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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Le SEP sri lankais se présente aux élections régionales pour s’opposer à la guerre et aux attaques contre les droits démocratiques

Par le Parti de l’égalité socialiste (Sri Lanka)
15 janvier 2009

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Le Parti de l’égalité socialiste (SEP) du Sri Lanka participera à deux élections municipales régionales qui auront lieu le 4 février. Le parti présentera deux listes de 19 candidats, une dans le district de Nuwara Eliya dans la province centrale et l’autre dans le district de Puttalam dans la partie nord-ouest de la province.

Nuwara Eliya se trouve dans la vaste région centrale des plantations de thé située dans le district des montagnes où la main-d’œuvre qui est misérablement payée et opprimée est à très forte majorité de langue tamoule. Dans le district de Puttalam, sur la côte ouest, vit une population mixte de Cinghalais, de musulmans et de Tamouls, y compris de nombreuses personnes déplacées par une guerre civile acharnée qui sévit depuis 25 années dans le pays.

Les candidats du SEP comprennent des ouvriers des plantations, des pêcheurs, des enseignants, des jeunes chômeurs et des mères de famille. A Nuwara Eliya, la liste est menée par Myilvaganam Thevarajah, 55 ans, qui est un permanent du parti depuis plus de vingt ans. A Puttalam, Nihal Geekiyanage, 52 ans, est un membre de longue date du parti et qui mènera la campagne.

En opposition à tous les autres partis politiques, les candidats du SEP s’opposeront catégoriquement à la guerre qui est faite par le président Mahinda Rajapakse et son gouvernement, contre le mouvement des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) en exigeant le retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes du nord et de l’est du pays.

Il ne s’agit pas d’une guerre de libération ou d’une guerre contre le terrorisme, mais d’une guerre pour asseoir le pouvoir et les privilèges de l’élite dirigeante cinghalaise par rapport à l’ensemble de la classe ouvrière, Cinghalais, Tamouls et musulmans pareillement. Le SEP en appelle à tous les travailleurs pour rejeter définitivement le poison diviseur de la politique communautariste pour s’unir sur la base d’un programme socialiste dans une lutte en faveur de leurs intérêts de classe communs.

Les élections se déroulent au milieu d’une vague de triomphalisme qui règne dans l’establishment politique de Colombo suite à la capture du siège administratif du LTTE à Kilinochchi. Rajapakse a proclamé que « C’est une victoire sans précédent pour l’ensemble de la nation » et salué les troupes pour avoir fait du rêve de « la paix, de la liberté et de la démocratie » une réalité.

Le SEP met en garde la classe ouvrière : ce n’est ni notre guerre ni notre « victoire ». La guerre qui a éclaté en 1983 était le produit de nombreuses décennies de chauvinisme anti-tamoul qui a été attisé dans le but de diviser les travailleurs et d’assurer une base sociale au régime bourgeois. Durant vingt-cinq ans, les gouvernements successifs ont continué la guerre en rejetant la totalité du fardeau sur le dos de la population laborieuse.

Si l’armée réussit à chasser le LTTE du reste de ses bastions, cela ne fera que renforcer la position de Rajapakse et de la cabale politico-militaire sur laquelle il repose. Loin d’ouvrir une nouvelle période de paix et de démocratie, une telle « victoire » n’entamera qu’une période durant laquelle les droits démocratiques seront davantage encore foulés aux pieds et chaque aspect de la société sera militarisé. En anticipation de la « paix », au lieu d’une réduction de ses effectifs, l’armée a été autorisée à les gonfler de 50 pour cent pour passer à 200.000 hommes.

Au cours de ces deux dernières années, tandis que Rajapakse a rompu le cessez-le-feu de 2002 en replongeant le pays dans la guerre, le gouvernement a déchaîné le règne de la terreur dans le but d’intimider et de réprimer l’opposition. Des centaines de personnes ont disparu ou ont été assassinées par des escadrons de la mort soutenus par l’armée. Les médias ainsi que des travailleurs et des fermiers qui ont protesté, et même la Cour suprême, ont été menacés de violence pour avoir « miné la sécurité nationale ». Le parlement a été réduit à une coquille vide. L’île est dirigée par le plus grand gouvernement du monde, mais les véritables décisions sont prises par les bureaucrates et les généraux qui ont l’oreille auprès de la clique présidentielle.

L’avertissement le plus net devrait être tiré des événements survenus dans la semaine qui a suivi la « victoire de Kilinochchi ». Le 6 janvier, des casseurs équipés d’armes automatiques et de grenades ont mis à sac les bureaux, les studios et la salle de contrôle de la chaîne de télévision MTC/Sirasa après que le gouvernement eut fait campagne contre sa couverture jugée « anti-patriotique ». Le 8 janvier, des tireurs ont tué en plein jour Lasantha Wickramatunga, le rédacteur en chef du Sunday Leader, qui avait critiqué la conduite de la guerre par le gouvernement.

Le gouvernement et l’armée n’hésiteront pas à s’en prendre à la classe ouvrière. A l’image des millions de gens de par l’Asie et le restant du monde, les travailleurs sri lankais sont confrontés au pronostic sombre de la perte de leur emploi et d’une baisse dévastatrice de leurs conditions de vie en plein milieu de la pire crise du capitalisme mondial depuis les années 1930. Les exportations de vêtements, de thé et d’autres marchandises diminuent déjà nettement. L’impact du bouleversement mondial a été aggravé par d’énormes dépenses militaires qui ont triplé, passant de 69 milliards de roupies en 2006 à 200 milliards de roupies en 2008.

Au cours de ces trois dernières années, le gouvernement a imposé à la population laborieuse des sacrifices pour la guerre. A chaque fois que les travailleurs ont revendiqué des augmentations de salaire, que les paysans et les pêcheurs ont réclamé des subventions et les pauvres des prestations sociales, la réponse toute faite de Rajapakse a été de dire qu’il n’y avait pas d’argent. Et pourtant, dès qu’il s’agissait de la destruction délibérée de vies humaines et de ressources il n’y avait pas de limite !

Après la chute de Kilinochchi, Rajapakse a déclaré : « Notre patrie veut que vous fassiez preuve de cet engagement et de cette patience un peu plus longtemps encore. » Mais la réalité est que cet appel au sacrifice pour la patrie ne s’arrêtera pas si l’armée réussit à supprimer le LTTE. Le gouvernement n’a aucune solution à la crise économique mise à part d’intensifier son attaque contre la population laborieuse. Et les méthodes employées pour combattre la guerre, c'est-à-dire le communautarisme, la violence gratuite et la répression orchestrée par l’Etat policier, seront utilisées pour réprimer la résistance des travailleurs qui luttent pour défendre leurs emplois, leurs conditions de travail et de vie.

Aucun des partis d’opposition n’offrent une alternative. Le parti droitier de l’Unité nationale (United National Party, UNP), le chauvin Front de Libération du Peuple (Janatha Vimukthi Perumuna, JVP) et, à l’exception des représentants officiels du LTTE, tous les partis des minorités tamoules et musulmanes, ont rejoint le triomphalisme de l’armée. L’UNP a abandonné son appel pour des pourparlers de paix en affirmant à présent que son cessez-le-feu de 2002 avec le LTTE avait été une ruse habile qui avait permis à l’armée de se préparer à la guerre actuelle. Quant au JVP, il s’arroge le crédit d’avoir insisté pour que Rajapakse relance la guerre en 2006.

En opposition à cette vague écoeurante de chauvinisme, les candidats du SEP soumettront une solution de classe à la guerre et à la crise économique basée sur les principes de l’internationalisme socialiste. Les travailleurs au Sri Lanka ont les mêmes problèmes, les mêmes préoccupations et aspirations que leurs frères et sœurs de classe de par l’Asie du Sud et internationalement, en étant dans bien des cas exploités par les mêmes groupes transnationaux.

La guerre au Sri Lanka n’est que l’exemple le plus net de l’incapacité de la classe capitaliste dans l’ensemble de la région à résoudre les tâches les plus démocratiques et nationales. Durant des décennies, les différences religieuses, ethniques et linguistiques ont été exploitées pour diviser la classe ouvrière et étayer le régime bourgeois, en créant un désastre pour des dizaines de millions de gens ordinaires. Une fois de plus, l’Inde et le Pakistan battent le tambour de la guerre suite aux atrocités commises à Mumbai. En prenant position contre le communautarisme ethnique et religieux et le militarisme, les travailleurs sri lankais montreront à la classe ouvrière de par l’Asie du Sud la voie pour aller de l’avant.

En lançant un appel au retrait des troupes du nord et de l’est de l’île, le SEP n’accorde aucun soutien politique au LTTE. Le programme du LTTE en faveur du séparatisme tamoul est l’envers communautariste de la médaille gouvernementale de suprématisme cinghalais. Le LTTE qui représente les intérêts de sections de l’élite tamoule, est organiquement incapable d’en appeler à la classe ouvrière, la seule force sociale capable de mettre un terme à la guerre et d’assurer les droits démocratiques de la population tamoule.

La guerre a permis de révéler au grand jour ceux qui, comme les radicaux petits bourgeois du Nava Sama Samaja Party (NSSP), ont affirmé que le « processus de paix » international offrait une solution. Pour les Etats-Unis et les autres promoteurs impérialistes, les pourparlers de paix n’ont jamais été rien d’autre qu’une tactique pour s’assurer que la guerre n’empiète pas sur leurs intérêts économiques et stratégiques dans la région. Ils avaient tous soutenu tacitement en 2006 les offensives renouvelées de l’armée sri lankaise et gardé un silence catégorique quand Rapajakse avait formellement rompu, l’année dernière, le cessez-le-feu de 2002. Les Etats-Unis ont à présent déclaré ouvertement qu’ils ne soutiennent plus la reprise des pourparlers de paix avec le LTTE.

Une lutte politique authentique contre la guerre doit être liée à la lutte pour un gouvernement ouvrier et paysan, fondé sur un programme socialiste. Les candidats du SEP feront campagne en faveur de mesures socialistes afin de confronter la crise sociale à laquelle les travailleurs, les paysans et les jeunes font face. Il est toutefois impossible de résoudre les problèmes auxquels est confrontée la classe ouvrière dans les limites d’une petite île. De par le monde, la population laborieuse est confrontée à une récession économique et aux dangers imminents d’un conflit commercial et d’une guerre. C’est pourquoi le SEP avancera la lutte pour une république socialiste du Sri Lanka et de l’Eelam comme partie d’une union plus générale des républiques socialistes d’Asie du sud et du monde.

L’objectif du SEP est d’atteindre un auditoire le plus vaste possible durant la campagne électorale. Nous appelons de ce fait à tous ceux qui soutiennent notre programme à participer activement en donnant des fonds au parti, en participant aux réunions publiques, en aidant à distribuer notre documentation électorale et surtout en demandant à rejoindre le SEP, la section sri lankaise du Comité international de la Quatrième Internationale.

(Article original paru le 10 janvier 2009)


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