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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

1er mai en France : Des manifestations contre le chômage et la politique d'austérité du gouvernement

Par des correspondants du WSWS
5 mai 2009

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Les manifestations du 1er mai en France, organisées par les principaux syndicats et soutenues par tous les partis de « gauche », ont vu descendre dans la rue entre 500 000 et un million de travailleurs et de jeunes protestant contre le chômage de masse et la politique d'austérité du gouvernement.

Cette participation de grande envergure a cependant été bien en dessous du but que s'étaient fixé les syndicats, celui de dépasser la mobilisation de quelque un à trois millions de personnes du 19 mars. C'est aussi le reflet d'une désillusion grandissante face à la perspective des syndicats consistant à demander au gouvernement d'agir en faveur de la classe ouvrière. Le gouvernement a, à maintes reprises, clairement fait part de son intention de poursuivre sa politique d'austérité en collaboration avec les syndicats et les patrons, ce qui est un impératif urgent du capitalisme français dans le contexte d'une récession qui s'aggrave.

Raymond Soubie, conseiller social du président Nicolas Sarkozy, a annoncé samedi la tenue d'une nouvelle rencontre avec les syndicats et les patrons avant la fin du mois de juin pour « évaluer » les mesures requises face à la crise. Il a dit sur radio Europe 1 : « Ce que souhaite le président, c'est d'avoir un contact permanent avec les organisations syndicales et les organisations patronales de manière à avoir toujours une réponse adaptée et concrète. »

Des correspondants du WSWS ont fait des reportages sur les diverses manifestations qui se sont déroulées à Paris, Marseille, Nancy dans l'est de la France et Amiens en Picardie dans le nord. Les équipes du WSWS ont distribué des milliers de tracts de l'article  France : Les travailleurs de Caterpillar se révoltent contre les syndicats

Paris

Selon la CGT, 160 000 personnes ont défilé dans la manifestation parisienne, soit moins de la moitié du nombre de participants à celle du 19 mars. Les contingents syndicaux les plus importants étaient ceux de la CGT (Confédération générale du travail, proche du Parti communiste), puis ceux du syndicat de l'éducation, la FSU (Fédération syndicale unitaire.) Les contingents syndicaux étaient plus importants qu'en mars. Il y avait de nombreux travailleurs des hôpitaux et des étudiants venus  protester contre les attaques contre les services de santé et d'éducation.

Manifestation parisienne

Un manifestant a dit au WSWS: « La situation d'aujourd'hui nous pousse à lire sérieusement pour comprendre la situation. » Ils étaient nombreux à partager les critiques du WSWS concernant la collaboration entre les syndicats, les patrons et le gouvernement chez Caterpillar pour imposer les suppressions d'emplois et l'intensification de l'exploitation des travailleurs.

Il y avait de nombreux travailleurs et jeunes immigrés dans la manifestation: des Turcs, des Kurdes, des sans-papiers d'Asie et d'Afrique. Des Tamouls sont venus en famille protester contre les atrocités perpétrées dans la guerre civile au Sri Lanka ainsi que contre la crise sociale en France. Il y avait aussi des nationalistes influencés par les Tigres tamouls du LTTE qui brandissaient des portraits de Sarkozy et Obama dont ils recherchent le soutien.

A Paris, les syndicats nationaux et les partis de gauche s'étaient mis d'accord pour que ces derniers ne défilent pas avec la manifestation mais la soutiennent en restant sur le trottoir le long du parcours de la manifestation.

Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)  tout comme le Parti socialiste (PS) et d'autres partis de « gauche » avaient signé une déclaration commune de soutien pour la mobilisation syndicale du 1er mai. Cela a permis au PS de participer pour la première fois depuis la défaite du Premier ministre socialiste Lionel Jospin au premier tour de l'élection présidentielle de 2002 au profit du néo-fasciste Jean-Marie Le Pen. La politique pro-capitaliste du gouvernement de gauche plurielle de Jospin l'avait rendu inéligible.

C'est seulement parce que le NPA et son prédécesseur la Ligue communiste révolutionnaire reconnaissent le Parti socialiste comme faisant partie de la gauche qu'une foule de 3000 personnes du PS a pu marquer sa présence sur le parcours de la manifestation. Martine Aubry, première secrétaire du PS jubilait : « Les socialistes sont là, à leur place, derrière les syndicats, heureux car ils retrouvent leurs valeurs. »

Les autres partis de « gauche », le NPA, Lutte ouvrière, le Parti de Gauche, le Parti communiste, étaient aussi sur le parcours de la manifestation d'où ils exprimaient leur unité avec la bureaucratie syndicale.

Un enseignant a dit au WSWS, « Je voudrais qu'on s'oppose au système capitaliste. Il faut s'organiser internationalement. » Jean Rodolphe, professeur d'informatique de région parisienne, a dit que de moins en moins de professeurs étaient formés dans cette matière et qu'on allait chercher des professeurs des autres matières pour enseigner l'informatique. « Total fait des millions de profits et les donne aux actionnaires alors qu'il y a des chômeurs. Ça m'énerve », a-t-il dit.

Marseille

Selon la CGT 35 000 personnes ont participé à la manifestation de Marseille; les chiffres de la police font état de 8500 participants. La baisse de la participation par rapport aux 250 000 manifestants dont les syndicats faisaient état le 19 mars est due en parti au fait que la manifestation n'a pas attiré les personnes des petites villes avoisinantes qui organisaient leur propre défilé. Il y avait peu de lycéens et d'étudiants.

Syndicat de fonctionnaires à Gardanne

La manifestation était très encadrée par les huit confédérations syndicales, dominées par la CGT. Il y avait peu de personnes venues indépendamment. Le manque de soutien en dehors de leurs rangs témoigne d'une désillusion grandissante à l'égard de ces organisations de collaboration de classe.

Des délégations du Parti communiste, de Lutte ouvrière (LO) du Parti de Gauche et des Verts faisaient partie du cortège. Le POI (Parti ouvrier indépendant , anciennement PT de Pierre Lambert) et les anarchistes d'Alternative libertaire distribuaient des tracts.

Le tract du WSWS sur la révolte des travailleurs de Caterpillar contre leurs syndicats a intéressé de nombreux membres des syndicats. Ils l'ont lu et l'ont conservé contrairement aux tracts distribués par le NPA, LO et les syndicats.

Renée, ex-membre de la CGT a dit: « Les séquestrations sont légitimes, les salariés n’ont plus rien à perdre. »En entendant parler pour la première fois de la révolte à Caterpillar par le WSWS elle a ajouté, « Ce n’est pas une solution de riposter contre les syndicats même s’ils ne sont pas forcément à la hauteur de la tâche. »

Thierry, un enseignant de 43 ans a dit, « Je suis pessimiste pour les jeunes, il n’y a pas d’espoir avec la crise, il y aura beaucoup de jeunes chômeurs, sans droit. Les travailleurs doivent être défendu par les syndicats et les partis politiques. » Il a rejeté avec colère l'idée que les syndicats soient complices des patrons : « Cest ridicule. Le syndicat a une histoire de défense des salariés dans le cadre de l’entreprise. »Il a dit qu'il était pour des négociations tripartites et que « les syndicats n’ont pas été crée pour la révolution ».

Nancy

La manifestation de Nancy a fait descendre dans la rue 20 000 manifestants, selon les organisateurs qui ont mobilisé derrière les slogans: « L'emploi et le pouvoir d'achat », « Pour préparer un monde meilleur pour nos enfants », « Pour montrer un mouvement de masse, parce que le gouvernement nous prend pour des idiots. »

Un des slogans les plus criés était celui mis en avant par FO (Force ouvrière) : « De l'argent y'en a, dans les caisses du patronat » niant la gravité de la crise.

Des enseignants revendiquaient la fin de « la casse de l'école publique » et appelaient au « respect de l'instruction publique, laïque gratuite et obligatoire ainsi que le respect des droits syndicaux ».

Amiens

Trois mille personnes ont défilé à Amiens, capitale de la Picardie, soit un chiffre en baisse par rapport aux 12 000 manifestants du 19 mars et moins important que les 6000 de Compiègne, une plus petite ville de Picardie où les travailleurs de pneumatiques luttent pour empêcher la fermeture de l'usine de pneumatiques Continental de Clairoix qui menace de supprimer 1200 emplois.

La banderole de tête de cortège à Amiens, représentant les huit syndicats, appelait à « Des vrais emplois, des droits et du pouvoir d'achat. » La manifestation était surtout composée de travailleurs du secteur public, dominés par la CGT et la FSU, le syndicat de l'éducation. Il y avait aussi des agents d'EDF (Electricité de France) et de GDF (Gaz de France,) des travailleurs des impôts, des hôpitaux ainsi que des étudiants et des lycéens.

Bien que les grèves et manifestations contre les projets d'autonomie du gouvernement aient perturbé ces trois derniers mois le campus universitaire d'Amiens qui compte quelque 20 000 étudiants, la présence d'étudiants et de professeurs n'excédait pas les quelques centaines.


Arnaud

Arnaud, élève de Première littéraire au Lycée Michelis d'Amiens a dit, « J'ai été mobilisé contre la réforme des lycées et j'ai été délégué du lycée dans le comité de lutte lycéenne qui maintenant continue à se réunir bien que maintenant il n'y a plus de blocage. Nous avons eu des discussions avec le recteur et aussi avec le conseil académique de vie lycéenne. Nous avons préparé les revendications pour ces réunions mais on s'est rendu compte que l'Etat n'en a rien à foutre. »

Il a ajouté, « Je crois qu'il faut la mise en place d'un nouveau parti vraiment indépendant basé sur la compréhension de l'histoire, par exemple les leçons de 1936 et de 1968. Il ne faut pas de syndicat comme le PS et le PCF. Nous avons besoin d'un parti international qui lutte pour l'égalité économique et sociale. »

Arnaud a poursuivi, « Il faut que les banques et les entreprises deviennent des services publics partout, il faut qu'elles soient gérées par un gouvernement égalitaire. Je suis entièrement d'accord avec votre perspective d'unifier la classe ouvrière mondialement. Cela me paraît très bien dans la forme, mais il faudrait que je vois le contenu pour dire si je suis complètement d'accord. J'aimerais bien continuer cette discussion pour en savoir plus. »

Hervé Lemaire, délégué CGT à EDF-GDF a dit au WSWS, « Nous menons une lutte depuis quatre semaines à EDF-GDF. Nous demandons une hausse du salaire de base de 5 pour cent et un juste partage des bénéfices qui sont de 10 milliards d'euros. » La société EDF  est maintenant une société anonyme et l'Etat détient 51 pour cent des actions mais l'entreprise est gérée non pas comme une entreprise publique mais comme une entreprise capitaliste. Les travailleurs demandent aussi l'arrêt de la sous-traitance. Acceptant la logique de marché capitaliste, il a dit que cela « va affaiblir la société dans le contexte européen. Nous risquons de perdre notre rôle, notre position comme première société d'énergie de l'Europe ».

Reprenant le point de vue des dirigeants syndicaux, il a dit que les récentes séries de coupures d'électricité sauvages au domicile de personnalités politiques ou de bâtiments administratifs « ne sont pas cautionnées par les syndicats mais nous avons des difficultés à contrôler les conflits ».


Reynald Turpin

Reynal Turpin, arborant un T-shirt l'identifiant comme travailleur de l'entreprise Dunlop-Goodyear d'Amiens défilait avec son épouse et ses enfants. Très en colère contre le refus de la CGT de mener une lutte contre la semaine de sept jours à l'usine Dunlop, il a dit : « On n'a pas de week-end. Ça pose de gros problèmes pour la vie de famille. »

En apprenant le rôle joué par les syndicats à l'usine Caterpillar, il s'est exclamé: « Ça me met la haine. » Il a dit au WSWS que Goodyear montait une usine en Pologne avec de nouvelles machines capables de produire 40 000 pneus par jour. « A Amiens nous en produisons 15 000 par jour », a-t-il dit.

« Il faudrait que la lutte soit communautaire à l'échelle mondiale pour défendre les emplois. Je suis d'accord avec les collègues de Continental en Allemagne quand ils ont accueilli les travailleurs de Clairoix avec une pancarte avec les mots "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous." Je suis d'accord sur le besoin de créer des organisations de lutte indépendante mais on ne peut pas mettre tous les syndicats dans le même sac. Il faut unifier la classe ouvrière mondialement pour réorganiser l'économie mondiale. Construire un parti international comme le veut votre Internationale, à voir si c'est possible...Ça sera un gros travail. »

(Article original anglais paru le 4 mai 2009)


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