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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

La torture et la crise de la démocratie américaine

Par Barry Grey
27 avril 2009

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La publication des notes secrètes du département de la Justice sous Bush qui décrivent et approuvent diverses formes de torture est maintenant au centre d’une crise politique qui marque une nouvelle étape dans la décomposition de la démocratie américaine.

La divulgation des mémos et le fait que l’administration Obama s’oppose à toute enquête criminelle des tortionnaires de la CIA et des officiels de l’administration Bush qui ont donné les ordres, à commencer par les anciens président et vice-président, sont lourdes de conséquences pour l’administration Obama et la future trajectoire politique des Etats-Unis.

Le débat sur la publication des notes de service a provoqué un conflit acerbe au sein de l’Etat. L’administration elle-même était divisée, le directeur de la CIA Leon Panetta y étant farouchement opposé et le ministre de la Justice Eric Holder étant en faveur. Comme à sa manière habituelle, Obama a tenté d’en arriver à un compromis entre les factions, mais sous des conditions favorables aux forces le plus à droite.

De façon typique, Obama a tenté de créer l’image d’une rupture avec les politiques de son prédécesseur en publiant les notes de service, tout en essayant de masquer la complicité de tout l’establishment politique et médiatique et rassurer la CIA et l’armée que son administration allait maintenir l’essentiel des politiques antidémocratiques de Bush.

Obama et ses conseillers politiques ont clairement cru que cette solution allait contenir la controverse sur la torture. En fait, cela a eu l’effet contraire.

D’autres révélations ont suivi sur l’étendue et la gravité des mauvais traitements. L’administration s’est retrouvée dans une position légalement intenable où elle admet que la loi américaine et la loi internationale ont été violées, bien qu’elle protège les criminels de toute poursuite. Cette position, comme l’a déclaré le rapporteur sur la torture aux Nations unies, constitue en soi une violation du droit international qui exige qu’un gouvernement entame des poursuites contre des officiels impliqués dans la torture.  

Cela n’a fait qu’envenimer le conflit au sein de l’Etat. L’ancien directeur de la CIA sous l’administration Bush, Michael Hayden, un général de l’Air Force à la retraite, s’est opposé publiquement à divulgation des mémos. Il s’est présenté à l’émission « Fox News Sunday » pour défendre les méthodes d’interrogation et dénoncer Obama pour supposément mettre en danger la sécurité nationale des Etats-Unis et faciliter la tâche des terroristes en rendant ces mémos publics.

Obama s’est senti obligé de visiter les quartiers généraux de la CIA lundi à Langley en Virginie dans une tentative pour étouffer la dissidence à l’intérieur de l’agence.

La défense des tortionnaires par la Maison-Blanche fait ressortir la montée du pouvoir du complexe militaire et du renseignement, un Etat dans un Etat qui est, en pratique, au-dessus de tout contrôle ou de responsabilité démocratique. Le Congrès et la Maison-Blanche s’inclinent habituellement devant lui, dans une large mesure parce qu’ils craignent qu’une situation pourrait émerger où l’establishment de la sécurité nationale défierait ouvertement l’autorité d’un gouvernement élu.

L’état alarmant de la démocratie américaine trouve son expression dans des méthodes traditionnellement associées à des gouvernements totalitaires. C’est le résultat d’un long processus de déclin. Il y a un parallèle saisissant dans la montée, lors des trois dernières décennies, d’une aristocratie financière basée sur l’économie de marché et le parasitisme financier et l’éruption du militarisme américain.

Alors que l’establishment militaire et du renseignement a grandi en pouvoir et en influence, le gouffre économique de plus en plus large qui sépare l’élite financière des masses de la population a affaibli les bases socioéconomiques pour des modes de gouvernance démocratique.

Il n’est seulement possible ici de montrer les principaux indicateurs du déclin de la démocratie américaine dans les trente dernières années. Les années 1980 ont vu l’affaire Iran-Contra. L’administration Reagan, en violation directe de l’amendement Boland passé par le Congrès au début des années 1980, a mené une guerre en sous-main au Nicaragua qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de civils. Mais, contrairement au scandale du Watergate, le Congrès est intervenu pour couvrir les crimes commis par Reagan et ses lieutenants et bloquer toutes tentatives pour destituer Reagan ou poursuivre ses complices au criminel.

