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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : La LCR tient une réunion à St Denis en vue de la création du Nouveau Parti anticapitaliste

Par Francis Dubois
16 octobre 2008

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Les 27 et 28 septembre dernier, La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a tenu une réunion à St Denis, en banlieue nord de Paris. Des reporters du WSWS ont assisté à la réunion qui s’intitulait « Rencontre nationale des salariés et privés d’emploi » et se présentait comme une réunion pour recruter et préparer la création par la LCR du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en janvier 2009.

La LCR et son candidat à la présidentielle, Olivier Besancenot, reçoivent une grande publicité de la part des médias bourgeois et tirent profit de l’hostilité populaire envers les partis de « gauche » plus traditionnels, les partis bourgeois socialiste (PS) et communiste (PC). Avec son initiative du NPA, la LCR espère recruter une couche importante de travailleurs et de jeunes sur la base de l’hostilité à la politique menée par le président Nicolas Sarkozy et qui est favorable au patronat. La réunion de St Denis a souligné que la LCR a pour objectif de former ses recrues sur la base non pas du marxisme révolutionnaire, mais de la politique de protestation syndicale.

La réunion se structurait autour de deux introductions présentées par des intervenants lors d’une session plénière et huit commissions suivantes sur divers sujets de la vie économique et quotidienne : les salaires, les licenciements, la santé et la sécurité au travail, les prix, la protection sociale, les services publics et deux commissions sur le syndicalisme.

Autour de 350 personnes venues de toute la France étaient présentes, la plupart quadragénaires ou quinquagénaires. Ceux qui ont parlé avec les reporters du WSWS étaient des membres de la bureaucratie syndicale ou proche d’elle.

Les deux sessions d’introduction s’intitulaient : « Comment lutter contre les divisions de la classe ouvrière par la multiplication des statuts, des contrats de travail, par la généralisation de la précarité, et les outils syndicaux pour s’organiser, lutter et résister ? » et « Quelles revendications, quel programme d’action portera le Nouveau Parti anticapitaliste pour servir les mobilisations, les travailleurs, au quotidien ? »

Un intervenant a dit lors de la première session, « L’action [contre les récentes suppressions d’emploi chez Renault et Goodyear] ne peut pas concerner uniquement les travailleurs touchés. Cela veut dire faire que tout le monde soit concerné…Nous avons besoin d’une réponse à un niveau supérieur, d’une réponse nationale et interprofessionnelle… Une mobilisation pour exiger que les licenciements socialement et humainement inacceptables soient mis hors la loi, imposer le droit à l’emploi comme un droit absolu qui doit passer avant les profits. »

La seconde section de l’introduction était consacrée au « programme d’action » du NPA, qu’elle présentait comme un « programme d’urgence » nécessaire pour répondre aux « besoins urgents » de la population. Elle a exigé l’interdiction des licenciements, une loi contre la précarité de l’emploi, l’abrogation des attaques récentes sur les retraites, une « réduction massive » du temps de travail et la création d’emplois. Une demande importante était l’augmentation du salaire minimum à 1500 € net, proposition qui avait été faite par la candidate du PS Ségolène Royal lors des élections présidentielles de 2007. Les intervenants ont aussi exigé des contrôles des prix et l’indexation des salaires sur l’inflation, sous la surveillance des syndicats.

C’est tout à fait caractéristique de la politique de la LCR que de proposer de prendre des mesures qui menaceraient les intérêts les plus fondamentaux de la classe capitaliste en faisant appel à des actions syndicales pour faire pression sur l’Etat et les tribunaux. La LCR n’explique nulle part que la bureaucratie syndicale et l’Etat bourgeois poursuivent une politique de classe bien définie, correspondant à des intérêts matériels puissants et les mettant dans l’impossibilité totale d’effectuer la conversion paulinienne exigée d’eux pour décider de mettre en place les propositions de la LCR.

Même si on se limite aux événements qui ont suivi l’élection de Sarkozy, il est clair que les syndicats et l’Etat ont agi de concert pour faire passer les mesures d’austérité dirigées à l’encontre de la classe ouvrière. Les différentes fédérations syndicales ont participé à des négociations étroites avec Sarkozy pour préparer son programme d’attaques sur les retraites et les prestations sociales comme Sarkozy lui-même l’a reconnu le 18 avril dernier dans un article du quotidien Le Monde intitulé « Pour des syndicats forts. »

Sarkozy avait écrit : « Juste après l'élection présidentielle et avant même de rejoindre l'Élysée, j'ai tenu à recevoir les organisations syndicales et patronales pour les écouter et recueillir leurs positions sur les premières actions que je comptais entreprendre. Depuis, je continue à recevoir très régulièrement chacun de leurs représentants. Je les connais bien, nous avons parfois des divergences, mais notre dialogue est toujours franc. » Le cours entier des événements sous la présidence de Sarkozy montre que dans ce cas précis il disait la vérité.

Au sujet d’une des plus importantes mesures qu’il ait prises, l’attaque sur les « régimes spéciaux » de retraite des cheminots, des agents d’EDF et GDF et d’autres secteurs stratégiques, Sarkozy a écrit, « La réforme des régimes spéciaux de retraite [a été] menée à bien à l'automne grâce à une intense période de concertation au niveau national et des négociations dans chacune des entreprises concernées. »

En octobre 2007, la CGT (Confédération générale du travail) a fortement réussi à limiter les grèves de cheminots à des actions d’une journée, en dépit de l’opposition écrasante des cheminots. En novembre 2007 les syndicats avaient appelé à d’autres grèves chez les cheminots mais refusé de lier ces grèves aux grèves d’autres secteurs tels les étudiants et les travailleurs de la fonction publique. Toutes ces grèves avaient finalement été des défaites.

Avec la chute de sa cote de popularité au début de 2008, Sarkozy a mis en avant de façon ostentatoire ses négociations avec les syndicats concernant sa politique sociale à venir. Il en a résulté en avril 2008 un accord appelé « la position commune » entre Sarkozy et les syndicats. En échange d’une réforme des règles de financement des syndicats, ces derniers ont reconnu être en train de négocier des réformes importantes du code du travail, l’allongement effectif de la durée de travail hebdomadaire au-delà des 35 heures et d’autres attaques sociales. Ces lois ont été finalisées et adoptées à la fin du mois de juillet.

La LCR est tout à fait consciente du mécontentement et de l’hostilité populaire envers la politique collaborationniste de la bureaucratie syndicale et cherche à canaliser cette hostilité en des efforts visant à réformer les syndicats au moyen d’une pression exercée par les militants. Ainsi une des sessions de la réunion avait pour thème : « Quel syndicalisme de lutte des classes aujourd’hui ? » Durant cette session, un des organisateurs a posé la question suivante, « Comment pouvons-nous développer des tendances et des structures qui sont en quelque sorte de « lutte de classe », qui soulèvent des revendications et des luttes ? »

Un tract distribué aux participants disait : « Il ne suffira pas d’appeler à des journées d’action à répétition, comme l’ont fait l’année dernière les directions syndicales mais bien de construire un mouvement d’ensemble… Soutenir chaque lutte des travailleurs en grève…Manifester et agir...Démultiplier et relayer les fronts unitaires de résistance à la politique du gouvernement. »

La question de savoir sur quoi se fonderait un mouvement de masse de la classe ouvrière et par-dessus tout, une discussion sur les traditions du marxisme révolutionnaire incarné par l’héritage politique de Léon Trotsky, ont été systématiquement éludées lors de cette réunion. Un participant à la section « Programme d’action » a fait référence en plaisantant à « un certain Trots… j’ai le droit de le mentionner ? »

Lorsque les reporters du WSWS ont ensuite demandé pourquoi on n’avait pas discuté plus activement des analyses historiques et de l’héritage politique de Trotsky lors de la réunion, on leur a répondu : « On ne peut pas assommer les gens avec Trotsky. Ça va leur faire peur. »

(Article original anglais paru le 14 octobre 2008)


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