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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La réunion de Paris avance un programme socialiste pour mettre fin à la guerre au Sri Lanka

Par Antoine Lerougetel
20 mars 2009

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Une réunion organisée par le World Socialist Web Site et le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) s’est tenue à Paris ce dimanche 15 mars. Cet événement fait partie d’une campagne lancée à échelle mondiale par le WSWS et le CIQI pour exiger le retrait de l’armée sri lankaise du nord et de l’est de l’île, où vit la population tamoule. La réunion a mis en avant une solution socialiste et internationaliste à la guerre civile qui dure depuis 25 ans et qui a coûté la vie à plus de 70 000 personnes.

Intervention de Peter Schwarz, secrétaire du CIQI lors de la réunion de Paris

La campagne organisée pour la réunion a touché de vastes couches de l’importante communauté tamoule vivant à Paris. Les sympathisants ont distribué des milliers de tracts et de déclarations du WSWS. La station de radio tamoule sur Internet Tamilolli a diffusé, avant la réunion, une discussion de deux heures avec Myilvaganam Thevarajah, membre dirigeant du Parti de l’égalité socialiste (PES) au Sri Lanka et d’autres sympathisants du WSWS.

Le CCTF (Comité de coordination tamoul-France) une organisation qui soutient les LTTE séparatistes (Tigres de libération de l’Eelam tamoul) a cherché à intimider les sympathisants du WSWS lors de la campagne pour la réunion. Le CCTF essaie de supprimer toute critique du programme nationaliste des LTTE et insiste pour dire que lui seul est habilité à s’exprimer au nom des Tamouls

Leurs efforts pour stopper la réunion se sont poursuivis jusque devant le bâtiment où elle se tenait. Néanmoins, leurs efforts répétés pour perturber la réunion ont échoué et 50 personnes, pour la plupart issus de la communauté tamoule française, ont pris part à la réunion. Des étudiants, des lycéens, des enseignants et des travailleurs étaient présents ainsi que plusieurs sympathisants venus d’Allemagne et de Grande-Bretagne.

Deux intervenants se sont adressés à l’assemblée, Myilvaganam Thevarajah, du PES sri lankais et Peter Schwarz, secrétaire du CIQI.

Thevarajah a dit que la lutte pour l’unification de la classe ouvrière était au centre de la lutte pour mettre fin à la guerre. Il a dit que la présence à cette réunion de travailleurs français, allemands, britanniques et tamouls donnait un aperçu de la possibilité d’unifier la classe ouvrière contre le communautarisme et la guerre et le système capitaliste qui en est à l’origine.

Le trotskyste sri lankais a fait remarquer que le PES est l’unique parti politique du pays qui s’oppose à la guerre et lutte pour l’unité des travailleurs tamouls, cinghalais et musulmans sur la base d’un programme socialiste et internationaliste. « C’est sur la base de cette perspective », a-t-il dit « que nous nous sommes présentés aux élections provinciales de Nuwara Eliya et Puttalam le 14 février et que malgré les menaces et les intimidations nous avons présenté notre programme à des centaines de travailleurs lors de campagnes et de réunions publiques. Nous nous présentons aussi aux élections provinciales de Colombo le 25 avril avec 46 candidats. »

Thevarajah a expliqué que les principaux partis d’opposition, le United National Party (UNP) et le Janatha Vimukthi Peramuna (JVP), soutiennent tous les deux la guerre. « Le The Lanka Sama Samaja Party (LSSP), le Parti communiste stalinien, le Ceylon Workers Congress, le Upcountry Peoples Front », a-t-il dit sont dans le gouvernement de coalition aux côtés du parti du président Mahinda Rajapakse, le Sri Lanka’s Freedom Party (SLFP) et sont « partenaires dans la guerre ». Les ex-gauchistes du « Nama Sama Samaja Party (NSSP) et l’United Socialist Party ont rejoint l’UNP qui soutient la guerre », a dit Thevarajah.

Dressant un tableau de l’impact brutal de la guerre, Thevarajah a dit que près de 50 civils tamouls, dont de nombreux enfants, sont tués chaque jour par l’armée. Les hôpitaux sont bombardés, il y a une pénurie criante de médecins et de médicaments pour soigner les blessés.

Il a ajouté, « En même temps qu’il est engagé dans le massacre de la minorité tamoule, le gouvernement intensifie l’oppression politique dans le sud. Se servant de ses victoires militaires, le gouvernement fait peser le fardeau économique de la guerre sur la classe ouvrière et les pauvres… Des escadrons de la mort, se déplaçant dans des véhicules sans plaque d’immatriculation, kidnappent et tuent les opposants politiques, les journalistes et les hommes d’affaires. »

Thevarajah a dit avec insistance que la victoire militaire dans le nord de l’île conduirait non seulement à la poursuite de la répression de la minorité tamoule, mais « ouvrirait aussi la voie à une intensification des attaques contre la classe ouvrière dans tout le pays. »

Faisant référence à la perspective politique des LTTE, il a dit que cette organisation considérait toute orientation vers une mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière comme une menace à sa perspective d’établir un Etat capitaliste visant à préserver les privilèges de l’élite tamoule. Il a dit que les LTTE ne faisaient pas la distinction entre l’establishment politique réactionnaire de Colombo et les travailleurs cinghalais ordinaires. Thevarajah a dit que les violentes attaques des LTTE contre les civils cinghalais ne servent que les intérêts du gouvernement car elles sèment la confusion politique au sein de la classe ouvrière et fournissent un prétexte pour la répression militaire de la population tamoule.

Il a dit qu’une étude de l’histoire révèle que cette guerre est le produit d’un système d’Etat-nation dépassé en Asie du Sud et que ses racines se trouvaient dans l’indépendance de pure forme de l’Inde et du Ceylan en 1947 et 1948 et la partition sanglante d’avec le Pakistan. Le Bolshevik Leninist Party of India (BLPI) avait rejeté l’accord pourri entre l’impérialisme britannique et la bourgeoisie nationale et avait lutté pour la mobilisation indépendante de la classe ouvrière dans toute la région.

Il a expliqué que le BLPI avait rejoint le LSSP en 1950. Le LSSP au début s’opposait au chauvinisme cinghalais mais progressivement s’était mis à capituler devant le nationalisme puis était entré dans le gouvernement de coalition du SLFP de Madame Bandaranaike en 1964.

« Le PES au Sri Lanka a un long passé de défense des droits du peuple tamoul sur la base des principes socialistes. Le précurseur du PES, le Revolutionary Communist League (RCL) avait été formé en 1968 en opposition à la trahison du LSSP. Le RCL a défendu bec et ongles la théorie trotskyste de la révolution permanente et mis en avant une perspective révolutionnaire pour la question tamoule, en s’opposant au communautarisme tamoul. »

Thevarajah a conclu, « La lutte contre la guerre et les luttes de la classe ouvrière en Europe contre le chômage et les attaques contre les acquis sociaux ne doivent pas être séparés. J’appelle chacun à réfléchir au rôle qu’il a à jouer dans la construction d’une nouvelle direction révolutionnaire dans la classe ouvrière internationale. »

Peter Schwarz a commencé par faire remarquer que cette réunion se tenait dans le contexte de la crise la plus profonde que le système capitaliste ait connu depuis les années 1930 et que le système financier du monde entier était en chute libre sans perspective d’une amélioration en vue. Pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, a-t-il dit, l’économie mondiale tout entière va se contracter en 2009.

Schwarz a dit avec insistance, « La crise actuelle n’est pas une crise cyclique ; il ne s’agit pas d’une récession qui, après un ou deux ans, laissera place à un nouveau redressement économique. Le centre de cette crise se trouve au cœur de l’impérialisme mondial, les USA. C’est la conséquence d’un long déclin économique du capitalisme américain depuis ces quarante dernières années. »

Il a dit que l’impérialisme américain utilisait sa supériorité militaire pour compenser ce déclin. Il a averti, « la classe dirigeante américaine, et il en est de même de ses homologues en Europe, en Asie et partout dans le monde, n’est pas prête à renoncer à ses richesses et ses privilèges amassés ces dernières décennies sur la base d’une spéculation imprudente. Elle a recours à une guerre de classe et un militarisme toujours plus féroces. »

La crise actuelle, a-t-il dit, a « des implications révolutionnaires » et « conduira à des luttes de classes acharnées aux Etats-Unis, en Europe, en Asie et partout dans le monde. »

Schwarz a dit que cette crise conduisait à un changement des relations politiques de par le monde. « Un centre d’intérêt stratégique grandissant pour les Etats-Unis est l’océan Indien » a-t-il dit, où le gouvernement Obama s’inquiète de la puissance navale montante de l’Inde et de la Chine dans une zone d’importance stratégique immense du fait de ses voies commerciales et des régions adjacentes, riches en énergie, du Proche-Orient et de l’Asie centrale. Il y a deux semaines, a-t-il dit, le Sunday Times du Sri Lanka a révélé les projets d’une mission militaire conduite par les Etats-Unis dans la zone de guerre du nord de l’île, mission présentée assistance à l’évacuation des civils pris au piège entre l’armée et les LTTE.

