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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Un programme de couverture médicale pour le patronat

Par Joseph Kishore
16 mars 2009

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Les propositions de « réforme » des soins de santé qui sont en train d’être élaborées par le gouvernement Obama sont subordonnées, au même titre que le moindre élément de sa politique, aux intérêts de l’élite patronale et financière. Pour cela, elles ne sont pas seulement inadéquates, mais elles sont réactionnaires et ne feront qu’à approfondir la crise de la santé aux Etats-Unis.

La nature de l’agenda politique du gouvernement a été exposée dans les remarques faites jeudi par le président lors d’une réunion de la Business Roundtable, une association de chefs d’entreprise des principaux groupes américains. Au moment où l’économie américaine et mondiale entrent dans une dépression aux dimensions historiques et causée par la folie spéculative de l’élite dirigeante, Obama insiste pour dire que le libre marché est « le moteur même du progrès américain, une source de prospérité qui n’a pas son pareil dans l’histoire de l’humanité ».

La crise économique, a dit Obama, ne doit pas inciter à « remplacer l’entreprise privée », mais devrait plutôt être considérée comme une incitation à créer « les conditions pour que s’adaptent et prospèrent des milliers d’entrepreneurs et de nouvelles entreprises ». Obama a proclamé son espoir que les affaires deviennent plus rentables en précisant que son gouvernement serait plein de sollicitude envers les besoins et les craintes de l’élite patronale. Ces remarques ont été accueillies par des réactions chaleureuses et enthousiastes de la part des PDG présents.

Ce sont ces intérêts sociaux qui détermineront le contenu de la politique de santé du nouveau gouvernement. Parlant des soins de santé, Obama a montré clairement que sa préoccupation fondamentale était de faire baisser les coûts de façon à ce que les entreprises deviennent plus compétitives. L’« explosion du coût de la santé », a-t-il dit, contribue à faire « couler nos meilleures entreprises ou met à rude épreuve vos objectifs de rentabilité. »

Afin de coïncider avec l’apparition d’Obama, le Business Roundtable a publié jeudi un rapport, le « Care Value Comparability Study » (étude comparative sur les questions de santé). Le rapport décrit un « mauvais rapport qualité-prix » auquel les entreprises américaines sont confrontées par rapport à leurs rivaux au Canada, au Japon, en Allemagne, au Royaume-Uni et en France. Selon les PDG, les entreprises américaines dépensent trop d’argent en soins de santé pour des résultats moins bon en termes de santé pour les travailleurs américains.

Obama s’est déclaré réceptif à toutes sortes de propositions droitières destinées à réduire les coûts. Durant la partie questions-réponses de la réunion, un PDG a indiqué le besoin d’une « réforme de l’assurance médicale », c’est-à-dire, la réduction de la capacité des consommateurs à poursuivre en justice des prestataires médicaux et des compagnies d’assurance négligents et d’une réforme des remboursements de Medicare [système public d’assurance-santé pour les plus de 65 ans]. Obama a laissé entendre qu’il soutenait ces deux idées.

Jusque-là, les propositions du gouvernement relatives à la santé ont été décrites dans les termes les plus vagues. Et ceci pour des raisons bien définies. Obama cherche un processus pour laisser tomber ses promesses électorales relatives aux soins de santé. Dans le même temps, il veut montrer clairement que les intérêts du patronat auront le dernier mot quant à la structuration de tout nouveau programme.

L’événement de jeudi a coïncidé avec une série de forums régionaux sur la santé, y compris un forum qui s’est déroulé dans le Michigan le même jour et après un sommet qui s’était tenu la semaine passée à la Maison-Blanche. L’objectif de ces réunions est de rassembler des politiciens des deux partis avec des personnalités importantes du monde des affaires américain, y compris de la santé et des assurances, afin d’élaborer des propositions qui amélioreront la rentabilité des entreprises américaines.

Parmi les participants les plus actifs figurent des représentants de l’industrie, y compris Karen Ignani, le président de l’America’s Health Insurance Plans, Richard Umbdenstock, le président de l’American Hospital Association et Billy Tauzin, le directeur du Pharmaceutical Research and Manufacturers of America. Au cours de la durée de son mandat de membre du Congrès de la Louisiane, d’abord en tant que démocrate de droite, puis comme républicain, Tauzin avait promu assidûment les intérêts des géants de l’industrie pharmaceutique.

Selon un article paru le 6 mars dans le New York Times, ces trois individus sont également des personnalités influentes au sein d’un groupe connu comme le Healthcare Reform Dialogue qui développe les recommandations pour le gouvernement Obama. Le Times a remarqué que deux syndicats avaient quitté la coalition après qu’il était ressorti clairement que même leurs propositions de réformes excessivement limitées ne feraient pas l’objet d’une audition.

Participent également aux discussions des individus qui avaient mené la campagne visant à torpiller les tentatives du gouvernement Clinton pour une modeste réforme de la santé, dont Chip Kahn, le président de la Federation of American Hospital Systems.

Il ressort aussi qu’un certain nombre de propositions seront abandonnées qui figuraient, il y à peine quelques semaines encore, à l’ordre du jour de la campagne électorale d’Obama, dont un programme limité d’assurance géré par le gouvernement et une mesure qui obligerait les patrons à payer davantage pour les soins de santé. D’autres propositions plus extensives, telle la mise en place d’un programme universel d’assurance maladie où tous les paiements sont versés par un guichet unique (« single payer system ») a été complètement exclu de la discussion.

Contrairement à de nombreux pays industrialisés, les Etats-Unis n’ont jamais mis en place un système de couverture maladie universelle ou d’aide médicale. Quelque 50 millions d’Américains ne sont pas du tout assurés, tandis que des dizaines de millions d’autres sont assurés de manière insuffisante. La plupart des travailleurs qui sont en mesure d’avoir une couverture maladie le sont par leurs employeurs ou par Medicare ou Medicaid, des programmes fédéraux fournissant une assurance maladie pour personnes âgées ou à faible revenu. D’autres sont obligés de contracter des assurances privées très chères.

En pleine crise économique croissante, les employeurs sont désireux de limiter les coûts en réduisant les remboursements des soins de santé ou en supprimant complètement les programmes d’assurance de l’entreprise. Il est très probable que le programme développé par le gouvernement Obama remplacera cela par un subventionnement partiel de l’assurance privée. Ce sera une perte de temps pour les compagnies d’assurance et permettra aux entreprises de réduire ou d’éliminer la couverture maladie de leurs salariés tout en obligeant les travailleurs à payer plus pour une moindre couverture de soins.

Dans le même temps, le gouvernement Obama a fait connaître son intention de faire baisser le coût des principaux programmes auxquels les gens ont droit et qui sont financés par le gouvernement, la sécurité sociale, Medicare et Medicaid.

Une véritable solution à la crise de l’aide médicale doit débuter par la nécessité d’éliminer l’emprise de la motivation du profit au-dessus des besoins sociaux les plus basiques. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes aux Etats-Unis et des dizaines de millions de par le monde meurent en raison de problèmes de santé évitables. Le système capitaliste empêche que les progrès énormes de la technologie et ceux accomplis par la médecine au cours de ces quelques dernières décennies soient mis à la disposition de tout le monde.

Le programme du Parti de l’égalité socialiste revendique la transformation des hôpitaux, des entreprises pharmaceutiques et des compagnies d’assurances en services publics placés sous contrôle démocratique afin de créer un système de soins de santé fonctionnant sur la base des besoins humains et non pour le profit. Des soins de santé de qualité doivent être mis à disposition de tout un chacun, c’est un droit démocratique.

(Article original paru le 13 mars 2009)


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