wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: les travailleurs s’opposent à la franchise médicale

Par nos reporters
19 octobre 2007

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Près de 15 000 personnes ont défilé le 13 octobre au départ du quartier Montparnasse à Paris lors de la première mobilisation de travailleurs contre les attaques sur les dépenses de sécurité sociale annoncées par le gouvernement de Nicolas Sarkozy.

La protestation avait été appelée par la Fnath, Fédération nationale des accidentés de la vie (accidents du travail, handicaps) et l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva). On s’attend à ce que quelque 100 000 malades de plus décèdent dans les 20 prochaines années suite à la négligence criminelle du patronat et du gouvernement. La manifestation était aussi soutenue par la CGT (confédération générale du travail) proche du Parti communiste.

Mis à part de gros contingents CGT, plusieurs groupes d’extrême-gauche ont aussi participé à cette manifestation qui n’a pas fait l’objet d’une grande publicité. Il y avait peu de jeunes sans étiquette politique ou non syndiqués. Un autre élément expliquant le nombre limité de manifestants est la couverture médiatique massive non-stop pour la coupe du monde de rugby qui se tient en France. Les syndicats n’ont absolument pas cherché à contrer cette tentative de noyer la lutte des classes dans le chauvinisme et ont même donné la garantie que les matches ne seraient pas perturbés par des mouvements sociaux.

Des sympathisants du World Socialist Web Site ont distribué des milliers de tracts de la déclaration, « France: La lutte contre Sarkozy nécessite une nouvelle perspective politique »

La manifestation était spécifiquement organisée pour protester contre l’introduction d’une franchise médicale de 50 centimes pour chaque boîte de médicament prescrite par le médecin. Celle-ci entrera en vigueur en 2008 et fait suite à des réductions de remboursement de certains médicaments et de la consultation médicale mises en place ces dernières années. Pour le moment, cette franchise est limitée à 50 euros par an et par personne, mais c’est la porte ouverte à une augmentation beaucoup plus importante des frais à la charge des malades.

Ces frais médicaux touchent durement les travailleurs couverts par la sécurité sociale et qui jouissaient jusqu’à présent de soins médicaux quasiment gratuits. Mais les plus grandes victimes sont les patients en affection longue durée (ALD), les malades et les handicapés. La Fédération des victimes d’accident a ainsi résumé la franchise de 50 centimes, c’est « l’impôt sur la maladie ». 

Le gouvernement a l’intention de réduire coûte que coûte le déficit de la sécurité sociale, qui s’élèvera suivant les prévisions à 12 milliards d’euros en 2007 (il était de 8,7 milliards en 2006.) La CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie), organisme responsable des remboursements médicaux, bras médical du système de sécurité sociale s’oppose à ces mesures au motif qu’elles ne correspondent aucunement à une logique visant à responsabiliser les gens, étant donné que ce ne sont pas les patients qui prescrivent les médicaments, et qu’à la longue, elles vont avoir pour effet de pousser les patients à abandonner un traitement médical. 

La colère des travailleurs devant cette franchise médicale est exacerbée par les cadeaux fiscaux provocateurs accordés aux riches dans le budget présenté par Sarkozy en juillet dernier et d’une valeur de 15 milliards d’euros. Cette insulte a encore été renforcée par le délit d’initiés chez Airbus où des amis proches de Sarkozy, tel Arnaud Lagardère, se sont défaits d’actions Airbus pour les vendre au gouvernement et se faire un profit de 90 millions d’euros. Quelque 1 200 dirigeants d’EADS (maison mère d’Airbus) sont soupçonnés d’être impliqués dans cette affaire.

Le soutien syndical pour cette manifestation contre ces incursions dans l’assurance maladie a été limité. Les syndicats des transports se concentrent sur leur journée de grève d’un jour le 18 octobre pour la défense des régimes spéciaux, système de retraite concernant 1,9 million de cheminots, de travailleurs des réseaux urbains, bus et métro, et de gaz et électricité ainsi que d’autres. Cette manifestation a pour but de servir de soupape face à la tension qui monte contre le programme tout entier du gouvernement Sarkozy, au lieu de mobiliser toute la puissance de la classe ouvrière pour en venir à bout.

Tous les signes donnent à penser que la grève du 18 octobre va quasiment bloquer les transports en commun ce jour-là. Elle sera massivement suivie par les travailleurs des transports sur le réseau national et international ainsi que régional et municipal.

Ce saucissonnage des problèmes, opéré par les syndicats fait partie de la stratégie visant à empêcher une résistance unie de la classe ouvrière face au gouvernement et à ses attaques sur les droits sociaux et démocratiques. Par contraste, l’intransigeance du gouvernement est on ne peut plus claire. Sarkozy « est dans une logique d’aboutir... il n’y aura pas de recul possible », a annoncé Claude Guéant secrétaire général de l’Elysée. Alors qu’en 1995 le gouvernement conservateur d’Alain Juppé s’effondrait sous le poids de la résistance massive aux réformes des retraites, Guéant a insisté pour dire que « la France a changé, et nous sommes déterminés ».

L’inefficacité des grèves d’une journée et la volonté d’empêcher toute confrontation sérieuse avec le gouvernement Sarkozy font que les syndicats en sont juste à réclamer davantage de négociations. Bernard Thibault, dirigeant de la CGT, cherche à gagner du temps sur la question de l’action en disant qu’il est « fort probable qu’il y aura d’autres grèves après le 18 octobre, » tout en se plaignant d’un gouvernement qui a « tendance à décider d’une réforme (…) et après, à nous demander d’accompagner cette réforme. » (Reuters 13 octobre) »

Pour sa part le gouvernement essaie de présenter la franchise sociale comme un geste humanitaire dont le but est de financer la recherche sur la maladie d’Alzheimer et le traitement du cancer. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot a expliqué le déremboursement de médicaments comme « un effort pour certaines familles, c’est vrai, mais c’est un effort modéré qui nous permettra de répondre à ces nouveaux besoins ». Le cynisme consistant à voler la population du droit aux soins de santé pour financer ailleurs la recherche médicale urgente est un facteur contribuant à l’érosion rapide de la popularité du gouvernement. Les sondages révèlent que 70 pour cent de la population sont contre ces réformes de santé.

Tandis que la manifestation se regroupait, le service d’ordre de la CGT a demandé aux sympathisants du WSWS de ne pas s’approcher des points de rassemblement de leurs contingents. Ils s’opposaient à la dénonciation faite dans la déclaration du WSWS de la complicité des syndicats avec le programme social de Sarkozy et ont essayé de nier les accusations de « collaboration des syndicats avec Sarkozy ». La déclaration du WSWS était l’unique tract distribué lors de la manifestation parisienne qui mette en avant les questions politiques confrontant la classe ouvrière et proposant un mouvement de la classe ouvrière indépendant basé sur des principes internationalistes socialistes.

Marina, une manifestante originaire d’Argentine a dit voir dans le régime de Sarkozy « les mêmes signes de gouverner et de faire de la politique que chez les néofascistes. Ce qui me fait réagir, c’est que cela se passe dans un pays comme la France avec une tradition politique et une culture. Le gouvernement reculera peut-être seulement si la mobilisation est très grande et que les syndicats l’organisent. Les syndicats ne doivent absolument pas collaborer avec le gouvernement, on commence comme ça et après on lâche tout. La classe ouvrière, c’est les sans-emplois, les employés des services, etc. La solidarité doit dominer. En Argentine il y a beaucoup de richesse, on est exploité et par une partie de la population et par l’extérieur. Il faut stopper toute guerre, civile, interethnique, religieuse. »

Christiana a dit « espérer que le gouvernement va reculer… Une chose est claire, il faut résister. »

Un technicien travaillant à Montparnasse a dit, « Tous les éléments du programme de Sarkozy vont nous faire bouger, tous sans exception. Les manifs sont efficaces. Il y en aura d’autres. Il ne faut pas que les syndicats collaborent avec le gouvernement. On ne doit pas être en concurrence : les travailleurs forment une seule classe, et une classe internationale. On doit être en solidarité sinon on ne pourra jamais gagner. On doit lutter contre l’impérialisme. Lutter internationalement, c’est une nécessité et une nécessité historique. Il faut construire un parti international, il faut le temps de le construire. »


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés