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Intervention de Nick Beams dans les meetings publics en Australie.

La guerre en Irak et la classe ouvrière internationale

par Nick Beams
4 juin 2004

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Ce discours a été fait par Nick Beams, secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste d'Australie et membre du comité international de rédaction du World Socialist Web Site, lors des réunions publiques de Sydney et Melbourne le 30 mai et 3 juin.

Le raid, il y a deux semaines, du domicile et des bureaux de Bagdad d'Ahmed Chalabi, qui était, pendant un moment, le favori des USA pour diriger un régime fantoche en Irak, a déclenché un conflit amer au sein du régime de Bush.

Les divisions entre les diverses branches de l'état sont tellement évidentes que William Safire, chroniqueur au New York Times fit remarquer récemment que les trois factions contrôlant l'Irak - non pas les Sunnites, les Kurdes et les Shiites, mais le Pentagone, le Département d'état et la CIA - étaient à présent « à deux doigts d'une guerre tribale déclarée ».

Chalabi, qui était assis à la droite de Laura Bush durant une allocution sur l'Etat de l'Union, et qui fut un jour appelé le George Washington du nouvel Irak, est à présent associé à des accusations d'enlèvement, de meurtre, de torture, de détournements de fonds et même d'espionnage pour le compte de l'Iran. La cible n'est pas uniquement Chalabi mais tous ceux qui l'ont mis en avant dans l'appareil d'état américain.

Dans un article publié jeudi dernier dans le Guardian, Sidney Blumenthal, ancien conseiller de Clinton, fit remarquer que des agents du FBI avaient rendu visite à des néo conservateurs en vue lors de leur enquête sur une affaire d'espionnage visant à découvrir qui avait fourni à Chalabi des informations sensibles sur les projets du gouvernement américain. Voici comment Blumenthal décrit la scène dans la capitale américaine.

" Washington, qui était jusqu'il y a quelques semaines, sous l'emprise de l'orthodoxie néo conservatrice, de la foi absolue dans le caractère inévitable et la droiture de Bush, est à présent la proie d'investigations qui la mettent en pièces. Tout se désagrège : l'armée, lourde et loyale, trahie et aigrie ; le général sur le terrain, Général Sanchez, disgracié et cassé ; les services secrets, insultés et en colère, leurs agents exerçant leur art sur le corps de presse, laissant suinter des vérités dangereuses, la presse, hésitante et indécise, investiguant ses propres mensonges ; les néo conservateurs réitérant publiquement leur confiance dans leur héro et imposteur Chalabi, tout en se disputant en privé, dans l'attente inquiète de la visite des agents du FBI ; Colin Powell, autrefois l'homme le plus acclamé d'Amérique, embarqué dans une quête sans fin pour redorer son blason, terni avant tout par son manque de cran ; toute personne en ligne de mire montrant du doigt la chaîne du pouvoir, montant en vrille et en diagonale jusqu'à ce que l'index désigne en un bloc la couronne creuse ».

Il faudrait un dramaturge de génie de l'envergure de Shakespeare pour entreprendre de brosser le portrait des intrigues et conflits qui se développent maintenant à Washington. Shakespeare en personne aurait tôt fait de s'y retrouver et reconnaîtrait dans la distribution des personnages d'aujourd'hui les types sociaux qu'il a crées.

Et si le nom de Shakespeare vient à l'esprit quand on considère la scène qui se déroule à Washington c'est qu'il y a certains parallèles entre son époque et la nôtre.

Il écrivait à une époque de grande tempête et bouleversement politique dans les anciennes structures de l'état, nés de l'impact sur ces structures des grands changements économiques provoqués par la découverte du Nouveau Monde et l'ouverture de nouvelles entreprises commerciales.

De la même manière aujourd'hui, la crise du régime de Bush s'enracine dans les vastes changements qui se produisent dans la structure même du capitalisme mondial ­ à bien des égards le point culminant des processus ayant débuté à l'époque de Shakespeare - mais qui sont à présent entrés en conflit avec l'ancien cadre politique. Il en est de même dans ce conflit du monde réel que dans le théâtre de Shakespeare où souvent un fantôme joue un rôle important, avertissant d'une tragédie imminente. L'ancien vice-président Al Gore, ses prétentions présidentielles réduites à néant en décembre 2000 par la décision d'une Cour Suprême corrompue, a ressuscité du royaume des morts politiques et est entré sur le devant de la scène politique, mercredi dernier, condamnant entièrement le régime de Bush.

Pour Gore, descendant de la classe dirigeante, qui a effectivement une connaissance de l'histoire et de la politique, les tortures de Abu Ghraib sont au cur même de cette catastrophe car elles minent l'idéologie qui a joué un rôle si important dans le maintien de la position mondiale des Etats-Unis.

Lorsque les Etats Unis s'embarquèrent sur la voie de la domination mondiale dans la guerre hispano américaine, Elihu Root, secrétaire d'état expliqua en 1899 que le soldat américain était différent de ceux des autres pays car il était "l'avant-garde de la liberté et de la justice, du droit et de l'ordre, de la paix et du bonheur ». De même, Woodrow Wilson déclara pendant la Première Guerre Mondiale que l'Amérique était « choisie, et choisie très clairement, pour montrer aux pays du monde comment s'engager sur les sentiers de la liberté ».

