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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le déclin de la social-démocratie

Par Peter Schwarz
12 juin 2009

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Le résultat le plus manifeste des élections européennes qui eurent lieu le week-end dernier est le déclin spectaculaire de la social-démocratie.

De par l’Europe, les partis sociaux-démocrates n’ont obtenu en moyenne que 22 pour cent des voix, six pour cent de moins qu’aux élections européennes précédentes de 2004. Avec un taux de participation s’élevant à peine à 43 pour cent, ceci signifie que moins d’un dixième des électeurs a voté pour ces partis.

Ce faisant, la moyenne européenne fausse l’étendue réelle du déclin. Dans les principaux pays industrialisés d’Europe de l’Ouest où les partis sociaux-démocrates ont soit dirigé les gouvernements des décennies durant soit été les principaux partis d’opposition, leurs pertes ont été énormes, et ce sans tenir compte du fait que ces partis sont soit actuellement au gouvernement soit forment l’opposition.

En Grande-Bretagne, où le Parti travailliste (Labour Party) est au pouvoir depuis ces douze dernières années, le Labour a chuté à un niveau record de 16 pour cent, en dessous donc du score enregistré par le l’UKIP d’extrême droite (United Kingdom Independence Party, Parti de l’indépendance du Royaume-Uni). En Espagne, le parti socialiste au pouvoir a perdu cinq pour cent des suffrages en arrivant derrière le Parti populaire droitier. En Allemagne, le Parti social-démocrate (SPD) qui siège au gouvernement depuis onze ans a enregistré son plus mauvais résultat avec 21 pour cent. Au Portugal, le soutien du Parti socialiste au pouvoir a dégringolé de 45 à 27 pour cent.

En France, le Parti socialiste qui est depuis sept ans dans l’opposition, a recueilli à peine 17 pour cent, soit 12 pour cent de moins qu’il y a cinq ans. En Italie, le Parti démocrate qui est issu du Parti communiste et de nombreux autres partis de « gauche », a chuté de 31 pour cent à 26 pour cent. Au Danemark, l’opposition sociale-démocrate a perdu 12 pour cent des suffrages et a terminé avec un total de 21 pour cent. Le vote en faveur du Parti travailliste néerlandais a été réduit de moitié en tombant à 12 pour cent et en Autriche il a chuté de 33 à 24 pour cent.

Ce déclin est d’autant plus remarquable si l’on tient compte du fait que les élections se sont déroulées au milieu de la crise économique mondiale la plus grave depuis les années 1930. Bien que le chômage soit en train d’augmenter rapidement et que les conditions de vie de vastes couches de la population se soient détériorées considérablement, les électeurs sont en train de déserter, en grand nombre, les sociaux-démocrates.

La raison en incombe à la politique et au caractère des partis sociaux-démocrates qui des années durant ont opéré comme des partis bourgeois. Au cours de ces deux dernières décennies, ils ont usé de leur influence, de concert avec les syndicats, pour appliquer le type d’attaques sociales qui avaient provoqué une résistance massive quand elles avaient été tentées par des gouvernements conservateurs.

En Grande-Bretagne, le Parti travailliste dirigé par Tony Blair avait adopté le programme du Parti conservateur de la « dame de fer », Margaret Thatcher, tandis que le SPD allemand mené par Gerhard Schröder avait voté les lois Hartz antisociales en perpétrant plus d’attaques contre les droits sociaux que ne l’avaient fait l’ensemble des gouvernements conservateurs précédents.

