Vendredi, Israël a poursuivi son bombardement
de la Bande de Gaza qui est fortement peuplée et rejeté la résolution du
Conseil de sécurité de l’ONU demandant un cessez-le-feu. Les dirigeants
israéliens avaient laissé entendre qu’ils préparaient l’entrée dans une
« troisième phase » du blitz qui comprendrait une invasion des
quartiers populaires de Gaza où vivent 410 000 personnes.
Le caractère criminel de la guerre d’Israël
est reflété par le nombre de morts. Le nombre de Palestiniens qui ont été tués
augmente rapidement. Près de 800 sont morts et des milliers d’autres ont été
mutilés. On pense à présent que près de la moitié des personnes tuées à Gaza
sont des civils.
Aussi, 13 Israéliens sont morts dont trois
seulement sont des civils. Le taux de civils palestiniens tués par rapport aux
Israéliens est plus de 100 contre 1.
Entre jeudi soir et vendredi après-midi, au
moins 22 Palestiniens de plus ont été tués. Israël a bombardé durant la nuit au
moins 30 objectifs dans Gaza. Parmi les bâtiments détruits se trouve un
immeuble de cinq étages dans la partie nord de Gaza où sept membres d’une même famille,
y compris un bébé, ont péri.
Des travailleurs humanitaires ont rapporté que
la situation à Gaza était de plus en plus désespérée. Si les distributions de
nourriture et d’eau ne sont pas permises, un grand nombre des 1,5 million d’habitants
de la région seront frappés par la famine.
La résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelle
à la fin immédiate des hostilités. Les Etats-Unis, qui normalement opposent
leur veto aux résolutions de l’ONU liées aux Palestiniens et ne correspondant
pas tout à fait aux intérêts d’Israël, n’ont pas fait usage de leur veto et ont
de ce fait permis que la résolution soit adoptée sans opposition.
La résolution a été forgée de façon à ne pas
faire perdre la face à Israël. En fait, c’était un ultimatum fixé à la
population palestinienne et liant tout cessez-le-feu à la cessation de toute
résistance à Israël. Ce n’est qu’une fois que les que les Palestiniens auraient
déposé leurs roquettes et leurs fusils primitifs que les forces de défense israéliennes
(FDI) seraient obligées de tenir en bride leur armée. La résolution appelait
également à un « cessez-le-feu durable », un euphémisme
israélo-américain pour la cessation de toute résistance du côté palestinien,
présente et future, contre le blocus israélien qui avait déjà imposé la
malnutrition à plus de la moitié de la population de Gaza avant l’attaque des FDI
du 27 décembre.
La résolution de l’ONU prévoyait de resserrer
l’étau autour de Gaza y compris des termes pour empêcher la livraison d’armes
vers Gaza depuis l’Egypte. L’un des maigres moyens dont dispose Gaza pour
s’approvisionner en nourriture et en médicaments est une série de tunnels sous
la frontière avec l’Egypte. Israël a visé cette région frontalière en la
bombardant massivement dans le but de détruire les tunnels.
Néanmoins, Israël a rejeté d’emblée la motion
des Nations unies. Le gouvernement israélien s’est immédiatement réuni et a
publié, en des termes qui rappellent le mépris professé par l’Allemagne nazie
contre le prédécesseur des Nations unies, la Ligue des Nations, un communiqué
rejetant l’idée que l’ONU dispose d’un droit quelconque d’intervenir dans
l’offensive israélienne.
« Israël n’a jamais accepté qu’une
influence extérieure décide de son droit à défendre ses citoyens, » ont
affirmé les services du premier ministre Ehoud Olmert.
De son côté, un représentant du Hamas au Liban
a dit que le groupe « n’était pas intéressé » par le cessez-le-feu de
l’ONU parce qu’il ne satisfait pas les exigences les plus minimales de
l’organisation. Un autre porte-parole du Hamas a dit que l’ONU n’a pas reconnu
le Hamas comme un pouvoir légitime lors des négociations pour la trêve. Ayman
Taha, un délégué du Hamas en Egypte lors des négociations informelles a dit à
la chaîne de télévision Al-Jezeera qu’Israël doit cesser ses attaques et se
retirer de Gaza. « Nous ne demandons pas l’impossible, » a-t-il dit.
« C’est notre droit de le demander et de protéger notre peuple et son
sang. »
Des manifestations, petites et grandes contre
les attaques d’Israël à Gaza se sont multipliées de par le monde.
Des milliers de personnes se sont rassemblées en
Cisjordanie, à Alexandrie en Egypte, à Amman en Jordanie, au Koweït et à
Bagdad. L’on rapporte que des protestations se sont intensifiées en nombre et
en densité en Egypte et qu’elles se propagent de par le pays. A Alexandrie les
manifestants étaient plus de 50 000.
Au Kenya, la police a empêché qu’une manifestation
comptant quelque 5000 personnes ne se dirige vers l’ambassade d’Israël. Cinq
mille personnes ont également protesté en Malaisie. Une manifestation à Oslo,
en Norvège, qui a rassemblé un millier de personnes a été dispersée par la
police après que des confrontations se sont produites avec une
contre-manifestation pro-israélienne.