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WSWS : Nouvelles et analyses : Économie mondiale

Economie mondiale: l’onde de choc du tarissement du crédit commence à faire des vagues

Par Nick Beams
28 août 2007

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Tandis que les marchés boursiers se stabilisent, du moins pour le moment, les effets du resserrement des conditions de crédits induits par la crise du marché du « subprime » (crédit hypothécaire à taux variable à risque) aux Etats-Unis se font à présent sentir dans les banques et les institutions financières ainsi dans que l’ensemble de l’économie.

Cette semaine, les retombées financières ont atteint la Grande-Bretagne où le groupe HBOS,  propriétaire de Halifax et de Bank of Scotland, a annoncé qu’il accorderait un crédit de 37 milliards de dollars à Grampian pour financer ses dettes ou celles de son véhicule Grampian Funding qui traite en prêts groupés (packaged loans) y compris les hypothèques, les cartes de crédit et les crédits voiture. La banque a déclaré maintenir le financement jusqu’à ce que la situation sur le marché financier s’améliore et atteigne un niveau acceptable.

En Allemagne, où deux banques, la banque IKB et la Sachsen LB, ont déjà été touchées par la crise de liquidité, il est évident que ces problèmes affectent profondément le système financier. Comme le remarquait un rapport publié lundi dans le Financial Times : « La Sachsen LB et la banque IKB ont beau être de petites banques, néanmoins l’impact de leur chute et l’embarras causé à la Bundesbank [la banque centrale allemande] ont dépassé les frontières allemandes. Les marchés financiers et les décideurs politiques en sont à se demander si d’autres crises bancaires menacent dans les coulisses et si les régulateurs [les banques centrales notamment] comprennent vraiment la situation. »

Selon Alexander Stuhlmann, le président du directoire de la banque WestLB, une autre banque régionale publique, la situation dans laquelle se trouvent les banques allemandes n’est pas « sans danger. » « Nous ressentons une réticence de la part de nos partenaires étrangers à accorder des crédits aux banques allemandes, » a-t-il précisé. « Si nous avons une crise bancaire en Allemagne, et que les autres pays nous tiennent à l’écart, alors d’autres banques auront également des difficultés. »

Le système bancaire allemand compte parmi les plus durement touchés par la crise hypothécaire en raison des habitudes pratiquées des années durant par les petites banques, notamment les banques régionales publiques à s’engager dans des opérations d’investissements financiers plus risquées dans l’espoir de contrecarrer les effets d’un marché national en baisse et les tensions d’une concurrence accrue. Alors que les principales banques régionales sont classées en dehors des 30 plus grandes banques européennes, elles figurent parmi les 30 premières à consentir des prêts titrisés.

Les problèmes existant dans le secteur bancaire ont provoqué des appels de la part des industriels pour que la Banque centrale européenne (BCE) annule une hausse du taux directeur prévue pour le mois prochain. Selon la Chambre de Commerce et d’Industrie allemande (DIHK), les banques avaient déjà resserré les modalités de prêt et augmenté le coût du crédit pour les petites entreprises.

En lançant un appel à la BCE de ne pas relever les taux, le chef de la Fédération allemande des Chambres de Commerce et d’Industrie, Axel Nitschke, a dit : « Ce à quoi nous assistons en ce moment sur les marchés du crédit va probablement avoir un effet majeur en freinant le dynamisme économique dans les prochains mois, non seulement en Allemagne mais de par le monde. » Il a dit que la DIHK avait reçu en juin des appels de détresse de la part d’entreprises allemandes de taille moyenne.

Les effets de secousse de la crise sur l’économie en général étaient également à l’origine des avertissements lancés par John Lipsky, responsable numéro deux du Fonds monétaire international (FMI). Parlant au Financial Times, le directeur général adjoint du FMI a mis en garde que les turbulences du marché financier allaient « sans doute freiner la croissance économique mondiale ». Alors que les soi-disant « marchés émergeants » avaient jusque-là résisté à la crise, ajouta-t- il, il serait « beaucoup trop optimiste » de penser qu’ils ne seront nullement touchés.

