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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Elections européennes : Les syndicats et la nécessité du socialisme

Par Ulrich Rippert
30 mai 2009

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La crise économique internationale a des conséquences de plus en plus dramatiques pour l’Europe. Selon les sources européennes officielles, le nombre de personnes au chômage pour les 27 Etats membres de l’UE a augmenté de plus de 20 millions en mars. Cela correspond à une augmentation de 4 millions par rapport à l’année précédente. D’autres mises à pied massives sont inévitables dans l’avenir immédiat.

De nombreux travailleurs savent que la défense des emplois et des salaires requièrent une étroite collaboration internationale. Quelque 3000 ouvriers français de la compagnie de pneus Continental qui avaient pris un train spécial pour manifester avec leurs collègues allemands ont été accueillis avec enthousiasme à leur arrivée à Hanovre.

Les syndicats, cependant, font tout en leur pouvoir afin d’empêcher une lutte internationale efficace pour la défense de tous les emplois et les salaires, peu importe le lieu. Plutôt, les chefs syndicaux travaillent étroitement avec les directions corporatives et les gouvernements de leur pays respectif.

Les syndicats jouent ainsi un rôle central pour diviser et faire du chantage aux travailleurs. Les bureaucrates syndicaux affirment que la crise économique élimine toute alternative aux mises à pied et usent de la menace de pertes d’emplois dans une usine pour imposer des baisses de salaires et miner les conditions de travail dans d’autres usines.

Lorsque les mêmes ouvriers de Continental au nord de la France ont tenté de mener une action conjointe avec leurs collègues de l’usine Continental allemande, le président du comité d’entreprise a appelé la police et celle-ci a fermé l’usine d’Aix-la-Chapelle à l’aide de canons à eau et de la police montée.

La politique nationaliste des syndicats est particulièrement visible à Opel. Les ouvriers d’Opel travaillent étroitement depuis de nombreuses années avec les ouvriers de l’entreprise internationale General Motors. Les automobiles produites à Rüsselsheim, Bochum, Détroit ainsi que nombre d’autres villes sont le produit d’un processus de production étroitement intégré internationalement.

Bien que la menace de la faillite de General Motors affecte toutes ses usines, les syndicats font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher une lutte internationale commune. Les comités d’entreprise allemands et d’IG Metall ont sollicité la chancelière allemande  pour une « solution allemande ». Ils ont proposé d’importantes baisses de salaires de la part des travailleurs allemands et la fermeture de l’usine Saab de Trollhättan en Suisse ainsi que le démantèlement de la production d’autres usines européennes.

La dernière proposition syndicale est que les ouvriers d’Opel de quatre usines allemandes soient prêts à sabrer dans leurs salaires et offrir d’autres concessions totalisant 1 milliard d’euros en tant que « contribution ouvrière » pour aider à fonder une compagnie Opel indépendante. Cela ne ferait pas qu’avoir des conséquences drastiques pour les revenus des travailleurs d’Opel. Ces derniers se verraient alors enchaînés aux intérêts de profits de la direction de l’entreprise et seraient placés en position d’opposition à d’autres sections de travailleurs de l’auto.

Dans de nombreuses usines, l’opposition aux politiques nationalistes de droite des syndicats grandit.

Lorsque les travailleurs de l’acier ont manifesté contre la menace de 9000 congédiements devant les quartiers généraux de l’entreprise Arcelor-Mittal au Luxembourg au milieu du mois de mai, ils n’étaient plus disposés à tolérer la collaboration entre les syndicats, la direction de la compagnie et le gouvernement. De nombreux travailleurs se sont emparés barrières de métal et on tenté de démolir l’entrée des quartiers généraux de la compagnie, où le comité de supervision tenait sa réunion.

La lutte contre les congédiements et les baisses de salaires prennent de plus en plus la forme d’une rébellion contre les syndicats et les comités d’entreprise. Cette rébellion, cependant, peut seulement réussir si elle est menée sur la base d’un programme socialiste internationaliste.

Le déclin des syndicats n’est pas que le résultat de la corruption largement répandue parmi les fonctionnaires syndicaux et les comités d’entreprise. C’est la conséquence inévitable d’un programme qui s’oppose à l’abolition du système du libre marché et qui tente plutôt d’influencer et de collaborer à la gestion du capitalisme.

A cette fin, les syndicats ont développé une collaboration très étroite avec les comités exécutifs des compagnies et les gouvernements. En Allemagne, ces formes de collaborations et partenariats sociaux sont profondément ancrées dans le système légal du pays. Dans les grandes usines, les syndicats occupent la moitié des sièges sur le comité de surveillance. Les représentants des comités d’entreprise travaillent à temps plein pour le syndicat, leurs salaires étant payés par la compagnie. Le directeur de la main-d’œuvre de la compagnie est souvent un ancien haut fonctionnaire syndical.

Durant la période de reprise économique après la Deuxième Guerre mondiale, cette forme de partenariat social fut en mesure d’assurer une certaine amélioration des conditions de vie et maintenir un équilibre social. Le rapide développement de la production mondialisée combiné à l’actuelle crise économique démasque de plus en plus le contenu réactionnaire de la perspective des syndicats.

L’intégration mondiale du système de finance et de production et fait disparaître les bases nécessaires pour les compromis sociaux et a entraîné la transformation des syndicats. Dans la lutte mondiale pour les marchés et les bas coûts de production, ces derniers s’identifient complètement à « leurs » employeurs et « leur » gouvernement. Leur principal objectif est de défendre leurs propres bases nationales. Pour eux, les sacrifices des travailleurs sont inévitables et ils opposent ainsi les ouvriers d’un pays à ceux des autres pays.

En Allemagne, les syndicats collaborent étroitement avec le Parti social-démocrate (SPD) et le Parti de La Gauche et les aident à démanteler l’aide et les services sociaux. Peter Hartz, l’auteur de la série la plus draconienne de lois antisociales de l’histoire d’après-guerre de l’Allemagne, est un ancien directeur de la main-d’œuvre à VW, dirigeant syndical et membre du SPD qui fut conseiller très important pour le gouvernement du SPD de Gerhard Schröder.

Du point de vue des intérêts des travailleurs, il est désormais impossible de désigner les syndicats comme des organisations ouvrières. Ils sont des appareils bureaucratiques qui utilisent leurs moyens organisationnels pour supprimer tout mouvement indépendant de la classe ouvrière et qui imposent « l’harmonie entre les classes » dans l’intérêt des employeurs. Les fonctionnaires syndicaux sont pleinement intégrés dans la structure de la compagnie. Non seulement ont-ils des salaires qui sont comparables à ceux des gestionnaires, mais ils partagent aussi avec ces derniers le même point de vue sur toutes les questions sociales et économiques d’importance.

Le financement de syndicats dépend de moins en moins des contributions des membres. Autrefois, la devise des syndicats était « un sou pour chaque mark nous rend forts ». Aujourd’hui, ils peuvent compter sur un large spectre de sources de financement, y compris leurs investissements et leur participation dans les compagnies. Dans un certain nombre de cas, ils sont directement financés par des instituts économiques ou par les compagnies. On trouve un exemple récent avec le syndicat du rail allemand Transnet qui a reçu des millions du conseil dirigeant de l’organisation patronale des chemins de fer allemands.

En France, un pays où seulement 8 pour cent des travailleurs sont organisés dans des syndicats, le président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie Denis Gautier-Sauvagnac a transféré 5,6 millions d’euros entre 2000 et 2007 dans des comptes bancaires appartenant à des syndicats dans le but, a-t-il admis récemment, de mettre « l’huile nécessaire » à la lubrification des rapports avec son « partenaire social ». Aux Etats-Unis, le syndicat des travailleurs de l’automobile, les UAW, contrôle la caisse de retraite multimillionnaire de la compagnie et offre de très grands salaires à ses dirigeants.

La lutte contre le cartel des employeurs, du gouvernement, des syndicats et des comités d’entreprise doit commencer par le principe de la défense de tous les emplois et salaires. Toute tentative de faire payer les travailleurs doit être absolument rejetée. Les travailleurs ne sont pas responsables de la crise du capitalisme. Ils n’ont pas participé aux transactions spéculatives et n’ont pas engrangé des millions de dollars.

Pour mener une telle lutte, il est nécessaire de construire des comités d’usine qui feront revivre la tradition des conseils ouvriers et qui fonctionneront de façon complètement indépendante des syndicats actuels. De tels comités doivent entrer en relation avec les travailleurs des autres usines et des autres pays.

Lorsque les fonctionnaires des syndicats déclarent que la défense des emplois et des salaires n’est plus possible dans le cadre des rapports sociaux actuels, il faut en tirer la conclusion que les rapports sociaux doivent être transformés.

Les principales compagnies et banques doivent devenir propriété publique et des structures démocratiques doivent être fondées pour prendre des décisions dans l’intérêt de la majorité des travailleurs et de la population dans son ensemble. Ce n’est que sur cette base qu’il sera possible de défendre les unités de production modernes et d’organiser la production dans l’intérêt de la société dans son ensemble.

Une rébellion contre l’appareil corrompu des syndicats est absolument nécessaire pour fonder de nouvelles organisations de masse démocratiques. Cela demande un programme socialiste international et la construction de partis qui chercheront à unir les travailleurs sur une base internationale contre le capitalisme et pour la création des Etats unis socialistes d’Europe. C’est le programme que défend le Comité international de la Quatrième Internationale et sa section allemande, le Parti pour l’égalité sociale, dans les élections européennes actuelles.

(Article original anglais paru le 26 mai 2009)


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