Le Financial Times britannique signalait dans son éditorial de mardi l’anomalie des pertes électorales massives subies dans des conditions d’une désillusion populaire grandissant face au capitalisme par des partis historiquement associés au socialisme. Il remarquait de façon absolument correcte qu’il n’existe en fait aucune différence sérieuse entre la politique économique et sociale des partis sociaux-démocrates et des partis conservateurs. Le journal écrit : « A une époque où "la fin du capitalisme" est envisagée comme une perspective sérieuse, les partis dont la mission historique était de remplacer le capitalisme par le socialisme, n’offrent aucune philosophie comme fil conducteur. Leurs politiques anti-crise diffèrent à peine de celles de leurs adversaires. »

Aujourd’hui, l’on ne trouve plus de travailleurs dans la direction des partis sociaux-démocrates et leur nombre diminue dans les rangs de ces partis. Ceux qui adhèrent aujourd’hui, le font non pas pour concrétiser des idéaux politiques, mais pour faire avancer leur propre carrière. L’opportunisme, le manque total de principe et l’arrogance envers la classe ouvrière sont les conditions préalables les plus importantes d’avancement dans ces organisations.

En Allemagne, une carrière dans le SPD est considérée comme un tremplin pour accéder à un poste bien doté dans la fonction publique ou dans l’économie privée. L’ancien président du SPD, Rudolf Scharping, est aujourd’hui conseiller en gestion d’entreprise et compte parmi ses clients le fonds spéculatif (hedge funds) Cerberus et la milliardaire Maria-Elisabeth Schaeffler. L’ancien chancelier Schröder qui a dirigé pendant longtemps le SPD, occupe plusieurs postes dans des conseils d’administration, notamment celui du géant gazier russe Gazprom, premier exportateur de gaz du monde.

Lorsque des millions de travailleurs se détournent de la social-démocratie en plein milieu d’une crise économique, cela montre une chose : qu’ils n’attendent plus de ces partis qu'ils trouvent une solution à leurs problèmes.

Les résultats électoraux montrent aussi un vaste rejet du Parlement européen. Le travail du Parlement est de fournir une couverture pseudo-démocratique aux institutions de l’Union européenne et au mammouth que forment 40 000 bureaucrates bien rémunérés à Bruxelles et qui, en échange, sont à l'entière disposition d’un nombre comparable de membres de groupes de pression économiques.

Un grand nombre d’électeurs, avant tout de la classe ouvrière, se sont abstenus de voter. Le plus grand parti dans cette élection a été celui des abstentionnistes. A 43 pour cent, le taux de participation a accusé une baisse de 2,5 pour cent par rapport au record précédent de 2004. Aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne ainsi que dans la plupart des pays d’Europe de l’Est, la participation a été inférieure à 40 pour cent.

Le vide politique qui en a résulté a été exploité par des partis conservateurs et de l’extrême droite. Ceci a incité de nombreux commentateurs à parler d’un « virage à droite » en Europe. Une telle conclusion n’est pas fondée et est superficielle. Les partis de droite ont été en mesure d’exploiter l’effondrement de la social-démocratie et le faible taux de participation. Dans la plupart des cas, toutefois, ces partis n'ont pas pu améliorer leurs scores et ont même subi une baisse significative de leur soutien.

Même des partis xénophobes d’extrême droite qui ont remporté un succès notoire, tel le parti de Geert Wilders, le Parti de la liberté (PVV) aux Pays-Bas (17 pour cent), l’United Kingdom Independence Party (17 pour cent) et le BNP (Parti national britannique, 6 pour cent), ont, sur la base du faible taux de participation de 35 pour cent dans les deux pays, moins de soutien que ne le suggèrent leurs résultats.

Ce qui est évident dans les élections européennes c’est une forte polarisation sociale. Jusque-là, les classes dirigeantes avaient pu s’appuyer sur les partis sociaux-démocrates et les syndicats pour étouffer les luttes sociales. Le déclin de ces organisations signifie que les futurs conflits prendront des formes plus ouvertes et plus explosives.

Les travailleurs doivent se préparer à une telle éventualité. L’initiative ne peut pas être laissée à la classe dirigeante. Les gains électoraux remportés par les groupements d’extrême droite sont un avertissement. La classe ouvrière européenne a besoin de son propre parti fondé sur un programme socialiste révolutionnaire et international.

(Article original paru le 10 juin 2009)


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