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Soutenez le Parti de l'égalité socialiste à l'élection présidentielle 2005 au Sri Lanka

L'alternative socialiste à la guerre et à l'inégalité sociale

Par le Parti de l'égalité socialiste (Sri Lanka)
Le 22 octobre 2005

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Le Parti de l'égalité socialiste (PES) lance un appel aux travailleurs, aux jeunes, aux intellectuels et aux femmes au foyer pour qu'ils soutiennent et participent activement à notre campagne électorale du 17 novembre prochain au Sri Lanka.

Notre candidat, Wije Dias, est le seul candidat à avancer une alternative socialiste à la guerre et à l'inégalité sociale. Dias, qui est âgé de 64 ans, est le secrétaire général du PES et un membre du comité de rédaction international du World Socialist Web Site. Il a consacré toute sa vie adulte à l'émancipation de la classe ouvrière en luttant pour les principes socialistes de l'internationalisme socialiste.

La pierre angulaire de la campagne du PES est le principe de l'internationalisme. La participation du PES à l'élection n'a pas simplement pour but de gagner des voix mais d'initier une discussion sur l'ensemble du sous-continent indien quant à la nécessité pour les travailleurs d'adopter un programme et une perspective socialistes. Pour combattre les activités prédatrices du capital mondial, la classe ouvrière requiert sa propre stratégie internationale à savoir la réorganisation de l'économie mondiale pour satisfaire les besoins de la majorité et non les profits de quelques-uns.

Aucun des problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs ne peuvent être résolus dans les confins d'une petite île ou de n'importe quel autre Etat-nation. Dans ce même contexte, la population laborieuse ne peut faire confiance aux partis de la classe dirigeante. A maintes et maintes reprises, au cours de ces dernières cinquante années, les gouvernements aux teintes politiques les plus diverses du Sri Lanka et du sous-continent se sont avérés incapables de satisfaire les besoins les plus élémentaires et les aspirations des masses.

Les réponses officielles apportées au tsunami du 26 décembre dernier, ainsi qu'à l'important tremblement de terre qui a eu lieu plus récemment au Pakistan et en Inde, ont exposé l'indifférence universelle des cercles dirigeants face au désespoir des pauvres de la région. Dix mois après que les vagues aient balayé des villes entières en tuant plus de 300 000 personnes en Indonésie, au Sri Lanka, en Inde et en Thaïlande, de nombreux survivants vivent encore d'expédients dans de misérables logements provisoires. La plupart des quatre milliards de dollars d'aide internationale, qui avait été promise lors du sommet de Jakarta, ne s'est pas rendu jusqu'aux victimes.

Ce sont aussi des forces géologiques imprévisibles qui produisirent le tremblement de terre massif du 8 octobre. Toutefois, les terribles conséquences sociales de ces catastrophes naturelles, plus de 40 000 morts et près de 2,5 millions sans-abri, sont avant tout le produit d'un ordre économique qui fait passer les profits avant tout autre chose. Le manque de logements décents, de routes et d'infrastructures bien construits est le résultat inéluctable du pillage systématique de la main-d'oeuvre bon marché et des ressources des pays opprimés d'Asie, d'Afrique et d'ailleurs dans le but d'assurer des profits à une riche élite minuscule des principaux centres impérialistes.

A Washington, Londres, Tokyo et Berlin, la préoccupation majeure n'est pas accordée aux victimes du tremblement de terre et du tsunami, mais à leur impact sur les marchés financiers et aux dangers d'une instabilité politique. Les promesses d'aide sont destinées à soutenir les régimes de la région afin de promouvoir davantage encore leurs intérêts économiques et stratégiques régionaux. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a décrit le tsunami comme «une merveilleuse occasion de montrer le coeur du peuple américain» dont «nous en avons retiré un grand bénéfice».

Une autre occasion de montrer son «coeur» fut offerte au gouvernement Bush par l'ouragan Katrina qui balaya le sud des Etats-Unis. Il révéla au grand jour la même indifférence face à la population laborieuse de la Nouvelle Orléans qu'avaient connue les masses appauvries d'Asie du Sud. La catastrophe arracha le masque du capitalisme américain en exposant la pourriture sociale sous-jacente qu'avait produite la domination, durant des décennies, d'un marché déchaîné­ un gouffre profond entre riches et pauvres, une infrastructure qui se dégrade et un manque de services vitaux. Que ce soit à la Nouvelle Orléans, à Colombo ou à New Delhi, les travailleurs partagent un intérêt commun qui consiste à remplacer l'ordre social existant et qui est en faillite par un ordre capable de satisfaire leurs besoins et leurs aspirations.

La condition première pour un combat uni de la population laborieuse à travers le sous-continent est le rejet de toutes formes de racisme, de communautarisme et de nationalisme que les classes dirigeantes fomentent pour monter les travailleurs les uns contre les autres, au sein d'un même pays ou de pays différents, dans le but de sauvegarder leur position privilégiée. Nulle part le poison du racisme n'a joué un rôle plus préjudiciable qu'au Sri Lanka où il a généré une guerre civile désastreuse qui a coûté la vie à plus de 60 000 personnes, dévasté des régions entières de l'île en occasionnant un nombre incalculable de mutilés ou de sans-abri.

Les candidats présidentiels des deux principaux partis bourgeois, le premier ministre Mahinda Rajapakse du Parti de la liberté du Sri Lanka (SLFP) et le dirigeant de l'opposition, Ranil Wickremesinghe du Parti de l'unité nationale (UNP), affirment être en faveur de la «paix». Aucun des deux n'offre cependant une solution progressiste au conflit. Les divergences entre les deux, tout en étant d'ordre tactique, sont néanmoins ressenties amèrement.

Rajapakse bénéficie du soutien de couches de la bureaucratie de l'Etat, de l'armée, tout comme de la hiérarchie bouddhiste et du monde des affaires dont les intérêts sont liés au maintien d'une suprématie cinghalaise et opposés à toute concession aux Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) ou encore à la minorité tamoule du pays. Il s'est allié aux extrémistes cinghalais du Front de libération du peuple (JVP) et au Jathika Hela Urumya (JHU) qui exigent le renforcement des militaires, une révision de l'actuel cessez-le-feu et l'abandon de l'accord avec le LTTE sur le mécanisme conjoint de décision de la Structure de gestion opérationnelle post tsunami (P-TOMS). La logique de cette politique ouvre la voie à la guerre.

