wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

Après le massacre de Cana

Israël intensifie son offensive au Liban avec l’appui des Etats-Unis

par Mike Head
2 août 2006

Utilisez cette version pour imprimer

Obtenant encore une fois l’approbation de l’administration Bush à la suite du massacre de Cana, Israël a intensifié son bombardement du Liban et a lancé une plus grande offensive terrestre dans une tentative pour occuper une bande de territoire à travers le sud.

Face à un tollé international soulevé par la mort de 60 personnes innocentes à Cana, pour la plupart des enfants et des femmes, le gouvernement israélien a déclaré qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu tant qu’il n’aurait pas accompli sa mission d’éliminer le Hezbollah. Cela signifie terroriser et expulser la population du Liban sud.

Lors d’une réunion dans la nuit de lundi à mardi, le cabinet de sécurité du premier ministre israélien Ehoud Olmert a autorisé l’intensification de la guerre terrestre, faisant entrer en action des milliers de soldats massés à la frontière libanaise. « Le cabinet de sécurité a approuvé l’accroissement des opérations terrestres sans aucune objection », a déclaré aux journalistes un représentant du gouvernement.

Plus tôt, dans un discours télédiffusé nationalement et s’adressant aux maires du nord d’Israël, Olmert a déclaré: « Le combat se poursuit. Il n’y a pas de cessez-le-feu et il n’y aura pas de cessez-le-feu dans les prochains jours.» Il a ajouté qu’Israël devait encore faire face à « de nombreux jours de combats », et que « c’est une chance unique pour changer les règles au Liban ».

Loin de diminuer l’attaque à la suite du bain de sang de Cana, les Etats-Unis et Israël sont en train d’établir une zone interdite au Liban sud: un élément d’une stratégie plus large qui consiste à amener le pays et la région sous leur domination. Le plan pour éliminer le Hezbollah n’est rien de moins qu’une guerre contre la population au complet. Alors que le Hezbollah est qualifié d’organisation terroriste par Washington, il est basé sur les masses et a actuellement l’appui de l’écrasante majorité du peuple libanais ordinaire – chrétien et sunnite aussi bien que chiite – dans sa lutte contre l’agression israélienne.

Lundi, s’adressant à des dirigeants d’entreprise à Miami, le président américain George Bush a répété la demande de Washington pour un arrêt « durable » de la violence au Liban, malgré des pressions internationales grandissantes pour un cessez-le-feu immédiat. « J’ai assuré aux gens ici que nous allons élaborer un plan au Conseil de sécurité des Nations unies qui abordera les causes premières du problème », a affirmé Bush à des journalistes.

Par aborder les « causes premières », l’administration Bush veut réellement dire non seulement écraser la résistance massive à l’agression israélienne par le Hezbollah et la population sud-libanaise, mais aussi affronter les gouvernements de la Syrie et de l’Iran, qui sont accusés de plus en plus par Washington et Jérusalem de fournir des armes au Hezbollah.

Les affirmations de la secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Condoleezza Rice, selon lesquelles elle aurait convaincu le gouvernement israélien d’accepter une suspension de 48 heures des bombardements aériens et un échéancier pour un cessez-le-feu d’ici une semaine ont été démasquées lorsqu’Olmert, qui avait rencontré Rice dans la nuit de samedi et ensuite la journée de dimanche, a émis une déclaration affirmant qu’il avait dit à Rice qu’Israël avait encore besoin de 10 à 14 jours pour compléter ses objectifs de guerre.

La vérité est que, à l’abri des regards indiscrets, Rice, au nom de l’administration Bush, a donné le feu vert à Olmert pour l’intensification des combats, et leur prolongation de deux semaines, qui avaient été déjà planifiées par l’armée israélienne à la suite de son échec à venir à bout de la résistance du Hezbollah.

 « Pensez-vous que, avec l’étroite relation qu’il entretient avec Bush et Condi, il irait dire quelque chose du genre sans leur consentement ? » a déclaré un important représentant israélien au New York Times. Le représentant a affirmé qu’il croyait que les diplomates américains étaient d’accord sur le fait que les forces armées israéliennes avaient besoin de plus de temps pour sécuriser une zone tampon au Liban sud avant qu’une force internationale puisse y pénétrer. Même si Rice avait commencé à travailler sur une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU jeudi, a-t-il fait remarquer, il s’écoulerait plusieurs jours avec que cette résolution ne soit acceptée.

Après que les Etats-Unis eurent énoncé clairement leur position, un représentant de l’ONU a affirmé qu’une réunion prévue lundi sur la question de l’envoi d’une nouvelle force internationale au Liban avait été retardée « jusqu’à ce qu’il y ait clarification politique » sur le futur de la guerre qui dure depuis maintenant trois semaines.

