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Le gouvernement libéral du Canada fait face à une défaite imminente

Par Keith Jones
(Article originale paru le 20 avril 2005)

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Le gouvernement libéral du Canada risque sérieusement d'être défait lors d'un vote sur une motion de non-confiance au Parlement dans les semaines à venir, alors que les partis d'opposition cherchent à prendre avantage des témoignages catastrophiques entendus devant la commission d'enquête publique sur des allégations de corruption gouvernementale.

L'ancien président de l'agence Groupaction Marketing, Jean Brault ainsi que plusieurs autres témoins, ont déclaré à la commission d'enquête présidé par le juge John Gomery, que le programme des commandites, un programme fédéral mis en place pour augmenter la visibilité du gouvernement canadien au Québec, a servi à financer illégalement le Parti libéral du Canada. Les dirigeants de Groupaction et de plusieurs autres firmes de publicité allèguent avoir versé d'importantes sommes au Parti libéral en échange de contrat de commandites et d'avoir donné en sous-traitance certains de leurs contrats à des personnes proches des libéraux et d'avoir versé des salaires aux employés engagés par le Parti Libéral.

Alors que ces témoignages ont choqué plusieurs Canadiens ordinaires, les observateurs aguerris de la scène politique savent que, malgré le ton scandalisé des partis d'opposition et de la presse en général, qu'une telle pratique est loin d'être sans précédent. Dans un article du Globe and Mail, rédigé sous forme de lettre ouverte adressée à Stepen Harper le chef du Parti conservateur, Norman Spector, un des principaux conseiller de l'ancien chef conservateur et ancien premier ministre Brian Mulroney, écrit cette semaine : «Stephen, tu es à Ottawa depuis assez longtemps pour savoir que la plupart des abus dans le financement des partis et de l'attribution des contrats gouvernementaux auraient facilement pu prendre place sous un gouvernement conservateur, et que vraisemblablement, c'est ce qui a pris place.»

Par contre, Harper a donné toutes les indications qu'il allait ignorer le plaidoyer de Spector et qu'il ne s'empêchera de faire tomber le gouvernement avant que le juge Gomery n'ait entendu toute la preuve et rédigé son rapport final. Le chef du Parti conservateur a dit qu'il allait déterminer sa conduite par ce que sa conscience lui dictait et ce que la population canadienne veut. En d'autres termes, si les sondages indiquent que les conservateurs pourraient gagner une majorité parlementaire lors d'une élection ce printemps ou au début de l'été, il arguera que les libéraux n'ont plus «l'autorité morale de gouverner».

Les conservateurs sont impatients de provoquer une élection dans laquelle ils pourront présenter la question centrale comme étant «pour ou contre la corruption». Proches alliés des républicains américains, les conservateurs vont brandir les allégations et les preuves de malversation des organisateurs, des députés et des ministres libéraux pour éviter de débattre leur propre programme de droite et les liens qu'ils entretiennent avec la droite religieuse.

Ils comptent aussi pouvoir exagérer l'étendu et l'importance du scandale et des possibles abus criminels de la part des libéraux dans la gestion d'un programme qui a coûté quelques 200 millions sur près de dix ans pour pousser l'idée que les dépenses fédérales sont hors de contrôle et qu'il faut les réduire drastiquement.

En réalité, les sommes impliquées dans le programme des commandites ne représentent qu'un montant dérisoire comparativement aux dizaines de milliards de dollars que les libéraux ont détourné des programmes sociaux et des services publics vers les riches et la grande entreprise sous forme de coupures dans les dépenses et de réduction de taxes.

Le Bloc québécois (BQ), le parti indépendantiste québécois au niveau fédéral, croit aussi qu'il est dans son intérêt de forcer la tenue de nouvelles élections. Il y a deux ans à peine, le Parti québécois (PQ), le parti indépendantiste de la scène provinciale, a subi une cuisante défaite électorale causée par la défection en masse des travailleurs en colère contre la détérioration dans la santé, l'éducation et autres services publics durant le règne de neuf ans du PQ. Mais avec l'appui de la bureaucratie syndicale, le PQ et le BQ ont été en mesure de faire une remontée politique en exploitant la colère populaire dirigée contre la corruption des libéraux fédéraux et des politiques de droites adoptées par le gouvernement libéral du Québec.

Le BQ calcule pouvoir gagner des sièges. Il n'est pas non plus hostile à l'idée de voir les conservateurs prendre le pouvoir, le parti traditionnellement associé au chauvinisme anglais, et ceci pour deux raisons. Un gouvernement conservateur n'aurait probablement pas de député du Québec, rendant plus facile la tâche du BQ et du PQ d'arguer que le gouvernement fédéral ne représente pas les Québécois; le Parti conservateur, qui obtient ses appuis les plus importants de la grande entreprise de l'Ouest du Canada, a depuis longtemps promu l'idée d'une décentralisation des pouvoirs du fédéral vers les provinces.

Ensembles, le BQ et les conservateurs ont 153 députés, soit un de moins que le nombre requis pour défaire le gouvernement dans un vote de non-confiance, s'ils sont tous présents et qu'aucun ne s'abstient.

À ce point, les sociaux-démocrates du Nouveau Parti démocratique (NPD) sont restés vague sur leur position lors d'un vote pouvant défaire le gouvernement.