Wickremesinghe par contre affirme vouloir renouveler le «processus de paix». Son parti, l'UNP, avait été responsable du déclenchement de la guerre en 1983 et de sa poursuite impitoyable durant plus de dix ans. Il représente le plus clairement des couches d'une élite du milieu des affaires soutenues par des grandes puissances qui considèrent à présent que la guerre est un obstacle à l'intégration de l'île dans le processus de production mondial. Un accord négocié avec le LTTE établirait un arrangement de partage de pouvoir entre des élites cinghalaise, tamoule et musulmane du pays pour lancer un assaut massif contre la position sociale de la classe ouvrière. Par ailleurs, son caractère antidémocratique et communautariste ne résoudrait aucun des problèmes existant et qui préfigurent de futurs conflits.

L'incapacité de la classe dirigeante à résoudre ses conflits ou à gagner un appui populaire à son programme a provoqué une succession de crises politiques. Il y eut quatre élections législatives au cours des cinq dernières années qui n'ont rien résolu si ce n'est d'engendrer une paralysie politique croissante. De plus en plus, l'élite dirigeante en tire les conclusions de devoir passer à des formes de gouvernement plus autocratiques.

L'élection elle-même se tient, alors que l'état d'urgence imposée par le gouvernement après l'assassinat en août du ministre des Affaires étrangères, Lakshman Kadirgamar, est encore en vigueur. L'ensemble de l'élite politique et des média de Colombo s'unirent immédiatement pour, une fois de plus, attribuer le blâme au LTTE ; plus de deux mois après le meurtre aucune preuve concluante ne fut rendue publique. Qui que ce soit celui qui a commis ce crime, les principaux bénéficiaires politiques auront été le JVP et le JHU qui ont intensifié leur revendication pour la guerre ainsi que la hiérarchie militaire qui est profondément hostile au présent cessez-le-feu. L'armée a profité des mesures d'urgence pour pratiquer des fouilles provocatrices et pour réprimer et traquer les Tamouls, créant ainsi une atmosphère de peur et de tension.

Treize candidats ont annoncé leur candidature à l'élection présidentielle, mais il n'existe en réalité que deux choix. D'un côté, il y a le camp de la classe dirigeante avec ses cliques querelleuses dirigé par Rajapakse et Wickremesinghe qui, malgré leurs valises pleines de fausses promesses, n'ont pas de solution aux problèmes auxquels est confrontée la population laborieuse. De l'autre côté, il y a le PES qui s'est porté candidat pour souligner la nécessité pour la classe ouvrière de construire un nouveau mouvement politique qui soit indépendant de toutes les élites dirigeantes et qui puisse lutter pour un avenir socialiste ­ la fin de la guerre et l'établissement d'une véritable égalité sociale. Tous les autres candidats s'alignent directement ou indirectement derrière Rajapakse ou Wickremesinghe.

L'éruption du militarisme américain

L'approfondissement de la crise économique, sociale et politique au Sri Lanka n'est ni un phénomène temporaire ni local. C'est bien plutôt le résultat des contradictions insolubles qui ébranlent le système de profit lui-même et, en premier lieu, la mondialisation croissante des processus de production et la faillite du système d'Etat-nation dans lequel le capitalisme reste enraciné. Le facteur le plus déstabilisant de la politique mondiale de nos jours est l'entreprise désespérée et dangereuse de l'impérialisme américain qui, dans le but de surmonter sa contradiction fondamentale, tente d'établir sa domination sur ses rivaux aux quatre coins du globe.

Sous la bannière fictive de «la guerre contre le terrorisme», l'administration Bush a assujetti l'Afghanistan et l'Iraq à des formes de règne néocolonial. L'objectif de Washington ne fut jamais d'installer la paix dans ces deux pays mais de s'en servir pour réaffirmer ses ambitions de dominer les régions riches en pétrole et en gaz que sont le Moyen-Orient et l'Asie centrale. Et les Etats-Unis ne sont pas moins déterminés à d'affermir leur influence sur le sous-continent indien. Depuis 2001, le gouvernement Bush s'empresse de renouveler le «processus de paix» au Sri Lanka, de promouvoir les pourparlers de paix entre l'Inde et le Pakistan et de rechercher un accord négocié avec l'insurrection maoïste au Népal.

Le soutien que Washington accorde à la «paix» en Asie du Sud n'est nullement en contradiction avec son militarisme agressif pratiqué dans d'autres coins du globe. Les deux tactiques ne sont rien d'autre que les deux faces de la même pièce. Le conflit au Sri Lanka et la rivalité entre l'Inde et le Pakistan menacent l'économie américaine et ses intérêts stratégiques grandissants dans la région. Tout comme la Chine, l'Inde est devenu une destination importante pour les investissements mondiaux. L'accès à un marché, apparemment sans limite, d'une main-d'oeuvre bon marché et éduquée est devenu une question de vie ou de mort pour les entreprises multinationales rivales dans un contexte où les taux de profit sont déclinants. Les investissements annuels directs issus de l'étranger ont fait un bond, passant de 129 millions de dollars US en 1991-92 à approximativement cinq milliards de dollars cette année.

L'Inde forme un élément clé dans les plans stratégiques américains. Elle représente à la fois un allié potentiel contre la Chine et une tête de pont pour le Moyen-Orient et pour l'Asie centrale. Loin d'apporter la paix, les intrigues de Washington en Asie du Sud ne font que préparer le terrain pour nouveaux conflits qui seront plus dévastateurs. En ce qui concerne le Sri Lanka, les invasions de l'Afghanistan et de l'Iraq sont un avertissement clair que la Maison Blanche n'hésitera pas à replonger la petite île dans le tourbillon de la guerre au cas où les objectifs américains ne seraient pas atteints par le «processus de paix».

Le gouvernement Bush a pu aller de l'avant avec ses manoeuvres sans être dénoncé par les élites dirigeantes du sous-continent qui, toutes, ont abandonné leur rhétorique anti-impérialiste d'antan. La fin de la guerre froide a éliminé leur capacité de manoeuvrer entre Washington et Moscou en se positionnant comme pays «non-aligné», «indépendant» ou même «socialiste». En réponse au diktat de Bush «Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous», tous les dirigeants et partis régionaux acceptèrent servilement les invasions de l'Afghanistan et de l'Iraq en cherchant à utiliser «la guerre contre le terrorisme» à leurs propres fins.

D'une part, les promoteurs du «processus de paix» au Sri Lanka ont saisi cette occasion pour pousser le LTTE à s'asseoir à la table de négociation selon leurs termes. La défection des membres du SLFP en faveur de l'UNP précipita l'élection de 2001 et le nouveau gouvernement Wickremesinghe a signé un cessez-le-feu et a entamé des pourparlers de paix en 2002. D'autre part, ceux qui cherchaient à écraser militairement le LTTE ont également cherché à embarquer l'impérialisme américain dans leur «guerre contre le terrorisme». Les dirigeants du JVP qui, par le passé, avaient fait des dénonciations anti-impérialistes féroces mais vides de toute substance sont à présent des invités réguliers à l'ambassade américaine de Colombo pour y échanger des points de vue avec des dignitaires de passage.

Le combat pour le socialisme sur l'ensemble du sous-continent indien implique l'opposition à toutes les formes d'agression impérialiste et d'oppression néocoloniale. Contrairement aux représentants politiques couards de la bourgeoisie, le PES exige de façon sans équivoque le retrait immédiat et inconditionnel des troupes étrangères stationnées en Iraq et en Afghanistan ainsi que la libération de tous les prisonniers de guerre détenus à Guantanamo Bay, Diego Garcia et les autres prisons américaines de par le monde. Tous ceux qui ont conçu et organisé ces guerres doivent être complètement exposés, traduits en justice comme criminels de guerre et punis comme tel. Nous voulons développer une contre-offensive mondiale contre l'impérialisme par les travailleurs d'Asie du Sud, épaulés par leurs frères et soeurs de classe d'Amérique, d'Europe et du reste du monde.

Un bilan de «l'indépendance» d'après-guerre

Il est temps que la classe ouvrière d'Asie du Sud dresse un bilan des expériences de ces cinquante dernières années. La totalité de l'expérience prolongée avec l' «indépendance» d'après-guerre s'est révélée être un désastre complet. Nulle part dans le sous-continent la classe capitaliste fut en mesure de satisfaire les aspirations démocratiques et les besoins sociaux de la classe ouvrière. Des centaines de millions de personnes sont obligées de vivre dans la misère, sans avoir accès ni à l'eau potable ni à l'électricité, sans parler à un système de santé, d'éducation et à des services sociaux. Pour répondre à ces besoins urgents, les gouvernements offrent toujours la même solution : un libre marché total qui ne cesse de s'étendre et qui est loin de réduire la fracture sociale.

Incapables de résoudre l'immense crise sociale, les classes dirigeantes poursuivirent la politique coloniale britannique du «diviser pour régner», en attisant sans cesse les divisions entre les communautés, les castes et les ethnies dans le but de monter les travailleurs les uns contre les autres entraînant ainsi des conséquences catastrophiques. Les frontières artificielles de la région sont le résultat direct de la complicité entre les dirigeants bourgeois du Congrès national indien (INC) avec les autorités coloniales britanniques dans le but d'étouffer le mouvement de masse anticolonial. La partition arbitraire du sous-continent en Pakistan musulman et en Inde majoritairement hindoue conduisit immédiatement à la guerre pour le contrôle du Cachemire et à des violences communautaristes qui firent des centaines de milliers de morts et préparèrent le terrain pour de futurs pogromes et guerres.

La transformation du Ceylan britannique en Etat-nation du Sri Lanka ne fut pas élaborée à Colombo mais dans le Bureau colonial de Londres. Devant faire face à des convulsions révolutionnaires sur l'ensemble du territoire, les puissances coloniales britanniques conclurent que l'emplacement stratégique de cette île leur procurerait une base sûre leur permettant de sauvegarder les intérêts britanniques en Asie du Sud. D.S. Senanayake et d'autres «pères fondateurs» du Sri Lanka étaient hostiles au mouvement anticolonial, un mouvement dirigé par les trotskystes du Parti bolchevique-léniniste trotskyste de l'Inde (BLPI), mais «l'indépendance» leur fut imposée. Les termes de l'accord prévoyaient le maintien de bases militaires britanniques sur l'île.

Dans une analyse perspicace, les dirigeants du BLPI expliquèrent que les Etats nouvellement créés en Asie du Sud n'offraient nullement une indépendance véritable mais étaient simplement «un remodelage» de l'ordre impérialiste. En 1948, ils lancèrent un avertissement prophétique de dangers de guerre entre communautés en appelant les travailleurs indiens et pakistanais à rejeter les «expansionnistes réactionnaires que l'on trouve des deux côtés de la frontière» et de lutter pour la «réunion volontaire du sous-continent» et qui, insistèrent-ils, «n'était possible que par la révolution sociale à la fois dans l'Union indienne et dans le Pakistan».

Au Ceylan, alors que les «pères fondateurs» participaient docilement aux cérémonies de passation des pouvoirs mis en scène par les Britanniques en 1948, le BLPI tint un rallye regroupant 50 000 travailleurs à Galle Face Green [une vaste promenade face à la mer] pour manifester leur opposition à cette fausse indépendance. Dès le départ, la bourgeoisie sri lankaise recourut à la suprématie bouddhiste cinghalaise pour créer une base idéologique indispensable à leur règne précaire. L'une des premières mesures appliquées par le gouvernement inaugural de l'UNP fut de supprimer les droits de citoyenneté d'un million d'ouvriers des plantations de thé parlant tamoul, soit plus d'un dixième de l'ensemble de la population de l'île.

Par la suite, les dirigeants du BLPI se sont adaptés au cadre d'après-guerre, ce qui a eu des conséquences tragiques pour la classe ouvrière d'Asie du Sud. Le BLPI, qui avait été fondé sur la perspective d'unifier les travailleurs de par le sous-continent, fut liquidé dans le Parti du congrès socialiste de l'Inde et entreprit une réunification sans principe avec les opportunistes du Parti Lanka Sama Samaja (LSSP) qui venait d'être rétabli. Au nom d'un plus grand rapprochement avec les masses, le LSSP s'adapta au chauvinisme cinghalais plutôt que de le combattre pour finalement abandonner complètement les principes de l'internationalisme socialiste en entrant en 1964 dans le gouvernement du SLFP dirigé par Mme Sirima Bandanaraike. En tant que ministres dans un gouvernement bourgeois, les dirigeants du LSSP furent chargés de l'élaboration de la constitution de 1972 qui entérina le bouddhisme comme religion d'Etat et le cinghalais comme la langue officielle.

La trahison du LSSP sema les graines de la guerre civile. En abandonnant la lutte sur une base unifiée pour les intérêts de toutes les sections de la classe ouvrière sri lankaise, les Cinghalais, les Tamouls et les Musulmans, le LSSP permis aux organisations radicales petites-bourgeoises de gagner une audience pour leur politique communautariste réactionnaire. Dans le Sud, le JVP attirait la jeunesse rurale cinghalaise sur la base du chauvinisme cinghalais, mélangé au maoïsme et au guévarisme. Dans le Nord, le LTTE encouragea les jeunes tamouls insatisfaits à lutter pour le séparatisme tamoul et la formation d'un petit Etat Eelam séparé comme moyen d'en finir avec une discrimination sanctionnée par l'Etat.

Les gouvernements successifs de Colombo ont attisé le chauvinisme cinghalais dans le but d'affirmer leur emprise sur le pouvoir. Juste avant la guerre civile de 1983, l'UNP avait incité à un violent pogrome anti-tamoul sur l'ensemble de l'île en vue de détourner l'attention de la catastrophe sociale qu'avait causée sa politique de réforme structurelle. Des processus similaires avaient eu lieu à travers le sous-continent. Le fondamentalisme islamique et la suprématie hindoue mêlés à la politique des castes et des ethnies furent délibérément encouragés par les élites dirigeantes au Pakistan et en Inde afin de diviser la classe ouvrière en renforçant leur propre position privilégiée.

En vue de défendre ses propres intérêts de classe, la classe ouvrière doit revitaliser les traditions internationalistes établies par le BLPI. Le PES lutte pour l'établissement des Etats-Unis socialistes du Sri Lanka et d'Eelam comme parties des Etats-Unis socialistes d'Asie du Sud. Ceci permettra d'unir et de mobiliser les travailleurs et les opprimés de l'ensemble de la région dans une lutte mondiale pour l'abolition du capitalisme.

Une solution sociale contre la guerre civile

Le Parti de l'égalité socialiste, tout comme son prédécesseur, la Ligue communiste révolutionnaire (RCL), est le seul parti qui s'est constamment opposé à la guerre civile. Nous exigeons le retrait immédiat et inconditionnel de toutes les forces militaires sri lankaises du Nord et de l'Est comme l'unique façon d'arriver à une paix durable et véritable. Le programme d'en finir avec la guerre qu'avance le PES est basé sur un principe primordial : la nécessité pour la classe ouvrière d'établir son indépendance politique des partis bourgeois et de l'Etat capitaliste.

C'est une illusion que de croire pouvoir arriver à la paix sous la direction de Wickremesinghe ou de Rajapakse. Au contraire, aussi longtemps que les Sri Lankais adhéreront à l'UNP et au SLFP, ils connaîtront en permanence la menace de guerre. Seule la classe ouvrière pourra fournir une solution durable en faisant appel aux masses rurales appauvries, en unifiant Tamouls, Cinghalais, Musulmans et Chrétiens dans un rejet commun de toute forme de communautarisme, de chauvinisme et de séparatisme et en développant sur cette base un mouvement révolutionnaire de masse pour la formation d'un gouvernement ouvrier et paysan.

Le PES s'oppose au maintien d'un Etat unitaire par la force des armes. Non seulement une telle politique prive le peuple tamoul de ses droits démocratiques mais elle conduit inévitablement à la domination du militarisme et mine les droits démocratiques dans le pays tout entier.

Au même moment, le PES s'oppose à la revendication du LTTE pour que l'Eelam tamoul forme un petit Etat capitaliste séparé. Cette revendication n'exprime pas les intérêts des masses tamoules, mais ceux de la bourgeoisie tamoule qui, tout comme ses homologues dans d'autres mouvements nationaux, tels l'Organisation de libération de la Palestine, le Congrès national africain et l'Armée républicaine irlandaise, souhaitent développer ses relations avec le capital mondial pour exploiter la classe ouvrière. Si le LTTE venait à prendre le contrôle du Nord et de l'Est du pays, il se tournerait immédiatement vers les investisseurs mondiaux pour arriver à des ententes avec eux qui seraient à leur avantage mutuel et aux dépens directs des travailleurs tamouls.

De la même manière, le PES s'oppose aux accords de partage de pouvoir qui sont proposés dans les projets de «paix». Ces projets ont deux traits communs : le communautarisme et le mépris pour les droits démocratiques. Ils prévoient tous l'imposition d'une administration intérimaire non élue et basée sur le communautarisme dans le Nord et l'Est qui collaborera avec Colombo pour répondre aux exigences du capital mondial. Dans le même temps, l'institutionnalisation des divisions entre les communautés musulmane, tamoule et cinghalaise jetteront inévitablement les bases pour de futurs tensions et conflits.

Dans le but de créer les bases pour un véritable accord démocratique, le PES préconise la formation d'une assemblée constituante chargée de rédiger une constitution et de régler toutes les questions pendantes concernant les droits démocratiques. La proposition du PES n'a rien en commun avec les manoeuvres cyniques déployées lors de la rédaction des constitutions de 1972 et de 1978, scénarios que Rajapakse envisage répéter après son élection. Une nouvelle constitution représentant vraiment les intérêts de la majorité doit être rédigée par une assemblée de représentants issus de la population laborieuse ordinaire, élue ouvertement et démocratiquement par eux et pour eux, et non par des cliques de politiciens capitalistes derrière le dos des masses.

L'établissement d'une véritable démocratie est impossible sans la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Ceci signifie mettre fin au statut de religion d'Etat octroyé au bouddhisme et mettre un terme au subventionnement des institutions religieuses par l'Etat. Cela nécessite aussi l'abrogation de toutes les lois répressives et discriminatoires, y compris les barrières juridiques qui continuent de priver les Tamouls travaillant dans les plantations de leurs droits, ainsi que la révocation du Public Security Act (loi sur la sécurité publique), de l'Emergency Regulations (lois d'exception) et du Prevention of Terrorism Act (loi de prévention des actes terroristes).

La croissance de l'inégalité sociale

Rajapakse et Wickremesinghe sont engagés dans des enchères cyniques de promesses électorales vides destinées à duper les électeurs. Les deux candidats sont bien au fait que le programme économique du gouvernement est déterminé par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale et non par leurs manifestes électoraux. Si tôt les élections passées, le capital mondial exigera une nouvelle série de coupes budgétaires comportant des réductions radicales des subventions à l'essence et davantage de restrictions des services sociaux vitaux. Le fardeau le plus lourd reposera inévitablement sur les épaules de ceux qui peuvent le moins le supporter.

La preuve la plus manifeste de la faillite politique de la classe dirigeante est son échec à gérer l'impact catastrophique du tsunami du 26 décembre qui tua près de 40 000 personnes dans les zones côtières de l'île et en toucha directement au moins 800 000 de plus. Quelque 80 000 maisons ainsi que des écoles, des hôpitaux et d'autres services vitaux furent détruits par les vagues géantes et néanmois la reconstruction a à peine démarré. Dix mois après la catastrophe, seuls 1 126 nouveaux logements furent achevés et 15 619 logements se trouvent en construction, selon des chiffres officiels. La plupart des victimes, en majorité des pauvres, sont forcées de vivre dans des camps de réfugiés improvisés ou dépendent de l'aide d'amis et de leurs familles.

Le sort des victimes du tsunami est la démonstration la nette de la catastrophe économique et sociale qu'ont créée plus de deux décennies d'une politique de libre marché appliquée tour à tour par les gouvernements UNP et SLFP. Des milliards de dollars furent gaspillés dans une guerre fratricide alors que des infrastructures sociales et matérielles vitales, y compris des projets élémentaires pour protéger la population contre les catastrophes naturelles, furent négligées et mal entretenues. Des statistiques montrent que le gouffre séparant les riches des pauvres s'élargit.

* Selon le dernier rapport financier des consommateurs de la Banque centrale (Consumer Finance Survey Report) de 2003/2004, la part du revenu national des 20 pour cent le plus riche de la population s'est accrue de 53 pour cent en 1996/07 à 55,1 pour cent en 2003/2004. Le chiffre concernant les 20 pour cent les plus pauvres est passé de 4 pour cent à 3,6 pour cent. Le même rapport montre que les 10 pour cent le plus pauvre reçoivent tout juste 1,1 pour cent du revenu national contre 39,7 pour cent les premiers dix pour cent.

* Vingt six pour cent de la population lutte sa survie avec moins d'un dollar US par jour, le seuil de pauvreté. Près de la moitié de la population ­ 45 pour cent ­ vit avec moins de deux dollars par jour. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, le nombre des ouvriers des plantations vivant dans la pauvreté a augmenté de 50 pour cent au cours de la décennie de 1991 à 2001. Environ 1,7 million de familles dépendent du programme gouvernemental samurdhi [visant à lutter contre la pauvreté] qui verse mensuellement à chaque famille 500 roupies (5 dollars US) ou moins.

* Le rapport financier des consommateurs de 2003/2004 note que 15,4 pour cent d'une population de 19 millions d'habitants vivent dans des huttes faites de parois en clayonnage, combinant bois et torchis ou de feuilles de cocotiers et de boue séchée que l'on peut à peine qualifier de «logement». Seuls 31 pour cent de la population ont accès à l'eau courante. Un quart de la population ne dispose pas de l'électricité.

* La guerre qui dure depuis deux décennies a imposé son lourd tribut, particulièrement dans les zones de guerre au Nord et à l'Est. Approximativement 800 000 personnes ont été déplacées et 172 000 personnes vivent encore dans des camps de réfugiés malgré le cessez-le-feu qui fut signé en 2002. Environ 30 00 femmes sont des veuves de guerre.

Un programme socialiste pour la classe ouvrière

Le PES préconise un système économique dont le principe directeur est de satisfaire les besoins de la population dans son ensemble et non la création de profits et l'accumulation de vastes richesses personnelles pour une infime minorité. Pour commencer à établir la base économique indispensable à une telle transformation sociale, nous prônons la nationalisation de toutes les grandes banques et institutions financières, la transformation de tous les grands groupes industriels et des usines, y compris ceux qui opèrent dans les zones de libre-échange, en entreprises publiques et la mise sous propriété et contrôle publics de toutes les ressources naturelles vitales.

* Des emplois durables et bien rémunérés pour tous

Le chômage est endémique au système économique tel qu'il existe. Le gouvernement clame que le chômage est tombé à 8,9 pour cent en 2003-2004, mais les statistiques officielles sous-estiment considérablement le taux actuel. Le niveau du sous emploi est de 21,6 pour cent. Le chômage des jeunes est en augmentation constante : 36 pour cent de jeunes entre 15 et 18 ans n'ont pas de travail et 30 pour cent de jeunes entre 19 et 24 ans. Parmi les jeunes universitaires et diplômés, 18,2 pour cent sont chômeurs. Parallèlement, près d'un million d'enfants entre 5 et 17 ans sont obligés d'occuper un emploi quelconque pour subvenir aux besoins de leur famille. La moitié a moins de quinze ans. Ces chiffres augmenteraient dramatiquement si les districts contrôlés par le LTTE y étaient inclus.

Wickremesinghe et Rajapakse promettent tous deux de créer des emplois. Wickremesinghe, dont le gouvernement a impitoyablement détruit les emplois du secteur public entre 2002 et 2004, promet de créer 200 000 emplois par an et ce durant les prochaines dix années ­ au total deux millions d'emplois. Pour ne pas être en reste, Rajapakse promet de créer 2,4 millions d'emplois en six ans. Avant l'élection de 2004, sa coalition avait déclaré qu'elle créerait plus de 100 000 emplois pour les universitaires et les diplômés des grandes écoles. A ce jour, seuls 32 000 emplois permanents furent créer.

Le PES propose d'augmenter l'emploi en réduisant la semaine de travail à 30 heures, sans perte de salaire. Des milliards de roupies doivent aller au financement d'un programme de travaux publics qui créera des centaines de milliers d'emplois bien payés en construisant des logements publics, des écoles, des hôpitaux, des routes et un système d'irrigation pour lesquels il existe un besoin urgent. La priorité immédiate doit être de rétablir les conditions de vie de tous ceux qui furent touchés par le tsunami et par les deux décennies de guerre civile.

Alors que les prix continuent leur ascension, le revenu réel est en baisse. Depuis 2000, le salaire réel des ouvriers des plantations a chuté de 14 pour cent et celui des travailleurs du secteur commercial et industriel de 34 pour cent. Le PES propose pour tous les travailleurs une hausse immédiate du salaire minimum mensuel de façon à ce qu'il atteigne 10 000 roupies (environ 100 dollars US) en l'indexant automatiquement à l'augmentation du coût de la vie.

Nous proposons l'élimination du travail des enfants et du travail de nuit des jeunes et des femmes. Dans le but d'accroître leurs capacités, tous les jeunes doivent avoir accès à des programmes gouvernementaux de formation professionnelle rémunérés et à des services culturels et sportifs bien équipés.

* Pour une éducation gratuite et de haute qualité

Il doit être possible à chaque jeune de développer pleinement ses talents et sa créativité. A l'heure actuelle, le système éducatif est déchiré par l'inégalité. Les enfants issus des quartiers ouvriers et des milieux ruraux sont forcés d'intégrer des écoles publiques mal équipées et souffrant d'un manque de personnel alors que les fils et filles des riches profitent d'avantages, de méthodes et de technologie que l'argent peut acheter.

Vingt pour cent des enfants des ouvriers des plantations n'ont aucun accès à la scolarisation et 44 pour cent d'entre eux ne reçoivent qu'un enseignement primaire rudimentaire. Dans l'ensemble des régions rurales, 30 pour cent des enfants reçoivent seulement un enseignement primaire. Et pourtant, 592 écoles gouvernementales furent fermées entre 1997 et 2004 alors que le nombre des établissements privés augmentaient de 125. L'année dernière, 110 000 étudiants s'étaient inscrits à l'université mais seuls 16 500 furent admis.

Le PES préconise une vaste expansion d'un système public qui offrira une éducation gratuite et de haute qualité jusqu'au niveau universitaire inclus pour offrir à tous ceux qui le désirent la possibilité de poursuivre des études. Les écoles et les institutions existantes devront être aménagées de façon à donner accès aux laboratoires scientifiques, à l'informatique et aux techniques éducatives audio-visuelles les plus modernes tout comme aux installations sportives et culturelles.

* Pour un programme de santé publique et de services sociaux adéquats

En dépit des développements révolutionnaires dans la médecine, des milliers de Sri Lankais continuent de mourir chaque année des suites de maladies évitables. Le nombre de cas de malaria, d'oreillons et de tuberculose, maladies que l'on croyait éradiquées, est présentement en hausse. Ceux qui sont à même de se payer des médecins et des cliniques privées le font de plus en plus souvent alors que ceux qui ne le peuvent pas sont obligés de recourir au système de santé public qui s'est déjà sérieusement dégradé. Nombreux sont ceux qui ne peuvent pas se payer les médicaments prescrits. Les dépenses gouvernementales pour la santé, en termes de pourcentage du produit national brut, est tombé de 2,3 pour cent qu'il était en 1997 à 1,4 pour cent en 2004.

Le PES propose un programme intensif pour le développement d'hôpitaux et de cliniques publics bien équipés, en renforçant les effectifs de personnel qualifié pour offrir des soins de santé de haute qualité et gratuits pour tous.

La pauvreté et le manque de nourriture sont encore largement répandus. Selon le rapport 2002 de l'Organisation mondiale de la Santé, la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans était de 46,2 pour cent dans les zones de guerre du Nord et de l'Est et de 29,4 pour cent pour l'ensemble de l'île. Les mères souffrent également de malnutrition chronique. Les programmes restreints qui sont en vigueur aujourd'hui sont largement soumis à des fins politiques et doivent être remplacés par un système universel d'aide sociale et de retraite garantissant un revenu adéquat à tous.

* Un logement décent pour chaque famille

De nombreuses familles vivent dans des maisons insalubres dépourvues d'installation sanitaire de base telle l'eau courante, l'électricité et le WC. Les loyers ont explosé au point de rendre l'accession à un logement décent hors de la portée d'une grande partie de la population. En raison du tsunami, des milliers de personnes ont perdu leur foyer. Dans Colombo même, 51 pour cent de la population vivent dans des baraques. La réponse du gouvernement est de chasser les pauvres des bidonvilles pour rendre le terrain disponible aux investisseurs immobiliers.

Le PES préconise la construction de logements publics à la portée de tous et disposant des installations essentielles d'approvisionnement en énergie et en eau pour garantir un hébergement décent à chaque famille. Un système de contrôle des loyers doit être mis en place et surveillé pour prévenir tout abus de la part de propriétaires peu scrupuleux. Des maisons et des appartements vides devraient être mis à la disposition de familles pauvres qui paieraient des loyers modestes.

* Pour l'abolition de l'oppression des femmes au travail

Les femmes au travail figurent parmi les couches les plus opprimées de la classe ouvrière. La pauvreté leur fait porter le double fardeau des obligations familiales et professionnelles. Les emplois des femmes figurent parmi les plus pénibles : la confection des vêtements, la récolte du thé, du caoutchouc et les autres formes de travail agricole. Et pourtant, le salaire moyen du travail féminin n'atteint que 71 pour cent de celui des hommes dans l'industrie du thé, de 75 pour cent dans l'industrie du caoutchouc et de 78 pour cent dans la culture du riz.

La conséquence la plus manifeste de la production mondialisée est la croissance de l'industrie du vêtement qui emploie à présent plus de 300 000 personnes, le plus souvent des jeunes filles issues des régions rurales appauvries. Dans les zones de libre-échange, elles peinent dans des conditions sordides pour gagner moins de deux dollars US pour un jour «flexible» de travail, vivant dans des logements rudimentaires et dépourvus de toute installation sanitaire. La fin, cette année, du système international de quotas risque de reléguer nombre de ces jeunes filles dans leurs villages où les conditions qui les attendent sont encore pires.

Afin d'assurer à la fois un revenu à leur famille et une éducation décente à leurs enfants, des centaines de milliers de femmes partent travailler comme femmes de ménage et ouvrières subalternes au Moyen-Orient où elles subissent souvent des abus de la part de leurs employeurs. Des gouvernements successifs n'ont pas levé le petit doigt pour défendre les droits de ces femmes, même dans les cas de morts suspectes. La préoccupation première de Colombo est de ne pas porter préjudice à cette traite moderne d'esclaves qui est la principale source de devises étrangères du pays.

Le PES défend les droits des femmes au travail, notamment le principe «à travail égal, salaire égal» dans des conditions décentes, y compris la garde gratuite des enfants et le paiement du congé maternité. Nous exigeons l'interdiction de toute forme de discrimination à l'égard des femmes, y compris celles de la loi sur les mariages qui relèguent les femmes au statut de citoyenne de deuxième classe. L'avortement doit être rendu légal, accessible et gratuit pour toutes les femmes. Alors qu'il n'est pas possible de mettre fin à des siècles de tradition répressive par le biais de lois, le PES mène une lutte sans équivoque pour la création d'un climat culturel éclairé dans lequel les hommes tout comme les femmes seront en mesure de développer leur talent et leur personnalité.

* Pour le soulagement du sort des paysans et petits agriculteurs

Le besoin de terre est devenu de plus en plus pressant au cours de ce siècle. Selon des chiffres officiels, la vaste majorité des agriculteurs (72 pour cent) disposent de moins de 1,6 hectare de terre. Sept pour cent d'entre eux ne disposent d'aucune terre. L'UNP tout comme l'Alliance du Peuple (PA) ont exploité la crise à laquelle les Cinghalais pauvres et sans terre sont confrontés pour les installer délibérément dans des colonies en plein milieu de régions où les Tamouls sont majoritaires, dans le Nord à Wanni et dans la région de l'Est, une politique qui a pour but d'exacerber les tensions raciales.

Partout, des paysans pauvres furent pris dans une «crise des ciseaux», les coûts de production augmentant et les prix des marchandises continuant de baisser dramatiquement. Les subventions sur les engrais qui furent supprimées par le gouvernement Wickremesinghe ne furent pas complètement restaurés par l'administration Rajapakse, et ce, malgré les promesses électorales de 2004. Les dettes des fermiers augmentent vertigineusement car les prêts accordés par les deux principales banques d'Etat ont presque doublé entre 2000 et 2004. Les prêteurs d'argent et les intermédiaires peu scrupuleux exigent même des sommes encore plus importantes. Au fur et à mesure que les dettes augmentent, la situation financière des fermiers devient de plus en plus désespérée. Selon les chiffres du ministère de la Santé, le taux de suicide par 100 000 personnes n'a cessé de croître dans les rizières, passant de 34,33 en 2000 à 35,91 en 2004.

Le PES revendique que les terres gouvernementales soient mises à la disposition de tous les fermiers sans terre, indépendamment de leur ethnicité. Toutes les dettes antérieurement amassées par les fermiers et les pêcheurs pauvres doivent être annulées alors que les prêts bancaires, l'équipement agricole, les engrais et les produits chimiques ainsi que le matériel de pêche doivent être fournis à des conditions avantageuses. Des subventions destinées à la production agricole, tels les engrais, doivent être octroyées à nouveau et augmentées. Le prix des produits agricoles doit être garanti de façon à assurer aux familles paysannes un niveau de vie décent.

Pour l'indépendance politique de la classe ouvrière

La condition primordiale à une offensive contre le système de profit est l'indépendance politique de la classe ouvrière. En unifiant ses luttes, en défendant les droits démocratiques de tous et en soumettant sa propre solution socialiste pour l'abolition de la pauvreté et la misère, la classe ouvrière peut devenir un pôle d'attraction pour les masses opprimées des pauvres des milieux urbains et ruraux et mettre en mouvement un puissant mouvement pour conquérir le pouvoir politique et former un gouvernement ouvrier et paysan.

Les travailleurs ont besoin d'un nouveau parti de masse qui lutte pour leurs propres intérêts. Les vieilles organisations de la classe ouvrière, tels le Parti Lanka Sama Samaja (LSSP), le Parti communiste (PC) et les syndicats, ont fait la preuve qu'ils ne valent rien. Après avoir fait partie du gouvernement de coalition bourgeois dirigé par le SLFP, dans les années 1960, 1970 et à nouveau 1990, le LSSP et le PC opèrent à présent comme des factions du SLFP. Lors de l'élection 2004, le LSSP qui avait bénéficié durant les années 1950 et 1960 d'un vaste soutien parmi les ouvriers et les pauvres des régions rurales, ne fut pas en mesure de remporter le moindre siège et ne dut son salut parlementaire qu'à l'attribution d'un siège sur liste nationale du SLFP. Le LSSP et le PC ont tous les deux accepté la nomination de Rajapakse malgré leurs doutes quant à ses arrangements avec le JVP et le JHU.

Dès sa naissance, le JVP s'est basé sur des couches de la jeunesse rurale cinghalaise mécontente et non sur la classe ouvrière. Dans les années 1990, lorsque le soutien pour le LSSP et le PC s'est effondré, le JVP fut en mesure de constituer une base syndicale grâce à des appels creux à plus de militance et de démagogie populiste. Mais, les syndicats dirigés par le JVP se révélèrent n'être nullement différentes des autres. Eux aussi sont prêts à sacrifier les intérêts des travailleurs aux contraintes du système capitaliste. En outre, le JVP qui n'en avait pas pour autant laissé tomber sa rhétorique socialiste, fut soumis pour la première fois à un test gouvernemental. Tous ceux qui, en quête d'une alternative au UNP et au SLFP, avaient voté pour le JVP lors des élections de 2004, furent amèrement déçus. Le JVP porte une responsabilité directe pour la politique économique restrictive du gouvernement Rajapakse et de ses propres ministres qui détenaient les portefeuilles des ministères de l'agriculture et de la pêche.

Au fur et à mesure que le soutien du JVP s'amenuisait, celui-ci recourait à un chauvinisme cinghalais de plus en plus virulent. La campagne haineuse qu'il conduisit de concert avec le JHU droitier contre toute collaboration avec le LTTE dans la distribution de l'aide humanitaire du tsunami, doit être comprise comme un effort calculé de monter les victimes de la catastrophe du Sud cinghalais contre les Tamouls et les Musulmans du Nord et de l'Est. Depuis son départ du gouvernement, en juin, le JVP a intensifié ses dénonciations du mécanisme conjoint de décision de la Structure de gestion opérationnelle post tsunami (P-TOMS) et du cessez-le-feu comme «une trahison» de la nation. Le caractère fasciste de sa propagande rappelle sa campagne de la fin des années 1980 contre l'accord entre l'Inde et le Sri Lanka durant lequel des bandes de nervis du JVP assassinèrent de nombreux travailleurs, syndicalistes et adversaires politiques qui refusaient de soutenir leurs protestations et leurs grèves.

La classe ouvrière devrait également rejeter les diverses organisations radicales petites-bourgeoises, tel le Front démocratique de gauche (DFL), le Nouveau front de gauche (FNL) du Parti Nava Sama Samaja (NSSP) et le Parti socialiste unifié (USP). La principale caractéristique de ces groupements est leur nationalisme et leur opportunisme. Fondamentalement hostile à une lutte politique fondée sur des principes pour la mobilisation indépendante de la classe ouvrière, ces partis «socialistes» ont derrière eux un long passé sordide de manoeuvres politiques avec les principaux partis bourgeois.

Dans la présente élection, le DLF soutien ouvertement Rajapakse. Le NLF et l'USP sont engagés dans une voie quelque peu différente. Ils ont présenté leurs propres candidats présidentiels mais en signalant qu'ils considèrent Wickremsinghe comme étant «un moindre mal». Les deux partis furent des partisans non critiques du soi-disant processus de paix préconisant une «solution fédérale» à la guerre et donc parfaitement en ligne avec les divers arrangements de paix avancés par les grandes entreprises et les grandes puissances. Ils critiquent la privatisation et la «réforme du marché», non d'un point de vue de l'abolition du capitalisme mondial, mais en encourageant l'illusion utopique de pouvoir revenir en arrière de trois décennies et de remonter aux beaux jours de la régulation nationale de l'économie.

La lutte pour le socialisme en Asie du Sud

Le Parti de l'égalité socialiste se fonde sur les grandes traditions du mouvement socialiste international, l'égalité, l'internationalisme et la libération matérielle et spirituelle de l'humanité de l'oppression et de la misère, qui sont incarnées aujourd'hui par le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI).

En 1917, un mouvement de masse populaire instruit par le programme du socialisme scientifique renversait le capitalisme et établissait l'Union soviétique en Russie. Alors que la révolution russe faisait partie d'un vaste mouvement social international tout en l'inspirant, la défaite des luttes révolutionnaires ailleurs créa des pressions considérables qui s'exprimèrent par l'isolement du premier Etat ouvrier et par l'émergence d'un appareil bureaucratique répressif dirigé par Joseph Staline. Abandonnant l'internationalisme du Parti bolchevique, Staline mit en avant la perspective anti-marxiste de «construire le socialisme dans un seul pays».

Sur la base de cette conception nationaliste, la bureaucratie stalinienne trahissait la Révolution d'Octobre, détruisit la démocratie ouvrière, liquida les marxistes authentiques et subvertissait les luttes révolutionnaires de la classe ouvrière de par le monde. Les partis staliniens ont joué un rôle clé partout en Asie en sauvegardant l'ordre capitaliste. La collaboration du Parti communiste indonésien avec le nationalisme bourgeois de Sukarno prépara la voie au coup d'Etat de 1965-66 orchestré par la CIA et qui résulta dans le meurtre de plus de 500 000 de travailleurs indonésiens et de membres du parti. En Inde, les staliniens du Parti communiste d'Inde-Marxiste (PCI-M) s'efforcent encore d'insuffler la vie dans le corps en état de décomposition du Parti du Congrès. En 1991, la logique réactionnaire du stalinisme et sa collaboration avec l'impérialisme culmina dans l'effondrement de l'Union soviétique et la restauration du capitalisme. En Chine, les dirigeants «communistes» employèrent leur régime de police d'Etat à transformer le pays en atelier de misère du monde, reproduisant tous les maux sociaux du capitalisme du dix-neuvième siècle à un niveau bien supérieur.

Notre mouvement se base sur l'héritage des meilleurs représentants de la classe ouvrière, les plus courageux et les plus clairvoyants qui continuèrent la lutte pour l'internationalisme socialiste. L'incarnation la plus importante de cette tradition était Léon Trotsky, le dirigeant de la Révolution russe qui mena la lutte contre les trahisons du stalinisme et qui, en créant en 1938 la Quatrième Internationale, posa le fondement pour la renaissance du mouvement ouvrier international.

Ces événements marquèrent profondément la classe ouvrière au Sri Lanka et en Asie du Sud., Les trotskystes sri-lankais jouèrent, dans les années 1940, un rôle clé en créant le BLPI sur la base de la lutte politique que Trotsky avait menée contre le stalinisme, en appliquant les principes de la théorie de la Révolution Permanente de Trotsky dans le développement d'une perspective démocratique et socialiste pour la classe ouvrière et les masses opprimée du sous-continent indien. La destruction du BLPI, qui culmina dans la trahison du LSSP en 1964, ne fut pas sans jouer un rôle mineur dans la domination continue du stalinisme de par l'Asie.

La Ligue communiste révolutionnaire (RCL), le prédécesseur du PES, fut fondée en 1968 comme la section sri lankaise du CIQI suite à une lutte politique directe contre l'opportunisme national du LSSP. Durant trois décennies et demie, la RCL et le PES ont combattu avec la plus grande intransigeance toutes les formes de chauvinisme, de discrimination et d'oppression. Ils ont pris fait et cause pour la défense des droits démocratiques de la classe ouvrière et des pauvres des zones rurales, ils ont cherché à clarifier théoriquement les dangers que posent les politiques nationalistes.

Le défi auquel est confrontée la classe ouvrière au Sri Lanka et dans l'ensemble de la région est de faire renaître et développer les grandes traditions socialistes et les idées qui guidèrent les premières luttes du BLPI et du LSSP. L'assimilation des leçons tirées des expériences stratégiques que la classe ouvrière internationale a faites tout au long du vingtième siècle, y compris les luttes cruciales en Inde et au Sri Lanka, se trouve au coeur de cette tâche.

Nous invitons tous ceux qui reconnaissent le besoin urgent d'une paix authentique et de la transformation de la société selon des principes socialistes de soutenir activement notre campagne électorale. Ceci signifie de faire connaître nos candidats et nos réunions, de distribuer notre matériel électoral et de participer à sa discussion en suscitant l'audience la plus vaste possible pour le World Socialist Web Site, le site internet du CIQI.

Mais avant tout, nous invitons tous ceux qui sont d'accord avec notre programme et notre perspective à nous rejoindre pour construire le Parti de l'égalité socialiste comme le nouveau parti politique de la classe ouvrière.

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