Au sol, le bombardement incessant des villages libanais ne s’est jamais arrêté. Des journalistes ont affirmé que les gens ne pouvaient percevoir aucune diminution des attaques. Un correspondant du London Times, Stephen Farrell, faisant un reportage de la ville frontalière israélienne de Metula, a écrit: « Je peux voir des obus israéliens de 155 mm qui continuent de s’abattre sur la ville frontalière libanaise de Kila à un rythme de plus d’un à la minute, causant des incendies et couvrant le flanc opposé de la colline d’un voile de fumée. »

Au moins deux civils ont été blessés lors d’une frappe aérienne israélienne près de la frontière ; les Forces de défense israéliennes (FDI) ont soutenu que leurs soldats les avaient pris pour des combattants du Hezbollah en fuite. Les FDI ont aussi attaqué une jeep militaire libanaise près d’un poste de l’armée à Qasmiyeh au nord de Tyr, faisant un mort et trois blessés avec un missile lancé d’un avion téléguidé. Des avions de guerre ont attaqué par provocation le poste frontalier libanais de Masnaa, voisin de la Syrie, pour la troisième fois en autant de jours, blessant quatre employés des douanes. 

Les forces terrestres des FDI ont avancé sur les villages de Ayta et Ayta el-Shab, près de la ville de Bint Jbeil, où les troupes israéliennes avaient été forcées de retraiter la semaine dernière après plusieurs jours de combats intenses. Des bulldozers blindés progressaient au nord de la frontière, rasant les bâtiments. « D’ici mercredi, nous allons établir une “zone de sécurité” de deux kilomètres de large dans laquelle il n’y aura aucune infrastructure ni signe de la présence du Hezbollah », a déclaré aux journalistes le chef des opérations militaires à l’état-major, le général Gadi Eisenkaut.

Les journalistes qui sont entrés à Bint Jbeil ont affirmé que la plupart des bâtiments au centre de la ville, qui abritaient 25.000 personnes, avaient déjà été démolis. Nicholas Blanchford a écrit dans le Times: « De frêles hommes et femmes, courbés par la vieillesse, émergent des ruines et trébuchent sur les débris qui recouvrent ce qui était la rue principale de Bint Jbeil... le centre est complètement détruit. La rue principale est remplie d’énormes cratères. 

« Les travailleurs de la Croix-Rouge portant des civières avancent plus profondément dans la ville détruite alors que d’autres lignes de survivants — des vieillards boiteux, des jeunes femmes portant des enfants et traînant des vêtements dans des sacs de plastique — sortent lentement des ruines en se dirigeant vers les ambulances qui attendent. Laila Dakhlallah, qui porte le tchador, dit que ses deux enfants ont été tués. “Je vais rester et me battre”, crie-t-elle. “George Bush est un criminel. J’ai perdu mes enfants et je me fiche de mourir. Tout ce qui m’était cher m’a été pris”. »

Les crimes de guerre monstrueux de Cana, la réponse effrontée d’Israël et des Etats-Unis et la complicité de l’ONU ont provoqué des manifestations de colère au Liban et internationalement. A Beyrouth, des centaines de manifestants ont pris un bâtiment de l’ONU d’assaut, condamnant les Etats-Unis et l’Angleterre pour leur appui à Israël.

Environ 5000 personnes ont manifesté dans la capitale belge, Bruxelles, des milliers d’autres se sont réunies au Trafalgar Square de Londres pour dénoncer l’appui du premier ministre Tony Blair aux massacres israéliens et à Paris, des centaines de personnes se sont rassemblées à la fin du jour pour garder une minute de silence à la mémoire des victimes de Cana.

Il y a eu des manifestations à travers le Moyen-Orient. Environ mille manifestants sont descendus au square du Caire et malgré qu’ils étaient encerclés par des milliers de policiers, ils ont crié des slogans antiaméricains et critiqué les dirigeants arabes. En Jordanie, plus de 1000 personnes ont marché jusqu’aux bureaux de l’ONU à Amman, criant « Mort à Israël » et « A bas les Etats-Unis ». Des douzaines de chiites ont pris la rue de la province de l’Est en Arabie saoudite, défiant l’interdiction de manifester dans tout le royaume.

Des centaines de femmes ont manifesté dans la capitale syrienne de Damas, certaines portant de petits cercueils symbolisant les enfants morts. À Koweït City, des centaines de gens se sont assemblés devant l’ambassade américaine pour demander sa fermeture en protestation à l’appui de Washington pour Israël. Dans la ville de Gaza, les Palestiniens ont pris d’assaut un complexe de l’ONU avant que le président Mahmoud Abbas ordonne à la garde présidentielle et à la police de disperser les manifestants.

Dans l’Irak occupé par les Etats-Unis, les manifestants ont marché à travers Sadr City à Bagdad, portant des cercueils sur lesquels on pouvait lire « Nations unies » et « gouvernements arabes ». Des milliers de personnes ont manifesté à Nasiriyah, à 350 kilomètres au sud de Bagdad, scandant des slogans contre le massacre de Cana et les attaques qui continuent sur le peuple et les infrastructures du Liban.

