wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Obama promet de réduire radicalement les dépenses fédérales

Par Bill Van Auken
1er décembre 2008

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Au cours de sa seconde conférence de presse sur l’économie en l’espace de deux jours, le président élu, Barack Obama, a promis mardi qu’il réduirait radicalement les dépenses gouvernementales afin de couvrir les coûts d’un paquet de mesures de relance économique qu’il avait dévoilé la veille.

« Si nous réalisons les investissements dont nous avons besoin, nous devons également être disposés à renoncer aux dépenses inutiles, » a déclaré Obama. « En ces temps difficiles où nous sommes confrontés à la fois à un déficit croissant et à une économie en déclin, la réforme budgétaire n’est pas une option ; c’est une nécessité. » a-t-il ajouté.

Obama a dit que son équipe examinerait le budget fédéral, « page par page, ligne par ligne, en éliminant les programmes inutiles, et en s’assurant impérativement que ceux dont nous avons besoin aient un bon rapport coût-efficacité. »

Alors qu’il répétait sa précédente déclaration disant qu’« il n’y a qu’un président à la fois, » Obama a fait comprendre que ces apparitions de plus en plus fréquentes devant les journalistes à Chicago, une troisième conférence de presse devant avoir lieu mercredi, sont motivées par la crise économique grandissante qui envahit le capitalisme américain et mondial et le désir de rassurer les marchés financiers.

« Etant donné les circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous nous trouvons, il est important que le peuple américain sache que nous réunissons une équipe de premier ordre et que nous n’avons pas l’intention de faire notre entrée dans le prochain gouvernement en trébuchant, » a-t-il précisé.

Le contexte immédiat de la conférence de presse avait été l’annonce de nouveaux chiffres montrant que l’économie américaine continue sa spirale descendante. Le Département américain du Commerce a indiqué mardi que l’activité économique avait baissé au rythme de 0,5 pour cent durant les trois mois précédant octobre, alors que le revenu américain moyen disponible enregistrait au cours de la même période une chute annuelle de 9,2 pour cent, soit le déclin le plus abrupt jamais enregistré depuis la tenue de tels registres en 1947.

La conférence de presse d’Obama eut lieu au moment où le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, annonçait un autre plan de sauvetage de 800 milliards de dollars destiné à éviter un effondrement du marché du crédit à la consommation.

Le but de la conférence de presse était de présenter deux autres membres de l’équipe économique du nouveau gouvernement. Obama a nommé Peter Orszag, actuel directeur du Bureau du budget du congrès, (CBO), au poste de directeur du Bureau de la Gestion et du Budget, c'est-à-dire l’administration de la Maison Blanche qui prépare les budgets fédéraux et supervise les programmes fédéraux. Il a aussi nommé Rob Nabors, actuellement directeur de la Commission d’appropriation (House appropriations Committee), au poste d’adjoint d’Orszag. Comme pour la plupart des nominations précédentes, ils sont tous deux aussi des vétérans du gouvernement Clinton.

L’annonce a suivi la nomination de lundi de Tim Geithner, président de la Réserve fédérale de New York, au poste de secrétaire au Trésor et de Lawrence Summers à celui de directeur du Conseil économique national en même temps que d’autres membres de son équipe économique.

Obama a fait une nette distinction entre sa proposition pour « une injection de fonds immédiate et provisoire qui sera nécessaire pour relancer notre économie » et les projets visant à réduire « les dépenses structurelles qui ont été effectuées à Washington et qui ont créé cette énorme montagne de dettes. »

Il a réitéré que le programme provisoire qu’il préconise « aiderait à sauver et à créer deux millions et demi d’emplois. » Alors que le prix à payer pour le programme a été évalué à 700 milliards de dollars, les objectifs sont tout à fait inadéquats compte tenu de la gravité de la crise. Près de la moitié des emplois qu’Obama prétend sauver ou créer en deux ans a déjà été supprimée au cours de la seule année dernière, et les demandes d’allocations de chômage  grimpent au rythme de plus d’un demi million par semaine.

En ce qui concerne la réduction du budget, le président démocrate élu, tout en prévenant qu’il y aurait des « choix difficiles » à faire et que certains programmes devraient disparaître, a donné très peu de précisions.

L’unique exemple qu’il a cité, la suppression des 49 millions de dollars de subventions aux récoltes, accordées à des fermiers gagnant plus de 2,5 millions de dollars, est loin d’apporter la lumière sur ses intentions. Le montant en question représente moins d’une goutte d’eau dans l’océan en terme de déficit budgétaire américain et qui à présent, selon les évaluations des économistes, se situera l’année prochaine à mille milliards de dollars, soit plus du double de celui de l’année fiscale qui s’est achevée en septembre.

Le genre de réduction budgétaire qui est nécessaire pour restreindre les déficits qui enflent et compenser les milliers de milliards de dollars qui ont déjà été alloués au sauvetage des principales banques et institutions financières ne peut être réalisé sans passer par des réductions massives des programmes sociaux de base tels Social Security [organisme qui gère les retraites de base], Medicare [assurance de santé des personnes âgées] et Medicaid [assurance-maladie minimale pour les plus pauvres].

Il est un domaine dans lequel Obama et ses conseillers ont dit ne pas vouloir tailler, c’est celui des dépenses militaires et pour lequel le futur gouvernement projette en réalité d’augmenter les effectifs de l’armée de terre de 100.000 soldats et d’acheter plus d’armement et d’équipement.

En annonçant les nominations, Obama s’est vanté d’avoir déjà reçu « des accolades bipartites pour l’équipe du budget que je mets en place. » Ce n’est pas un hasard, compte tenu de la politique droitière pratiquée par les personnes nommées.

Comme le remarquait le magazine économique Forbes.com : «  Tout comme Summers et Geithner, Orszag est étroitement lié au secrétaire au Trésor de l’ancien gouvernement Clinton, Robert Rubin qui est bien connu pour l’importance qu’il accorde à la responsabilité fiscale. »

Rubin est actuellement président du conseil d’administration de la Citibank qui a été renflouée dernièrement. C’est le soutien qu’il avait apporté aux dérégulations et à la subordination de la politique fiscale aux exigences des marchés de capitaux, qui avait contribué à ouvrir la voie à l’actuelle crise. En 2006, Rubin avait choisi Orszag pour diriger le Hamilton Project, un groupe de réflexion mis en place par les grands patrons et les banquiers affiliés au Parti démocrate afin de promouvoir les vertus de l’austérité fiscale, les marchés libres et la dérégulation financière.

En 2004, Orszag rejoignait Rubin et son homologue économiste Allan Sinai pour mettre en garde que le budget fédéral américain se trouvait sur « une voie intenable » et que le manque d’équilibre du budget soulevait « la probabilité d’un désordre fiscal et financier à venir. »

En tant que directeur du CBO, il a répété en essence le même avertissement le mois dernier en déclarant : « Si nous ne réussissons pas à placer la nation sur une trajectoire fiscale plus saine au cours des prochaine décennies, alors nous arriverons à un stade où les investisseurs perdront confiance et ne voudront plus acquérir des dettes publiques qu’au prix de taux d’intérêt exorbitants. Si cela devait arriver, il nous manquerait le genre de marge de manœuvre dont nous bénéficions actuellement pour répondre aux problèmes des marchés financiers et de l’économie. »

Orszag a été un défenseur ardent des coupes budgétaires dans les prestations sociales afin de « sauvegarder » le système de retraite public universel. Dans un projet de 2005 co-rédigé avec Peter Diamond du Massachusetts Institute of Technology (MIT), il a mis en garde : qu’« éviter les réformes réelles, soit en les retardant soit en adoptant une approche favorisant l’assistanat, ne fait qu’exacerber les choix douloureux qui devront finalement être faits. »

Il a appelé à une série de réductions dans les prestations de la Sécurité sociale, combinées à une augmentation des impôts prélevés sur les salaires, en imposant le fardeau à la population laborieuse plutôt qu’aux entreprises et aux riches. Conformément à son projet, ces réductions seraient introduites progressivement, les plus de 55 ans seraient exemptés, mais une réduction de près de 9 pour cent des prestations serait imposée, et qui touchera finalement ceux qui sont à présent âgés de 25 ans. L’augmentation des impôts serait introduite de la même manière.

Au Bureau du budget du congrès, Orszag n’a cessé de battre tambour en faveur d’une réduction drastique des dépenses de santé, en déclarant que c’est « un défi fiscal central auquel le pays est confronté. »

Parmi les propositions qu’il avait mises en avant dans une déclaration qu’il avait préparée l’année dernière pour le CBO figurait la proposition d’« accroître la part des consommateurs dans le partage des coûts afin de les rendre plus conscients des coûts. »

Il n’est pas partisan d’un système de santé universel ou de libérer les soins de santé des motifs de profit des compagnies d’assurance et de l’industrie de la santé.

Comme dans tous ses récents discours sur la crise économique, Obama a mis l’accent sur l’idée que « nous sommes tous concernés » pareillement, riches et pauvres, banquiers d’affaires et ouvriers d’usine. « Je suis sûr que nous serons à la hauteur du défi, »a-t-il dit, « si nous sommes prêts à nous unir et à reconnaître que Wall Street ne peut pas prospérer tant que Main Street [l’économie réelle] souffre. »

Cette rhétorique ne sert qu’à masquer les réalités économiques et sociales de la crise qui se développe. Wall Street est renfloué aux dépens de « Main Street ». Les travailleurs ordinaires qui n’ont aucune responsabilité dans l’effondrement financier sont forcés de payer le prix d’années de parasitisme financier et de spéculation, qui ont enrichi le 1/100 de la population tandis que la vaste majorité a vu son revenu réel stagner ou baisser. La réponse inévitable à apporter à ce type de politique d’austérité économique que le futur gouvernement Obama prépare ne sera pas une « union » de « Wall Street et de Main Street », mais plutôt une résurgence de la lutte de classe aux Etats-Unis.

(Article original paru le 26 novembre 2008)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés