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France : Le mouvement de masse contre le CPE est en danger

Les syndicats rencontrent le premier ministre

Par Rick Kelly
25 mars 2006

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Les principales organisations syndicales ont rencontré le premier ministre Dominique de Villepin hier pour discuter de la loi sur le contrat premier emploi (CPE). Le CPE stipule que les employeurs peuvent congédier un employé sans justification pour une durée de deux ans. Alors que l'opposition des étudiants à ces attaques contre les conditions de travail des jeunes travailleurs continue de croître, les syndicats veulent encore plus isoler le mouvement de masse en arrivant à un compromis avec le gouvernement qui ne toucherait pas aux éléments essentiels du CPE.

Cinq organisations syndicales (la Confédération Générale du Travail (CGT), la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Force ouvrière (FO), ainsi que la CFTC et la CFE-CGC) ont rencontré de Villepin à Matignon, la résidence officielle du premier ministre. La discussion d'une heure a signifié que les syndicats ont abandonné leur position selon laquelle il ne rencontrerait pas Villepin à moins que le gouvernement annonce le retrait du CPE.

Les syndicats ont tenté de présenter leur rencontre avec Villepin comme une façon d'augmenter la pression sur le gouvernement pour qu'il retire le CPE. Le gouvernement, toutefois, a déclaré à maintes reprises qu'il ne reculerait pas sur sa loi. Son appel à la négociation faisait référence à la possibilité de revoir certains aspects du CPE, tel la durée de la «période d'essai» au cours de laquelle les travailleurs peuvent être congédier sans justification. Le fait que les syndicats aient accepté de rencontrer le premier ministre dans ces circonstances est une indication de leur objectif final: isoler et mettre un terme au mouvement de masse dirigé par les étudiants.

Toute la «gauche» française (les syndicats, le Parti socialiste et le Parti communiste stalinien) ont réagi avec alarme à l'éruption des manifestations anti-CPE et à l'opposition de masse au gouvernement. Ces organisations font tout en leur pouvoir pour empêcher que le mouvement de protestation ne se développe en une confrontation ouverte avec le gouvernement de Villepin et son programme de droite. Aucun effort n'est ménagé pour empêcher que le mouvement de masse prenne un caractère indépendant. Les organisateurs ont limité la portée des demandes des manifestations de masse au seul retrait du CPE et ont cherché à restreindre leur rôle à celui de faire pression sur le gouvernement.

La perspective politique des dirigeants étudiants n'est pas différente de celle des dirigeants syndicaux. Bruno Julliard, le dirigeant de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), la plus importante organisation étudiante par le nombre, est membre du Parti socialiste. Moins ouverts à l'idée de dévoiler leur affiliation politique que les dirigeants syndicaux, plusieurs des dirigeants du mouvement étudiant ont des liens étroits avec les sociaux-démocrates et avec les staliniens. Les dirigeants des organisations étudiantes ont rencontré douze syndicats hier matin, juste avant les pourparlers avec Villepin. Selon le Nouvel Observateur, les dirigeants étudiants et syndicaux ont déclaré après leur rencontre que Villepin aurait dû rencontrer toutes leurs organisations, pas seulement les cinq organisations syndicales qu'il a invitées.

La rencontre de Villepin avec les syndicats s'est terminée sans accord et les dirigeants syndicaux ont exprimé leur désappointement. François Chérèque, le dirigeant de la CFDT a dit que le pays était dans une situation de violence et que le premier ministre devrait faire un geste et retirer le CPE. Il a ajouté que les dirigeants syndicaux avaient essayé d'expliquer la situation à Villepin qui ne semblait pas comprendre.

Villepin a décrit la discussion comme «importante». «C'est une première étape» a-t-il déclaré, ajoutant qu'il fallait «trouver des solutions constructives» ensemble. Il a proposé une autre rencontre avec les syndicats la semaine prochaine.

À Bruxelles où il participe à un sommet de l'Union européenne, le président français Jacques Chirac a déclaré qu'il avait «une confiance complète dans les organisations syndicales, professionnelles et de jeunes pour avoir un dialogue social responsable et raisonnable».

La confiance de Chirac dans l'aide que lui procureront les syndicats était secondée par sa détermination à ne pas retirer le CPE. Il a déclaré «que l'on n'a pas à [lui] donner d'ultimatum. Quand une loi a été votée par le Parlement (...) elle doit être appliquée».

Le président a aussi fait mention la violence lors des manifestations des étudiants de jeudi à Paris et dans d'autres villes qui s'est soldée par 630 arrestations et des douzaines de blessés. Il y a eu un total de 1420 arrestations en lien avec le mouvement pour le retrait du CPE. Chirac a déclaré qu'il avait donné l'ordre au gouvernement que les casseurs soient «poursuivis et punis avec toute la sévérité nécessaire».

Les incidents violents qui se sont produit lors des manifestations contre le CPE ont été utilisés par le gouvernement et les médias de droite pour discréditer le mouvement et justifier encore plus de répression policière. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a déclaré hier que «Les manifestations que nous connaissons depuis quelques semaines sont en train de changer de visage» et qu'il avait demandé à la police de préparer des escouades spéciales pour arrêter les «casseurs» dans les rangs des manifestants.

Les commentaires de Chirac et Sarkozy sont une menace inquiétante que la répression policière sera durcie. Les CRS, la police anti-émeute française, a déjà attaqué les manifestations avec des gaz lacrymogènes, des canons à eau et à la matraque. À Paris, la police a tiré sur les jeunes avec des fusils à peinture pour les marquer lors des manifestations de jeudi dernier. Cyril Ferez, un travailleur des télécommunications de 39 ans et père d'un garçon de six ans, est toujours dans le coma après que, supposément, les CRS l'aient frappé à la tête avec des matraques avant de sauter à pieds joints sur lui.

À Bruxelles, répondant aux journalistes qui lui ont demandé comment ces collègues de l'Union européenne avaient réagi aux manifestations, Chirac a dit qu'ils lui avaient «donné leur appui».

Sur la question des CPE, toute l'élite dirigeante européenne s'est rangée derrière Chirac et Villepin. Les gouvernements européens, tant les conservateurs que les sociaux-démocrates, sont très conscients de la signification internationale du mouvement qui se développe en France et craignent que de tels mouvements de masse se développent en opposition à leurs propres réformes de droite.

«La France est le canari du mineur de la société européenne moderne» a commenté William Pfaff dans le International Herald Tribune du 22 mars. «Les bouleversements actuels en France sont le signe d'une résistance populaire plus large en Europe aux plus importants éléments du nouveau modèle de l'économie de marché, à l'affaiblissement de la place de l'employé dans l'ordre du monde des affaires où la vie des employés est délibérément précaire».

La nervosité des collègues européens de Chirac par rapport au mouvement d'opposition au CPE démontre le caractère international des protestations des étudiants et des travailleurs. L'élite dirigeante française, comme ces pairs internationalement, a été poussé par les processus de la mondialisation capitaliste à imposer de dures réformes pro-marché, y compris les privatisations, les coupes dans les services sociaux et les dépenses sociales et les attaques contre les salaires et les conditions de vie des travailleurs.

Ces mesures, mises en place par les différents gouvernements sociaux-démocrates et gaullistes, ont rencontré une opposition déterminée et souvent militante de la part de la classe ouvrière. La lutte contre la loi du contrat premier emploi est la continuation et l'approfondissement d'une série de luttes en France depuis une décennie contre les efforts de l'establishment politique de démanteler les gains sociaux concédés à la classe ouvrière dans la période d'après-guerre.

En 1995, un mouvement de grève de masse a explosé en réponse aux attaques du premier ministre gaulliste Alain Juppé contre les programmes sociaux et les retraites, bénéfices et conditions de travail des travailleurs du secteur public. Au zénith de la grève de trois semaines, environ 2,3 millions de travailleurs ont participé à plus de 250 manifestations à travers le pays.

De grandes sections de la classe ouvrière ont ensuite résisté aux réformes en faveur du libre marché du successeur de Juppé, le Parti socialiste de Lionel Jospin, qui a lancé une série de privatisations et de coupes des dépenses sociales. Jospin s'est tant attirée l'hostilité de larges sections de travailleurs entre 1997 et 2002 qu'il a fini troisième dans les élections présidentielles de 2002 avec seulement 15,9 pour cent du vote, derrière Chirac et le dirigeant du Front national Jean-Marie Le Pen.

En 2003, les travailleurs français ont protesté encore une fois par millions contre les attaques sur les retraites et le système public de l'éducation par le gouvernement de droite du premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

Dans tous ces cas, malgré que les travailleurs ordinaires aient fait la preuve de leur militantisme et de leur détermination à lutter, les mouvements de masse ont été trahis et finalement supprimés après que les syndicats aient réussi à monter tant bien que mal des ententes avec les différents gouvernements. Les demandes fondamentales soulevées dans chacune des luttes n'ont pas été rencontrées et, l'initiative passant à la droite, d'autres attaques contre la position sociale de la classe ouvrière ont été mises de l'avant.

Il manque à la classe ouvrière en France un élément crucial pour avancer ses propres intérêts: un leadership socialiste indépendant. La leçon fondamentale que les travailleurs et les jeunes doivent tirer des échecs des précédentes luttes est la banqueroute totale des vieilles bureaucraties nationalistes et réformistes et la nécessité de lutter pour une nouvelle perspective.

Le gouvernement Villepin doit tomber, mais le remplacer par la face «gauche» de l'establishment politique français, les partis socialiste et communiste, ne va rien résoudre. La cause des attaques de Villepin contre la classe ouvrière et les jeunes est la faillite historique du système capitaliste lui-même, et c'est seulement sur la base d'un mouvement de masse international de la classe ouvrière que ces attaques pour être défaites.

Un tel mouvement cherchera à réorganiser entièrement la vie sociale et économique, en mettant les leviers de l'économie sous propriété publique et démocratique, organisés sur une base rationnelle et internationale pour offrir un emploi sûr et des conditions de vie décentes pour tous. La classe ouvrière en Europe doit s'unir contre les politiques capitalistes de l'Union européenne sur la base de son propre programme, les États-Unis socialistes d'Europe.

C'est la perspective pour laquelle lutte le Comité international de la Quatrième Internationale et son quotidien en ligne, le World Socialist Web Site. La construction d'une section du CIQI en France est maintenant la tâche la plus urgente.

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