Élargissement de la campagne militaire

La soi-disant suspension de l’activité aérienne pour 48 heures annoncée par Rice a été largement fabriquée pour cause de relations publiques internationales.

Le quotidien israélien Haaretz a cité une source gouvernementale senior disant que l’armée de l’air s’était fait dire de continuer à attaquer « les cibles présentant une menace pour Israël et ses troupes, y compris les lanceurs de roquettes, les véhicules transportant des munitions, les combattants du Hezbollah, les dépôts d’armes et les actifs du Hezbollah ». Le terme « actifs du Hezbollah » comprend des personnes associées au Hezbollah mais qui ne représentent pas de menace immédiate — en d’autres termes, toute personne vivant au Liban sud, dans la vallée de Bekaa ou à Beyrouth sud.

La trêve temporaire offerte par Israël aux civils pour leur permettre de fuir les bombardements au Liban sud vise à réaliser l’objectif de chasser hors de la région la population qui s’y trouve encore. Des journalistes ont dit que les villageois fuyaient dans la terreur. Au même moment, les organisations d’aide ont avertit que plusieurs personnes n’avaient pas les véhicules ni les ressources pour quitter la région et la coordonnatrice à l’aide d’urgence de l’ONU, Jan Egeland, a protesté que les autorités israéliennes avaient refusé de fournir quelques détails que ce soit sur « la soi-disant trêve humanitaire ».

Un ministre israélien a admis que les déclarations de suspension des attaques aériennes avaient pour but d’apaiser la colère internationale pour mieux augmenter l’agression ensuite. Le ministre de la Justice Haim Ramon, un proche allié d’Olmert, a dit à la radio des FDI : « La suspension de nos activités aériennes ne signifie absolument pas la fin de la guerre. Au contraire, cette décision nous permettra de gagner cette guerre et de diminuer la pression internationale. »

Le ministre israélien de la Défense Amir Peretz a expliqué la campagne militaire plus large d’Israël et des Etats-Unis, rejetant les appels pour un cessez-le-feu immédiat. « Cette guerre changera la face de la région, a-t-il dit. Nous nous battons contre le Hezbollah, qui n’est rien d’autre que l’avant-garde du régime extrémiste de Téhéran qui le finance et qui encourage ses activités meurtrières. » L’Iran a nié les accusations israéliennes qu’il a armé et entraîné les combattants du Hezbollah, disant qu’il n’a donné que son appui moral au groupe.

L’appui de Washington pour les atrocités d’Israël continuant toujours a été clair à la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à New York, où les Etats-Unis ont bloqué toute condamnation d’Israël quant aux bombardements de Cana. Le conseil regroupant quinze pays s’est rencontré d’urgence à la demande du secrétaire général des Nations unies, Koffi Annan, et du premier ministre libanais, Fouad Siniora, pour considérer une déclaration, proposée par le Qatar, décrivant l’attaque comme « délibérée » et demandant un cessez-le-feu.

Mais les Etats-Unis ont insisté que la déclaration soit modifiée, en ligne avec sa position, et qu’elle « déplore fortement la perte de ces vies innocentes et la mort de civils dans le conflit actuel » et « souligne la nécessité urgente de fixer un cessez-le-feu durable, permanent et qui résiste ». La déclaration finale a été acceptée après que les Etats-Unis eurent annoncé qu’Israël suspendait ses frappes aériennes pour 48 heures en attendant les résultats d’une enquête sur les bombardements de Cana.

Par contraste, plus tard dans la journée, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté 14 pour et 1 contre en faveur d’une résolution menaçant l’Iran de sanctions après le 31 août s’il n’arrêtait pas son programme d’enrichissement de l’uranium et s’il ne soumettait pas son programme nucléaire à des inspections internationales. Alors que les termes de la résolution, qui fut négociée entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité — la France, l’Angleterre, la Chine, la Russie et les Etats-Unis — ainsi que l’Allemagne n’imposent pas de sanctions immédiates, John Bolton, l’ambassadeur américain aux Nations unies a salué son adoption.

Bolton a accusé l’Iran, comme l’Irak avant lui, de « constamment défier la communauté internationale ». L’Iran a nié qu’il planifiait enrichir de l’uranium pour d’autres raisons que pour la production d’énergie nucléaire. Les accusations de Washington ont été faites dans le but d’offrir un prétexte pour une attaque contre l’Iran. La satisfaction de Bolton envers la résolution reflète le fait que la Chine et la Russie tout autant que les puissances européennes se sont ralliées à une position agressive face à l’Iran.

Les deux résolutions sont conformes à la stratégie globale de Washington : remodeler complètement le Moyen-Orient par la force brute pour éliminer tous les obstacles à son hégémonie sur la région riche en pétrole et en gaz naturel.

 





 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés