wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

Déclaration du Parti de l'égalité socialiste sur le plébiscite de révocation en Californie

Votez « non » au plébiscite de révocation en Californie! Votez John Christopher Burton au poste de gouverneur et pour une solution socialiste à la crise!

Des emplois pour les chômeurs! Des milliards pour l'éducation, les soins de santé et le logement! Troupes américaines hors d'Irak!

Le 30 août 2003

Utilisez cette version pour imprimer

1. Le Parti de l'égalité socialiste des États-Unis (Socialist Equality Party - SEP) appelle les travailleurs de Californie à utiliser le plébiscite de révocation du 7 octobre pour asséner un coup à l'administration Bush et aux politiques de guerre et de réaction sociale des partis républicain et démocrate. Nous appelons à voter « non » sur la question de la révocation du gouverneur Gray Davis afin de faire échouer cette nouvelle tentative du Parti républicain, agissant pour défendre les intérêts de l'élite entrepreneuriale, de renverser le processus démocratique. Cependant nous ne soutenons pas politiquement Davis, le lieutenant gouverneur Bustamante ou tout autre représentant du Parti démocrate. Nous appelons à voter pour John Christopher Burton, un avocat défenseur des droits civiques de Los Angeles et sympathisant du SEP inscrit sur la liste des candidats pour défendre une alternative socialiste en cas de révocation face aux candidats associés aux deux partis de la grande entreprise.

2. Le plébiscite de révocation en Californie revêt une importance nationale et internationale. La crise sociale en Californie prend des dimensions sans précédents : d'un côté, un déficit étatique budgétaire colossal, des écoles et des hôpitaux en faillite, des coûts d'habitation montant en flèche, le chômage et la pauvreté croissant, la détérioration des conditions de vie pour la vaste majorité de la population; de l'autre, l'État le plus riche du pays le plus riche au monde, avec une concentration étonnante de richesses entre les mains d'une élite entrepreneuriale de PDG, de banquiers et de milliardaires. Un seul individu à Silicon Valley, le PDG d'Oracle Larry Ellison, a une fortune personnelle qui atteignait les 58 milliards $ en 2000 - plus qu'assez pour couvrir le déficit budgétaire de l'État en entier.

3. Face à cette contradiction aiguë entre l'accumulation de la richesse privée et les besoins du grand public, les « principaux » candidats - dont Davis, la cible même du plébiscite de révocation, et ses aspirants successeurs, le démocrate Cruz Bustamante et les républicains Arnold Schwarzenegger, Tom McClintock et Peter Ueberroth - sont tous d'accord pour dire que le fardeau de la crise doit être placé sur le dos des travailleurs. Ils peuvent bien se différencier quant à la répartition exacte des compressions budgétaires, des frais et des taxes sur la consommation à imposer, mais aucun d'entre eux ne propose de toucher de façon significative aux avoirs et aux revenus des riches. En dernière analyse, malgré leur démagogie à propos de la protection des intérêts des gens ordinaires, ils représentent et défendent tous l'élite des riches.

4. La crise en Californie représente plus que l'échec de l'administration Davis à Sacramento. On ne peut séparer les politiques de Davis - dictées par Wall Street, les géants de l'énergie, et l'élite entrepreneuriale dans son ensemble - des politiques de l'administration Bush à Washington et de la crise du système capitaliste à l'échelle mondiale. La crise en Californie démontre l'échec du système de profit au centre même du capitalisme mondial. Les besoins des travailleurs et les intérêts de l'ensemble de la société - l'abolition de la pauvreté, l'assurance d'emplois garantis à un salaire décent pour tous ceux qui peuvent travailler, de soins de santé universels, de logis abordables et confortables, de nouvelles écoles et d'un financement accru pour l'éducation, d'une retraite sûre et de soins pour les personnes âgées - sont incompatibles avec un système économique basé sur l'accumulation sans restriction de richesses personnelles.

5. La révocation de Gray Davis et son remplacement par Bustamante ou Schwarzenegger ne feront que préparer la voie à de nouvelles attaques contre les travailleurs. Même si Davis survivait au plébiscite de révocation, il n'adoptera pas de politiques économiques substantiellement différentes de celles planifiées par ses opposants ultra-droitistes du Parti républicain. Aucune solution progressiste - c'est-à-dire servant les intérêts de la classe ouvrière - n'est possible dans le cadre du système bipartite actuel. Par conséquent, la campagne de révocation doit devenir le point de départ pour la construction d'un mouvement politique de masse indépendant de la classe ouvrière dirigé contre les républicains, les démocrates, et le système de profit qu'ils défendent tous les deux. Un tel mouvement doit lutter pour la redistribution de la richesse de l'élite entrepreneuriale vers la classe ouvrière - qui constitue la vaste majorité de la population - et la réorganisation de la vie économique sur des fondations véritablement égalitaires et socialistes.

6. Le Parti de l'égalité socialiste et son candidat John Christopher Burton appellent les travailleurs de Californie à transformer le plébiscite de révocation en un référendum sur le consensus politique de droite qui prévaut à Sacramento et Washington. Cela signifie soulever non seulement les questions vitales des compressions budgétaires et de la défense des niveaux de vie, des emplois et des droits démocratiques, mais également lutter contre la guerre impérialiste. Le Parti de l'égalité socialiste demande le retrait immédiat de toutes les troupes américaines d'Irak, d'Afghanistan et de tout le Moyen-Orient. La guerre en Irak est une tentative de l'élite dominante américaine pour s'emparer du contrôle des ressources naturelles et de positions stratégiques pour dominer le Moyen-Orient et l'Asie centrale. C'est une guerre pour le pétrole, le profit et le pouvoir, et non une guerre pour défendre le peuple américain contre le terrorisme.

