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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

La crise nucléaire en Corée du Nord franchit une nouvelle étape

Par John Chan
22 juin 2009

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Une résolution adoptée le vendredi 12 juin par le Conseil de sécurité de l’ONU, imposant des sanctions alourdies à l’encontre de la Corée du Nord pour son essai nucléaire réalisé le 25 mai et les menaces ultérieures lancées par Pyongyang d’intensifier son programme d’enrichissement de l’uranium, montre que la crise qui se prolonge sur la péninsule coréenne est entrée dans une phase nouvelle et plus dangereuse.

La résolution 1874 des Nations Unies qui a été élaborée par les Etats-Unis avec le ferme soutien du Japon, proscrit toute vente d’armes à la Corée du Nord, à l’exception des armes de petit calibre. La Chine a insisté sur l’exception et a rejoint la Russie pour exiger que le projet de résolution soit modifié en ce qui concerne l’inspection des navires nord-coréens dans les eaux internationales. Les deux puissances craignent que les Etats-Unis et leurs alliés puissent exploiter de telles inspections pour créer une provocation susceptible de déclencher un conflit militaire.

Les Etats-Unis ont accepté de changer la formulation du texte du Conseil de sécurité de l’ONU en remplaçant « autoriser » par « appelle » tous les Etats membres de l’ONU à procéder à des inspections des navires en provenance et à destination de la Corée du Nord et soupçonnés de transporter du matériel lié au nucléaire. Tout Etat du pavillon qui refuse que ses navires soient inspectés devra se rendre dans « un port approprié et adéquat pour les inspections requises. »

Le représentant permanent chinois auprès de l’ONU, Zhang Yesui, a dit à la presse : « Nous pensons que des sanctions telles l’inspection des navires seront très compliquées et un point sensible et les pays concernés doivent agir avec prudence en se fondant sur des motifs suffisants. » Néanmoins, la Chine a accepté la mesure qu’elle avait refusée depuis 2006 à la suite du premier essai nucléaire nord-coréen.

Beijing a également accepté de sanctionner toutes les transactions financières « susceptibles de contribuer au développement des armes de destruction massive (ADM) ou programmes balistiques de la Corée du Nord » et d’interdire toute aide financière à la Corée du Nord, sauf à des fins humanitaires et d’assistance pour mettre fin à ses programmes nucléaires.

La Chine redoute que les actions plutôt téméraires de Pyongyang ne fournissent un prétexte au Japon et à la Corée du Sud pour renforcer leurs armées, y compris par l’acquisition d’armement nucléaire qui menacerait non seulement Pyongyang, mais aussi Beijing. Dans le même temps, le gouvernement chinois ne souhaite nullement un effondrement politique de la Corée du Nord qui pourrait être exploité par les Etats-Unis et leurs alliés.

Mardi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a appelé toutes les parties concernées à « garder leur calme et à faire preuve de modération afin de régler les problèmes grâce au dialogue et à des consultations en s’abstenant de prendre des mesures qui pourraient aggraver la situation ». Beijing a insisté pour un retour des six à la table des négociations, soit la Chine, les Etats-Unis, le Japon, la Russie et les deux Corées dans le but de sortir de l’impasse sur les programmes nucléaires de la Corée du Nord.

Pyongyang a toutefois déclaré ne pas vouloir reprendre les pourparlers avec les six. La Corée a renvoyé les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique et repris l’ensemble des processus sur le site de Yongbyon. Après le vote de la résolution de l’ONU, la Corée du Nord a, pour la première fois, reconnu l’existence d’un programme d’enrichissement d’uranium servant à alimenter en combustible ses réacteurs. Elle a également affirmé vouloir transformer en armement le plutonium restant et a averti que toute tentative d’aborder ses navires sera considérée comme un acte de guerre. Les responsables des Etats-Unis et de la Corée du Sud affirment que la Corée du Nord est aussi en train de préparer un nouvel essai de tir de missile à longue portée.

Une telle attitude, adoptée par le régime stalinien secoué par la crise, n’a rien à voir ni avec une lutte authentique contre l’impérialisme ni avec une défense renforcée du petit Etat assiégé. Elle a pour but de replâtrer les fissures apparentes au sein de l’élite dirigeante nationale tout en exerçant une pression, qui l’arrange d’une manière ou d’une autre, sur les Etats-Unis et leurs alliés.

Selon le communiqué du 15 juin du National Intelligence américain, le second test nord-coréen a été estimé « à quelques kilotonnes. » Le premier test effectué en 2006 avait été estimé à à peine une kilotonne. Le faible rendement, même comparé aux bombes atomiques américaines larguées sur le Japon en 1945, indique probablement que les armements de la Corée du Nord sont primitifs et les essais seulement en partie réussis.

Le gouvernement Obama a profité du communiqué de la Corée du Nord pour adopter une attitude plus agressive. Le message émanant du sommet qui a eu lieu entre le président Obama et le président sud-coréen Lee Myung-bak en visite aux Etats-Unis est que les négociations à six et l’accord conclu en 2007 ne sont quasiment plus d’actualité.

Obama a déclaré mardi : « Il s’est instauré un schéma dans le passé où la Corée du Nord se conduit de manière belligérante et, si elle attend suffisamment longtemps, se voit récompensée par de la nourriture et du carburant, des crédits ainsi que tout un éventail d’avantages. » Il a averti en disant : « Le message que nous faisons passer, et je dis “nous”, et pas seulement les Etats-Unis et la République de Corée mais, je pense, la communauté internationale, est, “nous allons briser ce schéma”. »

Un communiqué commun a catégoriquement mentionné l’engagement continu des Etats-Unis et de la Corée du Sud pour « une attitude de défense solide… y compris le parapluie nucléaire américain », une référence évidente à la supériorité écrasante de l’arsenal nucléaire américain. Lee a déclaré aux journalistes : « Les Coréens du Nord, quand ils considéreront le solide partenariat et l’alliance qui existent entre nos deux pays, y regarderont par deux fois avant de prendre toute mesure qu’ils regretteront. » Dans un entretien la semaine dernière avec le Wall Street Journal Lee, qui fait partie du Grand Parti national (GNP, droite), a écarté un retour aux pourparlers à six en disant que Pyongyang s’était tout juste servi d’eux pour « gagner du temps » et construire des armements nucléaires.

Les commentaires faits par le vice-président américain Joe Biden, étaient même encore plus révélateurs quand il a dit dimanche, lors de l’émission « Meet the press » de NBC : « Nous allons appliquer la résolution de l’ONU… Il s’agit pour nous de maintenir la pression sur eux [Corée du Nord], même s’ils disent que c’est un acte de guerre. » En d’autres termes, Washington poursuivra l’application des sanctions même si cela signifie un éventuel conflit militaire avec la Corée du Nord. Biden a ajouté : « C’est un régime qui dit énormément de choses… C’est une force de déstabilisation dans la région. »

En fait, ce sont les Etats-Unis qui portent la principale responsabilité dans la crise actuelle. En 2002, le président Bush avait placé la Corée du Nord dans l’« axe du mal » aux côtés de l’Iran et de l’Irak. En octobre de la même année, le gouvernement Bush sous le prétexte d’un prétendu programme nord-coréen d’enrichissement de l’uranium, laissa tomber l’accord-cadre signé en 1994 par le précédent gouvernement Clinton. En réaction, la Corée du Nord se retira du Traité de non-prolifération nucléaire(TNP) et redémarra son petit réacteur nucléaire et son usine de production de plutonium.

Tout comme Bush, Obama a déclaré qu’il ne continuera pas à « récompenser » la mauvaise conduite de la Corée du Nord. Toutefois, c’est précisément le manquement de gouvernements américains successifs de respecter leur côté des termes des accords signés avec Pyongyang qui a mené à cette situation. Le président Bill Clinton n’avait pas débuté la construction de deux réacteurs à eau légère qui étaient prévus dans l’accord-cadre. Ce n’est qu’à contrecœur que Bush avait rayé la Corée du Nord de la liste noire du terrorisme du département d’Etat américain, une démarche que le gouvernement Obama menace de révoquer. Washington n’a rien fait pour satisfaire les priorités figurant tout en haut de la liste de Pyongyang, à savoir la normalisation des relations et la levée du blocage économique maintenu depuis la fin de la guerre de Corée en 1953.

L’attitude du gouvernement Obama exerce une forte pression sur la Chine pour qu’elle remette son alliée, la Corée du Nord, au pas. Beijing est certainement frustré de l’échec des pourparlers à six dans lesquels ils avaient investi une grande part de leur prestige. La Chine dispose également des moyens de mettre le pays à genoux économiquement étant donné que la Corée du Nord dépend de la Chine en énergie, en nourriture et biens de consommation. Toutefois, en supprimant ces denrées, Beijing pourrait bien déclencher une crise en Corée du Nord qui ouvrirait la voie à un Etat pro-américain à ses frontières tout en ayant un effet déstabilisateur en Chine même.

Ce qui paraît plus probable, c’est une intensification des tensions en Asie du Nord-Est qui renferme toujours le danger d’une erreur de calcul de la part des grandes puissances et qui pourrait ainsi dégénérer en un conflit ouvert.

(Article original paru le 19 juin 2009)


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