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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Après que Bush eut opposé son veto, les démocrates préparent une loi sans échéancier pour financer la guerre

Par Joe Kay
3 mai 2007

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Mardi, le président américain George Bush a opposé son veto à une enveloppe budgétaire de 124 milliards $ de financement pour l’occupation américaine en Irak et en Afghanistan, s’opposant aux dispositions du projet de loi qui appelaient à un retrait partiel des troupes américaines en Irak.

Des dirigeants du Parti démocrate ont déjà commencé à faire circuler des ébauches d’un projet de loi qui financerait totalement la guerre en Irak, sans les restrictions auxquelles s’oppose la Maison-Blanche.

Dans une déclaration après qu’il eut opposé son veto, Bush a exprimé son mépris pour les opinions de la population américaine qui s’oppose à la guerre en Irak. Il a déclaré que la loi « substituait l’opinion des politiciens au jugement des commandants militaires ». Cette déclaration, qui est devenu un important sujet de discussion pour les officiels de l’administration, équivaut à soutenir que les élections américaines, lors desquelles le peuple des Etats-Unis a exprimé son opposition à la guerre, n’auront aucun impact sur les politiques de guerre.

Au mépris de la volonté du peuple américain, l’escalade de la guerre, des dizaines de milliers de soldats supplémentaires ayant été déployés en Irak, continuera. Bush a déclaré qu’il faudra attendre à la fin de l’été pour évaluer les conséquences de l’augmentation du nombre des soldats. En d’autres termes, ces troupes additionnelles demeureront en Irak au moins jusqu’à cette date et probablement plus longtemps.

Pour justifier l’occupation continue de l’Irak, Bush a de nouveau soulevé le spectre du 11-Septembre, affirmant que la plus grande partie de la violence récente en Irak était provoquée par al-Qaïda. C’est un ennemi, « tous sont d’accord, qu’il nous faut combattre », a-t-il dit, ajoutant que si l’on mettait fin à la guerre en Irak, alors les forces d’al-Qaïda en Irak réaliseraient une autre attaque aux Etats-Unis.

Alors que le veto de Bush nie de façon flagrante la position exprimée démocratiquement par le peuple américain, la loi des démocrates qu’il a rejetée n’avait rien à voir avec une opposition à la guerre. Si elle devait être votée, alors des troupes américaines seraient maintenues en Irak pour une durée indéfinie.

Au cours de ses remarques, Bush a aussi indiqué qu’il comprenait que les démocrates n’avaient pas l’intention de mettre fin à l’occupation de l’Irak. Les démocrates « ont envoyé leur message et maintenant, il est temps de mettre la politique derrière nous » et de voter une loi sans échéancier. En d’autres termes, les démocrates ont besoin de mettre au rancart leur posture d’opposants à la guerre. « Ici à Washington, nous avons nos désaccords sur la façon d’aller de l’avant en Irak, a déclaré Bush, et nous en débattrons publiquement… mais nous pouvons certainement nous mettre d’accord sur le fait qu’il faille que les troupes obtiennent ce financement. »

En fait, les démocrates et les républicains sont d’accord sur ce point. Le veto de Bush a suivi une cérémonie organisée par les dirigeants du Parti démocrate avant d’envoyer la loi à la Maison-Blanche. Dans ses remarques, le speaker de la Chambre Nancy Pelosi et le leader de la majorité au Sénat, Harry Reid, ont encore une fois répété leur engagement fondamental à la guerre en Irak et à la stratégie américaine au Moyen-Orient.

Pelosi a louangé la loi pour « son engagement puissant à soutenir nos troupes ». Reid a réitéré sa déclaration qu’il fallait « un changement de cap en Irak », ne laissant pas de doute sur le fait que ce qu’il veut, c’est une stratégie différente de domination américaine sur ce pays, pas le retrait des troupes américaines. « Un veto signifie le refus de fournir aux troupes les ressources et la stratégie dont elles ont besoin », a-t-il déclaré.

Reid a affirmé que la loi « soutient que ce sont les Irakiens qui doivent trouver les solutions politiques » et « redéploie nos troupes hors d’une guerre civile insoluble ». Ces affirmations faisaient référence à la position de plusieurs démocrates selon lesquels les soldats américains devraient jouer un rôle moins actif dans les centres urbains et retraiter vers des bases militaires où ils peuvent défendre des intérêts américains clé, y compris le pétrole, tout en intervenant militairement lorsque nécessaire pour écraser la résistance.

La référence de Reid disant qu’il faut « tenir les Irakiens responsables » est devenue un thème pour les démocrates qui ont cherché à faire porter la responsabilité de la situation en Irak sur le gouvernement irakien plutôt que sur l’occupation américaine. Ils veulent ainsi que l’administration Bush intensifie la pression sur le gouvernement de Nouri al-Maliki pour qu’il fasse arrêter les opposants à l’occupation américaine et qu’il vote des lois favorables aux sociétés américaines.

Dans leurs brefs commentaires, tant Reid que Pelosi ont souligné leur dévouement à « la guerre contre le terrorisme » afin de justifier les actions militaires américaines au Moyen-Orient et en Asie Centrale. Reid a affirmé que si la loi était adoptée, les deux partis « allaient pouvoir rediriger toute leur attention sur la lutte contre la terreur ». Pelosi a même qualifié le projet de loi de « complément à la guerre contre le terrorisme mondiale ».

Ces déclarations reflètent les préoccupations de certaines sections de l’élite dirigeante qui craignent que la crise de l’occupation américaine en Irak ne soit en train de miner la capacité de l’armée américaine à intervenir ailleurs. Les démocrates ont critiqué la stratégie de l’administration Bush en Irak pour avoir confiné les troupes américaines en Irak, rendant plus difficiles les efforts visant à menacer l’Iran, la Corée du Nord et d’autres pays.  

Néanmoins, tant Reid que Pelosi ont tenté de présenter la loi pour le financement de la guerre comme étant la réalisation du désir exprimé par le peuple américain lors des élections de novembre. Pelosi a prétendu que la loi, qui établit des restrictions non contraignantes sur l’administration Bush et laissera des dizaines de milliers de soldats en Irak, « respecte les désirs du peuple américain qui souhaite voir cette guerre se terminer ».

Après le veto de Bush, Pelosi a lu une déclaration dans laquelle elle a même cherché à minimiser la question de l’échéance pour le retrait des troupes, déclarant que le peuple américain avait voté pour des « points de référence, des directives, des normes ».

En fait, ce que désir le peuple américain dans sa grande majorité, c’est la fin de la guerre, une position que ni les démocrates, ni les républicains appuient.

Tout ce processus s’apparente à une véritable mise en scène. Avant que le projet de loi ne passe au Congrès, il était déjà clair qu’un veto serait imposé et que les démocrates allaient fournir à l’administration Bush le financement nécessaire sans aucune restriction. La mascarade des derniers jours était une tentative menée par les démocrates de se présenter comme une force d’opposition, même si une entente permettant la poursuite de l’occupation en Irak est conclue.

Un article publié dans le numéro de mardi du Washington Times a rapporté que Reid courtisait les sénateurs républicains en vue d’obtenir leur appui en faveur d’un nouveau projet de loi que Bush serait prêt à signer. « Des proches bien en vue des démocrates disent que même si la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, n’est pas en pourparlers avec les Républicains à propos d’un accord suite au veto », a rapporté le journal, « elle admet en privé qu’en fin de compte “l’argent ira aux troupes sans échéancier”. »

Les démocrates de la Chambre des représentants vont faire un spectacle et se dire déterminés à surmonter le veto, mais ils n’ont pas assez de voix pour le faire. Après un tel échec dans la Chambre basse, il ne faut pas s’attendre à ce que le sénat fasse même un effort pour surmonter le veto. 

Mercredi après-midi, Bush doit rencontrer les chefs parlementaires des deux partis, y compris Reid et Pelosi, afin de trouver un terrain d’entente sur la résolution de financement de la guerre. Bush a indiqué lundi qu’il avait bon espoir d’en arriver à une entente. « Je crois qu’il y a beaucoup de démocrates qui comprennent que nous devons faire parvenir l’argent aux troupes aussi vite que possible », a-t-il dit, « je suis donc optimiste qu’on peut arriver à quelque chose de positif. »

Un compromis verrait probablement le retrait de toute référence à une date butoir, tout en laissant en place des « conditions » contraignantes pour le gouvernement irakien. Ces conditions sont les mêmes que celles proposées plus tôt par Bush. La plus importante d’entre elles pour l’élite dirigeante américaine est l’adoption d’une loi qui ouvrirait les ressources pétrolières du pays aux compagnies pétrolières internationales.


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