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France: étudiants et lycéens poursuivent leurs protestations contre le gouvernement.

Par Rick Kelly
23 mars 2006

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Etudiants et lycéens français continuent de manifester contre le CPE (Contrat premier embauche) du gouvernement gaulliste qui permet de licencier les jeunes salariés sans fournir de justification pendant les deux premières années suivant l'embauche. Les protestations en cours exacerbent davantage la crise à laquelle est confrontée le gouvernement du premier ministre Dominique de Villepin qui a refusé d'abroger le CPE.

Des protestations d'étudiants se sont tenues partout en France mardi, pour la quatrième fois en huit jours. Selon les chiffres de la police 40 000 lycéens et étudiants ont participé à ces manifestations. Entre 5 000 et 15 000 jeunes défilèrent sur la Rive gauche à Paris. Une fois de plus il y eut des affrontements avec la police et 37 jeunes auraient été arrêtés.

D'après le syndicat national des lycéens, l'UNL (Union nationale lycéenne) un lycée sur quatre dans toute la France est bloqué par les lycéens en grève. Plus de la moitié des universités françaises sont toujours en grève et 15 au moins sont fermées pour cause de blocus par les étudiants et grève du personnel enseignant.

Aujourd'hui, une grève nationale des étudiants et lycéens est organisée et on attend quelques 100 000 jeunes à Paris. Les syndicats, principalement du secteur public, se sont mis d'accord pour une journée de « manifestations, grèves et arrêts de travail » mardi prochain. Les salariés de Gaz de France et Electricité de France ont déposé un préavis de grève, tout comme les salariés des chemins de fer (SNCF) et du métro parisien. Huit syndicats liés à Air France ont aussi annoncé une grève de 24 heures. On ne sait pas encore combien de salariés du secteur privé participeront à ce que le Financial Times qualifie de « journée de grève partielle ».

Malgré les protestations et l'opposition écrasante au CPE au sein de la population française, le gouvernement refuse de reculer. « Sur cette loi, il y a trois choses qui sont impossibles », a déclaré le Premier ministre lors d'un "pot amical" avec les membres de l'UMP (Union pour un mouvement populaire) au pouvoir. « La première, c'est le retrait, parce que cela voudrait dire que nous capitulons devant la logique des ultimatums et des préalables. Cela, notre électorat n'en veut évidemment pas, il ne nous le pardonnerait pas. La deuxième, c'est la suspension, tout simplement parce que cela est contraire à notre Constitution. La troisième, c'est la dénaturation de notre projet parce que perdre l'équilibre du projet, ce serait se priver de toute chance de réussite."

Villepin avait auparavant posé pour les médias aux côtés de jeunes chômeurs à Poissy, à l'ouest de Paris, déclarant que la loi était bien conçue, avant d'ajouter que ceux qui la critiquaient pouvaient « s'asseoir autour d'une table » avec le gouvernement pour discuter de moyens « d'améliorer » la loi. D'après le New York Times, au sein de l'UMP, « il y a un consensus qui se développe sur le fait que [le CPE] doit être amendé pour le rendre plus acceptable aux yeux de ses opposants ».

Des suggestions ont été faites pour que « la période d'essai » de deux ans pendant laquelle les jeunes salariés peuvent être licenciés sans justification soit ramenée à un an. Villepin dit à ses collègues, « Les partenaires sociaux [c'est-à-dire syndicats et patronat] ont l'entière liberté de réduire cette période dans les secteurs où cela se justifierait ».

Tout compromis de cet ordre n'altérerait en rien l'esprit de la loi du CPE et ouvrirait la voie à davantage d'attaques sur les conditions de travail non seulement des jeunes mais de tous les salariés en France. La détermination du gouvernement à détruire les conditions de vie de toute la classe ouvrière est causée par la nécessité pour la classe dirigeante française de rester compétitive face à ses rivaux aux Etats-Unis, en Europe et en Asie.

Le rôle joué par la "gauche" française- syndicats, Partis socialiste et communiste- signale bien les enjeux. Ces organisations, qui forment une composante essentielle de l'establishment politique, font tout leur possible pour stabiliser le gouvernement et isoler le mouvement anti-CPE. La lutte des étudiants et des lycéens contre le gouvernement de Villepin sera en péril tant que le mouvement restera sous la domination de ces forces. (Voir la déclaration: France: Questions politiques posées par la lutte contre le CPE )

En réponse aux manifestations de masse, les Partis socialiste et communiste ont fait appel au gouvernement pour qu'il calme la situation. « Au lieu de se rendre à l'évidence, et d'entendre le message de millions de Français, il choisit le rapport de forces », déclara le Parti communiste français stalinien dans une déclaration publiée mardi. « C'est un choix totalement irresponsable. »

Arnaud Montebourg, député socialiste en vue, à la gauche du parti, se déclara inquiet de la tournure des événements. Il dit que la situation était bloquée, que « c'était une situation explosive où les institutions politiques étaient discréditées ».

Des députés de l'UMP quittèrent l'hémicycle mardi, après avoir réagi à un discours de Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. « Le pays tout entier est plongé dans un bras de fer, qui peut devenir très grave », déclara Ayrault. « Mû par l'égoïsme, Dominique de Villepin emprisonne la France dans son destin personnel. Il se fiche pas mal que la France se désagrège. »

« Le rôle d'un gouvernement ce n'est pas d'attiser les crises », ajouta Laurent Fabius, député socialiste qui conduisit la campagne du « Non » au référendum pour la constitution européenne de l'an dernier. « C'est de les apaiser.» Il en appela au président Jacques Chirac et au ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy pour qu'ils interviennent, les qualifiant de « facteurs déterminants dans cette affaire ».

Sarkozy suggéra que le CPE soit mis à l'essai pendant six mois. Dans un entretien à Paris Match publié hier il dit faire preuve de solidarité avec Villepin tout en étant différent. Il précisa qu'il n'avait aucune intention d'afficher davantage cette différence quand les choses ne vont pas bien que quand les choses vont bien. Il nia avoir dit plus tôt dans un entretien au Parisien qu'il démissionnerait si Villepin ne faisait pas « un geste fort » en direction des syndicats.

Sarkozy et Villepin sont rivaux dans la course à la nomination du candidat UMP aux élections présidentielles qui se tiendront l'année prochaine, et plusieurs alliés de Sarkozy reprochent au premier ministre de ne pas s'être assuré du soutien des syndicats avant de présenter le CPE à l'Assemblée nationale. Néanmoins le ministre de l'Intérieur est le partisan le plus ardent, au sein du gouvernement, de la réforme du marché libre et tout comme le président Jacques Chirac il s'est clairement aligné derrière le CPE.

Dans son entretien à Paris Match, Sarkozy avertit qu'il y avait un danger que cette effervescence lycéenne et étudiante « réveille l'agitation dans les banlieues, qui restent toujours extrêmement tendues". Cela fait référence à la révolte de l'an dernier de jeunes noirs et arabes, pour la plupart au chômage, issus des banlieues appauvries de Paris. Sarkozy supervisa la riposte musclée de la police et l'état d'urgence de trois mois qui s'ensuivit. Sa mise en garde que cela pourrait à nouveau exploser souligne la volatilité des relations sociales en France.

Entre-temps des preuves supplémentaires sont apparues étayant la thèse de l'implication des CRS dans l'agression sauvage de Cyril Ferez, 39 ans, qui fut attaqué lors de la manifestation parisienne de samedi dernier. Ferez, salarié des télécommunications, fut gravement blessé à la tête et est toujours dans le coma. Les premiers témoignages indiquaient qu'après que les forces de l'ordre l'aient frappé, à plusieurs reprises, à coups de matraque et piétiné sur la tête, ils refusèrent d'appeler les secours pendant 20 minutes.

Le photographe belge, Bruno Stevens dit à l'AFP hier qu'il était place de la Nation, hier et qu'il avait vu la police poursuivre un homme. "Cinq ou six l'ont rattrapé et l'ont immédiatement frappé sans retenue avec des matraques alors que le fuyard n'a jamais eu d'attitude menaçante à leur égard". Il fut témoin « d'un coup extrêmement violent porté à la tête, au niveau de l'oeil droit », et d'autres coups « au sol ».

Thomas Coex, photographe à l'AFP qui était sur place, informa ensuite l'un des policiers qu'il y avait un homme gravement blessé qui avait besoin de secours médicaux. « Je ne suis pas là pour ça, fichez le camp, j'ai autre chose à faire », lui répondit le policier.

D'après l'agence Reuters, le cabinet du procureur de la république dit qu'il n'y avait aucune preuve de culpabilité de la police concernant les blessures de cet homme.

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