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Le PES sri-lankais tient une réunion publique dans le Sud touché par le tsunami

Par notre correspondant
5 mars 2005

Plus de 50 personnes ont participé à la réunion sur les questions politiques soulevées par le tsunami asiastique qu'a organisée le Parti de l'égalité socialiste (PES) à Ambalangoda le 27 février. Parmi les gens présents se trouvaient des travailleurs, des pêcheurs, des ménagères, des jeunes et des étudiants, dont plusieurs avaient été directement touchés par le désastre du 26 décembre.

Ambalangoda est une ville côtière dans le district de Galle dans le Sud, et l'une des régions du Sri Lanka la plus touchée par le tsunami. Selon les statistiques officielles, le nombre de morts dans le district s'élève à 4.256. Quelque 7.032 maisons ont été complètement détruites et 7.680 autres habitations partiellement endommagées. Près de 100.000 personnes ont été déplacées. Des dizaines de milliers, qui travaillaient directement ou indirectement dans l'industrie de la pêche et du tourisme, ont perdu leur gagne-pain et sont démunis.

Ceux qui sont venus à la réunion ont exprimé leur colère à l'endroit de la présidente Chandrika Kumaratunga et de son Alliance populaire unie pour la liberté, qui ont peu fait pour leur venir en aide. Plus de deux mois après le désastre, beaucoup de familles déplacées dépendent de parents ou vivent dans des tentes de fortune offrant peu de protection. La plupart étaient écoeurés de devoir remplir des dizaines de formulaires et rencontrer les autorités. Une femme a déclaré avoir récemment commencé à brûler des formulaires, car le fait de les remplir n'amenait aucune aide à sa famille.

Un père de trois enfants a montré son indignation d'une autre façon. Il est allé à un studio et a pris une photo où on le voit avec deux petits sacs en plastique contenant quatre kilogrammes de rations sèches. Il l'a montré à des membres du PES et dit qu'il voulait qu'elle soit publiée dans un journal pour montrer l'aide fournie par le gouvernement pour nourrir ses trois enfants pendant une semaine.

Inquiétée par cette montée de colère, Kumaratunga a mis les efforts de secours sous le contrôle de l'armée et imposé l'état d'urgence. Lorsque les membres du PES ont cherché à interviewer les réfugiés à Ambalangoda Graminin Maha Vidyalaya, une école actuellement utilisée comme camp de secours, les officiers de marine et de police qui étaient de garde au camp ont menacé de les arrêter en invoquant la loi d'urgence.

Le jour même de la réunion du PES, le premier ministre Mahinda Rajapaksa a visité Ambalangoda et cherché à faire un spectacle de son offre de 2.000 roupies (20 dollars US) à certaines familles choisies. Loin d'apaiser l'hostilité locale, Rajapaksa a été pris d'assaut par des victimes frustrées exigeant une aide gouvernementale et a dû partir.

Rathnasiri Malalagama, un membre de longue date du PES dans la région, a présidé la réunion. Il a expliqué que la réunion faisait partie d'une série organisée par le PES et le World Socialist Web Site au Sri Lanka et à l'échelle internationale. Il a expliqué que le secrétaire général du PES Wije Dias avait récemment pris la parole devant des assemblées à Sydney et à Melbourne pour aborder les questions historiques et politiques soulevées par le tsunami asiatique.

Malalagama a expliqué à grands traits les sérieux problèmes auxquels sont confrontés les gens de la région. «Le problème du logement est un problème majeur. Des gens à Peraliya, banlieue de Ambalangoda, nous ont expliqué le type de logement qu'on leur a donné. Bien que le gouvernement ait promis de dépenser 250.000 roupies pour chaque maison, en fait il ne dépense que 100.000 roupies. Les murs sont faits d'un mélange de sable et de ciment dans un ratio de 9 à 1, bien en-deça des codes reconnus de construction. Une des familles a même refusé de prendre possession de leur nouvelle maison. Ils nons ont dit, avant de quitter la région, que la maison leur tomberait sur la tête s'il y avait de forts vents, sans parler de tsunami».

Introduisant le conférencier principal, Wije Dias, Malalagama a dit : «Ce désastre met en lumière les problèmes historiques et politiques auxquels font face les travailleurs et les masses opprimées sous le capitalisme. Ce qu'il faut c'est une perspective visant à faire face à ces questions et à fournir une solution socialiste progressiste».

Dias a commencé par expliquer que le tsunami asiatique avait frappé des pays donnant sur l'Océan indien et la Mer d'Arabie sans faire de distinction de frontière nationale ou d'origine ethnique. Au même moment, a-t-il dit, nous avons vu les élites dirigeantes des grands pays et des pays touchés répondre à la tragédie de la même manière : la plus sèche indifférence pour le sort des victimes.

