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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Grande-Bretagne : des ouvriers du bâtiment combatifs placés sur liste noire et interdits d’emploi

Par Simon Whelan
13 avril 2009

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Son existence avait été farouchement niée par l’industrie britannique du bâtiment, mais le gouvernement a découvert des preuves concluantes de l'existence d'une liste noire des salariés de l’industrie du bâtiment. Une base de données contenant les noms de plus de 3000 ouvriers du bâtiment aurait été consultée par grandes entreprises pour empêcher que des travailleurs socialistes et combatifs travaillent sur des chantiers de construction.

Lors d’une perquisition dans les locaux de Consulting Association, des policiers ont trouvé une base de données considérable, remontant à 30 ans. Consulting Association est une entreprise opérée par une seule personne et dirigée par l’ancien agent des services secrets, Ian Kerr.

Selon les documents saisis par la Commission d’Information, Kerr avait récemment soumis une facture d'un montant total de 26 841 livres sterling à l’entreprise de construction Sir Robert McAlpine pour services rendus. L’entreprise de construction chargée de la construction du stade olympique dans le nord-est de Londres avait versé à l’organisation de Kerr 5951 livres sterling entre avril et juin 2008. McAlpine avait commencé en avril 2008 à recruter pour le contrat olympique.

Le commissaire à l’information du gouvernement, Richard Thomas, n’a débuté son enquête sur la prétendue existence d’une liste noire qu’après la parution d’un article dans le Guardian l’année dernière. Thomas est convaincu que Kerr a passé ces quinze dernières années à rassembler la base de données et à en conserver les fichiers sur les travailleurs britanniques.

Il y a lieu de penser que les entreprises payaient une contribution annuelle de 3000 livres sterling à Kerr puis un montant fixe par nom faisant l’objet d’une enquête. Il semblerait que les entreprises versant des contributions communiquaient à Kerr des informations sur les travailleurs qui s’étaient opposés à la direction de façon à ce que Kerr puisse ensuite propager l’information.

Le commissaire adjoint à l’information, David Smith, a dit à la presse, « Lors de la perquisition des locaux commerciaux de M. Kerr, nous avons découvert une vaste opération impliquant des noms connus de l’industrie du bâtiment. Il s’agit là d’une grave violation de la loi sur la protection des données. Non seulement des informations personnelles concernant des individus et sans leur connaissance ou leur consentement étaient détenues, mais l’existence même de la base de données avait été niée à maintes reprises. »

La Commission d’information doit poursuivre Kerr qu’elle accuse de vendre des informations aux entreprises de construction. L’on suppose que plus de 40 entreprises ont payé une contribution annuelle pour accéder à la base de données et détecter des travailleurs socialistes et combatifs. Un porte-parole de la Commission d’information a déclaré au Financial Times, « Nous avons l'intention de présenter des mises en demeure aux entreprises pour leur dire de cesser de payer pour obtenir des informations personnelles sur des gens. »

Des entreprises comprenant des grands noms comme Balfour Beatty, Laing O’Rouke et Sir Robert McAlpine sont présumées avoir acheté des informations personnelles. D’après ces rapports, des travailleurs ont été privés d’emploi parce qu’ils avaient pris fait et cause pour leurs propres droits et ceux d’autres travailleurs dans une industrie notoirement connue pour sa corruption et la précarité de ses emplois.

Les rapports établis par Kerr se lisent comme une liste de gens à abattre. Les travailleurs sont qualifiés dans des termes qui laissent peu de doute à d’éventuels employeurs. Parmi les commentaires figurant dans la base de données et concernant les travailleurs on peut lire entre autres : « ancien délégué syndical », « parti communiste », « a organisé une action de grève », « ne pas toucher ! », « a perturbé le climat social sur ce chantier (paresseux et fauteur de troubles) », « EEPTU(sic) [syndicat des électriciens] dit non !! », « UCATT [syndicat de la construction] ne présage rien de bon », « retards fréquents causera des ennuis TU [syndicat] ».

Y figurent également les instructions suivantes : « Ne rien divulguer de ce qui précède », « démarche de candidature… auprès de l’agence… pour projet… Détails donnés à l’interlocuteur. Réponse à l’agence – “non requis” dira l’agence, “poste à présent occupé” à la réponse ci-dessus. »

L’EETPU est à présent dissout et fait partie du syndicat britannique des industries manufacturières-sciences-finances. Ce syndicat était notoirement droitier et anticommuniste. Sa mention suggère pour le moins que ses opinions sur un travailleur allaient de pair avec celles de Kerr.

C'est finalement le gouvernement travailliste qui est responsable de l’existence de la liste noire. En 1999, le gouvernement avait fait un virage à 180 degrés quant à l’interdiction d’une telle liste noire des employeurs en affirmant que le manque de preuve concernant l’existence d’une liste noire signifiait « qu’il n’y avait pas de preuves tangibles sur la tenue d’une liste noire. »

A la question de la presse quant à sa réaction, Kerr a répondu, « Il n’y avait rien de sinistre à cela. C’était de bonne foi. » L’ancien agent des services secrets a été moins avenant lorsque le Guardian lui a posé une question sur un article qu’il avait publié il y a une quinzaine d’années et dans lequel il assumait que Kerr travaillait à l’époque pour l’Economic League, une organisation antisocialiste.

L’Economic League avait été établie par un riche homme d’affaires qui voulait réprimer la lutte de classe. Cette agence d’espionnage patronale avait constitué des dossiers sur des dizaines de milliers de travailleurs durant les années 1919 à 1993. Elle dut s’incliner lorsqu’il s’avéra qu’elle détenait des informations incorrectes sur des travailleurs mais pas sur la question plus fondamentale d’avoir placés ces derniers sur une liste noire.

Kerr dirigeait son affaire à partir d’un bureau insignifiant situé au premier étage d’un immeuble à Droitwich. Lorsque le Guardian s'est renseigné sur Kerr dans le magasin d’à côté, le vendeur lui a dit, « Ah oui, Ian. Cela fait un moment qu'il est là. On n'a jamais vraiment su ce qu'il fait, il travaille peut-être pour MI5 ou quelque chose comme ça. »

Après le raid effectué par la Commission d’information dans les locaux de Kerr, la plupart des 40 entreprises qui avaient recouru aux services de Kerr ont publié des déclarations dans lesquelles elles disaient n'avoir aucun commentaire à faire. Une ou deux ont précisé avoir stoppé dernièrement leur souscription à Kerr ou avoir racheté des entreprises plus petites disposant de souscription.

L’année dernière, Alan Wainwright, un ancien directeur d’Haden Young, une filiale de Balfour Beatty, avait présenté une version partielle de la liste à un tribunal industriel. Wainwright a dit, « M. Kerr dirigeait une petite entreprise qui avait compilé ces listes émanant d’entreprises de construction et qu’il vérifiait sur demande. M. Kerr a expliqué que Carillion [Carillion BTP, groupe britannique de bâtiment et de travaux publics] était l’une des entreprises membres et je me souviens tout particulièrement qu’il avait mentionné que Bovis [Bovis Homes Group, plc] en était une autre. M. Kerr m’avait informé que la compagnie fonctionnait et qu’elle était financée de la manière suivante. Chaque entreprise membre lui fournissait une liste d’éventuels employeurs ou de travailleurs de la sous-traitance qu’ils envisageaient recruter. M. Kerr vérifiait alors les noms d’après les listes qu’il avait reçues d’autres entreprises membres. M. Kerr rendait compte de vive voix de tout travailleur à ne pas employer ou pour lequel l’agence ne devait proposer d’emploi. »

(Article original paru le 9 avril 2009)


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