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  WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Les travailleurs de Ford rejettent les concessions

Par Joe Kishore
5 novembre 2009

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Le vote des travailleurs de Ford qui ont clairement rejeté les concessions négociées entre la compagnie et l’United Auto Workers (le syndicat des travailleurs de l’automobile aux États-Unis, UAW) représente une avancée majeure, non seulement pour les travailleurs de Ford mais aussi pour tous les travailleurs de l’auto et la classe ouvrière en entier, tant aux Etats-Unis qu’internationalement.

Le retentissant vote d’opposition (environ 75 pour cent au total et plus de 90 pour cent à plusieurs sections locales) démontre la détermination et le grand courage des travailleurs devant les menaces et l’intimidation de la compagnie, du syndicat et des médias. Ce vote souligne que la classe ouvrière est prête à lutter pour défendre ses emplois et ses conditions de vie, et que les principaux obstacles à cette lutte sont les soi-disant « syndicats », comme l’UAW, qui agissent en tant que partenaires d’affaires et police des compagnies.

Ce vote est l’expression de la résistance grandissante, dans la classe ouvrière, d’une part, au chômage qui grimpe en flèche, aux baisses de salaire et à l’intensification du rythme de travail, et d’autre part, aux sauvetages gouvernementaux des banques et aux bonus record de Wall Street. Le vote à Ford va encourager les travailleurs dans toute l’industrie de l’auto et dans d’autres secteurs de la production à s’opposer de manière semblable aux attaques des compagnies, qui sont soutenues par l’administration Obama.

Ce vote marque une étape historique. Il s’agit du premier rejet d’un contrat national depuis 1982, et le premier à Ford depuis 1976. Dans les trois décennies qui ont suivi, l’UAW a consacré toute son énergie à réprimer la résistance des travailleurs de l’auto. Il a contribué à faire passer nombre de concessions sur les salaires et avantages sociaux, tout en supervisant la destruction de centaines de milliers d’emplois. Quelque 750.000 emplois ont été supprimés dans le secteur, dont plus de 130.000 à Ford seulement.

Bien que ce rejet constitue un premier pas important, les travailleurs ne doivent pas s’imaginer qu’ils ont vaincu les demandes de concessions en rejetant le contrat. Ford et l’UAW ont été déconcertés par le vote d’opposition et l’ampleur du rejet par les ouvriers de la base. Ils ont affirmé qu’ils ne tenteraient pas d’organiser un second vote, étant certainement arrivés à la conclusion qu’ils ne pourraient renverser la décision à ce point-ci. Insistant cependant sur l’échéance du contrat actuel en 2011, le président de l’UAW Ron Gettelfinger a déclaré : « Nous n’allons pas abandonner. »

Il est certain que l’UAW est présentement en discussion intensive avec Ford pour décider de la meilleure façon d’imposer les exigences de la compagnie. Alors que se déroulait le vote, des représentants du syndicat local de Sterling Axle au Michigan ont fait circuler une pétition demandant un autre vote, soutenant que la compagnie menaçait de déménager la production ailleurs. Des officiels de l’UAW d’autres sections ont repris ces menaces afin de faire chanter les travailleurs pour qu’ils votent « oui ».

Ces menaces seront intensifiées. Il y aura une poussée pour imposer des concessions dans les règlements de travail et d’autres mesures reliées à la productivité. La menace de diminuer le travail, de supprimer des emplois et des quarts de travail et même de fermer des usines complètes sera utilisée pour monter les usines et les sections locales les unes contre les autres ainsi que pour monter les travailleurs américains contre les travailleurs canadiens et ailleurs dans le but de diviser, d’affaiblir et de démoraliser la main-d’œuvre.

Pour contrer de tels efforts, le rejet de la convention collective doit absolument devenir le point de ralliement d’une offensive plus large des travailleurs contre la compagnie ainsi que l’UAW.

La question n’est pas de faire pression sur l’UAW ou de mettre en place un « nouveau leadership », comme le disent différentes factions dissidentes qui sont dans l’appareil de l’UAW. L’UAW est un syndicat de nom seulement. C’est un actionnaire majeur des Trois Grands de l’automobile. Ses finances et les salaires de ses cadres dépendent de l’habileté des compagnies de l’automobile à extraire de plus grands profits en coupant dans les emplois et les salaires et en augmentant l’exploitation des travailleurs.

Il est nécessaire pour les travailleurs d’agir de manière indépendante. Les travailleurs de Ford doivent établir des comités de travailleurs en opposition à l’UAW. Une campagne doit être développée à travers l’industrie de l’automobile afin de préparer des grèves et des occupations d’usines pour renverser les coupures dans les salaires et les avantages sociaux qui ont déjà été imposées et mettre un terme aux licenciements et aux fermetures d’usines.

En votant contre les concessions, les travailleurs de Ford placent un vote de non confiance dans l’UAW. Après des décennies de concessions, l’organisation est justement vue par les travailleurs avec mépris et dégoût. Cependant, des questions fondamentales sont liées à la faillite des politiques de cette organisation : son appui pour le Parti démocrate et le système bipartite, sa perspective nationaliste et la défense du capitalisme.

Les dernières attaques sur les travailleurs de l’automobile ont été orchestrées par l’administration Obama. Malgré ses promesses de « changement », une des premières actions d’Obama fut de demander que les travailleurs chez GM et Chrysler acceptent de nouvelles coupures dans leurs salaires et leurs avantages sociaux, tout en forçant un processus de faillite qui a entraîné la destruction de dizaines de milliers d’emplois.

La convention collective rejetée par les travailleurs de Ford était basée sur les concessions imposées chez GM et Chrysler par l’équipe de choc d’Obama pour l’industrie de l’automobile. Cela se voulait le fer de lance d’une offensive plus large sur les salaires et le niveau de vie de la classe ouvrière en entier, offensive qui est déjà bien avancée. Depuis qu’Obama a acculé GM et Chrysler à la faillite, des baisses de salaires ont été exigées dans tous les secteurs de l’économie américaine.

Comme son prédécesseur Bush, Obama est le représentant des sections les plus puissantes de l’élite financière, qui est déterminée à faire payer la classe ouvrière pour les sauvetages des banques, qui a coûté des milliers de milliards, et à rejeter le fardeau de la crise du capitalisme américain sur le dos de la classe ouvrière.

Les agissements de l’administration Obama font la démonstration de la futilité pour les travailleurs de chercher à défendre leurs intérêts dans le cadre du système politique actuel, dominé par les deux partis de la grande entreprise. L’action militante indépendante des travailleurs doit être combinée à une nouvelle perspective politique : la construction d’un parti de masse de la classe ouvrière pour lutter pour un gouvernement ouvrier.

Le nationalisme est depuis longtemps un trait caractéristique de l’UAW et de tout l’appareil de l’AFL-CIO. Dans le but de miner la conscience de classe et de lier les intérêts des travailleurs aux Trois Grands de l’automobile, l’UAW défend la fausse conception que les travailleurs aux Etats-Unis peuvent défendre leurs intérêts en augmentant la « compétitivité » de « leurs » compagnies et en minant les luttes des travailleurs au Mexique, au Canada, en Europe et en Asie.

L’industrie de l’automobile, comme le système capitaliste dans son ensemble, est organisée sur une base mondiale. En montant les travailleurs des différents pays les uns contre les autres, les compagnies ont réussi à imposer des concessions aux travailleurs dans chacun de ces pays. Lutter contre cette stratégie exige la solidarité internationale des travailleurs, basée sur la reconnaissance que la classe, et non la nation, est la principale division de la société.

Plus que tout, les travailleurs de l’auto font face au problème du capitalisme, un système social basé sur la propriété privée des banques et des compagnies. Les décisions qui affectent la vie de millions de personnes, y compris quels biens sont produits et comment les ressources de la société sont imparties, sont prises avec l’objectif d'augmenter encore plus la richesse de la mince couche de la population qui contrôle les leviers essentiels de la vie économique.

Pendant des décennies, l’establishment politique, avec la collaboration étroite de l’AFL-CIO, a travaillé sans relâche pour propager l’illusion que le capitalisme peut garantir un niveau de vie décent pour les travailleurs. La chasse aux sorcières contre les socialistes et la propagande anti-socialiste en continu ont laissé la classe ouvrière sans perspective pour lutter contre l’assaut que leur livrent les compagnies.

Le socialisme signifie l’organisation de la vie économique pour la satisfaction des besoins humains, pas du profit privé. Il signifie la transformation des immenses puissances économiques, y compris les monopoles mondiaux de l’automobile, en sociétés publiques sous contrôle démocratique. Il signifie l’expropriation de la richesse de l’élite de la finance et de l’industrie, qui s’engraisse sur la misère sociale de millions de personnes, et l’utilisation des ressources sociales pour résoudre les problèmes urgents auxquels est confrontée la population mondiale.

Le vote chez Ford montre que la dernière année ne s’est pas écoulée en vain. La crise économique a aidé à détruire les illusions dans le système capitaliste et dans les organisations, y compris les « syndicats » pro-patronaux, qui sont basées sur la défense de ce système.

La croissance de l’opposition de masse au sein de la classe ouvrière est inévitable. Actuellement, nous en sommes aux premiers stades de son développement. Ses implications et sa signification, à leur niveau plus profond, ne sont pas encore comprises par la majorité des travailleurs. Alors qu’une nouvelle période de lutte sociale commence, la question fondamentale est la construction d’une nouvelle direction socialiste de la classe ouvrière, basée sur la compréhension que rien sauf la transformation révolutionnaire de la société mondiale ne peut résoudre cette crise dans le sens des intérêts de la classe ouvrière.

Nous demandons à tous les travailleurs qui sont en accord avec cette perspective de contacter le PES aujourd’hui et d’entreprendre la lutte pour le socialisme.

[Contactez le Parti de l'égalité socialiste.]

(Article original anglais paru le 2 novembre 2009)

 


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