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Une perspective socialiste pour contrer les plans de démolition sociale du gouvernement Charest

1er mai 2004

Nous publions ci-dessous le texte d'une déclaration du Parti de l'égalité socialiste (Canada)qui fut distribué par ses supporteurs et ses membres lors de la manifestation du premier mai à Montréal. Près de 100.000 personnes, en grande partie des travailleurs, ont pris la rue pour exprimer leur opposition aux politiques du gouvernement Charest.

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Sur quelle base politique doit être menée la lutte contre le gouvernement Charest? Telle est la question qui se pose aux milliers de manifestants descendus dans la rue aujourd'hui pour protester contre les mesures antisociales et antisyndicales du gouvernement québécois.

Il y a seulement un an que les Libéraux ont pris le pouvoir dans la province et déjà ils doivent affronter la vindicte populaire suscitée par leurs projets de démantèlement des services sociaux et de baisses d'impôts en faveur des privilégiés. En décembre, le gouvernement a adopté des lois modifiant le Code du travail pour faciliter la sous-traitance, haussant les frais de garderie et réorganisant les structures administratives et syndicales dans le secteur de la santé pour augmenter la «flexibilité du travail», c'est-à-dire empirer les conditions de travail.

Selon les sondages, plus des deux tiers de la population de la province sont «insatisfaits» du gouvernement Charest. Et celui-ci a été clairement secoué par l'ampleur de l'opposition populaire à son assaut de classe. Mais cela ne signifie pas qu'il y aura un répit pour les travailleurs.

Traçant un bilan de la première année au pouvoir de Charest, les médias de l'establishment l'ont vivement dénoncé pour avoir supposément cédé à la pression populaire en repoussant à plus tard, dans son récent budget, les baisses d'impôt promises aux plus riches. «Il ne s'agit pas de devenir populaire», a martelé La Presse. «Il s'agit de faire comprendre aux citoyens» la nécessité d'un «virage». Autrement dit, la classe dirigeante transmet par médias interposés ses ordres de marche au gouvernement Charest: finies les hésitations, il faut poursuivre et intensifier l'assaut contre la population travailleuse!

Des chefs syndicaux au service de l'élite dirigeante

Le Parti de l'égalité socialiste et le World Socialist Web Site accueillent le mouvement d'opposition à Charest. Mais nous avertissons les travailleurs: ce gouvernement, et la politique antisociale qu'il incarne, ne seront pas défaits en alignant protestations et manifestations, aussi importantes soient-elles, sous la direction de la FTQ, de la CSN et de la CSQ.

Les travailleurs québécois ont mené, au cours des 20 dernières années, des luttes importantes contre les assauts répétés de la grande entreprise sur leur niveau de vie. Chacune de ces luttes a été isolée et sabotée par les chefs syndicaux au nom du maintien de la «paix sociale», c'est-à-dire de l'ordre existant. Identifiant de plus en plus leurs nombreux privilèges à une intégration croissante à l'appareil patronal, ils ont présidé à la transformation des syndicats en véritables appendices des conseils d'administration et des organismes financier comme le montre, par exemple, le Fonds de solidarité de la FTQ.

Ce processus a atteint un nouveau palier à la fin des années 90 lorsque les centrales syndicales du Québec ont officiellement endossé l'objectif du «déficit zéro» du gouvernement péquiste, qui a servi de fer de lance idéologique à des coupes draconiennes dans les dépenses sociales.

Les Claudette Carbonneau, Henri Massé et Cie ne voient nullement l'actuel gouvernement Charest comme un ennemi irréconciliable de la classe ouvrière, mais comme un partenaire de négociation (ils se sont rencontrés pas plus tard qu'hier). Une manifestation n'est pas à leurs yeux le début d'une contre-offensive politique des travailleurs. C'est plutôt un moyen de laisser les membres de la base se défouler pour faire baisser la pression dans leurs propres rangs. Et surtout, c'est un signal lancé à la classe dirigeante qu'en voulant se passer de leurs services - et leur enlever les privilèges non négligeables qui y sont associés - il risque de perdre un appareil vital de contrôle des travailleurs, qui a toujours veillé à ce que leurs luttes ne dépassent jamais les limites de l'ordre établi.

En décembre dernier, au plus fort des manifestations antigouvernementales ayant secoué la province, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, plaidait pour que Charest prenne le rôle traditionnel du premier ministre, celui selon elle d'un «arbitre» social, tout en reconnaissant son droit d'imposer les diktats de la grande entreprise. «Bien sûr, je ne souhaite pas qu'il renonce à légiférer et à gouverner», a-t-elle déclaré. La FTQ, de son côté, a publié une analyse dans laquelle elle avertissait qu'il ne fallait pas s'opposer au programme du gouvernement dans son ensemble en expliquant que cela laisserait croire que les syndicats sont engagés dans une lutte pour le pouvoir politique.

Alors qu'ils soulèvent timidement la menace d'une grève d'une journée, les dirigeants syndicaux travaillent à garder la lutte des travailleurs du secteur public dans la camisole de force du système de négociation collective imposé par l'état. Même les principes élémentaires de solidarité leur sont étrangers: il n'y a aucune tentative de leur part de lier les luttes au Québec à celles des travailleurs du secteur public de Terre-Neuve et de Colombie-Britannique qui font face à des attaques similaires.

Une crise structurelle et internationale

Le caractère sans précédent de l'assaut lancé par le gouvernement Charest sur l'ensemble des acquis sociaux de la classe ouvrière appelle une réponse politique d'une profondeur historique comparable. Si les travailleurs ont subi une défaite après l'autre depuis vingt ans, ce n'est pas à cause de la puissance du capital en soi, encore moins de l'appui populaire pour son programme réactionnaire. C'est plutôt parce que les luttes de la classe ouvrière ont été basées sur la perspective erronée que les besoins des travailleurs sont compatibles avec le maintien du système de profit et la concentration du pouvoir politique entre les mains d'une élite qui subordonne la société à l'accumulation des fortunes privées.

Les travailleurs québécois doivent se tourner vers une autre perspective, celle de la lutte consciente pour le pouvoir politique afin de mettre les richesses créées par leur labeur collectif au service de la communauté dans son ensemble. Cela requiert la construction de leur propre parti politique, basé sur l'unité avec leurs frères de classe du reste du Canada, des États-Unis et d'ailleurs dans le monde, et voué à la poursuite de l'égalité sociale en tant qu'élément central de la lutte pour le socialisme.

Le programme anti-ouvrier des libéraux de Charest reflète un large consensus au sein de l'élite dirigeante. Bien que le Parti québécois tente aujourd'hui de se refaire une popularité en critiquant les mesures des libéraux, au pouvoir, ce parti avait effectué les pires compressions dans les dépenses sociales de l'histoire du Québec et il avait élaboré avant les dernières élections son propre plan visant à réduire la taille du secteur public québécois.

C'est dire que le «virage» entrepris par Charest est avant tout l'expression sur la scène politique québécoise d'un phénomène international : un rapide déplacement à droite de tout l'axe de la politique officielle, déplacement généré par la crise historique qui secoue le capitalisme mondial et qui se caractérise par la montée vertigineuse des inégalités sociales, du militarisme et de l'autoritarisme, posant une menace mortelle aux conditions de vie et aux droits démocratiques des populations.

L'évolution politique récente du Canada en est un exemple frappant. Trois des provinces les plus importantes du pays ont été, ou sont, dirigées par les gouvernements les plus réactionnaires depuis la Grande Dépression des années 30 : les conservateurs de Mike Harris en Ontario, les libéraux de Gordon Campbell en Colombie-Britannique, et Jean Charest au Québec. Dans le cas de ce dernier, il faut noter que la politique antisociale dont il s'est fait le champion n'est qu'une intensification des attaques similaires lancées par le gouvernement péquiste précédent.

Sur la scène nationale, les libéraux ont réalisé sous la gouverne de Jean Chrétien et de Paul Martin une transformation fondamentale de l'État fédéral, dont le rôle d' «aplanisseur» des inégalités sociales et régionales a été sérieusement érodé. Une baisse massive du taux d'imposition des revenus les plus élevés a été menée parallèlement à des coupes de plusieurs milliards dans les paiements de transfert aux provinces servant à financer la santé, l'éducation et l'aide sociale.

Une évolution similaire a pris place à l'échelle internationale. En Europe, l'État-providence n'est plus qu'un souvenir du passé après plus de 20 ans de coupes budgétaires menées tant par la droite que par la social-démocratie, processus qui va s'intensifier cette année avec le lancement par la France et l'Allemagne d'un assaut frontal sur les régimes de retraite, le système de santé et la sécurité sociale.

Aux États-Unis, l'administration Bush s'est lancé dans le pillage militaire de l'Irak et a engagé un vaste transfert des richesses dans les poches des plus riches par une baisse massive de l'impôt sur le revenu et sur les gains en capital et l'adoption de politiques comme la «réforme» de l'assurance-maladie pour les personnes âgées qui ouvrent la voie à plus de privatisation du système de santé.

En s'opposant aux plans de Charest, les travailleurs doivent prendre clairement conscience de la nature de la lutte qui les attend: c'est un défi, non pas à la politique d'un gouvernement en particulier, mais à la stratégie de classe de toute l'élite dirigeante canadienne et internationale. C'est donc fondamentalement une lutte politique. Au principe du tout-marché, mis de l'avant par la classe dominante dans ses efforts constants pour soumettre encore plus la société à la poursuite de ses profits individuels, les travailleurs doivent être prêts à opposer une alternative progressiste : une société de type supérieur, où les immenses ressources qu'offre la technologie moderne seraient mises au service de tous.

Rompre avec le nationalisme québécois

Le principal obstacle que devront surmonter les travailleurs dans la lutte contre le gouvernement Charest est la confusion générée par la longue domination idéologique du mouvement ouvrier par le nationalisme québécois. La responsabilité en incombe avant tout à la bureaucratie syndicale qui, par son alliance réactionnaire avec le parti de la grande entreprise qu'est le Parti québécois, a systématiquement fait la promotion de la thèse que les travailleurs au Québec ont plus en commun avec l'élite dirigeante qu'avec les travailleurs du reste du Canada et internationalement.

Les bureaucrates syndicaux ont inculqué la notion que la société québécoise est essentiellement différente; que son évolution n'est pas façonnée par les profondes divisions de classe qui la traversent mais par l'existence du «fait français» en Amérique du Nord; que les travailleurs québécois doivent oublier leurs différences de classe avec l'élite dirigeante et se joindre à elle pour exiger un transfert des pouvoirs du fédéral vers le provincial; et que l'objectif ultime de leurs luttes politiques et sociales doit être l'établissement d'un État capitaliste indépendant au Québec.

Face à la montée de l'opposition populaire au gouvernement Charest, leur réaction instinctive a été de chercher à ressusciter le PQ discrédité. Des représentants en vue des syndicats incluant l'ex-présidente de la CSQ Monique Richard, l'ex-président de la CSN Marc Laviolette, le président de la section canadienne des travailleurs canadiens de l'automobile Luc Desnoyers et le président du syndicat des cols bleus de Montréal Michel Parent _ ont formé une nouvelle faction au sein du PQ, sous le nom «Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre». Le but déclaré de cette faction est de «de contribuer à la défaite du gouvernement Charest aux prochaines élections», c'est-à-dire reporter le PQ au pouvoir.

Les immenses changements économiques ayant eu lieu depuis l'élection du premier gouvernement péquiste en 1976, et qui ont atteint aujourd'hui leur point culminant avec une intégration globale sans précédent de tous les aspects de la production, ont aussi créé les conditions objectives pour un règlement de comptes définitif avec la perspective dépassée et historiquement réactionnaire du nationalisme.

Les travailleurs font face partout dans le monde à la même offensive de la grande entreprise. C'est la propriété privée des leviers fondamentaux de la société et le système même des États-nations, structure politique fondamentale du capitalisme, qui constituent aujourd'hui un frein absolu au développement planifié et harmonieux de l'économie mondiale dans l'intérêt de tous.

La seule perspective viable qui puisse guider une lutte sérieuse contre la menace représentée par les plans du gouvernement Charest, c'est celle de l'unité internationale des travailleurs dans la lutte commune pour le socialisme et l'égalité sociale. C'est la perspective défendue par le Parti de l'égalité socialiste et élaborée quotidiennement dans les pages du WSWS qui se veut l'outil principal pour la construction du parti politique indépendant des travailleurs, la grande tâche de l'heure. Nous appelons tous ceux qui sont révoltés par les plans de démolition sociale du gouvernement Charest à devenir des lecteurs du WSWS et à prendre une part active à son développement.

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