Il a dit qu’on ne verrait pas de si tôt la fin des turbulences actuelles en raison des incertitudes concernant les dégâts causés à la croissance économique. Il y aurait également des risques pour l’ensemble du système financier causés par le manque de transparence des banques quant à la véritable ampleur de leur exposition aux investissements à risque.

« Le manque de transparence peut créer des doutes se traduisant par une volatilité du marché, » a expliqué Lipsky. « Nous voyons que dans certains cas des institutions financières régulées s’engagent dans des risques hors bilan et qui ont des implications indirectes sur ces institutions. » Ceci a suscité des incertitudes quant au degré de risque encouru par ces institutions majeures et a contribué au tarissement de liquidités sur les marchés financiers.

En ce qui concerne l’économie dans son ensemble, la première crainte est que la dépression du marché immobilier américain ne conduise à une baisse des dépenses de consommation et au début d’une récession. Jeudi, le directeur général de Countrywide Financial Corporation, Angelo Mozilo, a attiré l’attention sur le fait que le marché de l’immobilier ne montrait aucun signe d’amélioration. Interrogé sur une éventuelle récession engendrée par la crise de l’immobilier, il a répondu : « Je pense qu’elle pourrait se produire… Je ne peux pas croire… que cela n’aura pas de conséquences tangibles. » La situation du marché immobilier américain est « très sérieuse » et cet environnement « est loin de s’améliorer. »

Les derniers chiffres et les études de ce secteur indiquent cette tendance. Le prix médian des maisons neuves est passé de 262 000 dollars en mars à 237 000 dollars en juin, soit une baisse de près de 10 pour cent en juste trois mois, alors que le stock de maisons invendues est équivalent à l’offre de 7,8 mois.

Selon les données de la société Realty Trac, le nombre de ménages en situation d’insolvabilité a augmenté de 58 pour cent au cours des six premiers mois de cette année. Au total, 573 397 propriétés ont fait l’objet d’une procédure de saisie durant la première moitié de l’année, y compris des avis de défaut de paiement, des avis de vente aux enchères ou de saisie par les prêteurs. Le nombre de procédures de saisie de logements pourrait passer à 2 millions d’ici la fin de l’année.

Comme l’indiquent les alertes sur les résultats (profit warnings) des grands groupes américains Wal-Mart Stores Inc, Home Depot (HD) et Macy’s, d’autres secteurs de l’économie ont également subi les contrecoups de la dépression du marché de l’immobilier. Les ventes de voitures en juillet ont été les plus faibles de ces neuf dernières années.

Certains des processus en jeu dans la crise hypothécaire et dans l’économie américaine en général ont été révélés dans un article publié lundi dans le New York Times sur les chiffres des revenus. Une analyse des statistiques sur les impôts a révélé qu’en 2005 le revenu moyen était encore inférieur de un pour cent à celui de 2000 après ajustement à l’inflation. C’est la cinquième année consécutive durant laquelle les salariés américains ont gagné moins d’argent que durant la période de pointe du dernier cycle de la croissance économique de 2000. C’est là une « expérience totalement nouvelle » de la période d’après-guerre durant laquelle on a observé tous les ans une augmentation de l’ensemble des revenus figurant sur les déclarations d’impôts, et ce jusqu’en 2001 à l’exception d’une seule année.

Ces statistiques expliquent les raisons pour lesquelles la bulle de l’immobilier qui a joué un rôle décisif dans la croissance de l’économie américaine depuis la récession de 2000-2001, était vouée à l’effondrement. Alors que les prix de l’immobilier et les dépenses de consommation en général enregistraient une hausse en raison de l’expansion des crédits et de la baisse des taux d’intérêts, le revenu réel de la grande majorité de la population laborieuse aux Etats-Unis allait dans la direction opposée en créant les conditions d’un phénomène appelé « crise des ciseaux. » A présent, l’éclatement de la bulle a mis en marche des forces économiques susceptibles de plonger dans une récession non seulement l’économie américaine mais aussi l’économie mondiale dans son ensemble.

(Article original paru le 24 août 2007)


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