Léon Trotsky, écrivant sur ce phénomène dans les années 20, expliqua que bien que l'impérialisme américain était « par essence impitoyablement rude, prédateur et criminel », les conditions particulières de développement de l'Amérique lui avaient permis de se présenter en pacifiste. Il dit qu'en effet ce masque pacifiste était « si bien collé à son visage impérialiste qu'il est impossible de l'arracher ».

Mais aujourd'hui ce masque a été arraché, révélant les crocs de la bête qui se cachait derrière.

Les tortures à la prison d'Abu Ghraib

Il est clair que les tortures perpétrées à Abu Ghraib, et avant cela en Afghanistan, ainsi que celles en cours à Guantanamo Bay, ne viennent pas de décisions prises par de simples soldats. Elles viennent tout droit des hauts lieux de l'establishment politique et militaire américain. Elles représentent le résultat de décisions prises au cur même de l'administration Bush et selon lesquelles les conventions internationales sur la torture, les crimes de guerre, le traitement des prisonniers, mis en place par ce qu'on appelle les Conventions de Genève, suite à la Deuxième Guerre Mondiale et en réponse aux activités criminelles du régime nazi, devraient être jetées aux orties.

Fin janvier 2002, après le début de la guerre contre l'Afghanistan, le conseiller juridique de la Maison Blanche, Alberto Gonzales, demanda à l'administration Bush d'exempter l'armée américaine des dispositions des Conventions de Genève. Gonzales écrivit à Bush : « Comme vous l'avez dit, la guerre contre le terrorisme est une guerre d'un genre nouveau De mon point de vue, ce nouveau paradigme rend obsolètes les limites strictes imposées par Genève sur l'interrogatoire des prisonniers ennemis et rend désuètes certaines de ses dispositions ».

L'administration Bush déclara que les détenus n'étaient plus des prisonniers de guerre mais des "combattants illégitimes » et n'étaient, de ce fait, plus couverts par les Conventions de Genève.

En même temps, le secrétaire d'état américain à la Défense, Donald Rumsfeld, aidé par le sous secrétaire aux renseignements, Stephen Cambonne, établirent un Programme d'accès spécial (SAP). Au départ, le but du SAP était l'assassinat rapide de cibles. Mais ses opérations s'étendirent à l'Irak lorsqu'il apparut clairement, dès l'été 2003, que l'occupation américaine de l'Irak rencontrait des résistances. Il fut décidé que « le rôle des opérations de détention était de faciliter les interrogatoires ». Le responsable du camp de Guantanamo Bay, le général de division Geoffrey Miller, fut envoyé en Irak pour y établir le nouveau régime de détention. Nous en avons vu certaines conséquences dans la presse et les média ces dernières semaines.

La torture des prisonniers n'est pas un phénomène isolé, mais un produit de la guerre elle-même ­ les mensonges sur lesquels elle fut basée, et la désignation de l'ennemi comme des êtres pas tout à fait humains ­ moins qu'humains ou Untermensch, selon les termes des nazis.

Considérons les paroles du Wall Street Journal qui se distingua par la déclaration, durant la première guerre du Golfe, que « la force, ça marche ». « Tôt ou tard », lit-on le 26 avril, « les baathistes restants, les djihadistes et les criminels qui ont fait de Fallujah leur sanctuaire devront être tués. On ne peut pas négocier avec eux. On ne peut pas raisonner avec eux. » Puis il y a le commentaire de Ken Robinson, de CNN, analyste à la sécurité, le 27 avril. Voici sa description du quartier de Jolan à Fallujah, l'un des bastions des insurgés : « On peut presque dire qu'il s'agit d'un nid de cafards pour l'insurrection car c'est un quartier miséreux où ils peuvent vivre dans l'impunité la plus totale ». Que fait-on de tels « cafards » ? On les anéantit à l'aide d'hélicoptères de combat.

La torture mit à jour la pourriture et la décrépitude régnant au cur même de l'état américain, mais la réaction qu'elle suscita fut tout aussi significative. Quelques jours après les révélations des média, le sénateur républicain James Inhofe déclarait sa profonde indignation devant cet outrage. Il dit que les prisonniers étaient des assassins, des terroristes, des insurgés et « nous voilà si préoccupés du traitement infligé à ces individus ». D'autres ont accusé « les média libéraux ».

Et il ne fallut pas attendre trop longtemps pour voir ici aussi les mêmes réactions qu'aux USA. Le chroniqueur Frank Devine déclara dans l'Australian du 14 mai que le lien entre Rumsfeld et les tortures était « éloigné » et que de toute façon il « n'était plus capable d'éprouver de l'indignation en ce qui concerne les sévices infligés aux prisonniers irakiens de la prison d'Abu Ghraib ». Il écrivit que toute tentative suggérant que la torture était la démonstration que la mission américaine en Irak était « malveillante et futileallait contre le bon sens ». De plus, dit-il, lequel d'entre nous n'aurait pas été impliqué, n'aurait pas succombé « aux tensions aberrantes de notre nature s'il s'était trouvé isolé avec d'autres êtres humains hostiles et étrangers entièrement sous notre pouvoir ? ».

