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Grippe aviaire: l'Inde, l'Europe et l'Afrique adoptent des mesures d'urgence

Par Patrick Martin
Le 21 février 2006

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De nouveaux foyers d'infection aviaire furent signalés et la mise en place de mesures d'urgence annoncées durant le week-end par les autorités sanitaires en Inde, en Europe de l'Ouest et dans certaines régions d'Afrique. Il s'agit là de l'extension la plus rapide et la plus forte de la zone d'infection depuis que le type actuel du virus de la grippe aviaire fut détecté il y a neuf ans.

Le virus actuel de la grippe aviaire, (H5N1), apparut pour la première fois à Hong Kong en 1997. Il aura fallu huit ans pour qu'il se répande à travers la Chine et l'Asie du Sud Est mais, manifestement transportée par des oiseaux migrateurs sauvages, la maladie se propagea au cours de ces derniers mois à travers l'Asie, l'Europe et même l'Afrique.

Le nouveau centre d'infection le plus alarmant se trouve en Inde où deux foyers séparés de grippe aviaire furent signalés. Les autorités gouvernementales et fédérales prirent des mesures radicales afin de tuer les volailles et de mettre en place un dispositif de confinement des oiseaux d'élevage pour empêcher une transmission à l'homme. Dans le district de Nandurbar à Maharashtra, un grand Etat dans l'Ouest de l'Inde où se situe le principal centre financier du pays, Mumbai (Bombay), la ville la plus importante, on visita chaque foyer pour rechercher des personnes présentant des symptômes de fièvre inexpliqués. Lundi, au moins six personnes, présentant des symptômes typiques de la grippe aviaire, furent placées en quarantaine dans un hôpital, portant le total à huit personnes placées en observation.

Le ministre de la Santé, Anbumani Ramadoss, dit qu'il n'existait pas de cas humain de la grippe aviaire en Inde, et ce en dépit d'articles de presse relatant le cas d'un jeune éleveur de volailles, mort de la maladie durant le weekend dans l'Etat de Gujarat, voisin de celui de Maharashtra. Ganesh Sonarkar, la victime âgée de 27 ans, habitait le district de Nandurbar. L'on craint l'existence d'un deuxième foyer dans l'Uttar Pradesh, l'Etat à la plus forte densité de population de l'Inde, et situé dans la vallée du Gange où 1.400 poulets sont morts dans une ferme. Les tests n'ont jusque-là pas encore confirmé les causes de la mort des poulets.

Le ministre de l'Intérieur, Shivraj Patail, dit que tous les poulets se trouvant dans un rayon de 3 km autour du foyer d'infection de Maharashtra seraient tués alors que ceux se trouvant entre trois et huits kilomètres, seraient vaccinés. La maladie a déjà tué 50.000 poulets dans cet Etat. Dans un effort pour prévenir toute menace de pandémie, des centaines de milliers de poulets furent abattus dans les environs de la ville de Navapur, le centre des élevages commerciaux de volaille de cet Etat, et les cadavres jetés dans des fosses.

Le secrétaire à la Santé, P.K. Hota, confirma que les moyens dont le gouvernement disposait pour combattre l'épidémie de grippe aviaire étaient extrêmement limités : seules 100.000 doses de vaccin Tamiflu étaient disponibles dans un pays dont la population dépasse de loin un milliard d'habitants.

Les pays voisins, le Népal, le Bangladesh et le Pakistan interdirent les importations de volailles vivantes et de produits avicoles venant de l'Inde. Le Pakistan était lui menacé de deux côtés : la grippe aviaire ayant été détectée la semaine passée chez des cygnes sauvages en Iran, son voisin à l'Ouest, ainsi qu'en Inde.

Les foyers d'infection en Inde soulevèrent le plus grand problème de santé publique en raison de la combinaison aggravante d'une population dense, de systèmes de soins médicaux engorgés et de régions rurales extrêmement pauvres où beaucoup de familles partagent leur habitation avec la volaille et les animaux d'élevage. Ceci multiplie les risques de mutation du virus de la grippe aviaire en un virus transmissible directement d'homme à homme et qui jusqu'à présent ne s'est transmis que rarement de l'oiseau à l'homme.

En Europe de l'Ouest, l'Allemagne confirma ses premiers cas mortels de grippe aviaire chez les oiseaux sauvages, avec déjà des dizaines de cygnes morts sur l'île de Rügen, dans la Mer Baltique. L'armée allemande fut mobilisée pour rechercher les oiseaux morts sur l'île et pour empêcher que la maladie ne se répande sur la terre ferme. Soixante soldats vêtus de combinaisons biologiques débarquèrent sur l'île et des avions de reconnaissance survolent les côtes.

Quotidiennement, de nouveaux cas sont signalés dans de nouveaux pays européens au fur et à mesure que la grippe gagne des pays tels que le Danemark, la Pologne, l'Autriche, l'Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, la Roumanie, la Grèce, la Bulgarie, l'Ukraine et la partie européenne de la Russie. En Europe de l'Ouest, la maladie ne fut détectée que chez les oiseaux sauvages et de nombreux pays prirent des mesures pour tenter de protéger leur important élevage de volailles et leurs volailles de basses-cours.

Des ministres des 25 pays membres de l'Union européenne se réunirent lundi à Bruxelles pour discuter des mesures à prendre pour combattre cette épidémie qui ne cesse de se propager. Il existe toutefois une telle diversité de moyens et de préoccupations qu'une campagne véritablement coordonnée semble incertaine.

Les Pays-Bas, la Suède et le Danemark ont décrété le confinement de millions de canards et de dindes élevées en plein air pour éviter qu'ils n'entrent en contact avec des oiseaux sauvages migrateurs. Les autorités françaises ont imposé une zone de protection dans un rayon de 3 km autour de l'endroit où fut trouvé, dans le département de l'Ain, le premier oiseau infecté, un canard sauvage. Les éleveurs français vaccineront 900.000 volailles bien qu'il ne s'agisse là que d'une protection de type général qui est moins efficace contre le nouveau virus H5N1.

Les décès d'oiseaux sauvages dans trois régions du Sud de l'Italie, l'Apoulie, la Calabre et la Sicile, déclenchèrent un vent de panique parmi les consommateurs qui refusèrent d'acheter du poulet et d'autres volailles. La télévision italienne, RAI News 24, décrivit la situation en parlant de « psychose de la grippe aviaire. »

En Grande-Bretagne, où aucun cas de grippe aviaire ne fut détecté à ce jour ni chez la volaille ni chez les oiseaux sauvages, le gouvernement Blair et les média font preuve d'autosatisfaction pour éviter de porter préjudice aux intérêts commerciaux de l'agriculture. Il n'existe même pas à ce jour d'ordre de confiner la volaille de basse-cour. Mais, compter sur la Manche et la Mer du Nord pour entraver le vol des oiseaux infectés est plus qu'illusoire.

Jean Ahars, un spécialiste français dit à l'Agence France-Presse que la possibilité de contamination croisée entre les oiseaux sauvages et domestiques était inévitable sur l'ensemble du continent. « Nous n'avons absolument aucun contrôle sur l'introduction du virus par les oiseaux migrateurs qui sont sur le point de rentrer d'Afrique pour retourner en Sibérie, en Scandinavie et au Gröenland », dit-il. « C'est inévitable. »

La maladie a déjà traversé la Méditerranée et dépassé le désert du Sahara comme en témoignent des rapports de nouveaux cas à la fois en Afrique du Nord et en Afrique occidentale. Les autorités égyptiennes signalèrent de multiples cas vendredi en exhortant les gens à ne plus élever de volaille domestique, une des principales sources de protéine dans la nourriture de millions de personnes pauvres. Le zoo du Caire fut fermé après que 83 oiseaux y moururent, six d'entre eux furent testés positifs au virus H5N1.

Des cas d'oiseaux morts furent signalés au Nigeria et les autorités sanitaires de pays allant du Niger à l'Afrique du Sud constituent présentement de minuscules réserves de tamiflu en attendant la diffusion de l'épidémie.

La transformation de la grippe aviaire en une pandémie mondiale chez les volatiles est sur le point d'être complète, seul l'hémisphère occidental restant épargné mais il existe de multiples couloirs empruntés par les oiseaux migrateurs reliant la Sibérie orientale à l'Amérique du Nord septentrionale et qui peuvent servir de passerelle à la maladie.



 

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