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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Des étudiants britanniques incarcérés pour possession de littérature « extrémiste »

Par Chris Talbot
21 août 2007

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Quatre étudiants de l’université de Bradford âgés de 20 ans et un lycéen de 19 ans ont été emprisonnés après avoir été jugés à l’Old Bailey, la cour pénale de Londres, pour possession sur leurs ordinateurs de matériel dit « glorifiant le terrorisme islamique ». Aitaza Zafar, Usman Malik et Awaab Iqbaal ont été condamnés à trois ans de prison chacun, Akbar Butt à 27 mois d’emprisonnement et le lycéen, Mohammed Irfan Raja, à une peine d’emprisonnement de deux ans dans un centre pour jeunes délinquants.

Le climat créé par les politiciens et les médias après les tentatives d’attentats à la bombe de Londres et de Glasgow au début de ce mois est tel qu’il n’y a eu que très peu d’opposition de la part des médias à ces mesures dignes d’un Etat policier, à savoir l’emprisonnement de ces jeunes pour avoir tout simplement téléchargé une documentation librement disponible sur l’Internet.

Cette affaire est la première condamnation en vertu du Terrorism Act 2000, loi contre le terrorisme, pour possession de matériel utile au terrorisme.

Raja s’était enfui de chez lui, à Londres, à l’âge de 17 ans en laissant à ses parents une note disant : « Si ce n’est ici [dans ce monde], nous nous reverrons dans le [jardin du paradis] ». Selon l’acte d’accusation, il projetait d’aller combattre en Afghanistan après avoir reçu un entraînement au Pakistan et c’est pour cette raison qu’il avait rejoint les quatre étudiants à Bradford. On ne dispose d’aucune preuve sérieuse pour affirmer que ce n’était pas juste une lubie d’adolescent.

Ses parents lui avaient parlé au téléphone et l’avaient persuadé de rentrer à la maison au bout de trois jours. L’on rapporte que Raja avait été déprimé et qu’il avait discuté sur Internet du fondamentalisme islamique avec les étudiants de Bradford. Ses parents avaient contacté la police et Raja aurait avoué lors de plusieurs entretiens son désir de lutter pour « des causes musulmanes à l’étranger ». Il avait orienté la police vers les étudiants de Bradford qui furent interpellés pour avoir ce matériel extrémiste sur leurs ordinateurs.

L’un des étudiants, Atizaz Zafar, a été interviewé par la BBC Radio 4 dans leur émission Today. A la question de savoir si le « matériel jihadiste incendiaire » qu’il avait téléchargé n’était pas un signe d’intention terroriste, Zafar a dit qu’il « faisait des recherches sur sa religion, et en étudiait tous les aspects. » Il était devenu plus « conscient politiquement » en tant qu’étudiant et « la recherche l’avait conduit à différents sites et endroits. » L’interviewer insista sur la question de savoir pourquoi il possédait une « documentation  abominable », dont la vidéo d’une décapitation. Zafar dit qu’il avait téléchargé un fichier zip contenant plus de 200 documents. « Je ne les ai pas tous lu et au tribunal, ils ont pris grand soin de choisir un seul document, et un paragraphe bien précis. » A la question de savoir pourquoi il avait sur son ordinateur une copie du « manuel du terroriste », il dit être allé sur un chat room pour discuter de la religion musulmane et de la politique et qu’il s’agissait d’un des fichiers qu’on lui avait envoyés, « les gens vous envoient toute sorte de choses. »

Des reportages sur le procès disent que les cinq jeunes étaient entrés en contact avec un Britannique dénommé Imran qui leur avait dit en ligne comment aller au Pakistan sans être repéré. Un certain « Brother Ali » à New Jersey fut également mentionné qui avait dit à Raja de contacter les étudiants de Bradford. Il n’est pas été inscrit dans le dossier si l’un de ces hommes leur avait envoyé le fichier zip ou le « manuel du terroriste ». Ces derniers n’ont pas été non plus cités comme témoins et aucune explication n’a été fournie sur les raisons pour lesquelles ils n’ont pas été arrêtés. Ce n’est guère un secret que de tels chat room peuvent être utilisés par des provocateurs et les services secrets.

Il règne vraiment une inquiétude dans les milieux de l’establishment quant à la manière dont les droits démocratiques sont bafoués dans de telles affaires. David Livingstone, membre associé à la sécurité internationale à Chatham House, qui abrite l’Institut royal des affaires internationales (RIIA) de Londres, a comparu comme témoin de la défense lors du procès. Il a déclaré à l’émission Today qu’il n’existait pas de preuve que les cinq jeunes gens avaient projeté d’entreprendre une attaque terroriste. Ces poursuites judiciaires pourraient « radicaliser » les jeunes Musulmans « de par la perception d’un sentiment d’injustice », a-t-il dit.

Déclarant que les jeunes préparaient un « mauvais coup », Livingstone dit, « Si on doit poursuivre en justice toutes les affaires malveillantes, on finira par engorger le système judiciaire et il est clair qu’il faudra construire davantage de prisons. »

Livingstone a appelé à recourir à la méthode traditionnelle de la discussion pour traiter avec des étudiants qui sont attirés par le fondamentalisme islamique, « plutôt que d’utiliser la lourdeur de l’instrument massue du système judiciaire. »

Toutefois, au plus haut niveau des milieux politique, judiciaire et policier on est bien déterminés à recourir à la peur d’attaques terroristes non seulement pour utiliser de telles mesures draconiennes mais pour en mettre d’autres en place.

Le premier ministre Gordon Brown a dit qu’il a l’intention, lors de la prochaine session parlementaire, de prolonger la durée de 28 jours de la garde à vue, durant laquelle la police peut détenir un suspect sans chef d’inculpation. Bien que la proposition d’une période de 90 jours ait été repoussée de justesse en 2005 lorsque Tony Blair l’avait soumise au parlement, Brown a appelé à une « consultation » pour prolonger la période de détention jusqu’à 56 jours en soutenant les revendications de la police selon lesquelles elle a besoin de davantage de temps pour consulter en détail les mémoires d’ordinateurs et réunir des preuves dans les affaires de terrorisme.

Brown a également annoncé son intention de former une « force unifiée des frontières » pour intensifier « la lutte contre le terrorisme » en créant une force en uniforme « hautement visible » qui intégrerait les agents d’immigration et les agents douaniers. Il appelle également à l’introduction d’une carte d’identité, en dépit d’une opposition de longue date de la part des défenseurs des droits humains. D’autres mesures comprendront une tentative de réunir le soutien de tous les partis pour l’utilisation d’interception du courrier électronique et des appels téléphoniques afin d’obtenir des éléments de preuve.

Brown a déclaré que la police et les services de sécurité traquent actuellement 2 000 individus, soit une augmentation de 400 au cours de ces neuf derniers mois. Les forces de sécurité affirment que quinze complots terroristes ont été découverts depuis le 11 septembre et qu’une trentaine d’autres sont en préparation.

Certaines indications sur le régime de plus en plus opprimant qui est en train d’être mis en place par la police et les services de sécurité en Grande-Bretagne et qui prend particulièrement pour cible les jeunes musulmans et les jeunes issus du sous-continent indien figurent dans le rapport rédigé par la police métropolitaine (de Londres) concernant les quatre premiers mois de 2007. En vertu des lois anti-terrorisme quelques 23 000 « arrestations et fouilles » ont été effectuées, soit une augmentation de 37 pour cent par rapport à l’année précédente. Seulement 27 arrestations ont eu lieu pour délit de terrorisme mais 242 autres arrestations ont été effectuées. Au moins 16 pour cent des personnes contrôlées étaient des personnes originaires du sous-continent indien contre 12 pour cent pour le reste de la population.

D’autres preuves que la « guerre contre le terrorisme » permet de balayer tout semblant de droits démocratiques ont été présentées dans un reportage diffusé par la télévision britannique Channel 4 montrant comment des prisonniers terroristes sont traités à la prison Franklin dans le Comté de Durham. Quelques 10 pour cent des détenus dans cette prison sont des musulmans et l’on rapporte que les chefs des trois principaux procès qui se sont déroulés en Grande-Bretagne l’année dernière s’y trouvent aussi.

Hussain Osman, l’un des condamnés pour l’attentat suicide à la bombe manqué, du 21 juillet 2005, aurait eu sa cellule mise à feu. Channel 4 a rapporté que cet incident s’était produit après que des menaces de mort auraient été émises contre Omar Khyam, condamné pour être le chef du groupe du soi-disant complot de la bombe à l’engrais d’avril dernier. L’on rapporte que Dhiren Barot, condamné en novembre dernier pour avoir planifié divers attentats à la bombe au Royaume et aux Etats-Unis aurait été ébouillanté. Barot souffre de brûlures profondes du troisième degré et qu’un surveillant de prison a décrites comme étant les pires qu’il ait jamais vues. Ces trois incidents ont tous eu lieu au cours de ces trois dernières semaines.

L’épouse d’Omar Khyam a dit à Channel 4 que les autorités de la prison avaient été averties auparavant : « Omar s’est finalement fait placer en isolement et, à peine quelques jours plus tard, Dhiren Barot a été attaqué, ce qui n’aurait pas dû arriver vu que la prison savait qu’il y avait des menaces. »

Selon des sources de Channel 4, il y a des fascistes parmi les détenus, des membres de Combat 18 ou des partisans du British National Party (Parti national britannique), et on trouve des croix gammées gribouillées sur les murs. Il s’était crée un conflit sur la question de savoir où les prisonniers musulmans feraient leurs prières.

(Article original paru le 31 juillet 2007)


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