World Socialist Web Site www.wsws.org

WSWS : Nouvelles et analyses : États-Unis

Cinq ans depuis le 11 septembre : un bilan politique

Deuxième partie

Par David North
13 septembre 2006

Retour | Ecrivez à l'auteur

Voici la deuxième partie d’un rapport prononcé par David North, président du bureau de rédaction international du World Socialist Web Site et secrétaire national du Parti de l’égalité socialiste aux Etats-Unis, lors d’une réunion du PES qui a eu lieu le week-end du 9 et 10 septembre.

La première partie de ce rapport a été mise en ligne mardi le 12 septembre. La troisième et dernière partie de ce rapport sera mise en ligne le jeudi 14 septembre.

Les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak

L’administration Bush a réagi aux événements du 11 septembre en déclenchant une « guerre au terrorisme. » Un mois seulement après l’attaque du 11 septembre, l’administration Bush débutait l’invasion de l’Afghanistan, justifiant cet acte sur la base que le gouvernement taliban avait fourni refuge à Oussama ben Laden et al-Qaïda. Dans leur fol enthousiasme pour la guerre, les médias n’ont pas trouvé intéressant d’enquêter sur l’histoire de l’implication américaine en Afghanistan, ses relations avec les taliban, le rôle des États-Unis et leur défense des activités de ben Laden, ou la création d’al-Qaïda.

Le fait que les événements du 11 septembre pouvaient être reliés directement à la décision des États-Unis, durant l’administration de Jimmy Carter, d’encourager une insurrection islamique contre le régime appuyé par les Soviétiques à Kaboul n’était pas un sujet que les médias étaient prêts à explorer. Ainsi, durant les années 80, les insurgés islamiques en Afghanistan recevaient un important appui militaire et financier des États-Unis. Des représentants des moudjahidines avaient été invités dans le bureau ovale et acclamés par le président Reagan comme étant les équivalents moraux des pères fondateurs des États-Unis.

Ben Laden a commencé sa carrière terroriste comme élément de la CIA en Afghanistan. Et finalement, le mouvement taliban, qui a émergé du carnage financé par les États-Unis en Afghanistan, a pris le pouvoir au milieu des années 90 avec l’appui des États-Unis.

Quel était le véritable objectif de cette guerre ? En répondant à cette question, je me rappelle d’une scène au début du film Reds, un drame biographique du grand journaliste radical John Reed. Celui-ci vient juste de revenir de l’Europe, où il couvrait la soi-disant Grande Guerre (la Première Guerre mondiale était appelée ainsi à l’époque). Assistant à une réunion du Liberal Club à Portland, la ville natale de Reed située en Oregon, il est appelé sur la tribune pour exposer ce qu’il a vu de la guerre.

Le président du Liberal Club demande à Reed d’expliquer l’enjeu de la guerre en Europe. Reed observe l’auditoire, et répond simplement : « Les profits » et il se rassoit.

On pourrait donner une explication tout aussi concise de la guerre en Afghanistan, mais ici la simple réponse serait « Le pétrole. » Comme l’a expliqué le WSWS le 9 octobre 2001, dans une déclaration intitulée « Les raisons de notre opposition à la guerre en Afghanistan, »

 « La région de la Mer Caspienne, à laquelle l'Afghanistan fournit un accès stratégique, renferme environ 270 milliards de barils de pétrole, soit 20 pour cent des réserves recensées dans le monde. Elle contient aussi 20 billions de mètres cube de gaz naturel, soit environ un huitième des réserves de gaz de la planète.

 « Ces ressources critiques sont situées dans la région politiquement la plus instable du monde. En attaquant l'Afghanistan, en installant un régime soumis et en amenant de grandes forces militaires dans la région, les États-Unis cherchent à établir un nouveau cadre politique au sein duquel ils peuvent exercer un contrôle hégémonique. »

Les victoires rapides, quoique superficielles, qu’a réalisées l’armée américaine en Afghanistan en automne 2001, aboutissant à l’installation au pouvoir d’un ancien conseiller de la compagnie pétrolière Unocal, Hamid Karzaï, à la tête du nouveau régime fantoche à Kaboul, ont convaincu l’administration Bush qu’il n’y avait aucunes limites à ce qui pouvait être accompli par la force militaire. En octobre 2002, elle a dévoilé un plan national de sécurité basé sur la nouvelle doctrine de « guerre préventive », qui proclamait le droit et l’intention des États-Unis d’attaquer militairement tout pays qu’ils jugeraient être une menace potentielle à la sécurité américaine.

