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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Aux travailleurs de l’usine de pneus Continental fermée de Clairoix

Continental offre des emplois à 137 euros par mois en Tunisie

Par Kumaran Ira et Alex Lantier
17 avril 2010

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Les travailleurs licenciés de l’usine de Clairoix, fermée au début de l’année par le fabricant de pneumatiques Continental ont été indignés après que Continental leur ait proposé de prendre des emplois dans des usines en Tunisie. Ils recevraient un salaire mensuel de 137 euros ou l’équivalent de trois jours du salaire minimum, le SMIC, payé en France.

En mars 2009, Continental avait annoncé que le groupe fermerait son site à Clairoix en Picardie ainsi que son usine de Hanovre en Allemagne, supprimant 1.900 emplois. L’usine de Clairoix produisait 8 millions de pneus tourisme par an. Elle avait généré 28 millions d’euros de profit en 2008.

Selon Continental, l’usine de Clairoix a été fermée en raison de coûts de production trop élevés. L’entreprise a justifié ses fermetures d’usines et baisses de production en invoquant la chute des ventes de voitures en Europe et internationalement. Mais, comme le remarquait le 31 mars le journal stalinien l’Humanité, « Un an plus tard…Continental a toujours provisionné plus de 325 millions d’euros pour le versement des dividendes à ses actionnaires… »

Le 24 mars, les travailleurs recevaient une lettre de Continental leur offrant des emplois en Tunisie. Le journal poursuit, « Bien que ce poste corresponde à votre qualification professionnelle, nous souhaitons néanmoins attirer votre attention sur le fait que la rémunération mensuelle brut proposée par notre filiale tunisienne s’élève à un montant minimum de 260 dinars. Si cette rémunération est conforme aux standards tunisiens, elle est bien entendu largement inférieure aux minima en vigueur au sein de Continental France. Nous avons cependant l’obligation de vous soumettre cette proposition. »

Le groupe Continental affirme avec cynisme qu’il fait cette proposition pour respecter l’obligation légale en matière de reclassement des travailleurs licenciés. Un responsable de Continental à déclaré à l’AFP, « Il s’agit d’une obligation légale et en aucun cas d’une provocation. Ce poste en interne correspond aux qualifications des ex-salariés de Clairoix et la langue parlée est le français, ce qui nous oblige à le proposer. Une entreprise a été condamnée pour ne pas avoir respecté ces obligations. »

Le responsable de Continental se référait à la jurisprudence Olympia, un fabricant de chaussettes condamné par la justice française à verser 2,5 millions d’euros d’indemnité aux travailleurs licenciés pour ne pas leur avoir proposé de nouveaux emplois en Roumanie.

Malgré les tentatives de se procurer une protection pseudo-légale pour ses actes, Continental cherche en fait à fuir ses obligations légales, à savoir, l’accord de fermeture de l’usine négocié avec les syndicats en juin. L’accord comprend une indemnité de 50.000 euros pour la fermeture de l’usine, en échange d’un reclassement de 80 pour cent de l’effectif, avec 80 pour cent du salaire net perçu antérieurement à l’usine de Clairoix. L’entreprise affirme à présent ne pas être à même de trouver de tels emplois et propose en contrepartie de trouver des emplois pour 600 travailleurs en Tunisie.

Christian Lahargue, un membre du comité d’entreprise a remarqué : « Ils font tout pour dégoûter les salariés et les faire sortir du plan social. »

La proposition de Continental est une provocation impudente. C’est une tentative d’intimider l’ensemble de la classe ouvrière à penser que, quelle que soit les actions qu’entreprennent les travailleurs à leur lieu de travail, ils seront vaincus : les entreprises sont toujours en mesure de délocaliser leurs emplois pour les offrir à des travailleurs qualifiés dans les pays pauvres – notamment, les anciennes colonies française – qui travailleront pour moins.

En avançant cet argument, la classe dirigeante compte surtout sur la collaboration de classe des bureaucraties syndicales. La fermeture de Continental fait partie d’une longue série de fermetures qu’elles ont organisées avec le gouvernement depuis qu’a éclaté la crise économique mondiale. Une fois une usine ciblée pour fermeture, les syndicats l’isolent et proposent aux travailleurs d’accepter des plans sociaux. Une fois les travailleurs défaits, on laisse la direction et les tribunaux essayer de se dégager des dispositions du plan social.

