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Les leçons de la débâcle des démocrates en Californie

Par Barry Grey
9 octobre 2003

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La récusation du gouverneur californien, Gray Davis et son remplacement par Arnold Schwarzenegger est une débâcle aux proportions historiques pour le Parti démocrate. Une fois de plus, les forces d'extrême droite au sein du Parti républicain ont été capables d'exploiter la faillite de leur rival politique bourgeois pour prendre le pouvoir politique ­ cette fois-ci, dans le plus grand des États américains.

Qu'ils aient été capables de le faire si aisément et avec pour candidat une star du cinéma qui est autant arriéré qu'illettré politiquement, souligne l'ampleur de l'effondrement des démocrates. Le vote pour la récusation du gouverneur démocrate sortant, la première question à laquelle les électeurs devaient répondre, n'a même pas été serré avec 54 pour cent de «oui» et 46 pour cent de «non». Sur la question du remplacement de Davis dans le cas où la récusation serait gagnée, la marge de Schwarzenegger sur ses rivaux est encore plus marquée : 48 pour cent pour le multimillionnaire, «héros» de films d'action et investisseur de l'immobilier contre seulement 32 pour cent pour le lieutenant gouverneur Cruz Bustamante.

En combinant le vote de Schwarzenegger avec celui de l'autre candidat républicain, le sénateur Tom McClintock, qui a reçu 13 pour cent du vote, le pourcentage de vote pour les républicains monte à 61 pour cent et ce, dans un état largement démocrate où le nombre de démocrates inscrits surpasse celui des républicains, 44 pour cent contre 35 pour cent.

Les informations statistiques sur le taux de participation et son découpage viennent confirmer la désintégration de l'appui pour les démocrates parmi ceux qui constituent traditionnellement sa base électorale. Alors que le taux de participation général se situe aux alentours de 60 pour cent des électeurs inscrits, un taux relativement élevé comparativement à d'autres élections de mêmes envergures, la participation dans les châteaux fort républicains a été considérablement plus intense que dans les fiefs démocrates.

La moitié des syndiqués ont voté pour la récusation, défiant la bureaucratie syndicale qui a dépensé des millions pour garder Davis, son allié politique, au pouvoir. Quelque 40 pour cent des électeurs de famille syndiquée ont voté Schwarzenegger. Bustamante ne dépasse Schwarzenegger que d'un pauvre 9 pour cent parmi les électeurs syndiqués, alors que les électeurs gagnant moins de 40.000$ par année partage leur vote également.

Un quart des démocrates inscrits a déserté leur parti et votés pour la récusation de Davis et un sur cinq a voté pour qu'il soit remplacé par Schwarzenegger. En tout, moins de deux sur trois démocrates a voté pour Bustamante.

Malgré la candidature de Bustamante et une tentative de dernière minute pour se gagner les immigrants mexicains, sous la forme d'une loi signée par Davis autorisant les travailleurs sans papiers à obtenir un permis de conduire, les démocrates ont fait piètre figure parmi la population hispanique. La moitié des hispanophones qui se sont rendus aux urnes ont voté pour la récusation, et Bustamante a reçu moins de 60 pour cent des voix hispaniques.

D'autres indices soulignent l'incapacité du Parti démocrate de se rallier une large base d'appui parmi la population ouvrière et la classe moyenne dans certaines sections de l'électorat. Quelque 40 pour cent des indépendants ont voté pour Schwarzenegger alors que moins de 30 pour cent ont voté pour Bustamante.

Une majorité d'électeurs dans tous les groupes d'âge ont appuyé la récusation, et près de trois sur cinq nouveaux électeurs ont préféré sortir Davis. La région de la baie de San Francisco est la seule région dans l'État où une majorité a voté contre la récusation de Davis.

La débâcle des démocrates est encore plus cuisante pour eux lorsque l'on considère le nombre de vedettes du parti venu en pèlerinage en Californie pour apparaître aux côtés de Davis et lui donner leur appui. Ceci inclut l'ancien président Bill Clinton, le candidat aux élections présidentielles de 2000, Al Gore, virtuellement tous les aspirants candidats à la présidence, Jesse Jackson, l'ancien gouverneur de la Californie, Jerry Brown, les sénateurs démocrates pour la Californie, Dianne Feinstein et Barbara Boxer, et bien d'autres. Le résultat de l'impact combiné de leur présence pour générer un appui pour Davis est grosso modo de zéro.

Que le fiasco pour les démocrates ne soit pas attribuable à un grand virage à droite de la population est illustré par le résultat du vote sur la proposition 54. Cette initiative, menée par les forces de la droite en Californie, aurait interdit à l'État de recueillir des informations sur la race et l'origine ethnique. La proposition a été largement battue à 63 pour cent contre 37 pour cent.

Le vote reflète plutôt la colère et la frustration des travailleurs et des gens de la classe moyenne envers les politiques de l'administration Davis et l'échec des démocrates à trouver des réponses à la détérioration des conditions sociales et économiques. Davis, un modèle de soi-disant démocrate «centriste», représente le tournant vers la droite pris par le parti dans son ensemble durant le dernier quart de siècle.

Il est un supporteur de la peine de mort et des politiques de la loi et de l'ordre qui ont provoqué l'effroyable croissance de la population carcérale. Il a imposé des hausses brutales des tarifs d'électricité après qu'Enron et les autres géants de l'énergie eurent provoqué des coupures d'énergie et augmenté les prix en 2000-2001. Ces augmentations ont été suivies par des coupures massives en éducation et en santé aussi bien qu'une augmentation du triple du coût du permis de conduire, tout ceci suite à la chute dramatique des revenus de l'État après l'effondrement de la bulle spéculative des points com. En pleine campagne de destitution, Davis et la majorité démocrate se joignaient aux républicains pour adopter une réforme réduisant les bénéfices versés aux travailleurs victimes d'accidents au travail.

La campagne de Davis et de Bustamante a été particulièrement remarquable pour la lâcheté avec laquelle ils ont évité toutes attaques contre l'administration Bush et leur refus de lier la campagne de destitution des républicains aux politiques de réaction sociale de répression et de guerre de la Maison blanche. Les démocrates ont gardé un silence assourdissant sur l'enlisement des États-Unis en Irak.

Ils ont maintenu cette attitude envers l'administration Bush même lorsque l'intensification de la crise à Washington devenait palpable, alimentée par les révélations sur les mensonges de Bush, le bourbier irakien et l'explosion du déficit budgétaire fédéral. La dernière chose que les démocrates voulaient faire était de canaliser la haine grandissante contre la clique d'extrême droite à la Maison blanche, parce que cela risquerait de provoquer une explosion sociale et menacer les intérêts fondamentaux de l'oligarchie financière. Ils préféraient se voir destituer.

Après la défaite, les démocrates ont promis qu'ils allaient travailler avec l'administration de Schwarzenegger et s'opposer à toute contestation de l'élection.

Les républicains ont mené une campagne cynique, plaçant Schwarzenegger en avant-plan pour défendre les intérêts de la grande entreprise vouée à la destruction de tout ce qui reste des programmes d'aide sociale et des limites imposées aux compagnies dans l'accumulation des profits. Se présentant comme un populiste, ennemie des «groupes d'intérêts» qui va «nettoyer la maison» à Sacramento, le culturiste devenu star de cinéma a accepté des millions de dollars en contribution de puissants groupes immobiliers et autres groupes d'affaires et fait valoir de manière répétée sa détermination à faire d'autres coupures dans les programmes sociaux, à réduire les salaires et les conditions de travail des employés de l'état et à émasculer la réglementation environnementale.

Dans un discours télévisé mercredi, le gouverneur élu réaffirmait sa volonté de respecter l'agenda de ses supporteurs de la grande entreprise en promettant de ne pas augmenter les taxes. Dans les conditions actuelles d'un déficit prévisible de plusieurs milliards de dollars pour la prochaine année fiscale, cette promesse ne peut vouloir dire autre chose qu'une offensive sans précédent contre la santé, le logement, les programmes sociaux pour les plus pauvres et les emplois des travailleurs de l'état.

Tout ce qui reste pour le Parti démocrate, sa crédibilité étant en miette après cette humiliante défaite, est de se tourner encore plus vers la droite et de collaborer aux nouvelles attaques qui seront menées par les républicains contre la classe ouvrière en Californie. La débâcle californienne nous donne en plus, un avant-goût du rôle que va jouer le Parti démocrate durant la prochaine campagne présidentielle de 2004. Peu importe la profondeur de la crise dans laquelle se trouvera l'administration Bush ou de l'impopularité de ses politiques, les démocrates céderont l'initiative politique à la droite républicaine et n'offrirons qu'une opposition de parade.

Les racines de l'effondrement politique du Parti démocrate se trouvent dans la crise grandissante du capitalisme américain et mondial. La croissance des inégalités ­ l'expression la plus maligne de cette crise ­ ne laisse plus de place pour deux partis bourgeois de droite aux États-Unis. Les démocrates ­ le parti d'un libéralisme impotent et hypocrite, qui a abandonné toutes politiques libérales de réforme ­ sont de plus en plus marginalisés parce que les républicains représentent plus conséquemment et ouvertement les intérêts et les objectifs de l'oligarchie corporative.

La leçon fondamentale de l'élection sur la récusation du gouverneur de Californie est clairement posée : la classe ouvrière doit rompre avec le Parti démocrate moribond et prendre la route de la lutte politique indépendante. La campagne du candidat du Parti de l'égalité socialiste dans l'élection sur la récusation, John Christopher Burton, a présenté cette perspective à des centaines de milliers de travailleurs en Californie et mit de l'avant un programme socialiste pour résoudre la crise dans leurs intérêts. La campagne a marqué un pas important dans la construction du Parti de l'égalité socialiste en tant que parti socialiste de masse de la classe ouvrière.

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