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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Mobilisation massive attendue le 20 novembre contre la politique de Sarkozy

Par Antoine Lerougetel
21 novembre 2007

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Les assemblées générales de cheminots qui se sont tenues dans toute la France lundi ont voté à 96 pour cent la reconduction de leur grève contre le démantèlement des régimes spéciaux de retraite et la participation à la mobilisation des fonctionnaires, mardi, contre la politique du président gaulliste Nicolas Sarkozy.

Les syndicats ont appelé les quelque cinq millions de fonctionnaires à une grève d’un jour et à des manifestations massives.

Se joindront aussi aux manifestations de mardi les étudiants qui s’opposent à la loi sur l’autonomie des universités qui va ouvrir les universités aux entreprises privées, restreindre aux couches sociales les plus privilégiées l’accès à une éducation de qualité et diminuer la qualité de l’enseignement supérieur pour la majorité des étudiants. Les grèves et blocages par les étudiants touchent la moitié des 85 universités françaises. Les étudiants protestataires ont fait l’objet de violences policières dans plusieurs campus.

Sont appelés à cette grève d’un jour les enseignants, on s’attend à ce que 65 pour cent cessent le travail, les fonctionnaires des hôpitaux, de la poste, les contrôleurs aériens et les employés des collectivités territoriales. Ils revendiquent principalement pour que les augmentations de salaire rattrapent l’augmentation brutale du coût de la nourriture, de l’énergie et de l’essence et que cessent les suppressions de postes dans le service public. Le gouvernement pratique une politique de diminution progressive des effectifs, où 50 pour cent des retraités dans les services publics ne sont pas remplacés.

Un représentant syndical a dit à radio France Inter que pendant les années du mandat du président Sarkozy, on perdrait 85 000 postes d’enseignants (soit 10 pour cent) alors qu’il y aura une augmentation de près de 140 000 élèves.

De plus, le salaire des enseignants a diminué en termes réels de 6 pour cent depuis 2000.

Lundi, la grève des cheminots et de la RATP (transports urbains parisiens, bus et métro) qui avait débuté mardi dernier dans la soirée, était encore effective. Bien que le pourcentage de grévistes, d’après la direction de la SNCF (Réseau des chemins de fer français) soit tombé à 26,2 pour cent contre 61,5 pour cent enregistrés mercredi dernier au premier jour de la grève, le mouvement implique toujours quelque 40 000 travailleurs dont la grève continue d’affecter de façon majeure le système ferroviaire. Quelque 18 pour cent des employés de la RATP étaient aussi encore en grève.

Lundi matin, les bulletins d’information faisaient état d’embouteillages sur les routes et de bouchons de 500 km. Sur les 650 TGV quotidiens, 350 ne circulaient pas. Quelque 75 pour cent des trains Corail et la moitié des trains RER de banlieue étaient aussi hors service. Le trafic du métro parisien était réduit de 80 pour cent, et sur certaines lignes aucun métro ne circulait. Moins de la moitié des tramways et bus parisiens étaient en circulation.

Ce puissant mouvement s’est maintenu malgré l’hostilité des médias et l’opposition de tous les principaux partis politiques, y compris le Parti socialiste. Ils pressent la base de cesser leur mouvement et de laisser les bureaucraties syndicales négocier l’application de la « réforme » du gouvernement. Cela revient à accepter les points essentiels de l’attaque du gouvernement : l’allongement de 37,5 à 40 annuités pour avoir droit à une retraite à taux plein, une décote draconienne pour tous ceux qui n’ont pas cotisé pendant 40 ans et l’indexation des retraites sur les prix et non plus sur les salaires.

Des calculs montrent que les travailleurs du secteur privé, dont les retraites sont déjà indexées sur les prix ont perdu de ce fait 20 pour cent de leur retraite ces 15 dernières années.

Malgré la force et le potentiel de ce mouvement, les objectifs des travailleurs en grève risquent dangereusement d’être contrecarrés. La décision des syndicats de participer aux discussions avec la direction et le gouvernement mercredi, dans une situation où ces derniers ont clairement dit qu’ils n’étaient pas prêts à revenir sur les piliers de la « réforme », signifie tout simplement que les syndicats sont prêts à aider le gouvernement à imposer sa réduction des retraites.

Xavier Bertrand, ministre du Travail a redit hier qu’il était « hors de question » d’abandonner la « réforme » des retraites. Le gouvernement a proposé, pour les amadouer, d’accorder des augmentations de salaire aux travailleurs qui prennent leur retraite afin de permettre aux syndicats de ne pas perdre la face devant les travailleurs.

Les syndicats ont rapporté que les assemblées générales de cheminots dans toute la France avaient voté en faveur d’une résolution approuvant la participation des dirigeants syndicaux à la table ronde de mercredi. Mais la formulation de la résolution est très vague. Elle déclare « lors des négociations qui vont s’ouvrir, elles [les Fédérations syndicales des cheminots] exigent entre autres une réponse à leurs revendications concernant le cadrage de la réforme ». La résolution ne contraint pas les syndicats à rejeter catégoriquement les trois piliers principaux du projet du gouvernement.

C’est le syndicat Sud (Solidarité, unité, démocratie) qui a joué le rôle clé dans l’obtention d’un vote favorable pour cette résolution lors des assemblées de grévistes. Cette organisation, fortement influencée par ses adhérents venus des diverses tendances petites bourgeoises de « gauche » critiquait au départ les autres syndicats, dont la CGT (Confédération générale du travail) dominée par les staliniens, pour avoir accepté d’entrer dans des pourparlers avec la direction et le gouvernement. Sud rejetait toute négociation à moins que et jusqu’à ce que Sarkozy retire son projet de « réforme » des retraites.

Cette volte-face de Sud, acceptant de participer aux pourparlers de mercredi, est une capitulation majeure et souligne l’immense danger d’une trahison du mouvement par les syndicats, aidé par les partis soi-disant de « gauche » — le Parti communiste et le Parti socialiste – ainsi que les partis d’« extrême-gauche », la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) et LO (Lutte ouvrière).

Les médias ont exprimé leur surprise. L’Agence France-Presse rapportait, « même Sud-Rail, deuxième syndicat de l'entreprise qui tient les positions les plus dures dans ce conflit, a assuré à l'AFP qu'il serait "bien présent" aux négociations. »

Un accord similaire a été trouvé avec les syndicats de la RATP. Mais là, Sud qui n’a que 6 pour cent de représentativité, a refusé de participer aux pourparlers.

Le World Socialist Web Site a interviewé Juan Aliart, un dirigeant de Sud-Rail à Paris, pour connaître sa réaction sur le fait que son syndicat avait accepté l’invitation. Nous lui avons rappelé que Sud-Rail, moins d’une semaine auparavant, avait soutenu une motion mettant fortement en garde les autres syndicats de ne faire aucune concession sur les trois piliers de la « réforme. »

Cette motion avait été adoptée par des assemblées de grévistes dans toute la France. Elle disait, « nous exigeons d’être consultés pour toute décision qui engagerait notre avenir et d’être informés du contenu des discussions à chaque étape, » et continuait en déclarant son opposition « à toute négociation entreprise par entreprise. »

Aliart a dit au WSWS que si Sud-Rail avait refusé de participer à la table ronde de mercredi, « cela pouvait mettre Sud tout seul devant la direction. Tactiquement, cela aurait été une erreur pour Sud de se trouver isolé. »

Isolé de qui ? Par des grévistes et des millions de travailleurs et de jeunes qui les soutiennent. Cette volte-face révèle au grand jour l’imposture de sa soi-disant indépendance par rapport aux autres bureaucraties syndicales.


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