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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le CIQI organise un rassemblement à la mémoire de Raveenthiranathan Senthil Ravee

Par Antoine Lerougetel
19 avril 2007

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Le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) a organisé un rassemblement le 15 avril à la mémoire de Raveenthiranathan Senthil Ravee (Senthil), membre du CIQI basé à Londres, qui a perdu la vie dans un accident de la route le 28 février dernier. Plus de 100 personnes, dont beaucoup issues de l’importante communauté tamoule de Paris, ont assisté à ce rassemblement qui se tenait au centre FIAP Jean Monnet à Paris.

Ont pris la parole à ce rassemblement Amuthan, rédacteur en chef de la page tamoule du World Socialist Web Site, ainsi que d’autres membres dirigeants du CIQI dont Wije Dias, secrétaire national du Parti de l’égalité socialiste (SEP) sri-lankais, Chris Marsden du SEP britannique et Peter Schwarz du SEP allemand.

Derrière la tribune étaient tendues deux grandes banderoles sur lesquelles il y avait une photo de Senthil, accompagnée d’un poème en tamoul, écrit pour la circonstance par un camarade indien. Ecrit en caractères tamouls le poème disait « Senthil s’est battu pour la révolution socialiste mondiale. C’était le souffle de sa vie. Nous continuons cette révolution. Le souffle de Senthil se fait toujours sentir et nous continuons. »

Le rassemblement était présidé par Stéphane Hughes qui a salué l’épouse de Senthil, Anparasi ainsi que Chelyan, ami proche et camarade de Senthil, encore en convalescence après les blessures subies dans l’accident.

Le rassemblement a commencé par une minute de silence en l’honneur de Senthil.

Les intervenants ont fait remarquer que les personnes assistant à ce rassemblement venaient de quatre continents, d’Europe, d’Asie, d’Australie et d’Amérique du nord. C’est la marque, ont-ils dit, de l’internationalisme de Senthil et du CIQI, dont il était un membre apprécié. Avec sa disparition, la classe ouvrière a perdu un dirigeant important. Mais, ont fait remarquer plusieurs intervenants, sa vie sera une inspiration pour les jeunes militants révolutionnaires.

Amuthan a mis l’accent sur le fait qu’il fallait appréhender la vie et le développement politique de Senthil dans son contexte historique. « Senthil faisait partie de cette génération qui a payé le prix fort pour la trahison du Lanka Sama Samaja Party (LSSP), l’ancien parti trotskyste du Sri Lanka qui entra dans un gouvernement capitaliste en 1964, devenant ainsi un allié de la bourgeoisie nationale », dit-il.

D’autres intervenants ont rendu hommage au fait que, jeune Tamoul, Senthil avait fait l’expérience de la répression raciste terrible des Tamouls, mais qu’il s’était opposé à une perspective nationaliste, qui disait prendre la défense du peuple tamoul mais ne se souciait pas du sort des travailleurs d’autres nationalités. Il était devenu un internationaliste socialiste au contact du CIQI et un acteur de l’émancipation de la classe ouvrière en France, en Grande-Bretagne et en Inde.

Senthil, ont-ils dit, se consacrait inlassablement à l’examen des questions historiques pendant les années 1990, époque où la confusion politique entravait le développement d’une conscience révolutionnaire parmi les masses.

Amuthan a rappelé maintes discussions qu’il avait eues avec Senthil sur la question d’une issue progressiste pour les travailleurs tamouls et sur «comment arrêter la guerre.» Lorsque Senthil avait commencé ses discussions avec le CIQI il avait réussi à comprendre le rôle des organisations nationalistes et anti-ouvrières au Sri Lanka. La perspective internationaliste du Comité international avait éveillé des craintes dans les organisations staliniennes de l’île. Ainsi le Groupe littéraire stalinien tamoul en France avait publié un pamphlet intitulé « Danger trotskyste au Sri Lanka. »

Senthil qui avait compris les perspectives internationales du CIQI disait souvent, “le problème sri-lankais ne commence pas au Sri Lanka, et sa résolution ne commence pas au Sri Lanka. » Il ne partait jamais d’une perspective nationaliste, que ce soit en France ou au Sri Lanka.

Wije Dias a dit que les discours qui avaient été prononcés lors des funérailles de Senthil en Angleterre, avaient révélé combien sa vie politique était appréciée de ses camarades vivant en Europe.

 «Senthil était né à Jaffna en 1969 et avait vécu enfant parmi les travailleurs des plantations de thé. Les ancêtres de ces travailleurs avaient été amenés du Tamil Nadu en Inde au Sri Lanka pour y travailler dans les plantations de caoutchouc, propriétés des Britanniques au milieu du dix-neuvième siècle. Mais ces travailleurs, qui représentaient plus de 12 pour cent de la population de l’île à l’époque de l’indépendance, en 1948, étaient privés de leurs droits civiques et du droit de vote au motif qu’ils étaient des immigrés.» C’était le début du bourbier communautariste qui submerge le pays depuis ces 25 dernières années sous la forme d’une guerre civile sanglante.

Dias a expliqué que le Parti bolchevique léniniste trotskyste d’Inde, dont faisait partie la section Sri lankaise, avait averti la classe ouvrière du carnage communautariste à venir suite aux Citizenship Bills (lois de citoyenneté). Dès le milieu des années 1950, cependant, la section sri-lankaise qui avait été renommée le Lanka Sama Samaja Party (LSSP) avait épousé le parlementarisme et soutenu le parti bourgeois Sri Lanka Freedom Party (SLFP), (Parti de la liberté) « étendant sa coopération en 1956 au gouvernement Bandaranaike qui était le fer de lance de la violence communautariste contre les Tamouls.»

Dias a expliqué, “les reculs politiques du LSSP reçurent l’entière approbation du Secrétariat International pabliste, qui était alors dirigé par Ernest Mandel. » Il prônait la ligne révisionniste consistant à faire pression sur les partis bourgeois et à abandonner la lutte pour l’indépendance de la classe ouvrière. Cette politique opportuniste atteignit son apogée dans la trahison historique de 1964, lorsque le LSSP entra dans un gouvernement bourgeois dirigé par le SLFP.

Des trahisons similaires orchestrées par les staliniens et les maoïstes ouvrirent la voie à des gouvernements de droite et autoritaires en Inde et au Sri Lanka. L’UNP introduisit une politique d’économie de marché et en 1983 déclencha la guerre civile raciste.

Tel était l’environnement politique dans lequel Senthil était né et avait grandi. Tout d’abord il avait été attiré par les « groupes nationalistes tamouls qui prêchaient qu’on pouvait atteindre la libération sociale des Tamouls grâce à un programme nationaliste séparatiste,» a expliqué Dias. « Il ne fait pas de doute que, pour Senthil et bien d’autres jeunes tamouls et cinghalais, la déclaration produite par le CIQI sur la situation au Sri lanka et sur les tâches politiques de la Revolutionary Communist League, en novembre 1987 a été une révélation. »

C’est l’intervention du CIQI qui “a posé les fondements pour la continuité de la lutte pour le trotskysme au Sri Lanka, de la fondation de la Revolutionary Communist League en 1968 à la lutte menée par le Socialist Equality Party aujourd’hui.

Dias a conclu par ces mots, “C’est dans ces circonstances que le SEP au Sri Lanka et le CIQI internationalement se consacrent à la lutte pour unifier à l’échelle mondiale les travailleurs et les jeunes dans la lutte pour l’internationalisme socialiste."

Chris Marsden a transmis les salutations “au nom de tous ceux dans le SEP britannique qui aimaient et respectaient Senthil, mais n’étaient pas en mesure de venir aujourd’hui, notamment parce que bon nombre d’entre eux font activement campagne pour les listes du SEP aux élections régionales du parlement écossais et de l’Assemblée galloise. »

Il a dit que Senthil était un pionnier “parce qu’il était parmi les premiers d’une nouvelle génération désireuse de lutter pour le socialisme, qui rejoint aujourd’hui les rangs de la Quatrième Internationale. » Il a adhéré quand la mort du socialisme était proclamée à tout venant, du fait de l’effondrement des régimes staliniens de l’URSS et de l’Europe de l’est.  

“Le SEP britannique est vraiment très fier que l’un de nos camarades tamouls, Thayan, se présente comme candidat à l’Assemblée galloise,” a dit Marsden. « Cela nous permet d’apporter à notre campagne les expériences de la classe ouvrière au Sri Lanka et dans le sous continent indien et d’alerter les travailleurs sur les implications dangereuses du nationalisme écossais et gallois, notamment lorsque toutes les tendances qui se disent de gauche prennent fait et cause pour le séparatisme. »

Il a conclu en disant que les marxistes ne recherchent pas de fausse consolation en dieu ni n’espèrent une vie après la mort. « Senthil a vécu sa propre vie pour faire avancer le progrès humain et on se souviendra de lui et on l’honorera pour cela. »

Peter Schwarz a parlé de l’époque où les jeunes des pays développés défendaient le “Tiers- Monde,” mais le faisaient “non pas une base socialiste mais humaniste, » et avait conduit à l’impasse consistant à apporter son soutien au nationalisme bourgeois. Il a dit que bien peu de travailleurs des pays opprimés étaient engagés dans la lutte pour l’émancipation des travailleurs des pays avancés. Senthil était de ceux-là, pourtant, ce qui est au cœur des perspectives du CIQI. L’oppression et la pauvreté ne peuvent être surmontées que par une lutte de la classe ouvrière au niveau international, lutte qui inclut, et avant tout, la classe ouvrière des pays impérialistes.

Schwarz a fait remarquer les signes d’une opposition de masse grandissante provenant du mouvement à échelle mondiale d’opposition à la guerre en Irak en 2003 et des grèves et manifestations de masse continues contre les attaques sur les droits démocratiques dans les pays avancés, notamment en France. Et pourtant la classe ouvrière n’est pas représentée politiquement.

Senthil s’est consacré à la tâche de surmonter ce manque de représentation politique de la classe ouvrière, a dit Schwarz. Il avait compris que cela nécessite une lutte implacable contre la gauche qui n’en est pas une. Schwarz a dit qu’il n’y avait guère d’autre pays que la France où la bourgeoisie a à sa disposition une telle quantité de partis de soi-disant gauche qui isolent la classe ouvrière d’une perspective marxiste. Senthil connaissait d’expérience le prix terrible à payer pour l’opportunisme. Sa vie personnelle avait dans une grande mesure été déterminée par les conséquences de la trahison historique du LSSP. Schwarz a rappelé que Senthil avait distribué à Paris des milliers de tracts contre la politique opportuniste de la gauche petite-bourgeoise française.

Il a mis l’accent sur l’immense intérêt que Senthil portait aux questions théoriques et historiques et a dit que si la classe ouvrière n’apprenait pas les leçons de l’histoire, elle serait condamnée à répéter les expériences tragiques du passé. Le CIQI est la mémoire de la classe ouvrière. Schwarz a conclu en disant que la façon d’honorer la mémoire de Senthil était de continuer la lutte qu’il avait menée.

Une collecte pour la mise en place d’un fonds du souvenir visant à venir en aide à l’épouse de Senthil et à leurs trois jeunes enfants a recueilli 3 175 euros et 300 livres sterling en argent liquide et 2 200 euros de promesses de dons. Plus de 4 000 euros avaient déjà été collectés.


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