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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La grève des universités françaises se termine par la trahison des syndicats

Par Pierre Mabut
28 mai 2009

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Après plus de 16 semaines de grève continue et de manifestations, le mouvement contre la loi « d'autonomie pour les universités » présentée par le gouvernement, la loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités), a pris fin. Il l'a fait sous la pression des menaces du gouvernement concernant les examens qui approchent et celle du sabotage par les syndicats qui ont refusé de mobiliser toute forme de solidarité.

Cette loi ouvre la voie à l'introduction de la compétition et de la recherche du profit dans l'enseignement supérieur public.

Depuis février dernier, plus de la moitié des 83 universités françaises étaient en grève. Seule l'université du Mirail à Toulouse y est encore. Onze étudiants de l'université de Toulouse Sud-Var ont entamé une grève de la faim pour exiger le retrait de la loi LRU.

L'université de la Sorbonne à Paris IV, au coeur des événements, a voté la reprise des cours le 19 mai, la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Péceresse a donné des garanties de prolongement des bourses étudiantes et a proposé de maintenir les résidences et restaurants universitaires ouverts pour la durée des examens qui ont été repoussés. Le gouvernement avait déjà fait un compromis sur certaines des dispositions de la LRU, sans affecter l'orientation fondamentale de la loi. Les réductions de personnel ont été suspendues pour deux ans ; les pouvoirs accordés aux recteurs d'universités pour décider des promotions et des engagements d'enseignants (au lieu de leurs pairs) ont été réduits, et l'attaque sur le statut des enseignants-chercheurs, visant à leur imposer plus de charges d'enseignement, a été retirée.

Le gouvernement voulait également supprimer l'année de stage pratique pour les étudiants d'IUFM ayant réussi les concours de recrutement à l'enseignement, une année rémunérée et leur accordant le statut de fonctionnaire. Un Master sur deux ans l'aurait remplacée. Le mercredi 13 mai, le ministre de l'Éducation, Xavier Darcos, a annoncé que cette réforme serait temporairement écartée pour les étudiants qui réussiraient le concours en 2010/2011. Le principal syndicat enseignant, le Snesup FSU, a présenté cela comme un « recul du gouvernement obtenu grâce à la pression des luttes ».

Ces dernières semaines ont vu un durcissement de l'attitude du gouvernement. Les violences policières contre les étudiants ont été fréquentes. La police anti-émeute avait chargé une marche pacifique à Amiens le 1er avril. La brutalité des attaques policières contre les manifestations étudiantes contraste avec l'indifférence des principaux syndicats d'enseignants et d'étudiants, voire leur soutien explicite à la position du gouvernement, consistant à amender la LRU tout en conservant l'essentiel.

Les délégués du personnel des universités et des enseignants de la CNU (Coordination nationale de l'université) venant de 73 universités se sont rencontrés le 29 avril à la Sorbonne et ont juré de « ne pas organiser d'examens tant que leurs demandes ne seraient pas satisfaites ». Les syndicats officiels n'ont pas soutenu cet appel. Le 6 mai, Pécresse a déclaré que des retraits de salaire seraient appliqués contre les enseignants grévistes qui refusent d'organiser des examens ou font de la rétention de diplômes, tandis que Darcos annonçait que les étudiants grévistes ne recevraient pas de diplôme. Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP au Parlement a exigé des poursuites judiciaires contre toute personne qui empêcherait les étudiants de passer leurs examens.

L'ex-dirigeant du Parti socialiste, François Hollande, a dénoncé « une conjugaison entre un gouvernement qui ne veut pas entendre, qui ne veut pas négocier et une extrême gauche qui cherche, pour des raisons qui lui appartiennent, à engager un conflit qui n’a que trop duré ».

Un article attaquant la détermination des enseignants et des étudiants est paru dans le journal Informations ouvrières de la semaine du 7 au 13 mai. Daniel Shapira, un membre dirigeant du Parti ouvrier indépendant (POI) et de la CGT (Confédération générale du Travail) y écrit « L’angoisse des étudiants, de leurs familles, des enseignants-chercheurs monte. Cette angoisse a été renforcée par l’appel de la dernière coordination des universités tenue le 29 avril » et affirme que « cet appel est quelque peu irresponsable ». Le POI est l'héritier de l'OCI (Organisation communiste internationaliste), qui avait rompu avec le trotskysme en 1971.

La grève de l'université de cette année est une réédition de celle de 2007, année où les étudiants s'étaient battus pendant des mois contre la loi LRU sans recevoir de soutien de la part des syndicats enseignants ou de l'UNEF (Union nationale des étudiants français). Dès le départ, il était clair que les syndicats enseignants et étudiants fuyaient une fois de plus toute confrontation avec le gouvernement de Sarkozy. Alors de 32 000 étudiants, enseignants et travailleurs des hôpitaux s'étaient rejoints pour manifester à Paris le 28 avril contre les atteintes aux services publics, une manifestation similaire le 14 mai maintenait une séparation entre enseignants et hospitaliers. Les hôpitaux devraient perdre 20 000 infirmières avec la réforme du système de santé du gouvernement.

Lors du débat qui s'est tenu sur le forum LIBE le 22 mars avec le président de l'UNEF, Jean-Baptiste Prévost, le porte-parole du gouvernement sur la LRU, Benoist Apparu, a noté le rôle mobilisateur des assemblées générales et des comités de coordination nationaux. Puis il a insisté sur le fait que « les seuls partenaires représentatifs, ce sont les syndicats. Les coordinations nationales, c’est la démocratie des soviets. »

Les syndicats qui ne représentent que 7 pour cent de la force de travail en France, ne sont reconnus comme « partenaires représentatifs » par le gouvernement que parce qu'ils servent les intérêts de la bourgeoisie contre la classe ouvrière. Prévost, dont l'organisation avait négocié l'acceptation de la LRU en 2007, a naturellement abondé dans le sens d'Apparu. Il a déclaré que les assemblées générales n'ont « quand même pas autant de légitimité que les syndicats pour négocier ».

Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) emmené par Olivier Besancenot a insisté tout du long sur les luttes protestataires – invoquant « une solidarité concrète », « la convergence des luttes », « construire des mobilisations à la base » – qui serait suffisante selon eux pour assurer la victoire aux étudiants. La même position a été avancée par le syndicat SUD-étudiant (pour Solidarité, Unité et Démocratie) ainsi que les divers groupes anarchistes et syndicalistes qui se présentaient comme une alternative à l'UNEF (proche du Parti socialiste). Leurs appels à une grève générale ne sont jamais posés dans la perspective pourtant incontournable de monter une rébellion politique contre la bureaucratie syndicale et son programme de nationalisme et de collaboration de classe.

Le dernier meeting de la conférence nationale étudiante s'est réuni le 3 mai à Dijon et a appelé à l'abrogation de la LRU, à la validation automatique des semestres des étudiants et à une grève générale. Mais sans proposer une lutte politique contre le gouvernement et ses complices dans les syndicats, ce n'est qu'une bravade rhétorique lancée devant l'imminence de la défaite.

La tâche qui se présente aux étudiants français consiste à construire une nouvelle direction, qui mette en avant une perspective socialiste et internationaliste contre la politique de protestation inefficace des divers groupes « de gauche ».

L'Internationale étudiante pour l’égalité sociale (IEES)  (International students for social equality ou ISSE en anglais) est l'organisation étudiante du Comite international de la Quatrième Internationale. Sa déclaration de principes explique que :

« L'IEES rejette la politique qui consiste à manifester pour manifester, à mettre la pression sur les partis établis pour qu'ils "passent à l'action". Cette perspective, caractéristique de tant de groupes dans les universités, est une perspective en faillite, sans espoir. Notre objectif est de construire un mouvement politique de masse, s'appuyant sur une perspective politique claire et générale, de lutter pour le pouvoir, d'établir un gouvernement ouvrier et de réorganiser la société sur une base démocratique, égalitaire, rationnelle. »

L'IEES affirme que « Notre but n'est pas de construire un mouvement purement étudiant. Le besoin le plus urgent est celui d'un mouvement politiquement indépendant de la classe ouvrière dans son ensemble, c'est-à-dire de la grande majorité de la population mondiale. Les problèmes particuliers qui se posent aux étudiants sont les produits du système capitaliste, fondé sur l'exploitation de tous les travailleurs. »

Et surtout, « La classe ouvrière a besoin de son propre parti, de son propre programme et de sa propre voix. »

Pour cela, l'IEES cherche à construire des Partis de l'égalité socialiste, en tant que sections du CIQI, en France et ailleurs dans le monde.

(Article original paru le 27 mai 2009)


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