Le NPD a une longue et honteuse historique d'alliance avec le Parti libéral, ce parti de la grande entreprise. Durant la campagne électorale de juin 2004, le dirigeant du NPD, Jack Layton, a clairement indiqué que l'objectif principal du parti était de gagner suffisamment de sièges pour soutenir le gouvernement minoritaire libéral. Mais après les élections, les libéraux ont rejeté l'ouverture que leur faisait le NPD et ont continué leur virage à droite, copinant avec l'administration Bush, annonçant de nouvelles coupures de taxes et augmentant les dépenses militaires ce qui a rendu difficile pour le NPD de justifier à leurs supporteurs un bloc avec les libéraux.

Cependant, même sans le vote du NPD, les conservateurs et les bloquistes pourraient défaire le gouvernement s'ils obtiennent l'appui d'un seul des trois députés indépendants, dont deux sont d'anciens conservateurs.

Combien les libéraux conçoivent leur défaite de leur gouvernement comme imminente est démontré par le fait qu'ils ont pris l'exceptionnelle mesure d'invoquer leur prérogative à titre de gouvernement pour annuler une journée d'opposition prévue au calendrier de la Chambre des Communes. Lors d'une journée d'opposition, l'un des partis d'opposition choisit le sujet à débattre et peut présenter des motions. Les libéraux craignaient apparemment que les conservateurs présentent une motion qui, si adoptée, allait donner le pouvoir aux partis d'opposition de fixer l'horaire de ces journées d'opposition, leur permettant ainsi de choisir le meilleur moment de présenter une motion de non-confiance.

Encore plus révélateur, les libéraux ont poursuivi leur rhétorique anti-conservateur en prétendant que ces derniers aidaient les séparatistes du BQ et qu'une fois élu, ils poursuivraient une politique sociale de division. Les libéraux n'ont pas manqué d'attirer rapidement l'attention du public sur un rapport co-rédigé par l'ancien premier ministre conservateur de l'Ontario, Mick Harris et par Preston Manning, le fondateur de l'Alliance canadienne (la principale composante du nouveau Parti conservateur), pour l'avertir que sous un gouvernement dirigé par Harper, le régime de santé public serait en péril. Parmi une série de propositions de droite, incluant une coupure supplémentaire de taxe de 80 milliards, Harris et Manning défendent dans leur document intitulé «Un Canada fort et libre» que le gouvernement fédéral se retire du financement du système de santé et qu'un système à deux vitesses soit établi pour permettre aux bien nantis de s'offrir les meilleurs soins sur le marché et que la majorité soit forcée de se contenter d'un système sous financé.

Les conservateurs ont répliqué qu'Harris et Manning ne formulaient pas la politique du parti et contraient l'attaque des libéraux selon laquelle ils avaient un «agenda conservateur caché» en les accusant de les diaboliser.

Dans un sens, ils ont tous les eux raison. Les conservateurs sont, comme l'indique l'attention quasi exclusive qu'ils consacrent à la corruption libérale, anxieux de cacher leur véritables intentions. Harper parle d'une alternative conservatrice «modérée» aux libéraux. Mais c'est un idéologue néo-conservateur, dont le parti prend les républicains américains et l'administration Bush comme modèle. Un gouvernement conservateur sera indéniablement le gouvernement national canadien le plus à droite depuis la Grande Dépression.

Quant aux libéraux, ils ont brandi la menace de droite que constituaient le Parti progressiste-conservateur, le Parti réformiste, l'Alliance canadienne et maintenant le nouveau Parti conservateur pour gagner des votes en prétendant être le seul moyen de prévenir la prise du pouvoir d'un gouvernement réactionnaire voué au saccage des services et programmes sociaux public en faveur des riches. Par contre, une fois bien installés au pouvoir, les libéraux ont appliqué les politiques prescrites par leurs opposants de la droite. Les libéraux ont adoptés la TPS (la taxe sur les produits et services) et le traité de libre échange de Mulroney; ont implanté les coupures de taxes massives demandées par les réformistes et l'Alliance canadienne; ont adopté la position intransigeante contre le Québec défendue par Harper et Manning, incluant la menace de partition du Québec; et maintenant ils appliquent, en avançant un plan en ce sens, l'appel des conservateurs pour une augmentation massive des dépenses militaires.

Le NPD, pendant ce temps, a toujours, depuis les dix dernières années de pouvoir, où que ce soit, poursuivi un programme néo-libéral de coupures dans les services public, d'austérité budgétaire, de privatisation et adopté des lois anti-syndicales essentiellement identiques à celles des libéraux et des conservateurs.

Un parti de l'establishment capitaliste, le NPD s'est trouvé bien mal en point pour répondre à l'affirmation de Jean Chrétien et ensuite de Paul Martin, le multimillionnaire du transport maritime, que les intérêts des travailleurs seraient bien mieux servi par un vote pour les libéraux, le parti traditionnel de la grande entreprise canadienne , que pour le NPD.

Selon le Globe and Mail, la direction du NPD est inquiete de voir la soudaine et évidente tentative des libéraux de se présenter comme un parti «progressiste» maintenant que des élections semblent imminentes. «C'est exactement comme la dernière fois», a déclaré une source du NPD au Globe. «C'est pourquoi nous ne voulons pas tomber dans le jeu de diaboliser les conservateurs maintenant à cause de l'effet négatif que cela aurait pour nous. Nous favorisons donne une image modérée aux conservateurs pour avoir une véritable course à trois».

La réponse à l'assaut continu contre la position sociale de la classe ouvrière n'est ni de faire bloc avec les libéraux contre les conservateurs ni de diminuer la menace provenant des conservateurs. La classe ouvrière doit répudier la perspective vouée à l'échec du réformisme national du NPD et se constituer en force politique indépendante luttant pour un programme internationaliste et anti-capitaliste.



 

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