouvernement élu.

Au centre de la lutte pour le contrôle de l'État, il y a le conflit au sein de l'élite dirigeante sur les tentatives du gouvernement de l'UNF de mettre un terme à vingt ans de guerre civile dévastatrice pour le pays. Le premier ministre Ranil Wickremesinghe a cherché à négocier un accord de partage du pouvoir avec les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) comme une façon de faire de l'île une zone de main d'oeuvre à bon marché ouverte aux investisseurs étrangers. Ces initiatives ont eu l'appui des États-Unis, de l'Union européenne et de l'Inde qui y voient leur intérêt économique et stratégique ainsi que par la grande entreprise. Représentant les intérêts des secteurs les plus arriérés du monde des affaires ainsi que de couches de la bureaucratie étatique et militaire qui a tiré bénéfice de la guerre, Kumaratunga et la PA se sont opposés au «processus de paix», se tournant de plus en plus vers les partis du chauvinisme cingalais comme le Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) le Sihala Urumaya (SU).

Le coup d'État constitutionnel de Kumaratunga a lieu trois jours seulement après que les LTTE aient rendu public leur proposition pour une Autorité autonome intérimaire dans le nord et l'est de l'île dans une tentative de faire démarrer des négociations qui s'étaient embourbées. Pendant des semaines, le PA avec le JVP et le SU a dénoncé les plans pour une administration intérimaire comme une «trahison» qui diviserait le pays.

L'alliance entre Kumaratunga et les groupes d'extrême-droite et chauvins doivent être pour la classe ouvrière un avertissement sans équivoque sur le contenu de son coup. Les actions du JVP pour fomenter le racisme et ses accusations de «trahisons de la nation» rappelle le rôle qu'il avait joué à la fin des années 1980 lors de l'accord entre l'Inde et le Sri Lanka, alors qu'il avait mobilisé des bandits armés pour assassiner les opposants à ses campagnes «patriotiques», y compris des membres de la Ligue communiste révolutionnaire, le prédécesseur du PES.

En dénonçant les actions de Kumaratunga et en s'opposant à son coup, la classe ouvrière ne doit pas offrir le moindre appui au gouvernement de l'UNF. Ses plans pour la «paix» n'ont rien à voir avec les aspirations des travailleurs ordinaires pour les droits démocratiques et pour l'amélioration de leur niveau de vie. Peu importe leurs désaccords, les plans développées par l'UNF et les LTTE impliquaient l'imposition d'une administration intérimaire non-élue et communaliste à la population du nord et de l'est de l'île et un programme de restructuration économique draconienne de la classe ouvrière sri-lankaise dans son ensemble. La volonté des LTTE de se joindre tactiquement avec l'UNF lors de l'utilisation de l'armée contre les 80.000 travailleurs d'hôpitaux en grève en septembre dernier annonce clairement ce que l'on peut attendre d'une entente sur le partage du pouvoir entre ces deux partis.

De plus, si Wickremesinghe était dans l'opposition plutôt que Kumaratunga, il ferait sans aucun doute la même chose qu'elle. L'UNP autant que le SLFP sont profondément embourbés dans le chauvinisme cingalais, qu'ils utilisent depuis des décennies pour diviser la classe ouvrière selon des lignes communales. Il y a trois ans seulement, sous la pression de la grande entreprise et des puissances impérialistes, Kumaratunga a cherché à faire adopter un ensemble de réformes constitutionnelles qui auraient ouvert la voie à des pourparlers avec les LTTE. En réponse à la campagne chauvine lancée par le JVP et d'autres extrémistes cingalais, Wickremesinghe a renié l'assurance qu'il avait donné à Kumaratunga qu'il lui donnera les voix pour qu'elle obtienne les deux tiers de la Chambre nécessaires pour faire adopter ses changements. Ceci l'a forcée à retirer sa proposition.

Pour sortir de ce bourbier chauvin où chaque parti bourgeois tente de surpasser l'autre en jouant la carte du chauvinisme, développant ainsi des formes de gouvernance toujours plus réactionnaires et antidémocratiques, la classe ouvrière doit se baser sur les leçons de son expérience historique.

Les origines de la crise politique actuelle vient directement des suites de 1964, lorsque le LSSP abandonnait les principes de l'internationalisme socialiste et rejoignait le gouvernement de la mère de Kumaratunga, Sirima Bandaranaike.

En s'adaptant au chauvinisme cingalais anti-tamoul du SLFP, le LSSP créait les conditions pour la montée du communalisme, qui mena en 1983 à l'éclatement de la guerre civile. Au même moment, en joignant un gouvernement bourgeois en 1964 puis en 1970, le LSSP abandonnait la classe ouvrière tamoule et les sections les plus opprimées de la population cingalaise, avant tout, les masses rurales et les jeunes. C'est le vide politique laissé par la grande trahison du LSSP a ouvert la voie à la croissance du LTTE et du JVP.

La classe ouvrière est la seule force sociale qui peut offrir une solution progressiste à la crise sociale et politique qui s'approfondit au Sri Lanka. Ni le PA et ni l'UNF n'ont une politique qui peut le moindrement répondre aux besoins et aux aspirations des travailleurs, des jeunes et des masses de la campagne. Voilà pourquoi ils cherchent à garder leur pouvoir au moyen de luttes intestines, du communalisme racial et en mobilisant les militaires.

La classe ouvrière ne pourra défendre ses intérêts seulement si elle établit une entière indépendance politique de toutes les factions de la bourgeoisie et de leurs défenseurs politiques que sont le LSSP, le NSSP et le PC. Ceci demande que les pauvres des villes et des campagnes se rallient à un programme socialiste qui aura pour but de façonner la société de haut en bas pour qu'elle satisfasse aux besoins humains de la majorité, pas qu'elle génère des profits pour quelques-uns.

Pour réaliser ceci, les travailleurs doivent rejeter de façon décisive toutes les formes de communalisme et de racisme. Qu'il soit Cingalais, Tamoul ou musulman, chaque travailleur confronte la même lutte quotidienne pour survivre en face d'un ennemi de classe commun. La classe ouvrière doit unifier ses luttes au-delà des lignes ethniques pour la République socialiste unifiée du Sri Lanka et de l'Eelam comme une partie de la lutte pour le socialisme sur tout le sous-continent indien et à travers le monde. L'unique parti luttant pour ce programme est le Parti de l'égalité socialiste et son organe internationale, le World Socialist Web Site.

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