Accueillant pleinement la guerre comme instrument légitime de politique étrangère, applicable dans un grand nombre de situations n’exigeant pas d’autodéfense immédiate et directe contre une attaque militaire imminente, la nouvelle stratégie de sécurité nationale a placé à la base de la politique étrangère des États-Unis des conceptions dénoncées comme étant criminelles par le Tribunal de Nuremberg sur les crimes de guerre en 1946.

La table était alors mise pour l’invasion de l’Irak, un pays dont le gouvernement n’avait rien à voir avec les événements du 11 septembre. Tout en fabriquant de toutes pièces des liens entre le régime de Saddam Hussein et al-Qaïda, le gouvernement américain a insisté principalement sur la présumée possession par l’Irak de soi-disant armes de destruction massive. Entre août 2002 et le début de l’invasion de l’Irak en mars 2003, le peuple américain a été soumis sans relâche à une campagne de propagande mensongère de la part du gouvernement et des médias.

Malgré l’orgie de propagande pro-guerre, une opposition populaire et internationale aux objectifs guerriers des États-Unis et de leurs alliés du gouvernement britannique a pu s’exprimer lors de démonstrations massives tenues à travers le monde en février 2003.

Le 20 mars 2003, les États-Unis déclenchèrent leur guerre. Un jour plus tard, le World Socialist Web Site déclarait :

« L'invasion non provoquée et illégale de l'Irak par les États-Unis est un événement des plus infâmes. Les criminels politiques à Washington qui ont lancé cette guerre, et les scélérats dans les mass médias qui se complaisent dans le bain de sang, ont couvert ce pays de honte. Des centaines de millions de gens dans tous les coins du monde sont horrifiés par le spectacle d'une puissance militaire brutale et débridée en train de pulvériser un petit pays sans défense. L'invasion de l'Irak est une guerre impérialiste dans le sens classique du terme: un vil acte d'agression perpétré dans l'intérêt des sections les plus réactionnaires et rapaces de l'oligarchie financière et industrielle américaine. Son but ouvert et immédiat est l'établissement d'un contrôle sur les grandes ressources pétrolières de l'Irak et la réduction de ce pays longtemps opprimé à un protectorat colonial des États-Unis. ...

 « La guerre elle-même représente la faillite totale de la démocratie américaine. Une petite clique de conspirateurs politiques, munis d'un projet caché et arrivés au pouvoir sur la base de la fraude, a jeté le peuple américain dans une guerre qu'il ne comprend pas et ne désire pas. Mais il n'existe absolument aucun mécanisme politique en place par lequel pourrait s'exprimer l'opposition à la politique de l'administration Bush, c'est-à-dire à la guerre, à la violation des droits démocratiques, à la destruction des services sociaux et à l'assaut sans relâche sur le niveau de vie de la classe ouvrière. Le parti démocrate, cadavre puant du libéralisme bourgeois, est profondément discrédité. Des masses de travailleurs se retrouvent sans la moindre représentation politique. »

Le WSWS déclarait en conclusion,

« Le vingtième siècle n'a pas été vécu en vain. Ses triomphes et ses tragédies ont légué à la classe ouvrière des leçons politiques qui n'ont pas de prix, dont la plus importante est la compréhension de la signification et des implications de la guerre impérialiste. Celle-ci est avant tout la manifestation de contradictions nationales et internationales qui ne peuvent trouver une issue par les voies «normales». Quel que soit le résultat du stade initial du conflit qui a commencé, l'impérialisme américain a pris un rendez-vous avec le désastre. Il ne peut conquérir le monde. Il ne peut réimposer des chaînes coloniales aux masses du Moyen-Orient. Il ne trouvera pas dans la guerre une solution viable à ses maladies internes. Au contraire, les difficultés imprévues et la résistance montante engendrées par la guerre vont intensifier toutes les contradictions internes de la société américaine. »

La bourgeoisie et ces apologistes proclament sans cessent que le marxisme a échoué.  La réfutation de ces prétentions ne requiert qu’une comparaison entre l’analyse faite par le World Socialist Web Site des événements contemporains, sur la base de la méthode marxiste, à celle offerte par les dirigeants du monde impérialistes. Le premier mai 2003, le président Bush proclamait, à bord d’un porte-avions américain, que la mission américaine en Irak était accomplie.  En réalité, le désastre annoncé par le WSWS ne faisait que commencer.

 

Cinq ans de « guerre au terrorisme »

Trois ans après l’invasion de l’Irak, la soi-disant « guerre au terrorisme » proclamée par l’administration Bush est en complète déroute. La campagne d’Irak — l’opération centrale de la guerre globale proclamée par Bush au lendemain du 11 septembre — a été un échec militaire et politique. Il est démontré que l’invasion débutée avec le nom de code « choc et stupeur » n’a été que « choquante » par le degré d’incompétence et de stupidité qui a caractérisé la gestion de cet exercice misérable.  A en juger par le niveau de l’insurrection, l’administration Bush a grossièrement surestimé la capacité de l’armée américaine d’imposer la crainte et d’intimider les masses irakiennes.

Le projet hégémonique lancé par l’administration Bush a souffert de revers majeurs en Irak. À l’exclusion de l’entourage immédiat de Bush à la Maison-Blanche, l’invasion de l’Irak et son occupation sont considérées quasi universellement comme un désastre opérationnel et stratégique. L’appréciation dominante de l’intervention américaine en Irak est résumée dans le titre d’un nouveau livre sur la guerre : Fiasco.

Plus de 2600 soldats américains ont perdu la vie en Irak. Le nombre d’Irakiens tués en conséquence de la violence provoquée par l’invasion américaine est environ de 100 000. Malgré les brutales campagnes d’apaisement entreprises par l’armée américaine, tous les indices objectifs indiquent que l’insurrection continue à croître.

En plus du nombre horrible de morts — plus de mille Irakiens sont tués chaque mois à Bagdad seulement —, l’impact économique de l’invasion et la résistance qu’elle provoque ont eu un impact dévastateur. Les attentes de l’administration Bush qu’un flot ininterrompu de pétrole irakien financerait le coût de la guerre n’ont pas, comme tant d’autres calculs du gouvernement américain, survécu à leur contact avec la réalité. Depuis l’invasion de l’Irak, les insurgés ont réalisé plus de 700 attaques contre des installations pétrolières. Selon une étude produite par l’analyste militaire Anthony Cordesman du Center for Strategic and International Studies [Centre d’études stratégiques et internationales],

« La production de pétrole a diminué de 8 pour cent en 2005 et la quantité de pétrole transportée par le pipeline du nord de l’Irak vers Ceyhan en Turquie est passé de 800 000 barils par jour avant la guerre à 40 000 barils par jour en 2005. En juillet 2005, les responsables irakiens estimaient que les attaques des insurgés avaient déjà coûté environ 11 milliards $ à l’Irak. Ils ont empêché la production de pétrole d’approcher le but de 3 millions de barils par jour en 2005 que s’était fixé la coalition après la chute de Saddam Hussein et la production est tombé du niveau de production qu’il était avant la guerre, environ 2,5 millions de barils par jour, à 1,83 million de barils par jour en 2005 et au niveau de seulement 1,57 million de barils par jour en décembre 2005. Ces succès ont eu un impact majeur sur un pays où 94 pour cent des revenus gouvernementaux directs proviennent des exportations de pétrole. » [Iraq’s Evolving Insurgency and the Risk of Civil War, p. viii]

La façon dont la guerre est conduite a exposé la stupidité et l’incompétence presque insondables du président et des personnalités clés de son administration. L’évaluation par Cordesman de la planification faite avant l’invasion et de la façon dont la guerre a été subséquemment conduite est une accusation inouïe de toute l’administration. Dans son rapport publié le 22 juin 2006, on peut lire :

« On a beaucoup parlé de l’échec des services du renseignement à bien évaluer les armes de destruction massive en Irak. Ces échecs semblent insignifiants, toutefois, si on les compare avec l’échec des planificateurs de la politique et de l’armée américaines à évaluer précisément la situation globale en Irak avant de commencer la guerre et le risque d’une insurrection si les Etats-Unis n’entreprenaient pas un mélange effectif de construction de la nation et d’opérations stabilisatrices. Cet échec ne peut pas être de la responsabilité de la communauté du renseignement. C’était de la responsabilité du président, du vice-président, du conseiller en sécurité nationale, du secrétaire d’Etat, du secrétaire à la Défense et du président des états-majors.

« Ils avaient tous la responsabilité d’intégrer une équipe de faiseurs de politique, de planificateurs militaires, d’experts du renseignement et d’experts sur la région pour fournir un portrait aussi précis que possible de l’Irak et des conséquences d’une invasion. Chacun a échoué à exercer sa responsabilité. Les principaux faiseurs de politique du pays ont choisi d’agir sur la base d’un point de vue hautement idéologique et limité de l’Irak qui a fait les préparatifs en fonction d’une définition très optimiste du succès, mais pas du risque ou de l’échec. 

« Il n’y a pas eu de véritable planification pour des opérations de stabilisation. Les principaux faiseurs de politiques n’ont pas voulu s’engager dans la construction de nation et ont choisi de croire qu’enlever le pouvoir à Saddam Hussein laisserait le gouvernement irakien fonctionnel et intact. Des plans ont été faits sur la base que des éléments importants des forces armées irakiennes se rangeraient aux côtés des forces de la coalition, resteraient passifs ou n’opposeraient qu’une résistance pour la forme.

« Il n’y a pas eu de véritable considération portée à la question de la continuité du gouvernement ou à la stabilité et la sécurité dans les principales villes de l’Irak et dans toute la campagne. Des décennies d’importantes tensions sectaires et ethniques ont été minimisées ou ignorées. Les actions du régime de Saddam Hussein qui ont empêché le développement économique de l’Irak depuis le début de la guerre entre l’Iran et l’Irak — à une époque où l’Irak ne comptait que 17 ou 18 millions de personnes — ont été ignorées. On a supposé que l’Irak était un pays exportateur de pétrole sain dont l’économie se remettrait rapidement sur pied si les puits de pétrole n’étaient pas incendiés et que l’Irak se transformerait au même moment en une structure capitaliste moderne. » [xv-xvi]

Dans ce texte, Cordesman accuse les dirigeants de l’Etat américain, le président Bush, le vice-président Cheney, le secrétaire d’Etat Colin Powell (qui détenait ce poste à l’époque de l’invasion), l’ancienne conseillère à la sécurité nationale (et aujourd’hui secrétaire d’Etat) Condoleezza Rice, le secrétaire à la Défense Rumsfeld et le président des états-majors Richard Meyers (qui détenait ce poste lorsque l’invasion a commencé), de manquement au devoir ce qui, en contexte de guerre, être présenté comme de l’incompétence criminelle. Une telle accusation serait entièrement justifiée. Toutefois, il n’a pas expliqué comment une telle situation pouvait bien exister aux plus hauts échelons de l’Etat.

Si le véritable but de l’invasion américaine avait réellement été d’établir une démocratie stable en Irak, l’absence de toute planification sérieuse pour faire face à la situation que l’armée américaine rencontrerait après l’effondrement du régime de Saddam Hussein ne semble pas pouvoir trouver d’explication rationnelle. Toutefois, les échecs semblent beaucoup moins incompréhensibles lorsqu’ils sont analysés dans le contexte des véritables objectifs de guerre de l’administration Bush.

L’invasion de l’Irak ne visait pas à établir une démocratie ; elle avait pour but le pillage et le contrôle par les Etats-Unis des réserves de pétrole de l’Irak. Assurément, l’administration Bush a grossièrement sous-estimé ou n’a même pas sérieusement considéré, ce qui serait nécessaire de faire pour établir les conditions sociales et politiques minimales en Irak pour assurer le succès de l’opération de pillage des Américains. Mais, en dernière analyse, les échecs opérationnels et stratégiques de la guerre en Irak sont enracinés dans la nature et les buts fondamentaux de l’entreprise. L’administration Bush n’a pas lancé cette guerre pour reconstruire l’Irak, mais pour violer le pays.

La catastrophe irakienne n’est pas que l’échec d’un plan militaire. C’est un échec complet et systémique de toutes les branches du gouvernement, des deux partis politiques sous contrôle de la grande entreprise, des médias et de tout le système de domination de classe au sein duquel ceux qui prennent les décisions affectant les vies de millions de personnes, dans leur propre pays et au-delà de leurs frontières, fonctionnent dans un environnement qui n’impose sur eux que très peu de contraintes démocratiques ou d’imputabilité au peuple, ni ne les rend imputables des conséquences de leurs actes.

Cinq ans ont passé depuis le début de la « guerre au terrorisme ». Cela représente une période de temps plus grande que la Guerre de 1812 (trois ans), la Guerre civile (quatre ans), la Guerre américano-espagnole (plusieurs mois), l’implication des Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale (une année et demie), la participation américaine dans la Deuxième Guerre mondiale (moins de quatre ans et la soi-disant action policière en Corée (trois ans). Clairement, cette nouvelle guerre, en terme de durée, est déjà un événement important dans l’histoire des Etats-Unis. Cela implique qu’il est encore plus remarquable que l’administration Bush tente toujours d’expliquer ce que la « guerre au terrorisme » signifie vraiment. Même après le passage d’une demi-décennie, le gouvernement n’est toujours pas capable de concocter une explication plausible, ne disons même pas rationnelle, de la raison pour laquelle il se bat et contre qui ou quoi il se bat.

Dans un des discours que Bush a donné depuis deux semaines visant à rallier le soutien à la guerre, il a proclamé : « La guerre que nous faisons aujourd’hui est plus qu’un conflit militaire ; c’est la lutte idéologique décisive du 21e siècle. »

En lisant ces mots, on ne peut s’empêcher de se demander comment la lutte idéologique que mène l’administration Bush se développe dans les faits.

La « guerre au terrorisme » a, dès les tous premiers jours, été accompagnée de tentatives de miner et de détruire toute la structure des droits démocratiques garantis par la constitution qui est l’héritage de l’idéologie véritablement démocratique qui a inspiré les dirigeants de la Révolution américaine au 18e siècle. Les principes que l’administration Bush met en œuvre sont ceux d’une dictature naissante. Ils ont été le plus clairement énoncés non seulement dans les paroles de tels défenseurs de la tyrannie présidentielle que sont Antonin Scalia et Clarence Thomas, mais aussi dans les actes de l’armée américaine et le personnel des agences du renseignement dans les chambres de torture d’Abou Ghraib et dans les prisons secrètes de la CIA, dont l’existence a maintenant été publiquement reconnue par Bush près de cinq années après leur mise en place.

La tentative de Bush de défendre sa « guerre au terrorisme » regorge des plus évidentes et absurdes contradictions. Par exemple, il a dit le 31 août,

« Pour comprendre la guerre se déroulant au Moyen-Orient, nous devons regarder l’histoire récente de la région. Pendant un demi-siècle, le premier objectif des Etats-Unis dans la région était la stabilité. C’était compréhensible à l’époque ; nous combattions l’Union soviétique dans la Guerre froide ; et il était important de soutenir les gouvernements du Moyen-Orient qui rejetaient le communisme. Toutefois, avec des dizaines d’années, un courant sous-marin de danger s’est développé au Moyen-Orient. Une grande partie de la région était embourbée dans la stagnation et le désespoir. Une génération de jeunes gens a grandi sans grand espoir d’améliorer la vie et plusieurs se sont laissé séduire par l’extrémisme radical. Le mouvement terroriste multipliait le ressentiment qui a mijoté pendant des années et qui explosait en violence à travers le monde. »

Ce que Bush semble dire, et il a raison en cela, c’est que l’émergence de mouvements terroristes au Moyen-Orient est le résultat des mesures répressives que les Etats-Unis ont mises en œuvre pendant plus d’un demi-siècle durant sa lutte contre la croissance de l’influence du communisme et du socialisme au sein des masses.

En passant, Bush a cité en tant qu’exemple de la croissance de l’extrémisme, le kidnapping des otages américains en Iran, alors qu’il n’a pas dit que cela s’était produit au milieu d’une révolution qui venait juste de renverser une dictature militaire et policière qui avait pris le pouvoir en conséquence d’un coup antidémocratique organisé par la CIA en 1953.

Si l’on met les assertions démagogiques de l’administration Bush de côté, le véritable objectif de la « guerre au terrorisme » demeure l’établissement de l’hégémonie mondiale des Etats-Unis. Peu importe les échecs et les reculs subis depuis 2001, l’objectif de la « guerre au terrorisme » est toujours la domination mondiale. C’est la perspective non seulement de l’administration Bush, mais aussi de toutes les factions importantes, démocrates tout autant que républicaines, de l’establishment politique.

Les roulements de tambours de la guerre en Iran gagnent en puissance tous les jours, même si les conséquences d’une telle guerre seront catastrophiques. Une attaque de l’Iran par les Etats-Unis mettrait en mouvement un cataclysme de dimension mondiale. Qu’une telle action puisse seulement être considérée, alors même que les Etats-Unis doivent comprendre les conséquences du fiasco en Irak, est une indication de l’état d’esprit désorienté et délirant qui existe aux plus hauts échelons de l’Etat américain.

Il est nécessaire d’analyser les conditions sociales et matérielles de la société américaine qui ont produit ce niveau de témérité.

A suivre

(Article original anglais paru le 12 septembre 2006)

Untitled Document


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés