Lundi soir, la police a attaqué une
manifestation de rue spontanée de 500 Tamouls dans le quartier de La Chapelle à
Paris contre les tueries de masse perpétrées par l'armée sri lankaise contre
leur population. La police a interpellé 210 personnes et en a retenu en garde à
vue, au moins jusque mardi, 143.
Plus de 2 000 Tamouls ont aussi manifesté ce
jour-là à Londres. Aucun reportage n'a fait état de heurts avec la police.
La manifestation de Paris a été une réaction
spontanée de l'importante communauté tamoule de Paris à l'annonce de tueries à
grande échelle perpétrées par l'armée sri lankaise plus tôt dans la journée.
Les tracts distribués lors de la manifestation déclaraient que ces attaques du
gouvernement contre le territoire contrôlé par les Tigres tamouls du LTTE
avaient tué 1496 civils dont 476 enfants.
Durant ces deux dernières semaines, il y a
eu des manifestations de la diaspora tamoule dans le monde entier contre le
massacre de civils tamouls par l'armée sri lankaise qui encercle les 17
kilomètres carré de territoire restant encore sous le contrôle des Tigres
tamouls, après trois décennies de guerre civile et 70 000 morts.
Lundi, le gouvernement de Rajapakse a donné
24 heures aux Tigres tamouls pour se rendre, après quoi il a dit qu'il
lancerait un assaut militaire final sur l'enclave. International Crisis Group a
dit qu'une « tragédie humanitaire » était en train de se produire
dans la région, avec près de 150 000 civils encore pris au piège dans
l'enclave.
A La Chapelle, des jeunes tamouls ont
organisé un sit-in dans la rue, bloquant ainsi la circulation. Des manifestants
ont informé le WSWS que l'émeute qui s'en est suivie a été occasionnée par une
provocation policière : un véhicule de la police avait roulé sur la jambe
d'un manifestant lors du sit-in lorsque la police essayait de dégager la route.
La police avait lancé des bombes de gaz lacrymogènes sur les manifestants qui
en retour leur avaient renvoyé les bombes.
Des échauffourées avec la police ont alors
commencé, avec jets de bouteilles sur eux, trois autobus ont été légèrement
endommagés. Le Monde rapporte : « Selon la préfecture, quatre
personnes dont un policier ont été légèrement blessées lors des
incidents. » La préfecture a dit que des poursuites pourraient être
engagées pour « attroupement armé » contre les personnes en garde à
vue, une bouteille étant juridiquement considérée comme une arme par destination.
Les manifestants scandaient :
« Peuple français, réagis ! M. Sarkozy, aidez-nous,
aidez-nous. » Certains, comme dans les manifestations précédentes
brandissaient des pancartes avec des photos du président français. Mais il est
clair que les sympathies de l'Etat français ne vont pas aux nombreux exilés
tamouls en détresse qui ont perdu des êtres chers, des parents et des amis ou
savent que ces derniers sont pris au piège dans la zone de combat. Au
contraire, comme il l'a fait tout au long de la guerre civile, l'impérialisme
français continue d'apporter son soutien à la bourgeoisie sri lankaise dont
elle pense qu'elle est plus à même de servir ses intérêts géopolitiques.
Le LTTE, représentant les intérêts de la
bourgeoisie tamoule, s'oppose à toute politique visant à mettre fin à la guerre
par l'unification de la classe ouvrière sri lankaise, tamoule, cinghalaise et
musulmane, sur la base de leurs intérêts de classe contre le gouvernement de la
bourgeoisie sri lankaise. Même devant l'hostilité de l'impérialisme français,
britannique, allemand et américain à leur projet d'établir un petit Etat
séparé, le LTTE continue d'en appeler à ces forces. Le fait qu'ils paradent
avec des portraits de Nicolas Sarkozy et d'autres dirigeants impérialistes ne
contribue qu'à isoler les manifestants de la classe ouvrière de ces pays.
Les attaques de Sarkozy lundi sur les
Tamouls sont non seulement un acte de solidarité avec le gouvernement de
Rajapakse mais participent aussi de mesures générales de répression d'Etat
contre tous les travailleurs qui essaient de résister face à l'augmentation du
chômage et la perte des droits dans un contexte d'aggravation de la crise
économique mondiale.
La chasse aux immigrés en tant que section
vulnérable de la classe ouvrière est une préparation à des attaques toujours
plus importantes contre les droits et le niveau de vie de la classe ouvrière et
des jeunes. Parmi les 27 000 immigrés qui cherchent à obtenir un permis de
séjour et que le gouvernement cible pour la déportation chaque année, nombreux
sont des Tamouls.
Au moment même où la police s'en prenait aux
Tamouls à Paris, autour de Calais ils raflaient quelque 200 immigrés,
principalement des Afghans cherchant à gagner la Grande-Bretagne.