Quant à la chroniqueuse Janet Albrechtsen, tout était la faute du « manque d'objectivité des média ». Si l'on considère à nouveau les horreurs de l'Allemagne nazie, on se demande parfois comment Hitler avait pu trouver des sympathisants dans les média. Les journalistes étaient-ils des êtres pervers, déformés de naissance ? Nullement. Ils étaient plutôt des gens comme Madame Albrechtsen : bien payés, attirés par le pouvoir et ceux qui l'exercent, et des gens ayant compris que leur bien-être personnel est étroitement lié au maintien de l'ordre établi.

D'après Madame Albrechtsen, les "reportages orientés" sur l'Irak posent la question de savoir si les pays occidentaux sont à même de mener avec succès la guerre. « Si Adolf Hitler saccageait l'Europe toute entière aujourd'hui aurions-nous le cran de le combattre, d'accepter le carnage incontournable nécessaire pour le vaincre ? Ou bien est-ce que les images des média montrant notre brutalité nous feraient nous rendre ?

Parrallèles avec l'Allemagne nazie

Les images d'Albrechtsen sont bien sûr complètement inversées. Ce sont le régime de Bush et ses alliés qui sont dans la position d'Hitler. Ils ont planifié et mis à exécution une guerre d'agression, crime fondamental pour lequel les nazis furent condamnés aux procès de Nuremberg. Et étant donné qu'ils mènent le même type de guerre, il n'est pas vraiment surprenant de trouver les antécédents des décisions prises par Bush et Rumsfeld dans les plans de guerre des nazis.

Le 30 mars 1941, trois mois avant l'invasion de l'Union Soviétique, Hitler dit aux commandants de l'armée que la guerre à l'est serait très différente de la guerre menée à l'ouest, et qu'ils devraient surmonter leurs scrupules personnels. En mai 1941, des instructions spécifiques furent données selon lesquelles les soldats ne seraient pas poursuivis pour crimes contre des civils et que des actions de représailles collectives pouvaient être menées contre des villages qui résisteraient. Un autre ordre, reflétant l'exigence d'Hitler d'éliminer « l'intelligentsia bolchevique juive », spécifia que les commissaires attachés à l'Armée Rouge « ne sont pas reconnus comme soldats » et de ce fait « les dispositions valables pour les prisonniers de guerre ne s'appliquent pas à eux ». Dix jours avant l'invasion, un général haut placé donna des instructions aux officiers de l'armée selon lesquelles « les sensibilités légales » ne seraient pas appliquées et qu'elles devaient faire place aux nécessités de la guerre. [Christopher Browning, The Origins of the Final Solution, pp. 218-222]

Lorsque je fais ce parallèle, je ne suggère pas que l'histoire ne fait que se répéter. Néanmoins, il y a des échos et des résonances profondes.

La guerre d'agression menée par l'Allemagne nazie, et surtout son invasion de l'est, n'étaient pas un produit du cerveau enfiévré d'Adolf Hitler. La réalisation du Lebensraum, espace vital, était depuis longtemps un objectif stratégique de l'impérialisme allemand. En fait, la formation d'un Mittleleeuropa sous l'hégémonie de l'Allemagne, capable de lui fournir les ressources économiques dont elle avait besoin pour trouver sa place au soleil aux côtés de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, avait été prévue trente ans auparavant, juste avant la Première Guerre Mondiale.

En déclenchant la guerre à l'est, Hitler déclara que les régions de l'Union Soviétique conquises deviendraient « notre Inde », reconnaissance que l'empire était la clé de la puissance britannique, et que l'empire était nécessaire à l'expansion du capitalisme allemand.

De même, la poussée guerrière des USA n'est pas juste le produit de Bush et de son administration de néo-conservateurs, mais prend racine dans les contradictions qui détruisent le capitalisme américain et mondial. Les racines de la poussée guerrière américaine se trouvent dans la contradiction au cur même du capitalisme mondial : la contradiction entre le caractère unifié, mondialisé de la production et la division du monde en états nations rivaux et en conflit.

La déclaration du Parti de l'égalité socialiste américain (SEP) expliqua ce processus en ces termes: "l'intégration et l'interdépendance sans précédent de l'économie mondiale, phénomène appelé mondialisation, est incompatible avec le système d'état nation sur lequel est basé le capitalisme. La violente éruption de l'impérialisme américain - qui trouve son expression essentielle dans la doctrine de guerre préemptive de l'administration Bush ­ représente une tentative désespérée pour résoudre la contradiction entre économie mondiale et état nation en établissant l'hégémonie d'un pays, les Etats-Unis en l'occurrence, sur tous les autres pays ».

Cette question ne date pas d'hier. Elle est la préoccupation centrale des Etats-Unis depuis que l'effondrement de l'Union Soviétique en 1991 a vu la désintégration du cadre politique à travers lequel les relations internationales étaient régulées dans la période de l'après-guerre. La fin de la Guerre Froide signifie que toutes les questions d'hégémonie mondiale ­ conflits entre grandes puissances capitalistes et leurs luttes pour obtenir des sphères d'influence, voire même de vrais empires, qui conduisirent à deux guerres mondiales dans les quatre premières décennies du 20e siècle ­ sont de nouveau d'actualité.

Le programme de "changement de régime"

La nouvelle réalité politique fut rapidement reconnue dans le document intitulé « Defence Planning Guidance » élaboré en 1992 par l'administration de Bush père. Ce document, rédigé par Paul Wolfowitz, aujourd'hui secrétaire adjoint à la défense, qui travaillait sous les ordres de Dick Cheney, alors secrétaire d'état à la défense et aujourd'hui vice président, exposa la tâche stratégique centrale des Etats-Unis dans la nouvelle situation mondiale. Avant tout, le document mettait l'accent sur le fait que, suite à la fin de la Guerre Froide, les USA devaient empêcher l'émergence de toute puissance ou association de puissances qui pourrait défier sa position mondiale d'un point de vue militaire, économique ou politique. Parce qu'elle exposait trop brutalement les tâches stratégiques, ce document précis fut retiré mais ses thèmes essentiels furent exposés à nouveau en 1998 par le Projet pour un Nouveau Siècle Américain, groupe de droite qui avait façonné les perspectives de l'administration Bush, et formé le noyau de la Stratégie de Sécurité Nationale de Bush publiée en 2002.

De telles positions furent aussi avancées par l'aile démocrate de la politique américaine. En avril 1997, Zbigniew Brzezinski, conseiller national à la sécurité dans l'administration Carter, exposa en ces termes les objectifs stratégiques des USA : « La question de savoir comment l'Amérique fait face aux complexes relations de pouvoir avec l'Eurasie ­ et particulièrement si elle empêche l'émergence d'un pouvoir eurasien dominant et antagoniste ­ reste une question centrale quant à la capacité de l'Amérique à exercer la primauté mondiale ». [Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard, pp. xiii-xiv]

Ces grandes questions mondiales atteignirent un point critique sur la question de l'Irak et sur la manière d'aller de l'avant après la Guerre du Golfe. Les Etats-Unis avait imposé toute une série de sanctions sur le régime de Saddam Hussein. Très vite, il apparut cependant clairement que la levée des sanctions et le retour de l'Irak à des relations économiques normales avec le reste du monde entreraient en conflit avec les objectifs stratégiques plus larges des USA dans le nouveau monde de l'après Guerre Froide. Plus particulièrement, un retour à la normale économique verrait les intérêts économiques européens, russes, japonais et même chinois s'immiscer en Irak pour développer les vastes ressources en pétrole du pays, les secondes plus importantes réserves mondiales après l'Arabie Saoudite..

De ce fait, les USA insistèrent pour que les sanctions soient maintenues et renforcées. Pendant ce temps, le régime de Saddam Hussein signa des contrats pour l'exploration du pétrole et le développement à venir avec des compagnies françaises, russes et chinoises.

Vers la fin des années 1990, la situation devenait intolérable. Le régime de sanctions était de plus en plus critiqué par les puissances européennes qui voulaient commencer le développement des ressources pétrolières de l'Irak. Que se serait-il passé si les sanctions avaient été levées ? Très rapidement les intérêts européens auraient commencé à prendre le dessus sur les secondes plus grandes réserves de pétrole du Moyen Orient tandis que les USA auraient été mis à l'écart. Une telle option était inacceptable. En même temps, il était clair que le régime de sanctions ne pouvait se maintenir indéfiniment.

Il n'y avait qu'un seul moyen de résoudre ce noeud gordien dans l'intérêt des USA. Il fallait pour cela entreprendre « un changement de régime » carrément en Irak, et y installer un régime fantoche, garantissant ainsi que les puissances européennes n'acquièrent pas une nouvelle base de pouvoir au Moyen Orient. Le renversement de Saddam Hussein et l'installation d'un régime fantoche renforceraient la position mondiale des USA et avant tout consolideraient l'Amérique face à ses rivaux européens et asiatiques.

Le changement de régime devint une politique américaine officielle, non pas sous Bush mais pendant l'administration de Clinton. Mais la question controversée persistait : comment procéder ? Les attaques terroristes de septembre 2001 fournirent l'occasion. Immédiatement après les attaques, Rumsfeld insista pour que l'on attaque l'Irak, tandis que la conseillère de Bush à la sécurité nationale, Condoleeza Rice, expliquait que le 11 septembre représentait une immense occasion pour les USA et qui devait être saisie tant que les plaques tectoniques étaient encore en mouvement.

Voilà l'origine de la guerre en Irak. Cela n'a rien à voir avec des armes de destruction massive, la démocratie à mettre en place au Moyen Orient, ou régler son compte à l'abominable dictateur Saddam Hussein. Ce n'était pas tant à Saddam Hussein qu'il fallait régler son compte qu'aux puissances européennes. Si Saddam Hussein était resté au pouvoir et que les sanctions avaient été levées, les puissances européennes auraient été les principaux bénéficiaires aux dépens des Etats-Unis. Il fallait à tout prix empêcher une telle issue et c'est pourquoi l'invasion fut entreprise ; elle faisait partie d'une stratégie globale visant à garantir la domination des USA.

L'opposition de masse

En déclenchant la guerre contre l'Irak, les USA purent faire usage de leur supériorité militaire écrasante. Mais grisée par le succès de sa victoire militaire rapide, l'administration Bush et ses acolytes dans les média furent totalement pris au dépourvu par le développement de l'opposition tant en Irak qu'internationalement.

Les manifestations de par le monde du 15 février 2003 ne parvinrent pas à empêcher la guerre. Mais l'opposition envers les USA n'en disparut pas pour autant. Elle fut réaffirmée lors des élections espagnoles. D'après les calculs du gouvernement Aznar, il lui suffisait simplement, au lendemain des attentats à la bombe dans les trains de Madrid, d'invoquer la menace du terrorisme pour se garantir la victoire électorale. Ce fut un mauvais calcul et la défaite du gouvernement Aznar aux élections fit trembler tous les gouvernements de la coalition en guerre contre l'Irak, comme l'attestèrent les déclarations quasi hystériques selon lesquelles les Espagnols auraient capitulé devant la menace du terrorisme.

En Irak, l'objectif était de vaincre les milices d'Al Sadr par l'action militaire et d'écraser la résistance à Fallujah en vue de la passation des pouvoirs au régime fantoche le 30 juin. Ce plan se retourna fâcheusement contre les Américains. Au lieu de vaincre l'opposition, les actions des Américains ont aggravé l'insurrection. Et avec l'intensification de l'insurrection, des avertissements toujours plus stridents se sont fait entendre de la part de sections de l'armée et des média quant au désastre vers lequel se précipite l'administration Bush.

Certains des commentaires les plus cités furent ceux du Général Anthony Zinni qui, de 1997 à 2000, fut le commandant en chef de toutes les forces américaines au Moyen Orient. Dénonçant les affirmations de l'administration Bush selon lesquelles les USA « garderaient le cap », Zinni
répéta à l'envi que « le cap en question conduisait droit sur les Chutes du Niagara ». Au sujet de la période précédent la guerre et ensuite la conduite de cette guerre, il écrivit qu'il y avait là « au minimum, véritables manquement, négligence et irresponsabilité et au pire, mensonge, incompétence et corruption ».

Les commentaires de Zinni trouvèrent un écho chez un autre ancien commandant au Moyen Orient, le Général Joseph Hoar, qui déclara : « Je crois que nous sommes absolument au bord de l'échec. Devant nous c'est l'abîme ». Et l'actuel commandant de la 82e division des troupes aéroportées de l'armée en Irak, le Général de division Charles Swannack a déclaré : « Nous sommes en train de perdre le soutien public régionalement, internationalement et au sein de l'Amérique ­ et donc, en ce moment, nous sommes en train de perdre stratégiquement ».

Ces commentaires venus de l'armée ont entraîné de la part des média des manifestations d'inquiétude. Un récent commentaire dans le Washington Post par un éditorialiste associé, Robert G. Kaiser, était intitulé « Une politique étrangère, en pleine désagrégation ». Kaiser dressa la liste d'une série de désastres pour la politique étrangère américaine : à nouveau la haine contre les USA, alors que ses alliés traditionnels se sont détachés ; au lieu d'être accueillis en Irak en libérateurs les Etats-Unis ont provoqué une crise qui ne cesse de s'aggraver ; l'occupation ne parvient même pas à protéger ceux qui acceptent de travailler pour elle ; et cette occupation a entaché la réputation des USA aux quatre coins du globe, a coûté des vingtaines de milliards de dollars imprévus (et tous empruntés) et menace d'endommager à long terme la structure de l'armée et de la garde nationale.

A la veille de la Deuxième Guerre Mondiale, Trotsky disait des classes dirigeantes qu'elles dévalaient « les yeux fermés la pente abrupte les menant à une catastrophe économique et militaire ». Le chroniqueur Bob Herbert du New York Times décrivit ainsi la situation actuelle : « On sent un terrible sentiment d'épouvante traverser l'Amérique en ce moment et ce n'est pas seulement dû à la peur permanente du terrorisme et au fait que le pays soit en guerre. C'est encore plus effrayant que cela. Ce sentiment naît du soupçon que nous sommes peut-être tous embarqués dans un véhicule qui a pris un tournant radicalement mauvais et qui fonce en trombe sur une route obscure, tous feux éteints, avec au volant quelqu'un qui ne sait peut-être pas conduire ».

La critique de Zinni et des autres est que l'invasion de l'Irak, telle qu'elle a été entreprise par l'administration Bush, a affaibli et non consolidé la position des USA car les forces déployées ne l'ont pas été en nombre suffisant. Lorsqu'on demanda à Zinni, dans un récent entretien, quelle ligne de conduite il faudrait adopter, il répondit que les Nations Unies auraient dû être impliquées dès le début. « Qu'est-ce que cela coûte de s'asseoir avec les membres du Conseil de Sécurité, les membres permanents et découvrir ce que cela coûte ? Pour quelle raison veulent-ils cette résolution ? Veulent-ils avoir leur mot à dire dans la reconstruction politique ? Veulent-ils un morceau du gâteau, économiquement parlant ? Si c'est ça, le prix à payer, c'est bon. Ce qu'ils vont, eux, payer pour avoir ça, c'est des bottes en plus sur le sol irakien et le partage du fardeau ».

Les désaccords du parti démocrate

Les critiques de Zinni constituent la base de l'opposition contre Bush du parti démocrate. Ce n'est pas une différence concernant le but stratégique de l'administration Bush ­ le maintien et le renforcement de la domination mondiale des USA ­ mais une différence concernant la tactique, comment y parvenir.

Vers la fin de l'année dernière, les dirigeants du parti démocrate, ayant garanti le vote au Congrès soutenant la décision de Bush de déclencher la guerre contre l'Irak, commencèrent à s'inquiéter du soutien que le candidat à la présidentielle, Howard Dean, récoltait du fait qu'il était perçu comme s'opposant à la guerre et critique de la proximité des vues entre parti démocrate et administration Bush.

La décision fut prise de s'assurer que l'opposition à la guerre en Irak était retirée de l'ordre du jour de l'élection présidentielle et que la politique du parti démocrate ne critiquerait pas Bush avec des arguments de gauche mais le ferait avec des arguments de droite.

Les grandes lignes de leurs positions furent exposées dans un document intitulé « Internationalisme progressiste » publié l'an dernier. C'était une référence au fait que toutes les principales guerres faites par les USA au vingtième siècle ­ Première Guerre Mondiale, Deuxième Guerre Mondiale, Corée, Vietnam ­ avaient été conduites par des présidents Démocrates. Le document disait clairement son opposition à la politique de cavalier seul des Républicains qui avait mis à mal les ressources américaines.

Ce document expliquait que le Parti démocrate soutenait l'invasion de l'Irak, et "l'exercice audacieux de la puissance américaine ». Le document soutint que bien que certains critiquaient le fait que l'administration Bush avait été trop radicale dans le façonnement de la stratégie de sécurité nationale de l'Amérique, « nous pensons qu'elle n'a pas été assez ambitieuse ou imaginative ». Ainsi le document de poursuivre : « Les Démocrates vont maintenir l'armée la plus capable et la plus technologiquement avancée du monde, et nous ne reculerons pas devant la nécessité de l'utiliser pour défendre nos intérêts où que ce soit dans le monde entier ».

Lorsque les primaires démocrates débutèrent en janvier, il y eut une campagne soutenue pour garantir que la campagne de Dean déraillerait et que Kerry serait installé comme candidat officiel du parti démocrate. Le but de cette campagne était de s'assurer que la question de la guerre ne se poserait pas pendant la campagne électorale.

Kerry en fit le point central de sa campagne. Dans un article publié dans le Washington Post, la deuxième semaine du soulèvement en cours, il déclara que non seulement il n'y aurait pas retrait des forces américaines, mais qu'elles seraient même augmentées si nécessaire.

Du point de vue des démocrates, la victoire en Irak est une question de la plus haute importance nationale. Le 19 mai, le sénateur démocrate Joe Lieberman et le sénateur républicain John McCain publièrent un commentaire dans le Washington Post insistant sur le fait que l'Amérique ne devait pas changer de ligne de conduite suite aux « erreurs faites à Abu Ghraib ».

"En ce qui concerne la sécurité, il nous faut commencer par une augmentation immédiate et significative du nombre de soldats. Nous devrions nettement augmenter le nombre de soldats sur le terrain, y compris les Marines et les Forces d'opérations spéciales, afin de conduire des opérations d'offensive » Le « retrait » de Fallujah avait, selon eux, « enhardi » les insurgés. « Nos soldats ne peuvent démontrer leur pleine détermination qu'en exerçant les actions militaires nécessaires pour appuyer les paroles des autorités politiques. Cette détermination se verra en partie dans la disparition rapide de toutes milices indépendantes en Irak ».

Une observation publiée dans le Washington Post de la semaine dernière par Ivo Daalder, membre du Conseil de sécurité nationale de l'administration Clinton, et James Lindsay, vice président de l'influent Conseil des relations étrangères, illustre bien la politique développée au sein du parti démocrate.

Ils écrivent que la réponse à l'unilatéralisme de Bush n'est pas un retour dans le giron des Nations Unies. Le problème plus profond des Nations Unies est que cette instance traite ses membres en égaux souverains sans tenir compte de leurs gouvernements.

"L'idée d'égalité souveraine reflétait une décision consciente que les gouvernements prirent soixante ans auparavant selon laquelle il serait préférable pour tous de répudier le droit de se mêler des affaires intérieures des autres. Ce choix n'a plus de sens aujourd'hui. A une époque de mondialisation rapide, les développements intérieurs de pays lointains affectent notre bien-être. C'est ce que le11 septembre nous a appris. Aujourd'hui le respect de la souveraineté de l'état devrait dépendre de la manière dont ces états se comportent chez eux et pas seulement à l'étranger ».

Autrement dit, mener une guerre d'agression ­ crime de guerre commis par le régime de l'Allemagne nazie ­ doit devenir le fondement de la nouvelle doctrine de politique étrangère des Etats Unis en cette ère de mondialisation. Au lieu du programme unilatéraliste de Bush, ces auteurs réclament qu'une telle intervention soit conduite par une alliance « d'états démocratiques », c'est-à-dire, les principales puissances impérialistes ainsi que leurs alliés. Bien évidemment le rôle pré éminent de l'impérialisme américain n'est pas remis en question ­ il devrait, du moins pour l'instant, avoir la position de premier parmi les égaux.

Comment combattre l'impérialisme

Cette poussée pour dominer le monde provient des besoins les plus profonds de l'impérialisme américain. De ce fait, la politique étrangère, la politique intérieure, le cadre légal au sein même des USA doivent être complètement remodelés pour refléter le fait que l'accumulation de capital et la lutte pour obtenir de nouveaux marchés, et donc les ressources et les profits que cela entraîne, se produisent véritablement à échelle mondiale.

Cela signifie que le colonialisme, l'oppression impérialiste, les guerres d'agression et les guerres entre principales puissances capitalistes qui marquèrent la première moitié du 20e siècle, sont de retour sous une forme nouvelle encore plus terrible. Comment la classe ouvrière ­ les masses laborieuses du monde entier, la plus grande partie de l'humanité ­ va-t-elle faire face à cette réalité ? C'est la question politique pressante qui doit à présent être abordée.

La guerre, pour reprendre l'aphorisme de Clausewitz, est la continuation de la politique par d'autres moyens. Et la politique est, en dernière analyse, l'économie à l'état concentré. On ne peut séparer la guerre du système économique et social qui la déclenche.

Ce fait a des implications politiques profondes. Cela veut dire que la lutte contre la guerre impérialiste ne peut pas être menée sur la base d'une perspective cherchant à remplacer un parti bourgeois par un autre. Cette lutte nécessite plutôt le développement d'un mouvement politique indépendant sous l'égide de la classe ouvrière internationale ­ la grande masse de l'humanité à l'échelle mondiale ­ dont le but est de renverser entièrement le mode de production capitaliste.

Il y a une logique implacable en politique, logique qui découle des lois objectives de la lutte des classes. Il y a deux cas de figure : soit une lutte politique pour l'indépendance de la classe ouvrière, soit une perspective qui conduira inévitablement dans le camp des diverses sections de la classe dirigeante capitaliste.

En périodes dites "normales", ces lois de la politique sont souvent quelque peu cachées. En temps de guerre, cependant, chaque tendance politique est testée et la logique interne de son programme révélée.

Prenons le cas, très riche en enseignements, de Noam Chomsky. Le 16 mars, le professeur Chomsky vint sur le devant de la scène nous proposant une louchée supplémentaire de l'argument du « moins pire » pour appeler à voter pour John Kerry aux élections présidentielles. « Kerry », dit-il au Guardian, « est souvent décrit comme une version 'light' de Bush, ce qui n'est pas faux, et en règle générale, le spectre politique est plutôt étroit aux USA, et les élections sont surtout achetées, comme chacun sait. Mais malgré les différences limitées entre les deux candidats, tant en politique intérieure qu'étrangère, il y a des différences. Et dans ce système de pouvoir immense, de petites différences peuvent se traduire en de grands conséquences ».

Il y a, comme nous l'avons vu, des différences entre partis démocrate et républicain. Dans le cas de l'Irak, la revendication centrale du candidat démocrate John Kerry est que les Etats-Unis ne déploient pas la force suffisante pour mener à bien l'occupation victorieuse de l'Irak. Chomsky s'aligne à présent avec Kerry, tout comme le fait un autre critique radical de l'administration Bush, Michael Moore, qui a déclaré son intention de consacrer le reste de l'année à garantir la victoire de Kerry.

Qu'y a-t-il dans la politique de Chomsky qui le conduise dans le camp de Kerry? Depuis plus de trente ans, depuis l'époque de la guerre du Vietnam, Chomsky critique l'impérialisme américain. Mais durant toute sa vie, Chomsky a conservé une opposition profonde et constante envers le marxisme et, par-dessus tout, envers la Révolution Russe de 1917, qu'il dénonça comme un putsch contre la classe ouvrière.

Chomsky considère qu'une partie fondamentale de son rôle politique consiste à exposer les mensonges de la classe dirigeante américaine et il lui arrive effectivement parfois de donner des analyses perspicaces. Mais il avale le plus gros de tous les mensonges, promu par tous les défenseurs de l'impérialisme que l'on trouve dans les cercles universitaires et dans les média, selon lequel la Révolution russe était une espèce de putsch et que le bolchevisme était l'origine du stalinisme.

C'est précisément ce mensonge qui par dessus tout joue un rôle si crucial dans le maintien de la confusion politique et la désorientation qui est caractéristique de la situation politique actuelle. Ayant rejeté le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière, s'érigeant contre la première tentative de construction d'une société socialiste, Chomsky finit obligatoirement dans le camp d'une partie de la classe dirigeante.

Le cas de Chomsky a une signification plus grande. Il révèle la logique de toutes les formes de radicalisme et de politique de contestation des classes moyennes, qui s'opposent à certains aspects de l'impérialisme, mais rejettent la lutte, basée sur l'indépendance de la classe ouvrière, pour le renverser.

Les travaillistes australiens et la guerre en Irak

Les mêmes questions de politique du "moins pire" se poseront dans les élections australiennes à venir, où sera avancé l'argument qu'il est nécessaire de voter pour le parti travailliste pour s'opposer à Howard, même s'il faut, comme le recommande Chomsky par rapport à Kerry, se boucher le nez.

Le parti travailliste, cependant, ne s'oppose pas à la guerre contre l'Irak et à l'occupation américaine. En gros, il partage l'opinion des démocrates américains selon laquelle là où se pratique le pillage impérialiste, il faudrait l'organiser par l'entremise de ce «repaire de brigands » que l'on connaît aussi sous le nom de Nation Unies, ou quelque autre structure multilatérale.

Et que dire des Verts qui apparaissaient de façon proéminente dans les manifestations de février de l'an dernier avant l'invasion de l'Irak ? Ils maintenaient que l'alternative à la guerre était le soi-disant programme d' « endiguement » des sanctions sous l'égide des Nations Unies ­ sanctions qui provoquèrent la mort de près d'un demi million d'enfants irakiens. Quand ils s'opposent à l'engagement de l'armée australienne en Irak, c'est sur la base que les soldats australiens devraient être déployés plus près de chez eux pour défendre les intérêts nationaux. Ces vues sont reprises par ceux à la gauche des Verts, la soi-disant Alliance socialiste et par des radicaux tels que le journaliste John Pilger.

Un axiome de la politique marxiste dit que le test infaillible mettant à l'épreuve chaque tendance qui se prétend « anti-impérialiste » est son positionnement par rapport à l'impérialisme de sa propre classe dirigeante. Il y a cinq ans, nous avons eu la réponse définitive à cette question quand tous les groupes radicaux ici entreprirent une campagne politique exigeant le déploiement de soldats australiens pour faire partie d'une soi-disant force de maintien de la paix au Timor oriental.

Ils prétendirent qu'il était nécessaire de défendre les masses du Timor oriental contre les déprédations que leur infligeait la milice indonésienne. Cependant, l'objectif réel de l'intervention, dont les radicaux prétendent qu'elle eut lieu grâce à la pression qu'ils exercèrent sur Howard, était de placer l'impérialisme australien en meilleure position afin de s'emparer de la part du lion des ressources pétrolières qui se trouvent sous les mers entourant l'île. Aujourd'hui nous entendons le gouvernement du Timor oriental avertir quotidiennement qu'ils sont confrontés à l'appauvrissement parce que le gouvernement australien refuse de retracer les frontières maritimes selon les conventions internationales.

Le gouvernement de Howard a soutenu les Etats-Unis dans la guerre contre l'Irak en échange du soutien des USA dans la poursuite des objectifs de l'impérialisme australien dans la région.

Mais quand bien même les classes dirigeantes des Etats Unis et leurs alliés impérialistes souhaiteraient amener le retour du colonialisme, la marche de l'histoire les prend à contre-courant.

Dans un article paru vendredi dans l'Australian, l'historien britannique Niall Ferguson, fervent défenseur des vertus de l'empire britannique, se demande pourquoi les américains semblent incapables de mener à bien au 21e siècle ce que les Britanniques réussirent au 19e. La réponse est simple : Le 20e siècle, en dépit de ses tribulations n'a pas été vécu en vain. Il est impossible de revenir en arrière.

Aujourd'hui, les contradictions toujours plus profondes du mode de production capitaliste ne provoquent pas uniquement impérialisme et guerre mais mettent en branle des forces encore plus puissantes.

Ce sont les luttes des masses ­ autant dans les pays opprimés que les pays capitalistes avancés ­ et non la force militaire des vieilles classes dirigeantes qui sont le facteur le plus décisif du processus historique.

Ces luttes n'ont fait que commencer, mais déjà les effets en sont profonds. Des soulèvements politiques et des conflits encore plus puissants suivront. Leur issue finale dépendra avant tout de la construction d'une nouvelle direction révolutionnaire, basée sur toutes les leçons du 20e siècle. C'est la tâche à laquelle se consacrent le SEP et le WSWS. Nous vous invitons tous ici présents à vous y engager en adhérant à notre parti.

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