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Le syndicat des mécaniciens du transport en commun de Montréal capitule devant la menace d’une loi antigrève

Par nos journalistes
26 mai 2007

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Le syndicat représentant les 2200 mécaniciens et employés d’entretien des autobus et du métro en grève (le Syndicat du transport de Montréal) a conclu un accord de retour au travail avec la Société de transport de Montréal (STM) vendredi, quelques heures avant la fin de l’ultimatum de 48 heures qu’avait donné le gouvernement libéral provincial pour que la grève de quatre jours se règle par négociations.

La menace du gouvernement d’intervenir si le conflit n’était pas résolu avant vendredi à 14 heures a été comprise par tous qu’il se préparait à introduire une loi interdisant la grève pour mettre fin au conflit, même si le syndicat a scrupuleusement suivi les ordres du Conseil des services essentiels pour réduire la grève à une expression de contestation.

En décembre 2005, le gouvernement libéral de Jean Charest a voté une loi d’urgence pour imposer un contrat de sept ans, comportant énormément de concessions, à plus d’un demi-million de travailleurs du secteur public. Cette loi prévoit de très sévères punitions si les travailleurs devaient entreprendre une grève.

L’accord de principe conclu ce vendredi n’a pas été d’abord annoncé par le syndicat ou par les dirigeants de la STM, mais par le ministre provincial du Travail David Whissell. Cet état de fait souligne le rôle que le gouvernement a joué pour forcer le syndicat à accepter les demandes des patrons pour un contrat qui signifiera une diminution de salaires en termes réels pour les mécaniciens et les employés d’entretien.

Le syndicat ou la STM ne voulaient pas dévoiler de détails sur l’entente, mais une chose est certaine : le syndicat a abandonné les demandes des travailleurs et a capitulé devant la chasse aux sorcières que l’establishment politique et les médias de la grande entreprise ont montée contre la grève.

Le syndicat, affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), s’est hâté pour tenir une assemblée des membres vendredi soir pour faire pression sur les mécaniciens et les employés d’entretien pour qu’ils retournent immédiatement au travail.

En vertu d’un ordre du Conseil des services essentiels, un organisme créé par le Parti québécois de 1982 avec l’objectif de rendre impotentes les grèves du secteur public, les travailleurs du transport en commun ont été forcé d’offrir un service entier d’autobus et de métro aux heures de pointe et à la fin de la soirée durant la semaine et la fin de semaine.

Malgré les contraintes sévères, les politiciens et la presse ont accusé les grévistes de prendre le public en « otage » et les ont décrits comme de « gros richards », indifférents aux inconvénients qu’une grève représente pour les travailleurs faiblement payés, les retraités, les chômeurs et les étudiants qui constituent la plus grande partie des usagers du transport en commun.

En fait, les travailleurs du transport en commun ont résisté à une grande offensive du patronat visant à couper les salaires et les conditions de travail en général. La STM a insisté sur un gel des salaires pour 2007 et des augmentations de salaire de seulement 2 pour cent par année les quatre années subséquentes, ce qui signifie une diminution salariale en termes réels, même si le taux d’inflation demeurait à son taux actuel d’environ deux pour cent. La STM a aussi refusé de renégocier une concession qu’elle avait obtenue lors d’une précédente négociation qui stipulait que les travailleurs prenant leur retraite après 2020 ne recevraient la pleine pension qu’après 35 ans de services, plutôt que les 30 ans actuels.

La campagne contre les grévistes a été menée par Mario Dumont, dont le parti populiste de droite, l’Action démocratique du Québec (ADQ), fut propulsé de sa position marginale au rang d’opposition officielle dans l’élection provinciale du 26 mars. Quelques heures seulement après le déclenchement de la grève des travailleurs du transport en commun, Dumont exigeait une loi spéciale des libéraux pour les faire retourner au travail.

Les libéraux, réduits à un gouvernement minoritaire à la suite de la récente élection, n’ont pas tardé à suivre les conseils de Dumont. Le ministre du Travail David Whissell a lancé son ultimatum la journée suivante.

La ligne dure maintenue par le gouvernement contre la grève est conforme au tournant marqué vers la droite qu’il a effectué au cours des derniers mois afin de regagner la faveur de la grande entreprise, qui a fait la promotion de l’ADQ dans le but de pousser la politique beaucoup plus à droite.

Jeudi, les libéraux ont présenté un budget provincial offrant plus de 1 milliard $ en baisses d’impôts pour les entreprises et les particuliers, profitant beaucoup plus aux sections les mieux nanties de la société, et ont annoncé la création d’une commission sur la santé qui préparera le terrain à une privatisation des soins de santé et à l’imposition de frais aux utilisateurs.

Pour la bureaucratie syndicale, qui est un étroit allié du parti de la grande entreprise qu’est le PQ, la question de lier la lutte des travailleurs du transport en commun avec une offensive plus large de la classe ouvrière en défense des services publics et sociaux, des salaires des travailleurs, des emplois et des conditions de travail ne s’est jamais posée.

Malgré tout, les nombreux mouvements sociaux qui se sont formés au Québec au cours des dernières années — les grandes manifestations en 2003 contre la guerre en Irak, la vague de manifestations et débrayages anti-Charest à la fin de 2003, et la grève étudiante de 2005 — ont démontré qu’il existe une très grande base d’opposition au programme de l’élite patronale et de l’establishment politique du Québec et du Canada.

Pour ce qui est de la colère que la presse et les politiciens ont tenté d’attiser contre les grévistes, tout porte à croire que cette campagne a eu très peu d’impact chez les travailleurs. Les médias ont dû reconnaître qu’une manifestation contre la grève organisée au nom des usagers du transport en commun n’a réussi qu’à attirer quelques personnes.

La réalité est que les services essentiels — la santé, l’éducation, et les programmes sociaux — au Québec et au Canada, ont été ravagés par des années de coupes budgétaires réalisées par les gouvernements péquistes, libéraux, conservateurs et du NPD.

Dans le cas du système de transport public de Montréal, la part du système financée par les gouvernements provincial et municipal, contrairement à celle financée par les usagers, a diminué de 44,5 pour cent à 41,2 pour cent depuis 2000. 

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