7. Bush, Cheney et compagnie représentent une faction de l'élite entrepreneuriale qui voit la force militaire comme la seule façon d'assurer sa domination à l'échelle internationale comme au pays. Indépendamment des différences tactiques employées par Bush dans ses préparatifs de guerre, le Parti démocrate soutient l'occupation continue de l'Irak et la subjugation militariste du peuple irakien. Les Verts, bien qu'opposés à la guerre en parole, traitent cette question comme non pertinente au plébiscite en Californie. Mais c'est une illusion de croire que la crise budgétaire en Californie puisse être résolue alors que le gouvernement des États-Unis verse 500 milliards $ par année pour les militaires et amorce un engagement illimité dans l'occupation de l'Irak, au coût annuel initial de 75 milliards $ - un chiffre qui surpasse les déficits budgétaires de tous les gouvernements des États combinés.

8. Une tragédie à l'échelle du Vietnam est en train de se développer. Le peuple américain va payer pour cette guerre, tant par les morts inutiles de ses fils et de ses filles que par la détérioration de ses conditions de vie. Tout comme dans les années 1960, il deviendra impossible de poursuivre une politique de « canons et de beurre ». Il y a plus de 30 ans, la guerre du Vietnam mit fin à la « guerre à la pauvreté » et mit en mouvement le long déclin économique des États-Unis. Maintenant que les politiques libérales de reforme sociale sont abandonnées depuis longtemps, l'attitude de fauteur de guerre de Bush entraînera un assaut encore plus brutal contre les emplois, les niveaux de vie et les services sociaux au pays. L'ensemble des dépenses militaires atteint déjà près de 2 000 $ pour chaque homme, femme et enfant aux États-Unis. De vastes ressources sont gaspillées pour s'emparer de territoires, de ressources naturelles et tuer des innocents - des ressources qui autrement seraient disponibles pour satisfaire les besoins du pays.

9. Une politique de militarisme et de guerre impérialiste est inévitablement accompagnée par une répression interne et des attaques contres les droits démocratiques. Au nom de la supposée « guerre au terrorisme », l'administration Bush a affaibli de façon drastique les garanties constitutionnelles et établi le cadre institutionnel et légal pour un État policier.
Le département de la Sécurité intérieure, la loi Patriot, le camp de concentration de Guantanamo, les tribunaux militaires et les arrestations et les détentions indéterminées, sans procès ou droit à un avocat, de citoyens comme de non citoyens constituent les attaques contre les droits démocratiques les plus graves de toute l'histoire des États-Unis.

10. Loin de représenter un événement isolé attribuable à la mauvaise gestion d'un individu, la crise budgétaire en Californie s'inscrit dans la crise beaucoup plus vaste de la société américaine. Le déficit d'État de 38 milliards $ n'est rien par rapport au déficit de 455 milliards $ du gouvernement fédéral, au déficit de la balance commerciale de plus de 500 milliards $ et à l'accumulation gargantuesque de dettes par l'Amérique entrepreneuriale. Ces énormes déséquilibres sont le produit d'un effondrement historique du système de profit.

11. Même l'aspect le plus singulier de la crise californienne - le pillage de l'État par les gigantesques monopoles énergétiques tels qu'Enron - est relié à un processus plus vaste encore affectant les États-Unis et l'économie mondiale. Ce fut clairement démontré lors de la panne d'électricité majeure des 14 et 15 août qui toucha tout le nord-est des États-Unis et qui dévoila une importante vérité : la plus grande menace au bien-être du peuple américain provient non pas des groupes terroristes ou des « États dissidents », mais bien de la nature anarchique du système de profit et la poursuite égoïste de richesses personnelles par les directeurs des entreprises géantes.

12. Le SEP construit ses politiques en prenant comme point de départ les besoins des travailleurs et non les exigences du système de profit. Nous affirmons sans la moindre hésitation que la crise qui touche la Californie et l'ensemble des États-Unis nécessite une transformation révolutionnaire des structures politique et économique de la société. Les besoins essentiels d'environ 250 millions de travailleurs américains ne doivent pas être subordonnés aux intérêts d'une petite élite entrepreneuriale et financière qui monopolise le pouvoir politique afin de protéger ses intérêts économiques et accroître ses richesses.

La démocratie et la campagne de révocation

13. Cette campagne de révocation a commencé avec un petit groupe d'extrême-droite recueillant des signatures demandant un plébiscite dans les semaines qui ont suivi la réélection de Davis en novembre 2002. Ces efforts progressaient peu jusqu'à ce que le congressiste républicain Darrell Issa ne vienne appuyer financièrement cette campagne grâce à sa fortune personnelle de plus de 100 millions $. Se présentant comme le successeur potentiel de Davis, Issa a engagé des milliers de pétitionnaires à temps plein pour recueillir des signatures au prix de 1 $ chaque, dans une campagne qui allait finalement coûter près de 3 millions $. En forçant la tenue d'un vote de révocation, ce sont ces millions de dollars, et non les millions d'électeurs, qui ont joué le rôle décisif.

14. La campagne de révocation s'est développée non pas comme un exercice de démocratie directe, mais plutôt comme une perversion de l'esprit d'origine de la procédure de révocation, qui fut établie il y a près d'un siècle pour contrer la corruption des politiciens par des individus riches et les intérêts corporatifs. La révocation de 2003 est devenue le véhicule d'une campagne, financée par un multimillionnaire ultra-droitiste, pour annuler les résultats d'une élection qu'il n'acceptait pas. Le but de ce coup d'état quasi-constitutionnel était d'instituer des changements drastiques en politique publique quelques mois seulement après que les électeurs de la Californie aient rejeté le programme de l'extrême-droite lors des élections de 2002.

15. Le plébiscite de révocation en Californie représente la poursuite des efforts des éléments extrême-droite pour imposer par la force leur programme politique face à une vaste opposition publique en faisant appel à des méthodes de conspiration à huis clos et l'engagement d'immenses ressources financières. Ces méthodes comprennent la conspiration pour la destitution de Clinton, le vol des élections présidentielles de 2000, et les efforts actuels pour noyauter le Congrès par le biais du retraçage répété des limites des comtés électoraux législatifs, comme par exemple au Texas. Comme dans ces autres cas, le but de la révocation est de créer les conditions pour l'élimination de toutes restrictions à l'accumulation de richesses personnelles et de profits des entreprises - un programme qui ne recueille que très peu d'appui populaire et qui ne peut être imposé que par des moyens antidémocratiques et illicites.

16. Tout comme la destitution cependant, les efforts de la droite pour s'emparer du pouvoir par le biais de méthodes extraordinaires a entraîné des conséquences inattendues. Dès que la tenue d'un plébiscite fut certifié, le Parti républicain commença à se fracturer, avec Issa contraint de quitter la course après l'entrée en scène de l'acteur Arnold Schwarzenegger. Un autre républicain de l'aile droite du parti, William Simon, candidat du parti au poste de gouverneur en 2002, se retira également à la lumière des résultats des sondages, dans une démonstration supplémentaire du manque de soutien public pour le programme de l'extrême-droite.

17. La procédure de révocation contourne les lois restrictives de la Californie quant à l'accès au suffrage. Des centaines de personnes peuvent ainsi se présenter aux élections pour le poste de gouverneur suppléant advenant la révocation de Davis. En tout, 135 personnes ont satisfait aux conditions pour voir leur nom figurer sur le bulletin de vote, dont le candidat soutenu par le SEP, John Christopher Burton. Bien que les médias et l'élite politique méprisent la présence sur le bulletin de vote de tant de personnes ordinaires, sans richesses ou reconnaissance officielle, en affirmant que cela réduit l'élection à un « cirque », cette situation permet en fait de refléter de façon beaucoup plus exacte les vues politiques et les aspirations sociales que ne le permet habituellement un système politique stagnant, corrompu et non représentatif.

18. Tant à la consternation des républicains qui ont financé la campagne contre Davis qu'à celle de leurs cibles démocrates, ce qui commença sous la forme d'un conflit entre l'establishment politique et entrepreneurial dans le plus grand État du pays, permet maintenant l'entrée dans l'arène électorale de forces sociales beaucoup plus vastes. L'hostilité des médias face à la prolifération des candidats, dont plusieurs sont indépendants ou issus de tiers partis, reflète le choc et la peur de l'élite dominante américaine devant la possibilité que le monopole politique exercé depuis si longtemps par ses deux partis politiques soumis puisse prendre fin.

19. Dans son discours du 19 août, Davis caractérisa clairement pour la première fois la campagne de révocation comme étant une tentative antidémocratique du Parti républicain pour s'emparer du pouvoir. Mais il est incapable de mener une lutte véritable contre cette tentative de coup politique. Son administration est typique du Parti démocrate dans sa façon de tenter de s'adapter aux politiques de la droite républicaine. Elle tente de placer le fardeau de la crise fiscale de l'État sur le dos de la population travaillante, en effectuant des compressions dans les soins de santé, l'éducation et les autres services sociaux, combinées avec des augmentations d'impôts régressives déguisées en droits financiers. Résultat, l'administration Davis a permis à la droite d'exploiter la colère et la frustration populaire en les manipulant sous la forme d'une campagne de révocation.

20. Nous nous opposons à la révocation, mais non parce que nous nourrissons la moindre sympathie pour Davis, qui est à juste titre détesté par les travailleurs de toute la Californie. Pour se défendre, cet homme a été contrait de dénoncer la révocation comme « une main-mise sur le pouvoir par la droite ». Mais pas plus lui que n'importe quel autre politicien démocrate n'est capable de tirer les conclusions nécessaires qui s'imposent : l'administration Bush est un gouvernement illégitime et le Parti républicain est maintenant dominé par des éléments fascistes extrémistes qui conspirent activement contre les droits démocratiques. Le Parti démocrate est incapable de s'opposer sérieusement à cette conspiration car, en dernière analyse, il est une faction rivale de la même élite dominante.

21. Les deux partis reposent sur une étroite base sociale et aucun de leurs candidats ne recueille d'appui populaire important. Le caractère sclérosé et non représentatif du système bipartite est démontré par l'éruption de l'activité politique et la prolifération des candidats pour le plébiscite de révocation. Ce coup direct au corps de la vielle structure politique découle de profondes causes sociales.

Le contexte de la crise en Californie

22. La campagne de révocation s'est développée avec en toile de fond la crise budgétaire en Californie, l'exemple le plus sévère de la crise économique qui menace de banqueroute des douzaines d'États américains. Pendant des mois, le gouvernement de la Californie à été empêtré dans une dispute entre les démocrates et les républicains à la législature de l'État à propos de la façon dont il faut lutter contre le déficit budgétaire de 38 milliards $. Ne disposant pas du nombre de voix nécessaires pour mettre en branle leur politique à la législature dominée par les démocrates, les républicains ont bloqué toute mesure afin de prolonger la crise et alimenter la campagne de révocation.

23. Les deux partis proposent de résoudre la crise aux dépends de la classe ouvrière. Les démocrates proposent des compressions majeures dans les services publics accompagnées d'augmentation de taxes - le triplement des droits d'enregistrement des automobiles et une augmentation de la taxe de vente - qui toucheraient principalement les travailleurs. Les républicains se présentent de façon démagogique comme opposés à toute augmentation de taxes mais proposent des compressions budgétaires encore plus drastiques. Les deux partis rejettent dès le départ toute mesure qui obligerait les entreprises et les riches à payer pour la crise.

24. La crise budgétaire s'est développée en Californie pendant un quart de siècle, avec l'adoption en 1978 de la Proposition 13, une initiative électorale limitant sévèrement l'aplanissement des taxes foncières. Ces dernières tiraient alors la principale source de revenus pour l'État de la Californie, et elles financent encore la plupart des autres gouvernements d'État aux États-Unis. La Proposition 13 était le résultat d'une campagne de droite - considérée tellement extrême à l'époque que même Ronald Reagan refusa de l'endosser - pour mener une attaque indirecte contre les dépenses sociales en éducation, dans les soins de santé et les programmes sociaux en coupant les revenus de l'État.

25. Le succès de la Proposition 13, avec son appel populiste à la « révolte des contribuables » contre le « gouvernement lourd », était le résultat de la banqueroute du libéralisme du Parti démocrate et de l'impasse de sa politique de limitation de toutes mesures de réformes sociales jugées acceptables pour le système de profit. Dans les conditions de « stagflation » de la fin des années 1970 ­ une combinaison de flambée des prix en période de croissance économique quasi-nulle - une énorme compression des niveaux de vie des travailleurs survint partout aux États-Unis, y compris dans de larges sections des professionnels de la classe moyenne et des propriétaires de petites entreprises. En Californie, cela prit la forme d'augmentation record des taxes foncières - déclenchées par l'augmentation de la valeur des propriétés - qui devaient maintenant être payées avec un salaire réel gelé ou diminuant ou les revenus fixes des retraités.

26. L'administration démocrate du gouverneur Jerry Brown d'alors ne tenta aucunement d'alléger la crise, ce qui pava la voie aux démagogues droite se présentant comme les défenseurs des propriétaires résidentiels et des retraités de la classe moyenne menacés par l'augmentation des taxes foncières. Bien que les médias et l'establishment politique des deux principaux partis s'opposèrent à la Proposition 13, elle passa tout de même facilement. Les principaux bénéficiaires ne furent cependant pas les travailleurs retraités et autres propriétaires résidentiels en difficulté, mais bien les gros propriétaires - les grandes entreprises et les très riches.

27. La « révolte des contribuables » de 1978 en Californie préfigura l'élection de Reagan à la présidence deux ans plus tard et les politiques - opposant des sections de la classe moyenne contre les sections les plus pauvres des travailleurs - employées au cours des deux décennies suivantes pour détruire les programmes sociaux et consolider le pouvoir politique de la droite républicaine. De la même façon, la crise politique actuelle en Californie laisse présager des éruptions politiques à l'échelle nationale qui menaceront de faire voler en éclat la prise de gorge des deux partis retranchés de la grande entreprise.

28. Au cours des années qui suivirent 1978, d'autres initiatives électorales furent adoptées en Californie. Certaines furent parrainées par l'extrême-droite et la grande entreprise, ajoutant de nouvelles limites aux pouvoir de taxation de l'État. D'autres furent parrainées par le Parti démocrate ou des groupes qui lui sont liés, notamment la bureaucratie syndicale, et mandatèrent des niveaux spécifiques de dépense dans les soins de santé, les écoles publiques et autres programmes. Il en résulte que plus de 80 pour cent de l'ensemble des revenus et des dépenses du gouvernement de l'État sont maintenant mandatées par des initiatives électorales ou des amendements constitutionnels, et non sujet à des mesures législatives. Même si la législature de l'État éliminait toutes les dépenses discrétionnaires dans la crise budgétaire actuelle - en fermant des installations, en éliminant des emplois et en réduisant les chèques de paye - il y aurait toujours un déficit massif.

29. Pendant un temps, dans les années 1990, le conflit inhérent entre les mandats de taxes et de dépenses fut masqué par le flot de revenus générés par le boum boursier, notamment par la croissance explosive de l'industrie de l'informatique en Californie du nord. Lors du premier terme de Gray Davis commencé en 1999, les revenus d'État bourgeonnant rendaient encore possibles le maintien et même l'augmentation des dépenses dans les services publics sans enfreindre les contraintes de la Proposition 13 et autres mesures similaires.

30. Mais même avant l'élection de Davis, les forces qui allaient affaiblir le boum financier étaient déjà au travail. La crise économique asiatique de 1997-1998, frappant le plus important marché d'exportation de la Californie, fut suivie par l'éclatement de la bulle des entreprises point-com en 2000, qui dévasta Silicon Valley et culmina avec le début des récessions californienne et américaine en 2001. Nulle part la liquidation des richesses sur papier ne fut aussi catastrophique qu'en Californie. Depuis que les revenus du plus grand État du pays sont devenus en grande partie dépendants des taxes sur le revenu et les gains en capitaux plutôt que sur les taxes foncières, le budget de l'État a rapidement plongé vers le déficit.

31. La crise a été exacerbée par le pillage systématique des résidents de la Californie par les sociétés commerciales géantes de l'énergie, la première étant Enron. La déréglementation mise en branle par le républicain Pete Wilson, prédécesseur de Davis et poursuivie par lui, a permis aux entreprises énergétiques de provoquer une hausse factice, de gonfler les prix à des niveaux astronomiques, et de récolter des milliards de dollars en profits. La crise énergétique a coûté aux habitants de la Californie plus de 40 milliards $, et plus de 10 milliards $ au gouvernement de l'État, transformant ainsi son surplus budgétaire en déficit.

32. La crise de l'État a également été intensifiée par les politiques de l'administration Bush, qui fait des compressions dans les dépenses sociales et préside à la plus grande destruction d'emplois et de services publics depuis la Grande dépression. Les lois de réductions impôts de cette année ont versées plus de 700 milliards $ dans les coffres des riches (en plus d'une réduction d'impôt de 1,6 billion $ sur les bénéfices exceptionnels en 2001) mais n'ont distribué au compte-goutte qu'un misérable 20 milliards $ aux gouvernements d'États, alors que 38 États font face à la banqueroute et que la Californie à elle seule a un déficit qui est plus du double de l'aide fédérale totale.

Les contradictions historiques du capitalisme

33. Ce serait néanmoins une erreur de voir la crise actuelle comme étant simplement ou même principalement le produit des récents bouleversements boursiers et des crimes de certains directeurs d'entreprise, ou même des politiques mises en place par l'administration Bush. Ces facteurs sont en eux mêmes le résultat de processus historiques plus profonds. L'État de la Californie n'est pas qu'une juridiction politique parmi les autres aux États-Unis, il est également l'expression la plus concentrée des contradictions et de la crise du capitalisme américain et même mondial.

34. Qu'est ce que la Californie? S'il y a un État qui symbolisait le rêve américain au XXe siècle, c'était bien la Californie, se développant à la périphérie ouest des États-Unis pour devenir l'État américain le plus populeux, dynamique et influent du pays. Pendant la majeure partie de la période qui suivit la Seconde Guerre mondiale, il y eut un mouvement incessant de la population américaine vers la côte Ouest, la Californie étant la principale destination. On y trouvait Hollywood, la Silicon Valley, une vaste industrie aérospatiale et la région agricole la plus productive au monde. L'État était en outre le centre du commerce bourgeonnant des États-Unis sur l'Océan pacifique. Si la Californie était un pays distinct, elle serait la cinquième puissance économique au monde, plus grande que la France encore.

35. La Californie reflète le caractère diversifié de la population américaine, et surtout les nouvelles vagues d'immigration des années 1980 et 1990 en provenance surtout de l'Amérique latine et de l'Asie. Scène d'émeutes raciales contre les chinois au XIXe siècle et lieu de détention de masse pour les Japonais-Américains lors de la Seconde Guerre mondiale, la Californie est maintenant le premier État dans lequel les Noirs, les Hispaniques et les Asiatiques constituent la majorité de la population et où les Américains blancs nés au pays sont minoritaires.

36. La Californie exprime de façon concentrée les tendances dynamiques du capitalisme américain et ses contradictions internes. Aiguillonnée par les vastes dépenses consacrées pour la production de navires et d'armement pour la guerre contre le Japon, la Californie est devenue dans les décennies qui suivirent immédiatement la Seconde Guerre mondiale, un important centre de fabrication, surtout dans les domaines de l'automobile, de l'acier, des chantiers maritimes et de l'aérospatiale. Au début des années 1970, ces industries ont connu un déclin, comme partout ailleurs aux États-Unis. Dans les années 1990, il ne restait plus qu'une seule usine automobile (japonaise) en Californie, plus un seul chantier maritime à proprement parler, et le secteur aérospatial subissait une sévère contraction.

37. Bien que ces industries manufacturières aient déménagé leur production à l'étranger en Amérique latine et en Asie, l'industrie informatique montante les a remplacé comme moteur de l'économie californienne. Même si les fondements scientifiques de l'informatisation avaient été établis pendant la Seconde Guerre mondiale et avec le développement subséquent des transistors, d'importants intérêts entrepreneuriaux ne prirent de la force dans ce domaine qu'à la fin des années 1960 et au début des années 1970, en réaction aux problèmes économiques croissants confrontant le capitalisme américain. L'informatisation apparut comme une réponse à la baisse des taux de profit du secteur manufacturier qui devint prononcée au début des années 1970. Elle fut utilisée et développée pour augmenter la productivité du travail - c'est-à-dire augmenter la production tout en éliminant des emplois en effectuant une réorganisation des lieux de travail avec l'informatique.

38. Contrairement aux périodes précédentes d'innovation technologiques, la destruction d'emplois américains par cette réorganisation rendue possible par l'informatisation ne fut pas compensée par de nouvelles possibilités d'emplois dans des industries de production de masse. Les progrès révolutionnaires dans les communications et les transports, également liés aux technologies informatiques, augmentèrent énormément la mobilité des capitaux. Le processus de mondialisation, résumé par la transformation des entreprises américaines en conglomérats transnationaux, transforma radicalement et de façon permanente les conditions de vie de la classe ouvrière. Les travailleurs font maintenant face à une situation dans laquelle les plus grandes entreprises, américaines comme étrangères, parcourent le globe en quête de sources de matières premières et de main d'uvre à toujours meilleur marché.

39. Des millions d'emplois manufacturiers ont été détruits lorsque que des entreprises ont déménagé leurs opérations dans des zones à salaires moindres. Les travailleurs industriels ont soutenu le poids de ce processus incessant, mais ce dernier touche maintenant des sections plus vastes de la population travaillante. Même les procédés de travail nécessitant des travailleurs hautement qualifiés - tels que la programmation informatique - sont maintenant transférés à l'étranger.

