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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Grande-Bretagne : Non à la déportation de Hicham Yezza

Une déclaration de l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale (IEES/ISSE)
2 juin 2008

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L’Internationale étudiante pour l’égalité sociale condamne et s’oppose à l’arrestation et à la détention d’un étudiant et d’un employé de l’Université de Nottingham en Angleterre. Rizawaan Sabir, un étudiant et Hicham Yezza, titulaire d’un doctorat et membre du personnel de l’université, ont été arrêtés le 14 mai dernier en vertu du Terrorism Act 2000 (Loi antiterroriste). A la suite de cette action, le ministère de l’Intérieur britannique a ordonné la déportation de Hicham Yezza vers l’Algérie, celle-ci étant prévue pour le 1er juin.

Sabir est étudiant en sciences politiques à l’université de Nottingham et prévoit d’achever une maîtrise sur l’intégrisme islamique et les réseaux internationaux de terrorisme. Au cours de la recherche effectuée pour sa dissertation, « L’approche américaine d’al-Qaïda en Irak », il a téléchargé, dans le cadre de sa préparation, un exemplaire d’un manuel d’entraînement d’al-Qaïda, disponible sur un site internet du gouvernement américain. Ce document est d’accès libre sur un certain nombre de sites internet et on peut l’acheter sous forme de livre sur Amazon.com

Comme le document comportait quelque 1500 pages, Sabir, se rendant compte qu’il ne pouvait pas en payer l’impression de sa poche, l’avait envoyé par courriel à Yezza, lui demandant s’il était en mesure de l’imprimer pour lui. Quelque temps après, quelqu’un a contacté la police, indiquant que le manuel avait été vu sur l’ordinateur de Yezza.

La police est venue à l’université, a arrêté Rizawaan et Yezza et perquisitionné leurs domiciles. Leurs portables et leurs ordinateurs ont été confisqués, leurs familles et leurs amis interrogés.

On a aussi perquisitionné certains bâtiments du campus et la police en uniforme a maintenu une présence dans le principal bâtiment du campus, le Trent Building. On a fouillé aussi des étudiants arrivant sur le campus le lendemain de l’arrestation. Musab Younis, un organisateur de la campagne pour la défense de Yezza a dit que, durant l’enquête, « la police a régulièrement essayé de collecter des informations sur l’activisme étudiant et sur les campagnes pacifiques. Elle a posé de nombreuses questions sur le magazine pacifiste étudiant Ceasefire (Cessez-le-feu) et d’autres activités politiques des étudiants. »

Sabir et Yezza ont tous deux été détenus pendant six jours avant d’être libérés, le 20 mai, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.

A la suite de sa libération, Sabir a dit : « J’étais brisé. Je ne dormais pas. Si je fermais les yeux, j’entendais les bruits de clés et je me levais à nouveau. Lorsque j’ai pris conscience de la gravité de la chose j’ai cru que j’allais finir à la [prison de haute sécurité] de Belmarsh avec les aliénés. C’était de la torture psychologique. Mardi, ils m’ont lu une déclaration me confirmant qu’il s’agissait d’un document illégal qui ne devait pas être utilisé à des fins de recherche. A ce jour, personne n’a élucidé cette question. Ils m’ont relâché. Je tremblais violemment, je suis tombé contre le mur et puis par terre, et j’ai tout simplement pleuré. »

L’avocat de Sabir, Tayab Ali a dit « Les deux membres de cette université ont été traités comme s’ils faisaient partie d’une cellule d’al-Qaïda. Ils ont été détenus pendant 48 heures, on a accordé un mandat pour une détention prolongée et on a dit que la police avait des portables et des preuves prises sur les ordinateurs   justifiant cette mesure ».

Il a ajouté, « On aurait pu traiter cela de façon raisonnable si l’université avait discuté la question avec Rizawaan et ses professeurs. C’est là l’aspect troublant du prolongement de la détention [en vertu de la Loi antiterroriste]. Ils peuvent se servir en fait d’arrestation de pouvoirs énormes avant d’enquêter ».

Une attaque des droits démocratiques et de la liberté universitaire

Les arrestations de Sabir et de Yezza et la décision de déporter Yezza représentent une attaque fondamentale des droits démocratiques. On a arbitrairement  nié à Yezza le droit à un procès juste et le droit à être entendu publiquement pour se défendre.

Après sa libération, Yezza a immédiatement été arrêté une nouvelle fois, en vertu de la législation sur l’immigration. Après un examen de son cas, les services d’immigration ont fixé une date pour sa comparution devant le tribunal d’instance de Nottingham le 16 juillet afin de déterminer son statut. Il devait comparaître pour non-possession des documents nécessaires pour demeurer au Royaume-Uni. Mais au lieu de cela, on a dit à son avocat le 23 mai qu’il serait sommairement déporté. Il est détenu au Colnbrook Removal Immigration Centre (Centre de déportation des immigrés) près de l’aéroport d’Heathrow. 

On a fait appel contre l’ordre de déportation. Son avocat, David Smith a dit : « Il nie avec véhémence cette charge. Il veut que le cas aille devant la cour d’assise pour y être jugé et pour qu’il puisse établir sa complète innocence. »

Yezza a dit à ceux qui le soutiennent : « Le ministère de l’Intérieur agit avec la mentalité de la Gestapo. Ils n’ont aucun respect de la dignité et de la vie humaine. Ils traitent les ressortissants étrangers comme des produits jetables, leur irresponsabilité et leur approche cavalière sont celles d’un Etat totalitaire. Je remercie tous de leur soutien, cela m’a énormément réconforté et rempli de respect. »

Yezza qui est venu en Grande-Bretagne d’Algérie avait fait une demande pour pouvoir rester au Royaume-Uni où il a vécu ces 13 dernières années. Jusqu'à son arrestation par la police, les autorités n’ont jamais essayé de remettre en question son droit de vivre au Royaume-Uni et d’y travailler. Il était employé comme assistant personnel du directeur du département des langues et cultures modernes, le professeur Lesley Milne. Avant cela, il avait obtenu une bourse et passé une licence, une maîtrise et un doctorat. Yezza est quelqu’un de populaire, qui dispose d’un large cercle d’amis à l’université et dans le quartier où il vit. 

Durant ses études, il a été membre du comité exécutif du syndicat étudiant et membre du sénat de l’université. Il a été président de l’Arabic Society et rédacteur en chef du magazine Voice, un journal pour les étudiants étrangers. Il était aussi rédacteur en chef de Ceasefire, la revue politique du Mouvement étudiant de la paix à Nottingham.

La campagne pour s’opposer à la déportation de Hicham Yezza a obtenu un soutien important. Des centaines d’étudiants et de membres du personnel de l’université de Nottingham ont manifesté le 28 mai sous une pluie battante. Une protestation silencieuse a eu lieu en opposition à l’attaque de la liberté universitaire qui est au centre de cette affaire.

Le député travailliste Alan Simpson a écrit une lettre au ministre d’Etat, Liam Byrne déclarant « Je ne vois aucune raison pour une déportation d’urgence de M. Hicham Yezza sinon celle de cacher l’embarras de la police et des services de renseignements. Le faire sortir à toute vitesse du pays ne fera que provoquer de vastes protestations contre une déportation arbitraire et l’absence de droit à être proprement entendu. Une audition de M. Hicham Yezza était prévue pour le 16 juillet 2008. Il n’y a aucune raison pour que vous précipitiez les choses et je vous demande avec insistance de revenir au calendrier initial grâce auquel il peut être entendu et représenté correctement. » 

Un site internet présente des motions modèles et une pétition qui peuvent être envoyés à Jackie Smith, la ministre de l’Intérieur : http://freehichamyezza.wordpress.com/

L’université de Nottingham n’a fait aucune déclaration pour s’opposer aux arrestations et à la décision ultérieure de déporter Yezza. Un porte-parole de l’université a initialement défendu la manière d’agir de l’université et déclaré que le matériel en question n’était pas « légitime ». Il a dit qu’il était de son devoir d’informer la police à propos de « matériel de cette nature ». C’est seulement plus tard, après que l’affaire a acquis une plus grande notoriété que l’université a déclaré qu’il s’agissait là de matériel de recherche valide.  

Mais même alors une déclaration de l’université cherchait à condamner Sabir pour avoir envoyé le document à Yezza, affirmant que « si vous êtes un universitaire ou un étudiant inscrit à l’université, alors vous pouvez avoir librement accès à tout matériel requis par votre travail universitaire. Mais il est présumé que vous agirez avec discernement dans le cadre actuel de la loi au Royaume-Uni et que vous ne l’enverrez pas à Pierre et à Paul. »

Ni Sabir ni Yezza, qui fait partie du personnel de l’université, n’ont rien fait d’illégal.

Un certain nombre d’universitaires de Nottingham, parmi lesquels Alf Gunwald Nilsen, Bettina Renz et Vanesa Pupavac de la School of Politics and International Relations, ont condamné les arrestations et les déclarations faites dans l’hebdomadaire Times Higher Education Supplement par l’administrateur de l’université, Paul Greatrix.      

Greatrix a déclaré le 22 mai que les arrestations s’étaient produites en réponse à une « enquête discrète » et « menée avec doigté » par la police du Nottinghamshire et le contre-terrorisme des West Midlands. Il a ajouté « les membres de l’université peuvent être rassurés sur le fait que nous prenons très au sérieux notre responsabilité d’assurer que les étudiants et le personnel soient libres d’étudier et de travailler dans un contexte sûr, sécurisé et tolérant. Il y a de nombreuses manières d’œuvrer à la création de telles conditions et à la garantie que chacun jouisse de la liberté de parole dans le cadre de la loi. L’université est une arène ouverte au libre débat et à la dissension ».   

Dans leur lettre de protestation, les universitaires ont écrit « l’université a en fait déclaré qu’elle considérait le document en question comme illégitime et c’est seulement plus tard qu’elle s’est rétractée et a remplacé cette déclaration par une autre selon laquelle il était approprié que les membres de l’université soient en possession de matériel de ce type… Nous trouvons surprenant qu’une université manifeste un tel mépris pour le droit des citoyens engagés, à s’éduquer sur des questions d’intérêt public. »

Contrairement à l’affirmation de Greatrix selon laquelle c’est l’engagement de l’université que de préserver la liberté de parole, les universitaires ont écrit qu’« en fait, l’université a été extrêmement réticente à entrer dans un dialogue quelconque avec les étudiants et le personnel qui s’inquiètent de l’état de la liberté universitaire et des libertés civiles ».

« Pour nous il est donc clair que l’université de Nottingham ne sera pas une "arène ouverte au libre débat et à la dissension" tant que des excuses ne seront pas faites à  Rizawaan Sabir et Hicham Yezza et tant que l’université ne garantira pas la liberté universitaire, les libertés civiles et les droits de l’Homme de son personnel et de ses étudiants. » 

L’IEES/ISSE soutient sans réserve ces déclarations. Nous appelons tous les étudiants et les travailleurs, au niveau national et international, à exiger la libération immédiate de Hicham Yezza.

(Article original anglais publié le 30 mai 2008)


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