La France a connu dans le secteur privé un grand nombre de grèves bien médiatisées contre les fermetures d’usines –– notamment chez Continental, GoodYear, Molex et New Fabris. Celles-ci allaient souvent de pair avec des séquestrations de patrons ou des menaces de faire sauter les usines. Ces actions jouissaient d’un large soutien populaire vu l’hostilité au gouvernement et aux plans de sauvetage octroyés aux banques – à tel point que Ségolène Royal, l’ex-candidate pro libre marché du Parti socialiste à l’élection présidentielle de 2007, avait publiquement déclaré en avril 2009 qu’elle comprenait pourquoi les salariés recouraient à de tels mesures.

Les travailleurs des usines de Clairoix et de Hanovre avaient organisé l’année dernière des protestations communes contre les fermetures d’usines. Après plusieurs mois de conflit à Clairoix, y compris des grèves et une occupation d’usine, la lutte avait finalement été isolée par les syndicats et défaite.

La tâche d’empêcher que les luttes de classe s’étendent incomba aux syndicats qui isolèrent chaque action usine après usine. En plus de leur crainte d’un déclenchement de luttes de masse des travailleurs, les trahisons des syndicats reflètent leur accord avec l’objectif de la bourgeoisie de résoudre la crise économique sur le dos des travailleurs. Dans le cas de Continental, comme le signalait sa direction, « Les motifs économiques des licenciements avaient été reconnus par les représentants syndicaux eux-mêmes. »

La tendance de saboter délibérément les grèves dans le secteur privé s’est poursuivie cette année. En février, les travailleurs de la raffinerie Total avaient fait grève en solidarité avec les travailleurs de la raffinerie de Dunkerque qui étaient menacés de licenciement par l’annonce par Total de la fermeture permanente de l’usine. Au bout de six jours, les syndicats annulaient la grève et les travailleurs de Dunkerque furent isolés et trahis.

La tâche de contrôler la situation politique – en alignant les travailleurs derrière les syndicats et l’Etat de façon à les rendre impuissants – est du ressort des traîtres endurcis des organisations jadis de gauche que sont le Parti communiste français (PCF) stalinien, Lutte ouvrière (LO) et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot.

Un exemple du verbiage cynique de ces partis à propos de la fermeture de Continental est cette déclaration de la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet : « L’Etat qui a multiplié les fausses promesses et le laisser faire à l’égard de ce patronat-voyou se doit de réagir au plus vite dans cette affaire inadmissible. »

Ceci est tout simplement une insulte à l’intelligence de ses lecteurs ainsi qu’une tentative grossière de fortifier le gouvernement du président Nicolas Sarkozy. Après des dizaines de fermetures – au cours desquelles Buffet elle-même avait dit que l’Etat trompait les travailleurs – est-ce que quiconque va encore croire que Sarkozy, « se doit » d’aider les travailleurs de ces usines ?

L’année dernière, à l’époque de la lutte de New Fabris, le NPA avait signalé l’isolement des luttes dans les différents lieux de travail en écrivant : « Ce serait l’occasion, pour les salariés eux-mêmes, de débattre des perspectives concrètes à mettre en avant aujourd’hui. Mais une telle rencontre ne se décrète pas […] Le NPA pourrait réunir des représentants d’une quinzaine d’entreprises en France aujourd’hui touchées par des plans de licenciement et sortir de son chapeau ‘un appel NPA’. Ce n’est pas sa manière de faire. »

Il ne pourrait y avoir de formulation plus claire de la différence entre les partis de l’ex-gauche et un parti qui aurait pour objectif de mobiliser la classe ouvrière pour sa propre défense.

(Article original paru le 14 avril 2010)

Voir aussi :

France : Les travailleurs de Total à Dunkerque poursuivent la grève après l'appel de la CGT à mettre fin au mouvement national 1 mars 2010

France: Les syndicats appellent à la fin de la grève chez Total 25 février 2010

France: Des travailleurs de Continental victimes de représailles perdent leur procès en appel 18 janvier 2010

France : le NPA tente de canaliser le mécontentement contre les syndicats
19 octobre 2009

Les travailleurs français et allemands de Continental protestent contre les fermetures d’usines 27 avril 2009

 

 


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