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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Un spectre hante l’élite dirigeante

Par Joseph Kishore
13 mars 2009

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Le spectre du socialisme hante l’élite dirigeante américaine.

L’on trouve de plus de plus de références dans les médias à l’éventualité du socialisme. Les différentes factions de la bourgeoisie s’accusent les unes les autres d’avoir des tendances socialistes, tout en insistant sur leur propre engagement absolu aux principes de l’économie de marché.

L’un des sujets majeurs à l’ordre du jour dans le débat télévisé de dimanche fut l’accusation des républicains que la politique d’Obama avait des relents de socialisme. Dans l’émission diffusée sur la chaîne de télévision ABC News « This Week with George Stephanopoulos » [La semaine avec George Stephanopoulos], les chroniqueurs régulièrement présents sur le plateau, E.J. Dionne, David Brooks, George Will and Cokie Roberts, ont débattu de cette question.

Lors de l’émission politique dominicale « Meet the Press » [Rencontrez la presse] sur la chaîne NBC, le sénateur démocrate Charles Schumer et le sénateur républicain Lindsey Graham ont discuté de l’éventualité du gouvernement de détenir la propriété des banques. Schumer et Graham ont tous deux soutenus une certaine forme de nationalisation. Toutefois, ils se sont hâtés tous les deux de faire une distinction entre une « mauvais nationalisation » où le gouvernement retire vraiment les banques des mains de personnes privées et une « bonne nationalisation » qui, ont-ils dit, devrait plutôt être appelé « placement en règlement judiciaire », et dans laquelle le gouvernement nettoierait les bilans des banques pour les revendre rapidement à des investisseurs privés.

Parmi les différentes références faites au socialisme, la plus extraordinaire émanait du président Barack Obama lui-même. Lors d’une interview accordée vendredi au New York Times, Obama fut prié de répondre aux accusations formulées contre lui par des sections du parti républicain et selon lesquelles il serait un socialiste. Obama fut surpris par la question et tourna la chose en dérision en répondant par un simple, « la réponse est non. »

Après l’interview, Obama et ses conseillers ont apparemment discuté de la question et, 90 minutes plus tard, le président a entrepris une démarche inhabituelle en rappelant le journaliste du Times, Jeff Zeleney. Manifestement nerveux quant aux implications de la question, Obama a expliqué de façon plus élaborée son opposition au socialisme en essayant de contrer l’accusation. « Je pense qu’il est important de faire simplement remarquer lorsque vous entendez des gens balancer ces mots par-ci par-là, qu’en fait nous agissons d’une manière qui est en adéquation totale avec les principes de libre marché et que certaines de ces personnes qui balancent le mot socialisme de-ci de-là ne peuvent pas en dire autant », a-t-il dit.

La possibilité de troubles sociaux est aussi devenue un sujet de débat fréquent dans les médias. Dans le New York Times de dimanche, une chronique de Liaquat Ahamed intitulée « l’Europe des subprime » faisait référence à l’effondrement économique de cette région du monde et qu’il compare à la faillite de la banque autrichienne Creditanstalt en 1931. Cet événement avait déclenché une panique financière en Europe et mis en action la Grande Dépression.

Ahamed écrit que l’effondrement économique de l’Europe de l’Est « provoque des troubles sociaux. » Mettant en garde contre les implications pour les Etats-Unis, il fait remarquer, « Les emprunteurs américains de subprime dont les maisons ont été saisies n’érigent pas de barricades dans les rues, du moins pas pour le moment. Les travailleurs en Europe de l’Est le font. »

Dans un autre commentaire paru sur la même page du Times, Frederic Morton fait la comparaison avec l’Autriche de 1913. Il conclut son commentaire par une citation de Karl Kraus, qui avait appelé l’Autriche « le laboratoire de l’apocalypse ». Morton pose la question, « Que dirait-il de l’Amérique d’aujourd’hui ? »

Lors d’une récente apparition sur la chaîne MSNBC, l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, s’est inquiété de la réémergence des « conflits de classe. »

Il y a comme une ironie de voir que cette discussion sur le socialisme est lancée par une élite politique et médiatique qui, des décennies durant, a promu l’anticommunisme et l’antisocialisme quasiment comme une religion d’Etat. Aucune faction de l’establishment n’avance une politique qui d’une façon ou d’une autre s’oppose au capitalisme ou aux intérêts de l’élite financière. Et il n’y a pas non plus encore de mouvement socialiste de masse de la classe ouvrière.

Cependant, il règne une nervosité grandissante au sein de cette couche au sujet des implications de la crise capitaliste et du potentiel pour une opposition sociale de masse à la politique de la classe dirigeante. Jusqu’à présent, le débat politique aux Etats-Unis a été limité à un cadre extrêmement restreint. La diversité des points de vue dans les médias et dans les débats télévisés comprend toute une variété de courants d’opinion au sein de la tranche la plus riche qui représente 0,01 pour cent de la population.

Et pourtant, il y a une logique objective aux développements. A un moment donné, et cela ne va pas tarder, la discussion sur la politique à adopter échappera à leur mainmise idéologique. La masse de gens qui sont directement touchés par la dépression mondiale s’engagera.

La classe dirigeante a le sentiment qu’une immense colère est en train de monter et qui, si elle se déchaîne, prendra la forme d’une opposition de masse au capitalisme, dirigée contre les richesses et les privilèges de l’élite financière. Ils s’inquiètent de ce que le socialisme se développera alors non plus comme un spectre mais comme un mouvement politique bien vivant, ancré dans la conscience de millions de gens. Et ils ont raison de s’inquiéter.

(Article original paru le 9 mars 2009)


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