Deux processus étroitement liés sont en train de se développer, a expliqué Schwarz. Tout d’abord, l’intensification des contradictions globales du capitalisme mondial, qui signifient une menace d’appauvrissement de la classe ouvrière internationale, de répression de masse et d’une série de conflits militaires toujours plus mortels. En réponse à cette situation, on verra se développer une combativité politique et sociale de la classe ouvrière et de nouvelles formes de conscience révolutionnaire. « La question décisive », a-t-il dit, est de savoir « lequel de ces deux processus aura le dessus. »

Schwarz a rappelé à l’auditoire la phrase de conclusion du Manifeste du Parti communiste, écrit il y a plus de 160 ans et qui dit, « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » et que la trahison de ce principe par la Deuxième Internationale avait conduit à la boucherie impérialiste de la Première Guerre mondiale. « Les révolutionnaires de l’époque, Lénine, Trotsky, Rosa Luxembourg, Karl Liebknecht et d’autres encore, défendaient la perspective de l’internationalisme prolétaire. Ils appelèrent à l’unité de la classe ouvrière internationale et à la transformation de la guerre en une guerre civile. La première révolution prolétarienne réussie de l’histoire, la Révolution russe d’octobre 1917 conduite par Lénine et Trotsky, fut la conséquence de cette politique. »

Trotsky et l’Opposition de gauche luttèrent contre la dégénérescence de l’Union soviétique et la politique désastreuse de Staline du socialisme dans un seul pays et ils fondèrent la Quatrième Internationale. Schwarz a dit qu’après la Deuxième Guerre mondiale la perspective de l’internationalisme prolétaire fut attaquée, non seulement de l’extérieur de la Quatrième Internationale, mais aussi de l’intérieur. Une tendance révisionniste, conduite par Michel Pablo et Ernest Mandel, capitula devant le stalinisme, le réformisme et le nationalisme bourgeois.

« Le CIQI, fondé en 1953, rejeta avec force cette révision du marxisme. Il insistait sur le fait que la stabilisation du capitalisme était un phénomène temporaire et que les contradictions fondamentales du capitalisme n’étaient en aucune manière surmontées, » a dit Schwarz.

« En 1964, le LSSP renonça à son opposition au communautarisme et au chauvinisme cinghalais et rejoignit un gouvernement de coalition bourgeois avec le SLFP. Cette trahison fut couverte par le Secrétariat unifié pabliste. En rejoignant un gouvernement aux côtés du SLFP et en faisant du bouddhisme la religion nationale, le LSSP désarma politiquement la classe ouvrière et prépara le terrain pour une guerre qui dure maintenant depuis trois décennies, détruisant la vie de dizaines de milliers de personnes et l’infrastructure du pays. »

« Il n’existe pas de solution nationale à cette crise », a dit Schwarz, « et il n’y a pas de solution dans le cadre du capitalisme. Soit la bourgeoisie, comme en 1914 et en 1939, renvoie l’humanité vers la barbarie et la guerre, soit la classe ouvrière s’unit internationalement et renverse le système capitaliste et construit une société socialiste. Il n’y a pas d’autre alternative. »

Réfutant la ligne nationaliste rétrograde des LTTE, Schwarz a ajouté, « Toute idée qu’un pays, une île ou une moitié d’île puisse se désengager de l’économie mondiale et trouver une solution à l’intérieur de ses propres frontières est à la fois absurde et réactionnaire. Cela reviendrait à remonter le temps jusqu’à l’époque précapitaliste, jusqu’au Moyen-âge. Cela impliquerait la destruction massive de forces productrices et de vies humaines. »

Loin d’être indépendante de l’impérialisme, si la bourgeoisie tamoule venait à réaliser son rêve d’un Etat capitaliste, il ne créerait rien d’autre qu’une plateforme de travail à bas coût pour les multinationales, où la classe ouvrière serait confrontée à l’exploitation et la pauvreté brutales.

Schwarz a dit avec insistance que le sort de la classe ouvrière des pays capitalistes avancés et retardés, des travailleurs américains, européens, chinois et sri lankais, était inséparablement lié.

Il a conclu en affirmant que « le CIQI est l’unique organisation sur la planète à avoir une bannière impeccable qui a défendu inlassablement l’internationalisme prolétaire dans les conditions les plus difficiles et les plus défavorables. » Il a invité les gens à rejoindre le CIQI en disant, « Cela donnera la clé pour surmonter et mettre fin à des décennies de guerre et de souffrances au Sri Lanka. Ce sera l’instrument pour construire le socialisme à l’échelle mondiale. »

Les remarques des intervenants ont été bien accueillies par l’assemblée, et une collecte à la fin de la réunion a récolté des centaines d’euros de soutien pour la campagne électorale du Parti de l’égalité socialiste au Sri Lanka.


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