Les années 1990 ont vu une conspiration sans relâche des forces de droite, appuyées par le Parti républicain, les tribunaux et les médias pour déstabiliser l’administration Clinton, culminant en 1998 avec la première destitution d’un président élu de l’histoire. Cela fut suivi du vol des élections de 2000 par Bush lors duquel une majorité de droite de la Cour suprême a sanctionné la suppression des votes et a installé George W. Bush à la Maison-Blanche.

Ensuite ont suivi les attaques terroristes du 11 septembre 2001 qui ont servi de prétexte à la poursuite d’un programme de droite qui était en préparation depuis longtemps, composé  d’agressions à l’étranger et de répression à l’intérieur du pays. Le rôle des services du renseignement pour avoir permis, et très probablement facilité, les attaques a été masqué par une série de fausses enquêtes du Congrès qui a culminé par l’étouffement de l’affaire par la Commission sur le 11-Septembre.

Le 11-Septembre a été l’occasion pour lancer la « guerre au terrorisme », une fausse guerre qui n’a jamais été officiellement déclarée et qui est restée mal définie ayant servi de prétexte à l’accord entre les deux partis pour des agressions de l’armée américaine, en premier contre l’Afghanistan et ensuite, sur la base de mensonges grossiers, contre l’Irak. La « guerre au terrorisme » a aussi été utilisée comme un prétexte pour ériger le cadre d’un Etat-policier (le Patriot Act, le département de la Sécurité de la patrie, le Northern Command, la grande expansion de l’espionnage aux Etats-Unis mêmes, la formation de goulags à Guantanamo, en Irak et en Afghanistan et les prisons secrètes de la CIA de par le monde, le refus de respecter l’habeas corpus, la détention indéfinie, la restitution extraordinaire et la torture).

Tout cela a été mis en place avec la complicité du Congrès et sans la moindre opposition de la part du Parti démocrate. Ces importants changements régressifs de la structure de la société américaine ont modifié de façon fondamentale la physionomie sociale et la pensée politique de l’aile libérale de l’élite dirigeante, érodant tout attachement aux réformes sociales ou à la défense des droits démocratiques.

D’importantes sections de la base sociale du libéralisme ont profité des politiques de la réaction sociale au pays même et de l’agression impérialiste à l’étranger, partageant l’enrichissement général des sections les plus privilégiées de la société américaine. Ils n’avaient, et n’ont toujours, que peu d’intérêt à chercher à refréner l’oligarchie financière et l’establishment de l’armée et des agences du renseignement. Leur plus grande crainte est de voir une éruption de la lutte de classe et d’avoir à affronter une classe ouvrière demandant la fin du statu quo.

L’agonie mortelle de la démocratie américaine est inséparable de la faillite des Etats-Unis et du capitalisme mondial. Le développement de tendances autoritaires est d’autant plus dangereux qu’il a lieu dans le contexte d’une crise économique s’approfondissant. La possibilité de voir s’accroître la résistance populaire envers le chômage et la pauvreté signifie que l’appareil de sécurité nationale sera de plus en plus directement utilisé contre la classe ouvrière américaine.

La seule base sociale pour un mouvement de masse pour défendre les droits démocratiques est la large masse des travailleurs, guidée par une perspective socialiste et internationaliste. Un tel mouvement doit demander sans équivoque une enquête et qu’on amène devant les tribunaux tous les criminels responsables de la torture et de tous les autres crimes de guerre à laquelle elle est associée.

Le développement d’un tel mouvement et le programme sur lequel il doit se baser feront l’objet de la discussion des conférences régionales organisées par le Parti de l’égalité socialiste, l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale et le World Socialist Web Site qui débuteront le 25 avril à Ann Arbor au Michigan. Nous demandons à tous ceux qui ont à cœur la défense des droits démocratiques et qui cherchent une alternative au système capitaliste de participer à ces conférences.

(Article original anglais paru le 21 avril 2009)


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