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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Les grandes questions qui se posent aux scénaristes de cinéma et de télévision américains

Par le comité de rédaction
15 novembre 2007

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Les négociateurs de la WGA (Writers Guild of America — Guilde des auteurs américains) et de l'AMPTP (Alliance of Motion Picture and Television Producers — Alliance des producteurs de cinéma et de télévision), ont rompu les négociations mercredi, six heures avant l'expiration de leur contrat de trois ans. Les deux camps, malgré la présence d'un médiateur fédéral, restent très divisés sur les questions cruciales des droits d'auteur sur les DVD et du paiement concernant les films et les émissions de télévision diffusées par Internet. Les scénaristes reçoivent une très maigre portion des ventes de DVD, suivant un mode de calcul qui avait été négocié il y a 22 ans.

L'AMPTP, représentant les majors, a refusé de changer sa position sur ces points. Son porte-parole, Nick Counter, a déclaré au syndicat « Nous voulons passer un contrat. Mais… il n’est pas possible d’avancer pour combler le fossé entre nous tant que votre proposition concernant les DVD reste sur la table. »

La WGA exige le doublement des droits d'auteurs que les scénaristes reçoivent sur les ventes de DVD et la rémunération des programmes qui sont soit transmis par Internet soit distribués numériquement (particulièrement s'ils sont diffusés avec de la publicité). Depuis juillet dernier, non seulement les producteurs ont refusé de considérer l'idée d'augmenter les droits d'auteur sur les DVD, mais ils avaient proposé initialement que les auteurs se soumettent à une réduction de ces revenus. Ils ont finalement abandonné cette demande le 16 octobre.

Cependant, le 26 octobre, les producteurs sont revenus à la charge avec une nouvelle demande : une réduction des pensions de retraite et de l'assurance-santé, ce qui constitue aussi un point d'accrochage important, même s'il est secondaire.

Le syndicat a répondu à la déclaration de Counter mercredi : « Chaque question qui est importante pour les auteurs, dont les rediffusions sur Internet, les scripts originaux pour les nouveaux médias, les DVD et les juridictions, a été ignorée (par l'AMPTP). C'est totalement inacceptable. »

Les auteurs se réunissent à Los Angeles jeudi soir pour envisager leurs options. Une grève vendredi est fortement probable.

La semaine dernière les scénaristes des deux côtes des États-Unis ont donné l'autorisation au syndicat d’appeler à la grève par un vote à une majorité écrasante. Si les scénaristes décident de faire grève, ce sera la première fois qu'ils se rendront au piquet de grève depuis 1988, lorsque les studios, y compris les chaînes de télévision, avaient perdu près de 500 millions de dollars.

Les productions télévisuelles seraient les premières à être affectées par une grève des scénaristes. Les scripts ont été achevés dans la précipitation avant l'expiration du contrat le 31 octobre. Ceux-là peuvent encore être tournés. Cependant, une grève longue signifierait l'arrêt de la plupart des émissions, en particulier des séries.

Les scénaristes de cinéma et de télévision sont dans une lutte âpre contre des conglomérats gigantesques, qui ont des liens bien établis avec les deux partis politiques à Washington et Sacramento et toutes les sections de l'establishment politique et médiatique américain. Parmi les membres dirigeants de l'AMPTP on compte Barry Meyer, Président du conseil d'administration de Warner Brothers Entertainment, Leslie Moonves, PDG de CBS Corp., Peter Chermin, Président de News Corp. et Robert Niger, PDG de Disney. Combien de dizaines de millions de dollars ces individus amassent-ils chaque année ? Quelle influence politique exercent-ils ?

Les auteurs doivent entrer dans ce conflit les yeux grand ouverts et en considérer les implications à grande échelle.

Il est parfaitement légitime pour les auteurs et les autres artistes du cinéma de demander une plus large part des revenus générés par les ventes de DVD et les nouvelles formes de médias numériques. Il n'y a en fait aucune raison de faire confiance à la direction de la WGA pour qu'elle conduise ce combat jusqu'au bout.

La direction syndicale a déjà annoncé que sa nouvelle proposition à l'AMPTP « inclut des changements concernant les DVD, les nouveaux médias et les questions juridictionnelles. Nous avons également retiré neuf propositions de la table des négociations. »

Une lutte victorieuse demandera la mobilisation la plus large possible de la part des auteurs, des réalisateurs, des acteurs, des techniciens et de tous les autres participants à l'industrie du cinéma. Plus que ça, cependant, cela demandera une renaissance de la conscience socialiste et une opposition au capitalisme dans l'industrie du cinéma. Ceux qui travaillent dans ce secteur doivent considérer les films, la télévision et la culture en général du point de vue le plus large possible.

L'intransigeance des studios de cinéma et de télévision, leur refus d'abandonner chaque centime de leurs énormes profits, indiquent un problème bien plus profond : l'incompatibilité essentielle entre un système basé sur la propriété privée de puissants moyens de divertissement et de communication d'une part, et, non seulement les besoins immédiats des travailleurs du cinéma et des médias, mais aussi les aspirations démocratiques et les besoins culturels de la population dans son ensemble.

Ce ne sont pas seulement les salaires et les retraites des auteurs qui sont à la merci d'une poignée de géants du divertissement et des médias, la population l'est aussi en ce qui concerne ce qu'elle voit chaque jour à la télévision et sur les écrans de cinéma.

L'industrie du cinéma et de la télévision, dans l’état actuel, est organisée pour satisfaire les motivations de profits égoïstes d'une élite aisée. En fin de compte, comme l'ont montré diverses batailles contre les censeurs et les propriétaires de studios, il n'y a pas de place pour une critique sociale sincère dans ce cadre. Les films et les programmes télévisés américains sont admirés partout dans le monde pour leur avance technologique et leur vivacité, mais le niveau auquel ils sont obligés de s'abaisser pour se conformer aux intérêts économiques, gouvernementaux et militaires écoeure les auteurs et les artistes – et bien d'autres – de par le monde.

La lutte des auteurs est un rappel de l'énorme créativité et des efforts investis dans la production des films et des émissions de télévision. Il n'y a aucun manque de talent artistique dans ces médias, mais leur plein potentiel ne sera jamais réalisé dans le contexte économique actuel.

La prise de position des producteurs démontre leur véritable attitude envers la créativité, en dépit de leurs phrases pieuses. La richesse et l’argent sont leur principal souci. Les directeurs des conglomérats et des fonds d'investissement ne produisent rien qui ait une valeur culturelle. Leurs activités parasitaires sont menées aux dépens de la grande majorité de la population, comme le montre l'actuelle crise du logement et des crédits.

Les États-Unis font face à une immense crise sociale et politique. La situation financière est de plus en plus instable, des millions de gens luttent pour joindre les deux bouts. L'administration Bush est largement, et à juste titre, méprisée pour avoir déclenché une guerre illégale et pour ses assauts systématiques contre les droits démocratiques fondamentaux. Le gouvernement met en place la structure d'un Etat policier, tout en torturant et en maltraitant des "terroristes présumés" et d'autres personnes partout sur la planète.

Ceux qui consacrent leurs vies à réfléchir sur la réalité doivent aussi être de plus en plus sensibles à la banqueroute du Parti démocrate et des libéraux américains. Nombre de ces producteurs qui s'opposent aujourd'hui aux scénaristes de cinéma et de télévision contribuent au financement des démocrates. Les deux partis dominants sont complices dans les guerres d'Afghanistan et d'Irak et menacent maintenant de mener le pays dans une guerre désastreuse contre l'Iran. La population laborieuse doit déclarer son indépendance politique et se libérer de ces partis du grand capital et de l'oppression.

Les artistes de cinéma et de télévision seront forcés de se confronter à ces réalités.

Une résurgence du mouvement socialiste est absolument vitale. Des perspectives de gauche animaient beaucoup d'auteurs, de réalisateurs et d'acteurs dans l'industrie cinématographique américaine des années 1930 et 1940, une période considérée comme l'âge d'or du cinéma hollywoodien. De nombreux auteurs inscrivaient leur œuvre dans le cadre des grandes questions sociales : la lutte contre le fascisme et la guerre, les luttes ouvrières, l'opposition au capitalisme lui-même. Les chasses aux sorcières anticommunistes de McCarthy ont eu un impact dévastateur sur le cinéma et tous les aspects de la vie aux États-Unis.

Alors qu'ils engagent une lutte contre les producteurs du cinéma et de la télévision, les auteurs doivent prendre en considération l'état actuel et l’avenir de l'industrie dans leur ensemble. De plus en plus, les besoins élémentaires des artistes de cinéma et de télévision se heurtent à la barrière du monopole sur les divertissements et l'information, exercé par une petite clique de milliardaires.

Les énormes géants du divertissement et des médias doivent être retirés des mains de ceux qui les dirigent actuellement pour leurs gains personnels et devenir d'authentiques services publics, dédiés aux intérêts de la population. C'est la seule condition dans laquelle une créativité authentique puisse fleurir.

Les auteurs et les artistes en général, à notre avis, doivent commencer à voir la lutte actuelle dans ce contexte social et politique plus large.


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