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Des réfugiés sri lankais touchés par le tsunami occupent un bâtiment du gouvernement

Par A. Shantha Kumar et M.Vasanthan
Le 9 mars 2006

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Des réfugiés du tsunami originaires de Kalmunai, dans l'est du Sri Lankan, occupèrent le 22 février, des bureaux du secrétariat local de la province pour manifester leur colère et protester contre la défaillance des autorités gouvernementales à offrir des logements permanents. La région, principalement habitée par des Musulmans et des Tamouls, fut l'une des plus gravement touchée par la vague sismique qui frappa le Sri Lanka le 26 décembre 2004. Quatorze mois plus tard, les réfugiés vivent encore dans des abris provisoires.

L'occupation entraîna la fermeture du conseil municipal de Kalmunai, du service de santé régional et de l'autorité du développement urbain. Elle prit fin le 1er mars après que le président sri lankais Mahinda Rajapakse, promit aux manifestants, lors d'une communication, assurée par un lien satellite spécial, qu'on leur fournirait un logement permanent d'ici trois mois.

Parce que le gouvernement a interdit toute nouvelle construction dans une « zone de sécurité » de 65 mètres de la côte, plus de 400 familles en majorité musulmanes de pêcheurs pauvres sont contraints de vivre dans des logements provisoires en dessous des normes exigées. La plupart sont abritées dans des cabanes faites de plaques de tôle et situées sur un terrain privé mis à leur disposition par des habitants de la région. Pas une seule maison ne fut construite pour les réfugiés et certains des propriétaires réclament à présent que leur terrain leur soit rendu.

La protestation récolta un large soutien de la part de la population musulmane, tamoule et cinghalaise de la région. Elle bénéficia du soutien d'un « hartal » (grève générale locale avec fermeture de magasins) ayant lieu le 27 février et qui paralysa la ville de Kalmunai et les bazars des régions avoisinantes de Maruthamunai et de Sainthamaruthu. Pas un seul politicien que ce soit du parti au pouvoir, l'Alliance pour la liberté des peuples unis (UPFA) ou des partis de l'opposition ne se rendit à la protestation.

Lassés par les diverses fausses promesses faites par les politiciens, les manifestants insistèrent pour recevoir une promesse écrite du président Rajapakse disant que son gouvernement mettrait rapidement à leur disposition des logements. Le secrétaire de la province d'Ampara, M.H. Herath Abeweera, haut fonctionnaire du district, rencontra les manifestants. Il affirma que leurs exigences ne relevaient pas de sa compétence mais réclama la mise en place d'une communication, assurée par un lien satellite spécial pour que les réfugiés puissent discuter directement avec le président.

Selon le rapport sur le tsunami au Sri Lanka, publié l'année dernière par la Banque mondiale, la catastrophe tua 35.322 personnes et en blessa 21.411. Plus d'un demi-million de personnes furent déplacées à l'intérieur du pays et quelques 150.000 perdirent leurs moyens d'existence. En tout, 88.544 maisons furent détruites ou sérieusement endommagées. Quatorze mois plus tard, il y a encore 80.000 familles sri lankaises qui ne disposent toujours pas de logement permanent.

Alors que les autorités gouvernementales ont en grande partie abandonné les victimes du tsunami dans toutes les régions, la négligence est particulièrement évidente dans la province d'Ampara, sur la côte est du Sri Lanka, où se situe Kalmunai. Il y a trois semaines, à Tirukovil, le secrétaire de la province d'Ampara, Abeweera déclara lors d'une réunion que le tsunami avait tué 6.000 personnes et détruit 27.000 logements dans la province. Il reconnut cependant, que seuls 296 logements furent procurés aux survivants des districts d'Addalaichenai, Pottuvil et de Tirukovil.

Le secrétaire du district de Kalmunai, A.H.M. Anzar, dit au WSWS : « Les gens m'ont accusé de ne rien faire pour résoudre leurs problèmes de logement, mais que puis-je faire ? J'ai fait ce qui était de ma compétence mais il reste le problème du terrain. Le gouvernement doit allouer des terrains pour la construction de maisons. Les ONG ne sont pas prêtes à débourser de l'argent pour acheter des terrains et à cause de cela plusieurs contrats concernant des projets de construction de logements ont été annulés. »

Les reporters du WSWS parlèrent avec quelques-uns des manifestants qui avaient participé à l'occupation. Ils étaient originaires de Kalmunaikudi, qui avoisine la ville de Kalmunai, et où des centaines de foyers furent emportés par la vague sismique. Ils expliquèrent comment le président Rajapakse était revenu sur la parole donnée aux réfugiés.

« Avant les élections, le président Rajapakse promit, lors d'une réunion publique dans notre région, que s'il était élu il nous ferait construire des maisons dans les deux mois à venir. » Au même moment leur aide mensuelle fut supprimée et les ONG cessèrent toute aide.

A.M. Rahim, pêcheur âgé de 34 ans, dit : « J'ai perdu ma femme dans le tsunami et je vis dans un abri provisoire avec mes deux enfants. Cet abri ne permet pas à mes enfants de poursuivre leurs études et l'aide gouvernementale de 375 roupies par personne (3,65 dollars US) a été supprimée il y a deux mois. Le gouvernement avait promis que les familles touchées par le tsunami bénéficieraient 5.000 roupies (48 dollars US) jusque pendant six mois mais nous ne les avons reçues que pendant quatre mois.

« Il fut également dit que 100.000 roupies seraient versées en compensation pour chaque membre d'une famille tué par le tsunami mais tout ce que avons reçu c'est 15.000 roupies. Et le gouvernement avait promis de construire pour nous des maisons à Karawapattu. Il commença par remblayer le terrain boueux avec du sable mais aucune construction n'a démarré à ce jour. »

P.M. Samsudeen, président du syndicat local de pêcheurs, expliqua : « Le gouvernement et d'autres politiciens ne nous soutiennent pas, c'est pourquoi nous avons dû organiser notre propre soutien dans cette lutte. Nous avons fourni de la nourriture et chaque pêcheur disposant d'un bateau donne du poisson. Des gens nous aident indépendamment des différences ethniques et religieuses. Bien qu'il y ait au gouvernement quatre ministres venant de notre circonscription, aucun n'est venu nous voir. »

Samsudeen dit que le tsunami avait sérieusement ébranlé sa famille qui partage une pièce de 9 mètres carré avec la famille de sa fille. Evoquant les risques d'une nouvelle guerre civile, il dit : « Nous sommes pour une paix permanente. Nous sommes contre la guerre. Nous, les Musulmans, vivons avec les Tamouls comme avec des frères et la guerre nous a gravement affectés les uns et les autres. En tant que pêcheurs nous avons dû faire face à de grandes difficultés pour pouvoir pêcher durant la guerre. »

Un autre pêcheur, S.L. Jalaldeen, 21 ans, expliqua qu'aucun des élèves touchés par le tsunami n'avait reçu les 200 roupies mensuelles promises par le gouvernement. L. Kathiga, une mère de quatre enfants, ajouta : « Comment pouvons-nous vivre dans une pièce mesurant seulement 10 pieds sur 10 [un pied = 30,48 cm] avec des enfants adultes, une pièce qui est chaude le jour et froide la nuit. »

S. Subaiden, qui participa également à l'occupation, dit : « Nous avons perdu notre enfant de quatre ans dans le tsunami et cela a rendu ma femme malade mentalement. Depuis ce jour, elle est incapable de nourrir notre autre enfant et bien que nous habitions la maison d'un parent, il n'y a pas assez de place pour nous tous. Comment peut-on vivre dans la maison de quelqu'un d'autre aussi longtemps ? » Il dit que les docteurs lui avaient dit que près de 50 pour cent des gens de la région souffraient d'une forme ou d'une autre de maladie mentale en raison du tsunami.

Malgré les promesses de Rajapakse, ceux qui participèrent à l'occupation se préparent à élargir leur campagne. Le vice-président du comité d'occupation, M. Basheer, dit au WSWS : « Si le président ne tient pas sa promesse, nous organiserons notre lutte à une échelle encore plus grande. »

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