«Les dommages causés à l'industrie de la pêche rien que dans l'Asie du Sud, si l'on ne tient pas compte de l'état de désolation des pêcheurs et de leurs familles, sont estimés à environ 520 millions de dollars US, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Comparées à ces chiffres, les maigres sommes fournies par les États-Unis et d'autres pays impérialistes démontrent que le but des opérations de secours n'est pas de mettre fin à la misère des victimes», a expliqué Dias.

Dias a souligné le fait que le nombre de morts continue d'augmenter. Le 1er février, le chiffre officiel pour l'île était de 30.974. «Mais douze jours plus tard, des gens de Matiwala, près de cette ville, ont dû forcer la police à vider une carrière d'argile pour récupérer les corps de 20 'personnes disparues'. Cela montre avec quelle dureté les autorité traitent les victimes du désastre», a-t-il dit.

«À la fin de décembre, la présidente Kumaratunga avait affirmé que son gouvernement planifiait de commencer avant le 15 janvier des travaux de construction de maisons pour les personnes déplacées. Les travaux seraient achevés dans six mois, avait-elle promis. Toute cette réthorique a maintenant changé. Dans sa dernière déclaration le 13 février, elle a dit que les travaux de construction ne commenceraient que le 1er mars et qu'il faudrait trois ans pour les achever. Le Janatha Vimukthi Peramuna (JVP), l'autre partenaire principal de la coalition dirigeante, a appuyé sa déclaration, disant qu'il était difficile de trouver les matériaux et la main-d'oeuvre qualifiée pour construire les maisons dans l'immédiat.»

«Ces promesses vont-elles même voir le jour ? Si l'on se fie aux récentes nouvelles venant du Comité de secours, c'est un projet mort-né. Le Comité de secours nous dit que les statistiques rassemblées jusqu'à présent ont toutes disparu de ses ordinateurs. Voilà ce qu'on fait des dizaines de formulaires remplies par des personnes déplacées durant les huit dernières semaines. Cela implique que le gouvernement va effacer d'un trait de plume des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfant comme des personnes disparues.

«Ce que l'on vit ici à une échelle réduite c'est l'incapacité inhérente du capitalisme à faire face aux besoins élémentaires des travailleurs, même en temps normal, sans parler en temps de désastre d'une telle ampleur. Ce n'est pas à cause d'un manque de ressources matérielles et humaines: c'est le résultat d'un ordre économique qui fait passer les profits avant les besoins sociaux de la population. C'est ce qu'il faut changer, ce qui requiert une perspective politique», a souligné Dias.

Dias a attiré l'attention sur les protestations montantes, non seulement par des victimes du tsunami, mais aussi par d'autres travailleurs et opprimés, sur toute une série de questions sociales. Il a insisté sur le fait qu'une perspective politique était nécessaire pour unir le peuple travailleur.

«Lorsque la tragédie a frappé, les masses se sont unies, surmontant les divisions ethniques alimentées pendant des décennies, et elles ont pris en main l'octroi d'aide et le soutien mutuel. Mais les élites dirigeantes ont senti leur faiblesse et ont réagi en s'attaquant aux droits démocratiques et en attisant les conflits ethniques pour couvrir l'aggravation des conditions sociales», a-t-il expliqué.

«Dans un contexte où le soi-disant processus de paix avec les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE) va à la dérive et où la plupart des promesses d'aide sont liées à un accord de paix, le gouvernement devient de plus en plus désespéré. Qui peut croire que dans cette situation, l'état d'urgence maintenant en vigueur dans plus de la moitié de l'île ne sera pas utilisé contre des gens ordinaires qui exigent que leurs besoins soient satistaits immédiatement?

«C'est pourquoi les exigences adressées au gouvernement doivent être combinées à un programme politique pour la défense des droits démocratiques et des conditions sociales des masses. Le PES intervient pour fournir un tel programme basé sur l'internationalisme socialiste et visant à remplacer l'ordre capitaliste pour un gouvernement ouvrier et paysan sous la forme d'une république socialiste du Sri Lanka et de l'Eelam», a conclu Dias.

La conférence a ouvert une discussion animée sur une série de questions, y compris les pourparlers de paix, la proposition du LTTE pour une administation intérimaire et l'attitude du PES envers les droits démocratiques des minorités. Dias a expliqué que le programme socialiste du PES était basé sur le développement d'un mouvement indépendant de la classe ouvrière en opposition aussi bien à l'oppression raciste des Tamouls par le gouvernement de Colombo qu'aux propositions anti-démocratiques et d'inspiration ethnique du LTTE.


 

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