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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Des présidents d’université recourent à la répression policière contre les étudiants

Par Kumaran Rahul et Pierre Mabut
23 novembre 2007

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Quelque 200 délégués représentant 64 universités (sur les 86 que compte le pays) et trois IUT (Institut universitaire de technologie) se sont réunis à Tours dimanche pour décider des suites à donner à leur lutte contre la privatisation progressive de l’enseignement supérieur. C’était la seconde réunion de la Coordination nationale étudiante qui représente les étudiants participant aux assemblées générales des universités qui se mobilisent.

Les étudiants protestent contre une nouvelle loi des Libertés et responsabilités des universités  (LRU). Cette nouvelle loi ouvrirait la voie à un financement privé plus important des universités publiques, subordonnant plus directement l’organisation de l’université aux intérêts du patronat. Les principaux syndicats étudiants, notamment l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) proche du Parti socialiste, sont en faveur de la loi bien qu’ils réclament plus de moyens pour l’éducation.

Dès vendredi, 43 universités étaient touchées par le mouvement de grève, et 28 d’entre elles ont été fermées. La semaine dernière, quelque 22 000 étudiants ont participé à 33 assemblées générales. La réunion de Tours a voté une résolution disant, « Nous appelons les lycéens-ne-s à organiser partout des AG, pour préparer la grève à partir du 20. Nous ferons tout pour que la journée de grève du 20, aux côtés des salarié-e-s en lutte, soit un succès. Nous proposons qu’étudiants et cheminots, salarié-e-s en lutte d’EDF, GDF et de la RATP s’organisent ensemble le 21 novembre pour populariser leur grève vis-à-vis des usagers et de la population. » 

Elle a aussi appelé à une journée de grève et de manifestations le 22 novembre. Un représentant de la Coordination a dit, « Nous appelons les lycéens à nous rejoindre dans la lutte à travers des débrayages, des blocages comme durant le CPE. Nous devons construire un mouvement d’ensemble des jeunes et des salariés pour riposter à l’offensive du gouvernement… La grève des étudiants se poursuivra jusqu’au retrait de la loi Pécresse. »

L’intransigeance de la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse fait partie de l’attaque de front du président Sarkozy sur tous les acquis sociaux gagnés antérieurement par les travailleurs. Dans une interview au Parisien le 18 novembre, Pécresse déclarait, « les grèves dans les universités : je ne suis pas inquiète. Cette loi d’autonomie est vitale pour l’avenir de l’université et la réussite des étudiants… Renoncer à cette loi de la République débattue et votée au Parlement, ce serait renoncer à toute réforme de l’enseignement supérieur»

Jeudi dernier, l’UNEF, accompagnée de quatre autres syndicats étudiants (Fage, Uni, Cé et PDE) et de présidents d’université ont rencontré Pécresse. La Coordination nationale étudiante et le Collectif contre l’autonomie des universités (CCAU) représentant les étudiants en lutte n’étaient pas invités. Pécresse a annoncé : « Il n’y aura pas de désengagement de l’Etat, pas de sélection à l’entrée des universités, pas d’augmentation des frais d’inscription… pas de privatisation. »Le président de l’UNEF, Bruno Julliard a dit, « la rencontre n’a pas été du tout concluante, il faut amplifier le mouvement. » 

L’UNEF et autres syndicats étudiants cherchent à garder le contrôle de la situation qui leur échappe dans les assemblées générales. Depuis l’adoption de la loi, l’UNEF s’en est accommodée et s’est opposée à son abrogation. Elle cherche des « modifications » avec de « réelles négociations sur les moyens. » La présidente de la Confédération étudiante (Cé), Julie Coudry a déploré le manque d’écoute de Pécresse et a demandé des moyens pour l’aide sociale, les conditions d’étude et la rénovation des bâtiments.

Pendant ce temps, les CRS, encouragés par certains présidents d’université, délogeaient manu militari des étudiants des locaux de la Sorbonne et de Tolbiac à Paris, Grenoble III, Nantes, Lyon et Montpellier. A Rouen, six étudiants ont été arrêtés et mis en examen. A Rennes, 200 étudiants ont essayé d’occuper la gare et ont été attaqués par 16 fourgons de CRS. Il y a eu cinq arrestations. La police est intervenue à l’Université Rennes II pour déloger les étudiants qui occupaient la faculté après que le président Marc Gontard ait dit que les étudiants avaient un « comportement terroriste » et poursuivaient le blocage « avec sous le manteau des battes de base-ball ». Il a prétendu que la décision prise en assemblée générale de bloquer l’université avait été annulée par un « référendum ».

Un exemple du type de « référendum » auquel il fait allusion est le vote électronique organisé par le président de l’Université Paris I, qui est un bastion du mouvement de grève des étudiants, afin de discréditer les décisions des assemblées générales d’étudiants. L’administration prétend que 25 pour cent des 30 000 étudiants de l’université ont voté et que 75,8 pour cent d’entre eux trouvaient les blocages « inacceptables. »

Des sympathisants de la loi LRU se sont saisis de la question du blocage ou non des universités pour mettre en question le droit démocratique de liberté de réunion et de décisions collectives des étudiants pour défendre l’enseignement supérieur. La Coordination nationale étudiante défend tout à fait justement la position selon laquelle seul est légitime le vote issu des débats démocratiques en assemblée générale.

La détermination des étudiants, telle qu’elle est représentée par sa base combative dans les assemblées générales, a raison de défendre le droit démocratique de prendre ses décisions sur la base de la volonté collective des étudiants mobilisés pour défendre des acquis historiques. Nul vote à bulletin secret, manipulé par l’administration de l’université et les médias, qui cherchent à intimider l’électeur individuel, n’est légitime.

Bien que la combativité de la Coordination nationale étudiante contraste fortement avec la tentative de l’UNEF et des autres de manoeuvrer avec le gouvernement, elle est incapable de mettre en question politiquement de telles manoeuvres et met la mobilisation en danger.

Les commentaires du porte-parole de la Coordination nationale étudiante, Kamel Tafer, n’ont fait que souligner son manque de perspective et son appui sur la combativité des étudiants. L’abrogation de la loi constitue un « préalable » à toutes négociations, a-t-il maintenu. « Il faut continuer la mobilisation, la grève, le blocage (…) et surtout pour établir un rapport de force avec le gouvernement » (AFP). Cette dernière expression implique une perspective limitée consistant à trouver un accord avec le gouvernement sur l’unique question de la loi LRU, ce qui isolerait les étudiants du mouvement de masse des travailleurs s’opposant à tous les aspects de la politique gouvernementale.

L’attaque sur les universités et les étudiants fait partie d’un programme plus large soutenu par l’ensemble de l’establishment politique et qui vise à subordonner plus directement les travailleurs français aux intérêts du patronat. La politique de Sarkozy ne serait pas possible sans la collaboration du Parti socialiste (et de l’UNEF), renforcé par les partis d’« extrême-gauche » tels la LCR (Ligue communiste révolutionnaire).

La tâche des étudiants actifs est d’apporter une conscience socialiste et internationaliste à la lutte, pour s’opposer à la politique réactionnaire de Sarkozy que la bourgeoisie française et européenne et l’impérialisme international soutiennent. Il leur faut aussi s’opposer au soutien que Sarkozy apporte à la guerre au Moyen-Orient entreprise par l’impérialisme américain. Cela signifie placer les grandes entreprises sous le contrôle social et démocratique de la classe ouvrière en France, en Europe et dans le monde afin de pourvoir aux besoins de tous.

Le WSWS encourage fortement les étudiants et les jeunes à rejoindre l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale, organisation des jeunesses du Comité international de la Quatrième Internationale, et de lutter pour un mouvement unifié d’étudiants et de travailleurs dans le monde entier sur la base d’une perspective socialiste.


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