40. La réponse à cette situation nécessite une stratégie entièrement nouvelle pour la classe ouvrière. Le SEP rejette les mesures protectionnistes, telles que celles proposées par la bureaucratie syndicale. Tout effort pour restreindre le développement économique dans une camisole de force nationale est de par sa nature réactionnaire et condamné à l'échec. Pire encore, il nourrit l'illusion destructive et chauvine que les travailleurs des autres pays sont les ennemis des travailleurs Américains. En réalité, les travailleurs de tous les pays font partie d'une classe internationale qui confronte un même ennemi : le système capitaliste international.

41. La réalité du capitalisme organisé mondialement requière que la classe ouvrière adopte une stratégie mondiale. Les travailleurs en Amérique du Nord ne peuvent se montrer indifférents aux conditions sociales des travailleurs des autres parties du monde. Afin de défendre leurs emplois et mener une lutte efficace contre « leurs » patrons d'entreprise, ils doivent développer une stratégie mondiale unissant toutes les sections de la classe ouvrière internationale dans une lutte contre le système capitaliste.

42. Soulignons que l'internationalisme n'est pas seulement une question de solidarité entre les travailleurs des États-Unis et des autres pays. C'est le préalable pour développer l'unité de toutes les sections de la classe ouvrière américaine. La Californie, comme l'ensemble des États-Unis, abrite une population extraordinairement diversifiée. Alors que la crise économique s'intensifie, des politiciens réactionnaires tentent plus que jamais d'exploiter les divisions entre les travailleurs d'origines nationales et ethniques différentes. Le Parti de l'égalité socialiste dénonce ces efforts - qu'ils prennent la forme d'appels racistes ou de victimisations des travailleurs immigrants - et appelle à l'unité de toutes les sections de la classe ouvrière.

43. La détérioration des conditions de vie pour des millions de travailleurs va de pair avec l'amassement de fortunes obscènes à une échelle jamais vue depuis l'époque des barons cupides. Cette énorme polarisation sociale a des conséquences sociales et politiques définies qui minent la perspective réformiste sur laquelle les vieilles organisations ouvrières étaient basées, et contribue à la montée des éléments les plus réactionnaires et parasites au sein de l'élite dominante.

44. Le but de ces éléments est d'éliminer tous les obstacles à l'extraction du profit maximum du travail des travailleurs : les conditions syndicales, dans la mesure où elles représentent encore le moindre bénéfice, les lois sur la protection de l'environnement, les règlements de santé et sécurité au travail, l'impôt sur le revenu des entreprises et l'héritage, l'impôt progressif, la journée de travail de huit heures, et même les restrictions relatives au travail des enfants sont ciblées pour être éliminées. Au lieu d'une redistribution limitée des richesses vers le bas autrefois défendue par le libéralisme pour stabiliser le système de profit, la droite prône maintenant la redistribution des richesses vers le haut : le pillage des travailleurs par la destruction des services publics et des infrastructures sociales de base, afin d'augmenter les richesses personnelles d'une minorité privilégiée.

45. Les deux partis de la grande entreprise acceptent et défendent le cadre social de base du capitalisme américain : la domination de tous les aspects de la vie par la richesse personnelle et la production pour le profit. Dans les rangs du Parti républicain retentit le cri déchaîné de la classe dominante - une fixation irrationnelle et maniaque sur l'accumulation de la richesse personnelle, par l'élimination de toute restriction légale, sociale et morale de l'exploitation de la classe ouvrière. Le Parti démocrate, plus en Californie que n'importe où ailleurs, se présente encore comme le représentant du libéralisme et le défenseur des services sociaux tels que la santé et l'éducation. Mais comme le montre le dossier de l'administration Davis, les démocrates ne sont plus capables de combiner les dépenses de l'État providence avec les demandes de l'Amérique entrepreneuriale.

Un programme basé sur les besoins sociaux et non les profits

46. Les problèmes sociaux de la Californie sont les problèmes de toutes les société de masses industrialisées. Les grandes masses ont les mêmes besoins : des emplois sûrs fournissant un revenu décent, des services sociaux tels que l'éducation et les soins de santé, des logements abordables et décents, la perspective d'une retraite sûre, l'accès aux infrastructures de base de la vie moderne - l'électricité, l'eau, les routes, les transports en commun et les télécommunications.

47. Le Parti de l'égalité socialiste prône l'établissement d'une charte des droits sociaux pour la classe ouvrière. Nous appelons pour :

* Un emploi sur et bien payé garanti par le gouvernement pour toute personne en mesure de travailler.

* Une augmentation du salaire minimum à 15 $ de l'heure indexé à l'inflation.

* Un transfert du fardeau des impôts des travailleurs aux très riches et aux grandes entreprises. L'abolition des taxes de vente et foncières pour les ménages de la classe ouvrière, remplacées par un impôt progressif abrupt sur le revenu et les richesses des ménages les plus riches.

* Une éducation K-12 gratuite de haute qualité; un accès gratuit à l'éducation supérieure pour tous.

* Un régime de soins de santé universel et complet accessible à tous.

* Un programme de travaux publics pour fournir des emplois aux chômeurs et reconstruire les infrastructures sociales, notamment les écoles, les routes, les transports en commun, les services d'aqueduc, d'égout et d'énergie.

* Un programme de construction d'habitation subventionné par l'État pour construire des millions de maisons accessibles aux travailleurs.

* La protection de l'environnement contre les ravages de l'exploitation pour le profit menée par les grandes entreprises; une application stricte des normes de pollution de l'air et de l'eau.

* Un droit garanti pour les travailleurs de joindre un syndicat contrôlé démocratiquement; la mise hors la loi des tactiques de bris de syndicat et de coupures salariales.

* Les pleins droits démocratiques, y compris de citoyenneté, pour les travailleurs immigrants, qu'ils soient légaux ou « illégaux »; l'élimination de toutes restrictions à leur accès à l'éducation, aux soins de santé et aux autres services.

* Une retraite sûre avec un revenu décent pour tous les travailleurs.

* Un soutien gouvernemental pour les petites et moyennes entreprises.

48. Les porte-paroles de l'establishment politique rejetteront ces demandes en les qualifiant d'extravagantes et d'inabordables. « Qui va payer pour tout cela? » demanderont-ils. La réponse n'est pas difficile à formuler : nous vivons dans la société la plus riche de l'histoire de l'humanité. Les travailleurs n'ont qu'à prendre le contrôle des richesses produites par leur travail collectif mais qui sont monopolisées par une poignée d'entreprises géantes et d'individus super-riches. Si ces vastes richesses qui s'élèvent à des billions de dollars étaient mises sous contrôle public et utilisées pour les bénéfices de tous plutôt que pour quelques privilégiés, toutes ces demandes pourraient être facilement satisfaites.

49. Sous le système de profit, tous les besoins sociaux sont subordonnés à un ordre économique donnant la primauté à l'accumulation de richesses personnelles par une couche relativement restreinte de personnes. Les besoins sociaux sont immenses : les écoles sont délabrées, les routes dégradées, les services publics en mauvais état, les logements urbains et ruraux en décrépitude, l'environnement est pollué. L'élite dominante refuse d'assumer la moindre responsabilité pour satisfaire ces besoins alors qu'elle monopolise pourtant la vaste majorité des richesses de la société.

50. Le plébiscite de révocation en Californie porte une attention particulière à la question des impôts. La crise budgétaire de l'État est en dernière analyse causée par le refus de ceux qui contrôlent les ressources produites par le travail de la population travaillante de permettre que ces ressources soient utilisées pour satisfaire les besoins de la population. Pour empêcher la mauvaise allocation continue des ressources, la politique fiscale doit être utilisée pour surmonter l'égoïsme et la cupidité des super-riches et dégager les ressources nécessaires pour les écoles, les soins de santé, le logement et autres priorités sociales.

51. Le système d'imposition actuel de l'État place la plus grande partie du fardeau sur ceux qui peuvent le moins se le permettre - les travailleurs qui paient la majeure partie des droits et des taxes de vente et foncières de l'État. Cette situation doit cesser avec l'adoption d'une politique qui limiterait la taxation de la vaste majorité de la population et augmenterait de façon drastique la part prélevée sur les revenus élevés et les richesses accumulées par l'entremise d'un impôt progressif sur le revenu. Cette politique mettrait fin de façon effective aux exemptions dont profitent les grandes installations commerciales de l'impôt foncier et éliminerait les échappatoires fiscales et les incitatifs des grandes entreprises.

52. Un programme socialiste ne signifie pas la nationalisation de tout, ni l'abolition des petites et moyennes entreprises, qui sont elles-mêmes continuellement victimisées par les grandes entreprises et les banques. L'établissement d'une économie planifiée donnerait à ces entreprises un accès direct au crédit et à des conditions de marché plus stables en autant qu'elles assurent des conditions de travail et des salaires décents.

53. Les industries les plus vitales et les plus critiques - les commodités, les pétrolières, les banques, les multinationales gigantesques - doivent être transformées en services publics de propriété collective et placés sous contrôle démocratique. Si l'expérience de la Californie prouve une chose, c'est bien l'anarchie intrinsèque et le chaos du capitalisme. La prétention que le « marché fait les bons choix » est un mensonge intéressé répandus par ceux dont les décisions déterminent fréquemment le mouvement du marché - par exemple les PDG d'entreprises qui s'octroient des revenus dans les huit et neuf chiffres et qui déclarent ensuite que ce pillage de leur propre entreprise est le résultat de forces du marché impersonnelles.

54. La lutte contre le militarisme libérera de vastes ressources pour satisfaire les besoins sociaux. La classe dominante américaine a gaspillé des billions de dollars au cours des cinq dernières décennies, d'abord dans sa confrontation de la Guerre froide avec l'Union soviétique comme prétexte, et maintenant dans sa « guerre contre le terrorisme ». Mais le principal danger pour les droits démocratiques du peuple américain ne vient pas des fondamentalistes islamistes ou d'une quelconque source étrangère, mais bien des efforts de l'élite dominante aux États-Unis pour maintenir et augmenter ses richesses et privilèges.

55. Le Parti de l'égalité socialiste appelle au rejet des mesures antidémocratiques adoptées par l'administration Bush avec la collusion des démocrates majoritaires au Congrès. Le département de la Sécurité intérieure - plus un organisme d'intensification de l'espionnage et de répression contre le peuple américain qu'un de protection contre les terroristes - doit être éliminé. La loi Patriot doit être abrogée, et les pratiques d'État policier telles que la détention pour une période indéterminée et le refus d'accès aux services d'un avocat être interdites. Les droits démocratiques - y compris le droit de vote et que chaque vote soit compté, le droit à la vie privée, la séparation de l'Église et de l'État, la liberté d'assemblée, de parole et d'expression - doivent être défendus et étendus.

56. Une étape importante dans la résolution de la crise actuelle sera le renversement de la tendance au pillage systématique des deux dernières décennies et demie au cours de laquelle le plus grand transfert de richesses de l'histoire est survenu. Sous les administrations tant républicaines que démocrates, une vaste redistribution des richesses vers le haut a eu lieu, à un point tel que le premier pour cent le plus riche contrôle maintenant plus de 40 pour cent de tous les avoirs de la société américaine. Une attention particulière doit être accordée pour enquêter sur les activités spéculatives des années 1990 et l'appropriation criminelle des ressources entrepreneuriales par les PDG aux dépens des travailleurs et des petits actionnaires. Ces richesses pillées doivent être réappropriées et utilisées pour améliorer les services sociaux et les niveaux de vie de la classe ouvrière.

