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WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

La conférence sur la Shoah en Iran et l’impasse du nationalisme bourgeois

Par Bill Van Auken
28 décembre 2006

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Lors de la conférence de presse de la fin de l’année, le président George W. Bush a une fois encore condamné le gouvernement iranien du président Mahmoud Ahmadinejad pour avoir officiellement parrainé la conférence des négateurs de la Shoah qui a eu lieu à  Téhéran plus tôt ce mois, déclarant qu’elle « symbolisait une vision vraiment arriérée de l’histoire du monde ».

Ces mots sont ceux d’un président dont l’administration discute franchement de la possibilité de soutenir une guerre civile sectaire qui aura pour conséquence « le déracinement et l’extermination » des cinq millions et plus d’Arabes sunnites de l’Irak et de provoquer une guerre régionale entre les sunnites et chiites qui feront des millions de victimes supplémentaires (New York Times, 17 décembre, The Capital Awaits a Masterstroke in Iraq).

Les dénonciations de la conférence en Iran ont été pratiquement universelles. Les dirigeants des gouvernements de l’Europe et de l’Amérique tant comme le Vatican — qui ont tous collaboré activement à la Shoah, soit en l’ignorant et en cachant son existence, soit en empêchant ses survivants de se réfugier sur leurs territoires — sont parmi les plus virulents critiques.

L’hypocrisie qui sous-tend une telle condamnation est évidente. L’objectif de Washington et des ses alliés est d’utiliser cette question comme un prétexte de plus pour justifier une autre guerre d’agression au Moyen-Orient pour assurer leur domination sur les immenses réserves énergétiques de la région.

Ayant dit cela, la conférence organisée par le régime iranien était aussi honteuse que réactionnaire.

Le régime iranien a réussi à faire de Téhéran une Mecque temporaire pour les rebuts des négateurs de la Shoah et pour les néofascistes avoués. Des amis improbables de la révolution iranienne tels David Duke, l’ancien « sorcier impérial » du Ku Klux Klan qui se décrit comme « nationaliste blanc », se sont faits offrir une tribune, courtoisie du gouvernement iranien, pour cracher leur venin antisémite et raciste.

Tenue sous la bannière de « Révision de la Shoah : vision globale », la conférence a été décrite par le ministère iranien des Affaires étrangères comme un endroit « pour une recherche scientifique appropriée pour que les angles cachés ou non de cette question politique du 20e siècle de la plus grande importance deviennent plus transparents ».

Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a déclaré que « Le but de cette conférence n’est pas de nier ou de confirmer la Shoah. »

D’autres officiels iraniens ont présenté la remise en question de la Shoah comme un moyen de contrer les politiques d’Israël et des Etats-Unis dans la région. Le président Ahmadinejad a déclaré lors de la conférence de presse qui a eu lieu après le début de la conférence que « La création du régime sioniste et la transformation de la Shoah en propagande sont devenues un instrument dans les mains des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne pour dominer le Moyen-Orient. »

Un grand nombre de facettes de ce très horrible chapitre du 20e siècle, ainsi que ses causes politiques et historiques, ont été appuyées d’importantes études historiques. Parmi celles-ci, la manière avec laquelle ce crime historique a été utilisé pour justifier les actes illégaux de dépossession et de répression menés par le gouvernement israélien contre le peuple palestinien.

Toutefois, le fait que le régime nazi ait réalisé sa « solution finale » en organisant et en exécutant le massacre de six millions de juifs est documenté par une vaste quantité de données empiriques, du côté nazi aussi bien que du côté allié, ainsi que par les souvenirs des survivants. Son existence ne peut être remise en question.

Le regroupement de charlatans intellectuels et de fascistes qui forment le soi-disant mouvement « révisionniste de la Shoah » utilise des fabrications et des mensonges et nie obstinément les preuves accablantes pour promouvoir leurs fantasmes à propos de l’inexistence de la Shoah ou de la supposée exagération du nombre de personnes exterminées dans les camps de la mort nazis.

Toute cette falsification historique a un objectif premier : réhabiliter politiquement le fascisme.

Que l’administration Ahmadinejad tente apparemment de contrer les menaces bien réelles envers l’Iran de l’agression israélienne et du militarisme américain en facilitant le travail de ceux qui donnent raison aux actions du régime impérialiste le plus criminel de l’histoire est une indication non seulement de la banqueroute du régime iranien, mais aussi du cul-de-sac historique auquel fait face le nationalisme bourgeois à travers le monde.

La conférence s’est organisée dans des conditions où les plans pour des frappes israéliennes contre l’Iran sont déjà bien avancés et où les Etats-Unis se préparaient apparemment à déployer un autre porte-avion dans le golfe Persique pour ses propres attaques potentielles.

L’effet de ce répugnant spectacle à Téhéran a été de fournir aux ennemis de l’Iran une arme de propagande aidant à la préparation d’une telle action militaire, tout en aliénant les larges sections de travailleurs, d’étudiants et d’intellectuels à travers le monde qui s’opposent à la guerre américaine en Irak, à l’assaut israélien sur les Palestiniens et à la menace d’une attaque contre l’Iran lui-même.

Peu importe la démagogie populiste et même « anti-impérialiste » d’Ahmadinejad et ceux qui pensent comme lui, la conférence pour nier la Shoah n’a pas été organisée pour opposer l’impérialisme américain ou le régime israélien, mais plutôt pour détourner et désorienter la colère et le militantisme grandissants de la classe ouvrière iranienne et des masses ouvrières du Moyen-Orient.

La conséquence qu’ont leurs politiques est d’isoler la classe ouvrière iranienne de la classe ouvrière internationale, incluant les travailleurs d’Israël, tout en conduisant ces derniers tout droit vers le sionisme.

Le régime iranien ne s’oppose pas au système impérialiste mondial, mais cherche plutôt à forger une relation plus avantageuse entre ce système et la couche sociale bourgeoise privilégiée qu’il représente. Il a collaboré lors de l’intervention américaine en Afghanistan et en Irak, au même moment, il a exploité les divisions entre les puissances européennes et Washington sur le Moyen-Orient, tout ceci dans le but d’avancer les aspirations de puissance régionale des cercles dirigeants iraniens 

Le recours d’Ahmadinejad au populisme démagogique de droite et aux appels carrément antisémites reflète l’incapacité du régime bourgeois iranien et de ses différentes factions d’avancer une solution progressiste à la profonde crise économique  et sociale que confronte la classe laborieuse iranienne qui fait face au chômage de masse a un coût de la vie toujours en croissance  et qui bénéficie peu de la richesse pétrolière du pays.

L’insatisfaction populaire grandissante à l’égard du régime actuel s’est manifestée de manière éloquente au lendemain de la conférence de Téhéran.  La manifestation d’étudiants en colère en témoignait, accueillant Ahmadinejad avec les slogans « A bas le dictateur » et « Oublie la Shoah, fait quelque chose pour nous. »

Et, alors que la conférence avait apparemment été convoquée au moins pour fouetter la base religieuse de droite du régime en prévision des élections du 15 décembre pour les conseils locaux et l’assemblée des experts, un puissant groupe clérical, les candidats favorables à Ahmadinejad ont subit une défaite, symptôme de la grogne populaire. 

Les politiques rétrogrades et répugnantes du régime iranien exprimé dans la conférence des négateurs de la Shoah, n’est que l’une des manifestations aiguës de l’incapacité universelle des régimes basés sur la bourgeoisie nationale – de l’Iran au Venezuela à Cuba – de mener une lutte conséquente contre l’impérialisme.

Aucun des problèmes pressants que confrontent les masses dans ces pays, et en fait, dans tous les pays historiquement opprimés par l’impérialisme, ne peut être résolu sous la direction de quelque section que ce soit de la bourgeoisie nationale sur la base d’une politique nationale.

Plus que jamais, dans le contexte d’une intégration économique globale sans précédent crée par le capitalisme dans la présente époque, la lutte contre l’impérialisme de concert avec la lutte contre la guerre et l’inégalité sociale qu’il produit peut être menée avec succès seulement par le biais d’une mobilisation indépendante et unifiée de la classe ouvrière internationale contre le capitalisme et le système dépassé des Etats-nations.

Pour la classe ouvrière de l’Iran, cela signifie la construction d’un nouveau parti international en opposition directe à l’antisémitisme, à la xénophobie et l’anticommunisme que défend le régime actuel, la lutte pour forger des liens avec les travailleurs de toute la région, incluant Israël, dans une lutte commune pour une fédération socialiste du Moyen-Orient.

(Article original anglais publié le 23 décembre 2006)

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