wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Emeutes en Grèce après le meurtre d'un jeune de 15 ans par la police

Par Ann Talbot
13 décembre 2008

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Des émeutes ont éclaté dans tout le pays en Grèce après que la police abatte un jeune garçon de 15 ans à Athènes. Elles ont démarré dans la capitale et se sont rapidement répandues vers la ville de Thessalonique au Nord et même dans les îles de Crète et de Corfou.

Plus de 1000 personnes ont manifesté dans la seconde ville de Grèce, Thessalonique. Les manifestants s'en prenaient aux magasins d'état, aux banques, aux commissariats de police, et à d'autres bâtiments publics. On a également fait état d'émeutes dans les villes universitaires de Patras, Komotiní, Héraklion, Ioannina, ainsi que Chania en Crète.

À Athènes, ces émeutes se sont rapidement propagées à Monistiraki, l'un des principaux quartiers touristiques, et à Ermou, une importante rue commerçante.Les bâtiments proches des anciens monuments de la bibliothèque d'Hadrien étaient en flammes dimanche matin.

Dimanche, il y a eu de nouvelles manifestations et de nouveaux accrochages avec la police. Celle-ci a utilisé des gaz lacrymogènes à Thessalonique contre une foule qui scandait, « Meurtriers en uniformes ».

Selon les pompiers athéniens, au moins 20 magasins ont été incendiés.

« On n’avait jamais vu ça », déclarait un officier de police gardant l'anonymat aux journalistes, « C’est une atmosphère à couper au couteau. »

D'après les autorités grecques, deux officiers ont été arrêtés et un gradé a été suspendu à la suite du meurtre du garçon.

Celui-ci, Alexandros Grigoropoulos, a été tué dans le quartier d'Exarchia à Athènes, samedi vers 10 heures du matin. Sa mort a entraîné des émeutes, les manifestants appelant des renforts par SMS.

La police prétend qu'il faisait partie d'un groupe de jeunes qui lançaient des pierres sur une de leurs voitures. L'un des agents de police aurait lancé une grenade incapacitante pendant qu'un autre serait sorti de la voiture avec son arme et aurait touché le garçon à la poitrine. Des témoins affirment que l'agent aurait pris le temps de viser. Un témoin a pu filmer l'événement. Le garçon est décédé avant d'arriver à l'hôpital. Le dimanche après-midi, plusieurs milliers de personnes ont convergé vers le commissariat principal d'Athènes. John Gelis, un psychologue de 28 ans, décrit leur état d'esprit : « Le sentiment qui prédomine est la colère. Un gamin a été tué sans raison. C'est un signe de l'arrogance de la police. C'est un acte contre la démocratie. »

Exarchia abrite l'école Polytechnique, l'université qui fut le centre de l'opposition à la junte militaire qui dirigea la Grèce jusqu'en 1974. L'armée prit la Polytechnique d'assaut avec des chars le 17 novembre 1973, tuant 40 étudiants contestataires.

Les esprits étaient déjà échauffés à cause de cet anniversaire. Des accrochages entre la police et des manifestants s'étaient déjà produits devant l'ambassade américaine en novembre.

La Polytechnique est installée dans un quartier pauvre peuplé d'ouvriers et d'étudiants où beaucoup de jeunes se disent anarchistes. L'incident au cours duquel le garçon a été tué était l'un des nombreux accrochages qui ont eu lieu ces derniers mois entre les jeunes du quartier et la police. Les tensions sociales sont montées en flèche à cause de la fracture croissante entre riches et pauvres dans la société grecque.

Normalement, la police pratique une politique de la prudence à Exarchia. Selon Bradly Kiesling, un ex-diplomate américain, « La police reste hors de certaines zones, à moins qu'il y ait une urgence sérieuse, et les anarchistes ne cassent rien sans une bonne raison, [mais] si quelqu'un se fait tuer, la doctrine est la vengeance massive. »

Le dernier meurtre [par la police] d'un mineur en Grèce datait de 1985. Il avait également entraîné de grandes émeutes. Les derniers incidents constituent les actes de rébellion les plus sérieux depuis 1999, lorsque des manifestants qui protestaient contre la visite du président Clinton s'étaient accrochés avec la police. Selon le Financial Times, ces émeutes sont les pires depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les tensions sociales ont été accentuées par le programme économique du gouvernement conservateur du parti Nouvelle Démocratie, dirigé par le premier ministre Costas Karamanlis. Le crédit politique du gouvernement a été encore entamé par un scandale foncier.

Les conditions de vie de la majorité de la population sont dominées par une inflation à la hausse et un taux de chômage élevé. Le gouvernement est sous la pression de Bruxelles qui demande une réduction du déficit budgétaire (plus élevé que ce qui est autorisé dans la zone euro). Karamanlis s'est lancé dans un programme d'atteintes aux aides sociales et à la sécurité de l'emploi. Ses mesures ont déclenché plusieurs grèves. Le gouvernement a tenté de tourner les tensions sociales en tensions ethniques en s'en prenant aux réfugiés et aux immigrés.

Pendant que la majeure partie de la population souffre de la dégradation des conditions de vie, une petite minorité profite de la spéculation foncière. Les incendies qui se sont produits récemment sont en rapport avec des promoteurs qui veulent construire des hôtels et des complexes touristiques dans des zones forestières protégées.

Deux ministres importants ont été contraints de démissionner pour un scandale concernant un remembrement effectué par un monastère orthodoxe. Karamanlis, qui n'a que deux siéges de majorité, a refusé la démission de son ministre de l'Intérieur après le meurtre du jeune homme.

(Article original anglais paru le 8 décembre 2008)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés