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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

La voie pour aller de l’avant pour la classe ouvrière en Asie du Sud

Par Peter Symonds
16 février 2009

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La campagne menée par le Parti de l’égalité socialiste (Socialist Equality Party, SEP) à l’occasion des élections régionales du 14 février au Sri Lanka a une signification politique considérable, non seulement pour la classe ouvrière de cette île, mais de par l’Asie du Sud et internationalement.

La campagne du SEP qui est fondée sur la lutte pour l’internationalisme socialiste, a été conduite en pleine guerre communautariste impitoyable menée par le gouvernement dans le nord de Sri Lanka et d’une campagne ignoble pour attiser le chauvinisme anti-tamoul. Le programme du parti est dirigé contre la vague montante du nationalisme et du protectionnisme économique qui émerge de par le monde en réaction à la profonde crise du capitalisme mondial.

Le SEP était le seul parti à exiger le retrait immédiat et inconditionnel de l’ensemble des forces militaires sri lankaises du Nord et de l’Est de l’île et la lutte pour l’unité de tous les travailleurs, cinghalais, tamouls et musulmans, contre les attaques continues du gouvernement à l’encontre des droits démocratiques et du niveau de vie.

La campagne du SEP n’était pas fondée sur des manœuvres électorales ou de petites recettes gadgets mais était tournée vers la classe ouvrière. Ses candidats ont patiemment expliqué aux électeurs, dans les villages de pêcheurs de Puttalam et les cités de Nuwara Eliya où la population est formée de travailleurs des plantations de thé, que la classe ouvrière devait compter sur sa propre force. Ce n’est qu’en s’unissant et en se mobilisant indépendamment de tous les partis de la bourgeoisie que les travailleurs pourront gagner à leur cause les masses rurales et ouvrir la voie à un gouvernement ouvrier et paysan basé sur une politique socialiste.

La campagne du SEP a été menée dans un climat politique dominé par le poison communautariste et la répression. Quiconque oppose ou critique la guerre du gouvernement, même de manière limitée, est qualifié de partisan du terrorisme et de traitre à la nation. Des milliers de personnes ont été arbitrairement détenues en application de pouvoirs d’exception draconiens et des centaines d’autres ont été assassinées ou ont « disparu » aux mains des escadrons de la mort pro-gouvernementaux.

Au milieu de tensions grandissantes de par la région, la lutte déterminée du SEP en faveur de l’internationalisme est d’une importance toute particulière pour les travailleurs, les jeunes et les intellectuels de l’ensemble du sous-continent indien. La guerre prolongée au Sri Lanka n’est qu’un exemple de la violence communautariste et ethnique qui ronge la région depuis des décennies. L’Inde et le Pakistan qui possèdent des armes nucléaires se sont déjà affrontés dans trois guerres et des frictions se font dangereusement jour à nouveau à la suite des attaques terroristes à Mumbai. L’ensemble de la région est un chaudron bouillonnant de divisions religieuses, ethniques, de castes, de langues et embourbé dans la pauvreté et l’arriération économique. Cette situation est la preuve vivante du principe de base de la théorie de la révolution permanente de Léon Trotsky, que la bourgeoisie dans les pays connaissant un développement capitaliste retardé, est organiquement incapable de satisfaire les aspirations démocratiques et sociales de la population.

On peut faire remonter tous les conflits apparemment insolubles qui affligent l’Asie du Sud aux colonies de 1947-48 que les Britanniques ont imposées dans la région avec le soutien des élites bourgeoises locales comme moyen d’étouffer la vague révolutionnaire de luttes anticoloniales d’après-guerre. Après avoir découpé le sous-continent en un Pakistan musulman et une Inde à prédominance hindoue, le Colonial Office britannique, de mèche avec les représentants vénaux de la bourgeoisie ceylanaise, a gardé l’île de Sri Lanka comme une base opérationnelle pour défendre les intérêts impérialistes britanniques dans la région. Ces colonies qui divisaient artificiellement les peuples punjabi, bengali et tamoul ont immédiatement été la cause de souffrance immense. Des millions de personnes ont perdu la vie dans une violence communautariste provoquée par la partition Inde-Pakistan. Au Sri Lanka, la première mesure prise par le gouvernement nouvellement indépendant fut d’attiser le chauvinisme anti-tamoul en privant de leurs droits de citoyenneté un million de travailleurs des plantations parlant tamoul, soit un dixième de la population.

Au cours des décennies ultérieures, les blessures politiques de 1947-48 n’ont fait que suppurer et s’infecter en donnant naissance à d’innombrables luttes « nationales. » Elles ont toutes suivi un schéma identique à celui utilisé par les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), qui a détourné la juste colère des Tamouls de l’île au sujet des décennies de discrimination et de pogromes en une lutte pour un petit Etat séparé. Dans le cadre de la Guerre froide, le LTTE avait tout d’abord adopté une coloration socialiste et anti-impérialiste, lorgnant vers l’Union soviétique ou la Chine en quête de soutien. Puis, suite à l’effondrement de l’Union soviétique, le LTTE a ouvertement fait appel aux puissances impérialistes en promettant de transformer un Eelam indépendant en un paradis de main-d’œuvre bon marché pour investisseurs étrangers. L’écroulement de son armée ces derniers mois vient en premier lieu de la banqueroute politique de sa perspective nationaliste qui, en dernière analyse, a toujours été tributaire du ralliement à sa cause d’un ou de plusieurs sponsors parmi les grandes puissances.

Dans ce contexte, la longue lutte du SEP pour un internationalisme socialiste de par l’Asie du Sud revêt une importance immédiate. Son programme pour une République socialiste du Sri Lanka et de l’Eelam participant des Etats-Unis socialistes de l’Asie du Sud n’est pas un rêve utopique, mais une affaire de nécessité pratique. Comment faire autrement pour rassembler la force potentielle énorme de la classe ouvrière dans une lutte contre l’exploitation de groupes transnationaux géants et les intrigues prédatrices de l’impérialisme ? De par la région entière, tous les partis qui sont basés sur une perspective nationaliste, y compris les diverses formations staliniennes et maoïstes, se sont ouvertement rapprochés des investisseurs étrangers et du marché capitaliste en tant que remède miracle et ont, d’une manière ou d’une autre, soutenu les occupations néocoloniales de l’impérialisme américain en Afghanistan et en Irak.

La capacité du SEP à se positionner contre le raz de marée du nationalisme et de la politique réactionnaire qui a déferlé en Asie du Sud est issue de sa longue et difficile lutte pour les principes du marxisme tels qu’ils sont incarnés par le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) contre toutes les formes d’opportunisme politique. Dès sa création en 1968 en tant que Ligue communiste révolutionnaire (Revolutionary Communist League, RCL), les jeunes cadres du parti ont dû faire face à l’immense confusion politique générée par l’abandon des principes du trotskysme du Lanka Sama Samaja Party (LSSP) et son entrée dans le gouvernement de Madame Sirimavo Bandaranaike en 1964. Seuls le CIQI et le RCL ont relié cette trahison à sa source, l’opportunisme virulent de la tendance dirigée par Michel Pablo et Ernest Mandel, qui a émergé après la Deuxième Guerre mondiale et qui a cherché à liquider la Quatrième Internationale. Le Secrétariat unifié pabliste avait approuvé les années de politique rétrograde du LSSP, qui conduisirent à la trahison de 1964.

Le RCL s’opposa à la vague de radicalisme petit-bourgeois qui avait surgi à la fin des années 1960 et 1970. Il expliqua quels étaient les dangers potentiels représentés par l’engouement contemporain pour la « lutte armée » promue à la fois par les populistes cinghalais du Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) et les séparatistes tamouls du LTTE ainsi que d’autres formations tamoules armées. Le secrétaire général fondateur du RCL, Keerthi Balasuriya, avait écrit un essai extensif mettant en garde que le populisme radical du JVP contenait les graines de l’extrémisme fasciste cinghalais et qui devait se manifester en 1989 lors du déchaînement meurtrier de ses tireurs contre des travailleurs, des syndicalistes et des socialistes. A l’encontre de tous ceux, au Sri Lanka et ailleurs en Asie, qui avaient exploité la trahison du LSSP pour proclamer la faillite du trotskysme, le RCL prouva que la dégénérescence du LSSP n’était pas le produit de prétendus vices du marxisme, mais bien de son abandon.

En défendant les principes marxistes, le RCL/SEP a récolté une profonde animosité de tout le spectre politique bourgeois. Le parti a été confronté à la répression d’Etat et à la violence politique de tous côtés. Durant les aventures armées entreprises par le JVP en 1971, le RCL s’était opposé à la répression du gouvernement Bandaranaike et fut obligé d’entrer dans la clandestinité. Deux membres du parti furent assassinés en prison par les forces de sécurité. Lors du pogrome anti-tamoul de 1983 qui secoua l’île entière et qui marqua le début de la guerre civile, le parti défendit vigoureusement les droits démocratiques des Tamouls. En conséquence, des membres du RCL furent arrêtés et des dirigeants du parti furent harcelés et menacés par des fiers-à-bras pro-gouvernement. En 1989, le RCL s’opposa à la campagne patriotique réactionnaire du JVP contre l’accord indo-sri lankais. Trois membres du parti furent abattus par des escadrons de tueurs du JVP. En 1998, le LTTE détint pendant des semaines trois membres du SEP à Kilinochhi pour le « crime » d’avoir fait campagne en faveur du programme socialiste du SEP, ils ne furent libérés qu’à la suite de l’organisation d’une campagne internationale menée par le CIQI et le WSWS.

Le SEP a résisté à ces attaques et aux considérables pressions politiques exercées par le milieu national au Sri Lanka parce qu’il opère, comme toutes les sections du CIQI, en tant que partie intégrante de notre parti mondial. Le RCL ne fut pas fondé en tant que parti national ou comme une section nationale indépendante d’une fédération internationale, mais comme un détachement du mouvement trotskyste international luttant pour le programme de la révolution socialiste mondiale au Sri Lanka et en Asie du Sud. L’avènement du World Socialist Web Site a permis au SEP d’intégrer au quotidien son travail à celui de ses partis frères de par le monde. Réfutant ceux qui affirmaient que l’Internet ne pouvait pas atteindre les travailleurs appauvris de pays tel le Sri Lanka, l’analyse du SEP et du CIQI est à présent à la portée de travailleurs et de jeunes partout dans l’île et dans la région, et souvent grâce à de multiples moyens ingénieux.

La signification de la campagne électorale du SEP ne réside pas dans le nombre de voix que ses candidats obtiendront. Ceux qui sont aveuglés par les triomphes parlementaires devraient réfléchir aux tragédies pour la classe ouvrière qui ont résulté de l’application de manœuvres électorales opportunistes, et notamment au Sri Lanka. La force de la campagne du SEP se trouve dans la lutte longue et courageuse du parti pour les principes et la clarté de son analyse et de sa perspective. Il apparaît avec évidence à quiconque ayant accompagné des membres du SEP dans une plantation, un lieu de travail ou un village, que l’influence du parti s’étend bien au-delà du nombre, actuellement relativement réduit, d’adhérents. Même ses adversaires politiques expriment parfois à contrecœur une certaine admiration.

Nous encourageons tous nos lecteurs, tout particulièrement en Asie du Sud, à réfléchir avec attention à la perspective que le SEP a présenté dans ces élections. Etant donné que le capitalisme mondial plonge dans sa plus terrible crise depuis les années 1930, les conséquences pour la classe ouvrière en seront dévastatrices : chômage de masse, conditions économiques abominables, tensions internationales grandissantes, conflit économique et finalement la guerre. Les choix sont clairs : socialisme ou barbarie. Ceux qui veulent lutter pour un avenir socialiste doivent se joindre à nous et construire le SEP au Sri Lanka, et le CIQI à travers le sous-continent, comme le parti révolutionnaire de masse de la classe ouvrière.

(Article original paru le 13 février 2009)


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