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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La signification des élections européennes

Par Ulrich Rippert
23 avril 2009

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Il y a quelques jours, le Parlement européen lançait à Strasbourg une grande campagne publicitaire sous le mot d’ordre : « Elections européennes à vous de choisir ». Le but de cette action, menée à grand renfort de spots publicitaires, de brochures sur papier glacé et d’affiches grand format, est d’attirer aux urnes le plus grand nombre possible des 375 millions de citoyens communautaires habilités voter à l’élection européenne du 4 au 7 juin.

Les députés européens sont inquiets parce que le manque d’intérêt est grand pour ces élections.

Selon une enquête Eurobaromètre réalisée à la demande du parlement auprès de quelque 27 000 citoyens européens, seuls quelque 16 pour cent des personnes interrogées savaient que les élections avaient lieu en juin. Seuls 34 pour cent ont dit qu’elles iraient « probablement » voter. Le quotidien français Libération est allé jusqu’à parler d’un taux d’abstention jamais atteint depuis 1979, date de la mise en place des élections européennes au suffrage universel. Toujours est-il que lors des dernières élections il y a cinq ans, quelque 45 pour cent des électeurs étaient allés voter dans les 25 pays membres de l’époque.

Le désintérêt largement répandu pour ces élections est l’expression d’un rejet des institutions communautaires auxquelles appartient le parlement de Strasbourg. Il est à peine un autre parlement dans le monde qui soit manifestement aussi impuissant et insignifiant que le parlement européen. Ses décisions ne sont contraignantes pour aucun gouvernement et même les décisions de l’UE sont adoptées par la Commission européenne et par le Conseil de l’Union européenne.

Alors que de nombreux parlements nationaux disposent d’un rôle décisionnel dans la procédure législative pour désigner des chefs de gouvernement et en partie aussi des ministres, ce n’est pas le cas du parlement européen. Le président de la Commission européenne est nommé par les chefs d’Etat et de gouvernements des Etats-membres et n’est que confirmé par le parlement européen.

C’est aussi sa composition qui donne au parlement européen le caractère d’un club de discussion. Un grand nombre de partis se servent des sièges hautement dotés du parlement européen comme d’institutions de prévoyance pour politiciens de carrière âgés et déçus et pour qui il ne se ne trouve plus aucun usage. Ce n’est pas un hasard si la langue populaire décrit la sélection des hommes politiques européens en ces mots : « Si tu as un grand-père, envoie-le en Europe. »

L’insignifiance politique est inversement proportionnelle à l’assurance pompeuse affichée par les députés européens qui disent faire partie de la seule institution supranationale élue au suffrage direct et représenter quelque 500 millions de personnes.

La véritable fonction du parlement européen réside dans le fait qu’il revêt d’un manteau en apparence démocratique les institutions communautaires de Bruxelles et le colosse de 40 000 bureaucrates, pour la plupart royalement rémunérés, qui les accompagne. Ceux-ci ne sont soumis à aucun contrôle démocratique mais sont par contre assujettis à l’influence des nombreux groupes de pression économiques qui les entourent.

Tous les gouvernements d’Europe se servent de l’Union européenne pour rejeter le fardeau de la crise financière et économique sur le dos de la population. Servent à cet effet les règles en matière de concurrence édictées par Bruxelles, la suppression systématique des droits démocratiques et l’établissement d’un Etat policier européen. La Commission européenne est déjà synonyme de dérégulation, de libéralisation et de suppression des droits des travailleurs. Au lieu de supprimer les contradictions sociales et régionales en Europe, elle les aggrave. Les institutions communautaires, y compris le parlement européen, se comportent, de manière de plus en plus arrogante, comme l’instrument des puissances européennes et des groupes économiques les plus influents.

Pour cette raison, le rejet croissant de l’UE par une grande partie de la population est tout à fait bienvenu.

Mais il n’est pas suffisant d’ignorer l’Union européenne et les élections européennes et de s’en désintéresser totalement. Si l’avenir de l’Europe devait rester entre les mains de l’aristocratie financière et de la bureaucratie de l’Union européenne, alors un désastre serait inévitable. Il est indispensable que les travailleurs interviennent dans la situation et prennent  le sort de l’Europe entre leurs mains.

C’est pourquoi le Parti de l’égalité sociale Partei für Soziale Gleichheit (PSG – Allemagne) et le Socialist Equality Party (SEP – Angleterre) s’engagent ensemble et de façon intensive dans la campagne électorale actuelle, avec le soutien de tous les partisans du Comité international de la Quatrième Internationale. Leur objectif est de conférer à l’opposition grandissante contre l’UE une perspective progressiste, c’est-à-dire socialiste.

La crise financière et économique internationale a d’ores et déjà des conséquences catastrophiques en Europe. La production industrielle recule dramatiquement et la récession poursuit sa progression à une vitesse record. D’après les derniers chiffres, la production industrielle (sans l’industrie du bâtiment) a, au mois de février, baissé de 18,4 pour cent en moyenne par rapport à l’année dernière dans les 27 pays de l’UE.

En début de semaine, le quotidien Süddeutsche Zeitung a, sous le titre « La troisième phase de la crise », décrivait la situation comme suit : « La crise économique et sa perception dans l’opinion publique forment un contraste étrange. Les données conjoncturelles dessinent une courbe de plus en plus négative, les prévisions sont de plus en plus sombres. Les Allemands restent sereins. » Le calme « aura bientôt une fin » peut-on lire plus loin. « Car la crise va atteindre dans les mois à venir sa troisième phase : celle où les systèmes de protection sociale chancelleront. » Et selon ce journal, cela affectera beaucoup plus les gens que ne l’ont fait toutes les conséquences de la crise jusqu’ici.

La situation est particulièrement grave en Europe de l’Est. Vingt ans après l’effondrement des régimes staliniens il est visible pour tout un chacun que l’instauration du capitalisme a représenté une considérable régression sociale. Une petite élite composée de nouveaux riches et d’anciens staliniens a accaparé la propriété publique et se vautre dans une richesse insolente tandis que la grande masse de la population vit dans une misère sordide.

Aucun des partis établis ne représente les intérêts de la population. Cela vaut aussi pour les soi-disant partis de gauche. En Allemagne, le parti La Gauche d’Oskar Lafontaine, en France, Le Parti de Gauche de Mélenchon et le Nouveau Parti anticapitaliste de Besancenot, en Italie, Rifondazione Comunista, en Grèce Syriza ainsi que des formations du même genre dans d’autres pays fondées dans le but de combler la brèche laissée ouverte par l’effondrement des partis sociaux-démocrates et staliniens. Ils se considèrent comme des garants de l’ordre établi et donc du maintien des rapports de propriété de la bourgeoisie et comme ayant pour tâche primordiale d’empêcher tout développement révolutionnaire au sein de la classe ouvrière.

Dans ces circonstances, le PSG et le SEP utilisent l’élection européenne pour faire connaître un programme socialiste et pour développer la discussion à son sujet.

Au cœur de ce programme se trouve une perspective internationale qui part de l’idée que les travailleurs doivent s’unir au-delà des frontières dans le but de lutter contre les baisses de salaire, les licenciements de masse et la destruction des acquis sociaux. Toutes les tentatives des gouvernements et des syndicats de faire porter à la population le fardeau de la crise en montant les travailleurs les uns contre les autres doivent être rejetées de façon résolue.

Les travailleurs ne portent pas la moindre responsabilité dans cette crise. Ils n’ont pas été associés aux opérations spéculatives à haut risque. Ils n’ont pas empoché des millions voire même des milliards d’euros. Au lieu de mettre à la disposition de l’aristocratie financière des centaines de milliards pour le sauvetage de ses profits, il faut que celle-ci rende des comptes et soit tenue entièrement responsable au moyen de sa fortune personnelle.

La défense principielle des emplois, des salaires et des conditions de travail requiert une rupture avec les syndicats existants qui, en acceptant sans cesse de nouvelles concessions et en recourant aux conventions collectives, imposent une dégradation des conditions de vie et étouffe tout mouvement indépendant des travailleurs. Des comités d’usine doivent être mis en place indépendamment des syndicats et des comités d’entreprise afin d’organiser la résistance sous forme de grèves et d’occupations d’usine.

Il faut faire d’une telle mobilisation le point de départ de l’établissement de gouvernements ouvriers en Europe qui donnent la priorité aux besoins sociaux plutôt qu’aux profits des propriétaires de capital. Dans le contexte de cette lutte pour des Etats-Unis socialistes d’Europe, la campagne de l’élection européenne prend une grande importance.

(Article original paru le 17 avril 2009)


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