L'indépendance politique de la classe ouvrière

57. Encore plus important que la corruption directe, les intérêts de classe de l'élite dominante rendent impossibles toutes solutions rationnelles des problèmes sociaux. La politique américaine dégénère de plus en plus au niveau de simple spectacle public caractérisé par la diffamation et les scandales, car le sujet tabou est justement le plus important : le rôle joué par l'accumulation privée de richesses personnelles dans le blocage de toute approche sérieuse pour répondre aux besoins sociaux. Les travailleurs ne peuvent résoudre la crise sans briser la prise qu'exerce les richesses personnelles sur toutes les questions politiques et le système politique même.

58. Il faut adopter les mesures les plus strictes pour interdire l'utilisation des richesses personnelles en politique, que ce soit sous la forme du lobbying entrepreneurial ou du versement légal de pots-de-vin que sont les campagnes de financement. Le plébiscite de révocation en Californie démontre bien l'influence maligne que même un seul multimillionnaire peut exercer sur le système politique. La démocratie ne peut être réconciliée avec une telle accumulation colossale de richesses et tout le pouvoir qui l'accompagne. Il ne peut y avoir d'égalité politique entre un PDG ou un investisseur multimillionnaires, qui peuvent facilement libeller des chèques pour financer les campagnes politiques américaines, et le salarié ou le petit commerçant.

59. Les candidats tels que l'éditorialiste libérale Arianna Huffington et le chef du Parti vert Peter Camejo ne représentent pas une alternative politique aux deux partis de la grande entreprise. Leurs campagnes sont basées sur l'acceptation du système de profit et proposent des reformes d'un caractère des plus limités (la politique budgétaire de Camejo est la même que celle d'Arnold Schwarzenegger : engager un vérificateur indépendant pour examiner les livres de l'État). Politiquement, Huffington et Camejo sont soumis autant aux démocrates qu'aux républicains. Sur la question la plus essentielle de l'élection du 7 octobre, à savoir le caractère antidémocratique de la campagne de révocation, ils se sont tous les deux alignés sur la position de la droite républicaine. En appelant à voter pour révoquer Davis, ils justifient en effet la campagne financée par le millionnaire Darrell Issa comme s'il s'agissait d'un véritable mouvement populaire de la base. Dans le cadre de la campagne pour un nouveau gouverneur, Huffington a déclaré qu'elle se retirerait si un démocrate acceptable à ses yeux, telle la sénatrice Dianne Feinstein, se présentait. Camejo, de son côté a déclaré qu'il se retirerait en faveur de Huffington si la campagne de ce dernier semblait gagner un appui.

60. Le rôle du SEP est de construire une nouvelle direction politique parmi les travailleurs. Nous luttons par l'entremise de notre quotidien international d'analyse et de commentaires politiques, le World Socialist Web Site, pour éduquer les travailleurs et préparer la voie pour l'émergence d'un mouvement de masse contre le système de profit. Notre candidat pour le poste de gouverneur, John Christopher Burton, est un avocat reconnu depuis longtemps comme un défenseur des droits civiques et des victimes d'abus policiers. Nous défendons les principes de base suivants :

* Pour l'unité internationale de la classe ouvrière : Dans des conditions où l'économie est mondialisée, aucune section des travailleurs de n'importe quel État ou pays ne peut être indifférente aux conditions des travailleurs dans les autres parties du monde. L'exploitation brutale des travailleurs en Chine par les entreprises transnationales par exemple, a des conséquences directes sur les travailleurs en Californie et partout aux États-Unis. La réponse à l'économie mondialisée n'est pas le protectionnisme et la guerre commerciale, mais plutôt une politique de solidarité et de stratégie internationales pour élever les niveaux de vie des travailleurs dans le monde entier.

* Pour l'indépendance politique de la classe ouvrière : Les travailleurs constituent la vaste majorité de la population américaine et sont profondément désenchantés du système politique, n'exerçant plus la moindre influence au sein des partis démocrates et républicains, tous deux contrôlés par les intérêts entrepreneuriaux. Les intérêts des travailleurs ne peuvent pas plus être défendus par les organisations syndicales actuelles qui se sont montrées incapables d'élaborer la moindre réponse cohérente à la crise et continuent de s'accrocher au Parti démocrate à moitié moribond. De nouvelles organisations capables de mobiliser les travailleurs en tant que force indépendante sont nécessaires. Pour ce faire, le Parti de l'égalité socialiste doit devenir le parti politique de masse de la classe ouvrière.

* Pour la résolution des besoins sociaux avant l'accumulation des profits privés : Le principe de base sur lequel le programme du SEP est fondé est que la résolution des besoins sociaux doit passer avant l'accumulation des richesses personnelles. Il y a deux alternatives : où bien les travailleurs payent pour la crise en continuant de subir des pertes d'emplois et salariales, en plus de voir encore diminuer leurs conditions sociales, menant ainsi à la catastrophe sociale; ou bien ils forcent l'élite dominante à redonner les richesses qui sont le produit de l'exploitation de classe.

61. Nous appelons tous ceux qui sont d'accords avec ces principes à voter pour John Christopher Burton le 7 octobre, à contribuer activement au développement du World Socialist Web Site, à contacter le Parti de l'égalité socialiste et à en devenir membre pour le construire.

Voir aussi:


 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés