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France : Les étudiants des universités et des lycées demandent la grève générale

Par Rick Kelly et Kumaran Rahul
4 avril 2006

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Les délégués de 114 lycées et universités de France se sont réunis à l'Université de Lille le 1 et 2 avril pour discuter de la réponse à la promulgation par Chirac de la loi du Contrat première embauche (CPE) qui permet de licencier un travailleur sans justification pendant une «période d'essai» de deux ans. La Coordination nationale étudiante a appelé pour une grève générale reconductible des travailleurs et des étudiants débutant le 4 avril.

«Chirac prétend avoir écouté nos attentes, ont déclaré les étudiants. C'est un mensonge. Le maintien de la période d'essai d'un an resterait inacceptable car c'est un pas de plus dans ce sens. Quant au licenciement nous aurons seulement le droit d'entendre la «raison», valable ou pas, de rupture du contrat. Merci patron!»

La déclaration continue :»Nous nous engageons à soutenir le mouvement des salariés. Nous sommes disponibles pour toute action commune qui aide à construire la grève Nous nous engageons à soutenir toutes les revendications qui seront définies par les salariés en lutte, comme l'augmentation des salaires et la requalification en CDI de tous les emplois précaires par exemple.»

La Coordination nationale a appelé à un jour d'action demain, «dirigées vers les entreprises, en lien avec les salariés et leurs syndicats locaux : diffusions, blocages, occupations des usines et des bureaux.» Les autres actions comprennent : jeudi, bloquer des principaux axes routiers ferroviaires ; vendredi, une journée nationale de mobilisation contre la répression, avec en particulier des rassemblements devant les tribunaux; samedi, des manifestations conjointes de salariés, chômeurs, précaires, lycéens et étudiants ; et une autre journée de manifestations et de grèves nationales le 11 avril. Les étudiants ont aussi promis de continuer la grève et le blocage des universités et lycées lors du congé de Pâques.

La déclaration du comité de coordination continue : «L'autisme du gouvernement et de Chirac sur nos revendications, l'ampleur de la répression qu'il déploie contre le mouvement, et leur volonté de lier leur sort, à plusieurs reprises, au CPE les obligeront à partir en même temps qu'ils retireront leurs attaques.» Dans leur déclaration, les étudiants ne lient pas leur appel pour une grève générale à des demandes pour la démission du gouvernement gaulliste de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin. La grève doit plutôt être reconduite jusqu'à ce que le gouvernement rescinde sa réforme.

Chirac et Villepin ont toutefois clairement affirmé qu'ils sont déterminés à ne pas reculer. Pour défaire leurs attaques sur les conditions de travail, le mouvement anti-CPE doit soulever comme première demande la démission de tout le gouvernement. Ensuite, la lutte pour des emplois stables et décents pour tous les jeunes peut aller de l'avant sur la base d'une lutte pour un gouvernement qui représente véritablement les intérêts des travailleurs et des jeunes et qui réorganisera la vie économique et sociale sur une base socialiste.

La position de la Coordination nationale étudiante tranche nettement avec les manoeuvres des dirigeants des syndicats étudiants qui sont pour la plupart étroitement liés aux partis de l'establishment politique de gauche. Comme les syndicats, les dirigeants des syndicats étudiants ont tenté de réduire le mouvement anti-CPE et ont entrepris des pourparlers avec le gouvernement.

Bruno Julliard, à la tête de la principale organisation étudiante dans les universités, l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), a discuté au téléphone avec le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy durant le week-end. Il est «très probable qu'un dialogue s'établisse» a déclaré Julliard après cette conversation. Julliard a des liens étroits avec le Parti socialiste.

Alors que Sarkozy organisait des discussions avec les organisations étudiantes et les syndicats, il a continué à coordonner les attaques de la police contre les jeunes manifestants. Hier matin, 30 agents ont temporairement forcé l'ouverture du lycée Marguerite de Navarre à Alençon au nord-ouest de la France. Le lycée était fermé depuis trois semaines par les étudiants qui protestaient. Des troubles ont éclaté hier lorsque les étudiants ont tenté d'empêcher la police d'escorter une quarantaine de parents opposés au blocage et leurs enfants d'entrer au lycée par une entrée secondaire. Alors qu'on ne rapporte aucune blessure ou arrestation, la confrontation indique la détermination du gouvernement à supprimer le mouvement de protestation des étudiants. Les proviseurs de lycées se sont fait ordonnés d'ouvrir leurs lycées, avec l'aide de la police si nécessaire.

***

Des journalistes du World Socialist Web Site ont rencontré plusieurs délégués étudiants de la Coordination nationale étudiante dimanche avant que le comité rende leur déclaration publique.

David Cottet étudie en sciences à l'Université Franche-Compté de Besançon, dans l'est de la France. «Elle [la discussion] a duré toute la nuit, a-t-il dit au WSWS. On a commencé par établir le bilan de tout ce qui s'est passé en France dans les diverses universités, ensuite les rapports qu'on entretient avec les différents syndicats et la masse des salariés un peu partout. Ensuite, on a beaucoup débattu de nos revendications et sur comment on continuait le mouvement et quelles actions mettre en place pour pouvoir renforcer notre rapport de force avec le gouvernement afin de réussir à le faire plier.

«Je pense que ce n'est pas uniquement par rapport au CPE-les revendications sont beaucoup plus larges sur toute une politique qui a été affirmée ces dernières années, avec beaucoup de précarité. Il y a beaucoup de ras-le-bol sur la politique libérale qui court depuis un bon moment. Cela ne se limite pas uniquement à la revendication sur le CPE mais ça s'élargit de plus en plus à de diverses revendications.

«On va continuer à aller à la rencontre des salariés dans toutes les entreprises pour leur expliquer nos revendications et les amener dans nos luttes et manifester au maximum dans les journées de grève nationale.»

Le WSWS a demandé à Davy s'il pensait qu'une grève générale reconductible dans le but de faire tomber le gouvernement devait être appelée : «C'est le but de notre mouvement, a-t-il répondu. Je pense que la jeunesse est assez organisée pour mobiliser la masse des salariées et que ça risque de fortement continuer jusqu'au retrait de tous les réformes du gouvernement. On a statué sur une revendication qui est la démission du gouvernement. Il faudrait savoir qu'il a lancé une politique qu'on n'apprécie pas, qu'il a voulu faire passer en force. Donc à partir du moment où le peuple la refuse, on pense que c'est légitime que le gouvernement se retire.

«Je pense que le but du mouvement c'est justement essayer de faire ressortir un peu de revendications du peuple et ensuite il faudra voir s'il y a un parti qui est capable de supporter ces revendications du point de vue politique aux prochaines élections.»

Baptiste Bourel, un étudiant anglais de l'Université de Lille et Thomas Boggio, qui étudie l'histoire lui aussi à cette université, ont parlé avec le WSWS. Baptiste a insisté sur le fait que le mouvement n'était pas limité au CPE. «Fondamentalement, je pense que c'est sur le fait que la politique, la politique capitaliste, dans tous les pays occidentaux, garde la société à un très bas niveau de vie pour que les personnes acceptent des emplois précaires parce que c'est mieux que rien, et que sans emploi, on a rien.

«Aujourd'hui, c'est un fait qu'à l'école, les enfants sont dirigés vers des emplois manuels où il manque de main d'oeuvre. Le système public de l'éducation n'est pas capable de les préparer pour la carrière ou la profession qu'ils veulent, aussi, ils sont poussés vers des emplois que personne d'autre ne veut. Un point qui est très important dans les réformes du gouvernement, c'est le fait qu'un jeune peut maintenant travailler le soir à partir de 15 ans. En 1874, l'âge minimal pour travailler le soir était de 16 ans et aujourd'hui, il a été diminué à 15 ans. C'est une véritable régression.»

«Le mouvement n'est pas conservateur, il est progressif, a dit Thomas. J'ai lu le Courrier International et les médias étrangers. J'ai vu souvent ce qui s'en dégageait c'était qu'on pense que, quand on conteste, nous les Français, c'est parce que nous sommes conservateurs et nous ne voulons pas avancer, que nous voulons rester sur les acquis en fait, mais ce n'est pas vrai. Je pense que c'est un mouvement qui refuse ce qui nous est proposé actuellement, c'est vrai, mais nous ne voulons pas revenir en arrière non plus.»

«Étant donné qu'il y a des manifestations dans les rues depuis plus d'un mois, il est clair que le gouvernement ne se préoccupe pas de nous, a ajouté Baptiste. Aussi, je pense qu'il n'est pas surprenant que des éléments dans le mouvement se tournent vers la violence, même si je ne suis pas une personne violente. Certaines personnes pensent que c'est la seule façon d'attirer l'attention du gouvernement.»

«Le mouvement doit tout le temps se remettre en question, a repris Thomas, parce que, par exemple, Chirac, notre président, il ne faut pas oublier que pendant les événements de '68 en France pendant la révolte étudiante il était Secrétaire d'État aux Affaires sociales et qu'il était plongé dedans. Ce genre de mouvement, il les connaît par coeur. On a trop l'impression qu'il ne sait pas ce qu'il fait alors que moi, je pense que c'est un sacré gaillard et qu'il sait ce qu'il fait, quoi.»

Le WSWS a ensuite demandé quel était le rôle du Parti socialiste, du Parti communiste et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) dans la Coordination nationale étudiante et dans le mouvement anti-CPE dans son ensemble. «Ils ne pourront pas prendre le mouvement parce que la majorité des personnes dans le mouvement n'ont pas d'affiliation politique, ni Parti socialiste, ni Parti communiste, etc., a répondu Thomas. Nous ne voyons pas la LCR; nous avons vu la JCR [l'aile jeunesse de la LCR] un peu dans les manifestations. Ils nous ont donné des informations sur des questions économiques mais je ne crois pas qu'ils aient de solution.»

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