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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Le syndicat des TCA impose des concessions draconiennes aux travailleurs de Chrysler

Par Keith Jones
1er mai 2009

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Le syndicat des Travailleurs canadiens de l’automobile, agissant de concert avec les patrons de Chrysler et Fiat, l’administration Obama, ainsi que les gouvernements du Canada et de l’Ontario, a rouvert le contrat de trois ans, qui accordait déjà de nombreuses concessions, négocié avec Chrysler Canada au printemps 2008 pour y inclure d’autres concessions draconiennes en termes d’avantages sociaux, de congés payés, d’intensité du travail et autres. 

Selon le syndicat, ces concessions vont réduire les coûts de main-d’œuvre de Chrysler de plus de 250 millions de dollars canadiens par année jusqu’en septembre 2012.

Au nom de l’ « équité » et de la « compétitivité », les TCA vont offrir les mêmes concessions à General Motors et Ford.

Chrysler et Fiat, ce dernier négociant actuellement une fusion avec le constructeur automobile basé à Détroit, avaient menacé de retirer toute la production hors du Canada si les 8000 travailleurs syndiqués de Chrysler Canada n’acceptaient pas des concessions de l’ordre de 19 dollars l’heure par travailleur.

Le syndicat a évité d’employer en public le chiffre de 19 $, préférant mettre l’accent sur les 240 millions $ que Chrysler va récolter par année, « le résultat de réductions dans les avantages sociaux, de changements dans les indemnités et d’une productivité accrue grâce à des améliorations opérationnelles ». Le Toronto Star a tout de même rapporté que des officiels des TCA ont admis en privé que « les concessions répondent aux demandes de la compagnie de réduire les dépenses de 19 $ l’heure ».

Le gouvernement conservateur du Canada et le gouvernement libéral ontarien ont pleinement appuyé les demandes de concession de la part de Chrysler. Le ministre fédéral de l’Industrie, Tony Clement, a affirmé que si un contrat de travail « compétitif » n’était pas négocié d’ici ce jeudi 30 avril Ottawa reprendrait les prêts d’urgence octroyés à Chrysler, entraînant ainsi la faillite du constructeur. Le premier ministre libéral Dalton McGuinty a quant à lui annoncé que son gouvernement n’allait pas honorer une garantie de paiement des retraites, vieille de trois décennies, advenant la situation où Chrysler ou General Motors ne seraient plus en mesure de respecter leurs obligations vis-à-vis leurs retraités. 

La bureaucratie des TCA a rapidement joint l’assaut contre les travailleurs de Chrysler. Elle a insisté que le seul moyen d’éviter la faillite de la compagnie, qui « causerait un tort immense aux travailleurs, aux retraités et aux consommateurs », était de s’incliner devant l’extorsion exigée par le patronat et le gouvernement.

Il n’y a rien de nouveau dans le fait que les TCA disent aux travailleurs de l’automobile que des concessions et des augmentations du rythme de travail sont la seule façon d’assurer des investissements et de sauver des emplois.

Mais l’étendue et l’importance des concessions atteignent cependant ampleur inégalée à ce jour. Les TCA abandonnent des droits et des avantages gagnés par les luttes de générations d’ouvriers.

La convention collective de Chrysler inclut toutes les concessions contenues dans l’entente que les TCA avaient négociée avec GM au début mars, incluant l’élimination d’une semaine par année de vacances payées, la prolongation du gel sur les prestations liées au salaire et au coût de la vie jusqu’à l’été 2012, l’abolition d’un bonus annuel de 1700 $ et l’imposition d’une nouvelle prime d’assurance-maladie.

Parmi une longue liste de concessions additionnelles, la nouvelle convention collective de Chrysler réduit les paiements quotidiens des heures supplémentaires, coupe les assurances supplémentaires, met fin à la couverture hospitalière semi-privée, élimine les primes de Noël, met fin au remboursement de frais de scolarité, coupe un bonus de 3500 $ (« un rachat de vacances »), augmente les périodes d’attentes pour les prestations liées à la maladie et aux accidents et réduit la couverture médicament.

Dans la mesure où la fusion avec Fiat prend place, la direction aura le droit d’introduire le système de « production de classe mondiale » de Fiat, qui demande plus de « flexibilité » et une poussée implacable pour l’efficacité, c’est-à-dire une intensification et une accélération du travail.

Au même moment, la compagnie procédera cet été à l’élimination du troisième quart de travail à l’usine d’assemblage de minifourgonnettes à Windsor, envoyant 1200 travailleurs au chômage.

Avec la nouvelle convention collective, les TCA ont aussi fourni à Chrysler, et par extension à GM et à Ford, les moyens de se départir de leurs obligations quant aux soins de santé de leurs retraités. Suivant les traces de l’UAW, qui en 2007 a établi le Voluntary Employment Benefit Associations (VEBA) avec les Trois Grands de Détroit afin de les aider à se départir de leurs obligations envers leurs retraités, les TCA et Chrysler vont mettre sur pied le Canadian Health Care Trust.

Alors que la forme exacte que prendra ce Canadian Health Care Trust n’a pas encore été négociée, la compagnie pourra grâce à la création de cet organisme se débarrasser de ses obligations quant aux soins de santé de ses retraités. Un fonds d’investissement sera créé et placé sous contrôle syndical. Il aura à sa charge toutes les dépenses reliées aux soins de santé des retraités de Chrysler. La gestion de ce fonds offrira aux hauts placés de la bureaucratie des TCA une nouvelle source très lucrative de revenus dans un contexte où les cotisations syndicales que le syndicat tire des travailleurs de l’auto diminuent constamment, conséquence de ses trahisons. Ce fonds incitera également la bureaucratie à couper dans les coûts de santé des retraités et à améliorer la profitabilité de Chrysler dans le cas où, comme on peut si attendre, la plus grande partie des actifs du fonds sera constituée d’actions de Chrysler.

Lewenza a déclaré lors d’une conférence de presse qui a eu lieu vendredi dernier en soirée que Chrysler avait promis qu’advenant le cas où la compagnie devait être réorganisée sous la protection des lois américaines sur la faillite (le chapitre 11), alors Chrysler Canada serait inclus dans le « bon Chrysler » et pas dans les parties de Chrysler qui seront démembrées et liquidées. Il a aussi affirmé que Chrysler avait garanti qu’il ne cherchera pas à obtenir des concessions supplémentaires des TCA au moyen des tribunaux de faillite.

Au cours des derniers douze mois, le syndicat des TCA a affirmé à plusieurs reprises qu’il avait signé des ententes avec les Trois Grands de Détroit qui signifiaient la fin des concessions seulement pour les répudier peu après et concéder encore plus.

Abandonnés par leur syndicat et confrontant un flot incessant de menaces de la part de Chrysler, du gouvernement ontarien et du gouvernement canadien, c’est à contrecoeur que les ouvriers de Chrysler ont accepté le contrat sur lequel ils ont dû voter le week-end dernier. Dans un vote pour lequel les TCA ont dit qu’il y avait eu un fort taux de participation, 87 pour cent des travailleurs de chez Chrysler ont voté pour l’acceptation d’un contrat comportant une longue liste de concessions. Mais presque un quart des ouvriers de production de l’usine d’assemblage de Brampton (24 pour cent) ont rejeté le contrat.

Il est maintenant pratique courante chez les TCA lorsqu’ils veulent forcer l’acceptation de contrats avec des concessions, de ne pas laisser de temps aux travailleurs pour réfléchir au contrat soumis au vote. Ce n’est qu’environ douze heures après que la direction des TCA eut annoncé qu’elle venait de conclure ses négociations avec Chrysler que les travailleurs de l’usine de Toronto, qui sera fermée en 2011 à moins qu’on lui trouve un acheteur, ont dû voter sur la proposition de contrat.

Lors d’une conférence en fin de soirée vendredi dernier, le président des TCA Ken Lewenza a décrit l’entente comme « une victoire si l’on considère ce qu’on vient de vivre et l’alternative et les conséquences qui nous attendaient si nous n’arrivions pas à une entente collective ».

Tout au long de la crise actuelle, Lewenza a déclaré ouvertement que l’objectif des TCA était de conserver « l’avantage canadien » dont bénéficient les fabricants d’automobile, c’est-à-dire de s’assurer que les opérations des Trois Grands de Détroit soient plus profitables au Canada qu’aux Etats-Unis.

Il n’est surprenant que les TCA aient chaudement félicité les serviteurs de la direction des TCA. Al Iacobelli, le négociateur en chef de la compagnie, a déclaré : « La direction des TCA a travaillé nuit et jour pour défendre ses membres en réglant tous les détails dans ce qui fut une négociation extrêmement complexe. La direction de Chrysler apprécie le dur labeur de ses employés syndiqués avec les TCA et tout ce qu’a fait la direction des TCA pour paver la voie pour que la compagnie ait un avenir au Canada. »

 (Article original anglais paru le 27 avril 2009)


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