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Déclaration de principes du Parti de l'égalité socialiste (Australie)

Deuxième partie

28 avril 2010

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Le World Socialist Web Site publie ici la Déclaration de principes du Parti de l'égalité socialiste (Australie). Ce document a été adopté à l'unanimité lors du congrès fondateur du parti qui s'est tenu à Sydney du 21 au 25 janvier. Nous publions ici la deuxième et dernière partie de cette déclaration. La première partie a été publiée le 26 avril 2010.

Contre l'opportunisme

23. Dans son approche de chaque question politique et son choix des tactiques appropriées, le Parti de l'égalité socialiste met en avant les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière, en s'appuyant sur une compréhension scientifique de la nature déterministe du système capitaliste, la dynamique politique d'une société de classes et une assimilation systématique des leçons de l'histoire. C'est cette approche qui place le PES en opposition irréconciliable aux politiques opportunistes qui, cherchant à obtenir des avantages tactiques à court terme, sacrifient les intérêts à long terme de la classe ouvrière. Encore et encore, les opportunistes ont défendu leur trahison des principes en déclarant être des politiciens réalistes qui ne seraient pas guidés par des dogmes « inflexibles » et qui comprendraient comment il faut adapter leur pratique aux nécessités de chaque situation donnée. L'opportunisme est invariablement une adaptation au milieu national dominant. Encore et encore, ces politiques « réalistes » ont entraîné des désastres pour la classe ouvrière - précisément parce qu'ils s'appuyaient sur appréciations superficielles, impressionnistes, non marxistes et, par conséquent, irréalistes et fausses, des conditions objectives et de la dynamique de la lutte des classes.

24. Mais l'opportunisme n'est pas simplement le produit d'une erreur intellectuelle et théorique. Il a des racines socio-économiques concrètes dans la société capitaliste et se développe dans le mouvement ouvrier comme une expression de la pression des forces de classe hostiles. On peut faire remonter toutes les manifestations significatives de l'opportunisme - de celui de Bernstein, issus du parti social-démocrate allemand du 19e siècle et celui de Staline qui a grandi à l'intérieur du Parti bolchevique dans les années 1920, jusqu'à celui de Pablo et Mandel, qui s'est développé au début des années 1950 à l'intérieur de la Quatrième Internationale et, finalement, à l'opportunisme du Workers Revolutionnary Party britannique et qui a entraîné sa rupture d'avec le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) au milieu des années 1980 - à l'influence exercée par les forces sociales bourgeoises et petites bourgeoises sur la classe ouvrière. Voilà la cause et le sens du révisionnisme et des politiques opportunistes.

La conscience socialiste et la crise de la direction

25. Le Parti de l'égalité socialiste, en tant que section du CIQI, défend la conception classique - développée systématiquement par Lénine dans la construction du Parti bolchevique et prolongé par Trotsky dans la lutte pour fonder et construire la Quatrième Internationale - que la conscience socialiste révolutionnaire exige une compréhension scientifique des lois du développement historique et du mode de production capitaliste. Cette connaissance et cette compréhension doivent être introduites dans la classe ouvrière, et c'est la tâche principale du mouvement marxiste. C'est précisément ce sur quoi Lénine insistait dans Que faire ? où il écrivait, « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. » Quelle que soit la force du mouvement spontané de la classe ouvrière, l'idéologie bourgeoise, bien plus ancienne, plus répandue et avec de bien meilleurs relais pour la disséminer que la théorie socialiste, s'impose spontanément d'elle-même. En conséquence, sans les efforts du parti révolutionnaire pour introduire les principes marxistes dans le mouvement ouvrier, il reste sous la domination idéologique de la bourgeoisie. Plus grande sera la pression de la classe ouvrière et plus large sera son développement, insistait Lénine, plus grand sera le besoin de conscience dans le travail théorique, politique et organisationnel du Parti révolutionnaire. Historiquement, la forme la plus répandue de conscience ouvrière de masse a été le syndicalisme. Mais, comme l'a expliqué Lénine, et les expériences de plus de cent ans l'ont démontré, le syndicalisme est la « conscience bourgeoise » de la classe ouvrière. Le dénigrement de la lutte pour la conscience révolutionnaire qui se combine habituellement avec des attaques démagogiques contre l'élitisme intellectuel et marxiste, constitue le fonds de commerce des universitaires réactionnaires et des opportunistes politiques.

26. La victoire du socialisme - et, ainsi, la survie et le développement progressiste de la civilisation humaine - requiert la construction, sur les fondations de la théorie marxiste, de la Quatrième Internationale, le parti mondial de la révolution socialiste. Le socialisme ne sera pas réalisé simplement comme le produit inévitable d'un processus historique inconscient. Toute l'histoire du 20e siècle témoigne en défaveur de ce genre d'« inévitabilisme » fataliste, lequel n'est qu'une caricature du déterminisme matérialiste historique et n'a rien à voir avec l'interaction dynamique de la connaissance, de la théorie et de la pratique que l'on trouve dans les ouvres de Marx, Engels, Lénine et Trotsky. Le capitalisme a survécu au 20e siècle non en raison de conditions objectives insuffisamment matures pour le socialisme, mais plutôt parce que la direction des partis ouvriers de masse n'était « pas qualifiée » pour la révolution socialiste. La classe ouvrière s'est lancée sans relâche dans des luttes épiques. Mais ces luttes, détournées par les staliniens, les sociaux-démocrates, les centristes et les réformistes, se sont terminées en défaites.

27. Le capitalisme existe aujourd'hui en raison des trahisons de la classe ouvrière par ses propres organisations - les partis politiques travaillistes et staliniens et les syndicats. « La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par une crise historique de la direction du prolétariat. » Ces mots, par lesquels Léon Trotsky a ouvert le document fondateur de la Quatrième Internationale, restent parfaitement adaptés à la description de la réalité politique contemporaine. Il n'y a pas une seule organisation de masse au monde qui se présente comme un opposant à l'ordre mondial capitaliste, sans même parler d'appeler la classe ouvrière à la lutte révolutionnaire. Cela a créé un environnement surréel dans lequel la colère et le mécontentement de la classe ouvrière sont réduits au silence par les vieilles organisations politiquement sclérosées. Mais comme l'a également écrit Trotsky dans le document fondateur de la Quatrième Internationale, Le programme de transition : « L'orientation des masses est déterminée en premier lieu par les conditions objectives du capitalisme pourrissant et en second lieu par les politiques traîtres des vieilles organisations ouvrières. De ces facteurs, le facteur décisif est en fait le premier : les lois de l'histoire sont plus fortes que l'appareil bureaucratique. »

La théorie marxiste et la classe ouvrière

28. Les contradictions du système capitaliste amèneront la classe ouvrière à des luttes qui poseront la question de la réorganisation révolutionnaire de la société. Ces luttes prendront une tournure explicitement internationale, émanant objectivement du niveau avancé de l'intégration globale des forces productives. Ainsi, la grande tâche stratégique de l'époque moderne est de forger l'unité politique des travailleurs de tous les pays en tant que force révolutionnaire internationale.

29. Le Parti de l'égalité socialiste appuie son activité sur une analyse des lois objectives de l'histoire et de la société, en particulier comme elles se manifestent dans les contradictions du mode de production capitaliste. S'appuyant sur le matérialisme philosophique, le marxisme insiste sur la primauté de la matière sur la conscience. « L'idéal n'est rien d'autre que le monde matériel », écrivait Marx, « réfléchi par l'esprit humain, et traduit en forme de pensée. » Le matérialisme de Marx est dialectique, puisqu'il considère le monde matériel et les formes de sa réflexion dans la pensée non comme un agrégat d'objets figés et de concepts, intérieurement indifférenciés mais, plutôt comme un complexe de processus, en mouvement constant et en interaction, avec des tendances antagonistes et divergentes.

30. Le PES cherche à développer, dans les sections avancées de la classe ouvrière, une compréhension scientifique de l'histoire, de la connaissance et du mode capitaliste de production et des relations sociales auxquelles elle donne naissance, ainsi qu'une idée de la véritable nature de la crise actuelle et de ses implications historiques à l'échelle mondiale. Le PES essaye de transformer le potentiel matériel de la révolution sociale créée par un processus historique objectif en un mouvement politique ayant une conscience de classe et sûr de lui-même. En appliquant la méthode d'analyse du matérialisme historique aux événements mondiaux, le PES anticipe et se prépare aux conséquences de l'intensification de la crise capitaliste mondiale, expose la logique des événements, et formule - stratégiquement et tactiquement - la réponse politique appropriée. Le PES insiste sur le fait que la transformation progressiste et socialiste de la société ne peut être achevée que par la lutte de masse de la classe ouvrière politiquement consciente. Les actions d'individus isolés, qui s'en remettent à la violence, ne peuvent jamais servir de substitut à la lutte collective de la classe ouvrière. Aussi loin que l'on remonte dans l'expérience politique, les actes de violence individuelle sont fréquemment instigués par des provocateurs et jouent le jeu de l'État.

31. Le PES met en avant dans toutes les situations le principe révolutionnaire socialiste essentiel selon lequel il faut dire la vérité à la classe ouvrière. Le programme du parti doit s'appuyer sur une appréciation scientifique et objective de la réalité politique. La forme la plus insidieuse de l'opportunisme est celle qui se justifie en affirmant que les travailleurs ne sont pas prêts pour la vérité, que les marxistes doivent prendre le niveau de conscience dominant dans les masses - ou plus précisément, ce que les opportunistes s'imaginent qu'il est - comme point de départ et adapter leur programme aux préjugés et à la confusion existant dans les masses. Cette approche lâche est l'antithèse d'une politique révolutionnaire de principes. « Le programme », déclarait Trotsky en 1938, « doit exprimer les tâches objectives de la classe ouvrière plutôt que l'arriération des travailleurs. Il doit refléter la société comme elle est, et non l'arriération de la classe ouvrière. C'est un instrument pour dépasser et vaincre l'arriération. C'est pourquoi nous devons exprimer dans notre programme toute l'actualité de la crise sociale de la société capitaliste, y compris, en premier lieu, aux États-Unis. » La première responsabilité du parti, poursuivait Trotsky, est de donner, « une image claire, honnête de la situation objective, des tâches historiques qui découlent de cette situation, sans se demander si les travailleurs sont ou pas prêts à l'entendre. Nos tâches ne dépendent pas de la mentalité des travailleurs. La tâche est de développer la mentalité des travailleurs. C'est ce que le programme devrait formuler et présenter devant les travailleurs avancés. » Ces mots définissent précisément l'approche adoptée par le PES.

Les syndicats et le syndicalisme

32. L'aversion des opportunistes à dire la vérité aux travailleurs est presque toujours liée à leurs efforts pour fournir une couverture politique et préserver l'autorité des vieux syndicats réactionnaires, bureaucratisés et totalement corporatistes qui, alliés au Parti travailliste, maintiennent la subordination de la classe ouvrière au système capitaliste. Le PES, en opposition aux opportunistes, cherche à développer dans la classe ouvrière une compréhension de la nature de toutes les organisations qui affirment représenter les travailleurs. Le Conseil australien des syndicats (ACTU) et les syndicats qui lui sont liés sont contrôlés par et servent les intérêts d'une couche substantielle de fonctionnaires des classes moyennes dont le revenu personnel est dérivé de leur rôle actif et conscient en tant que facilitateurs de l'exploitation de la classe ouvrière par les entreprises.

33. Au cours des trois dernières décennies, les syndicats ont joué un rôle critique pour briser la résistance des travailleurs à l'offensive lancée à la fois par les gouvernements libéraux et travaillistes contre les emplois, les salaires et les conditions de vie. Par leurs accords conclus avec les gouvernements Hawke et Keating, ils ont collaboré avec les grandes firmes pour détruire des pans entiers de l'industrie, éliminant des centaines de milliers d'emplois à plein temps et réduisant les salaires et les conditions de travail au nom de la « compétitivité internationale ». Alors que le nombre de membres des syndicats s'est effondré, les revenus des syndicats et les salaires de leurs fonctionnaires ont continué à augmenter. Les syndicats bénéficient financièrement d'entreprises lucratives comme certains fonds de pension syndicaux et de la rémunération de leur présence dans le comité de direction de nombreuses grandes entreprises. Isolés et indifférents aux difficultés subies par leurs membres et protégés des récriminations de la base par des réglementations anti-démocratiques, les syndicats sont liés par des milliers de liens aux entreprises et à l'État capitaliste.

34. Contre les efforts des opportunistes pour maintenir la subordination des travailleurs syndicaux en promouvant la conception syndicaliste qu'ils pourraient en quelque sorte être revigorés par le militantisme de la « base », le Parti de l'égalité socialiste en appelle à une rébellion contre et à la rupture avec ces organisations corrompues qui ne représentent en aucun cas la classe ouvrière. Cela ne veut pas dire que le PES s'abstienne de travailler à l'intérieur des syndicats, dans la mesure où une telle activité est nécessaire pour gagner un accès aux travailleurs doublement opprimés par leurs employeurs et les fonctionnaires syndicaux, et les aider. Mais, le PES mène ce genre de travail en s'appuyant sur une perspective révolutionnaire, encourageant à chaque fois la formation de nouvelles organisations indépendantes - comme les comités d'usine ou de lieu de travail - qui représentent réellement les intérêts des travailleurs de base et soient soumis à un contrôle démocratique.

L'unité de classe contre les politiques identitaires

35. Une autre forme d'opportunisme qui a joué un grand rôle dans l'affaiblissement de la lutte pour l'unité de la classe ouvrière et dans l'abaissement de la conscience de classe, est la promotion d'innombrables formes de politiques « identitaires » -- s'appuyant sur l'élévation des distinctions ethniques, raciales, linguistiques, religieuses, sexuelles, au-dessus de la position de classe. La promotion du féminisme et du nationalisme aborigène a été à cet égard particulièrement insidieuse au cours des quarante dernières années, divisant et affaiblissant la classe ouvrière. Ce déplacement de la classe vers l'identité s'est faite au détriment d'une véritable compréhension des vraies causes, ancrées dans le système capitaliste, des difficultés qui se posent aux travailleurs. À partir des années 1970, le « multiculturalisme » est devenu la forme de politique identitaire officiellement acceptée et mise en avant en Australie. Développé dans le sillage de l'effondrement du vieux programme de « l'Australie blanche », à la suite du développement des relations économiques avec l'Asie, le multiculturalisme n'est rien d'autre qu'une idéologie nationaliste remise au goût du jour, reflétant les besoins changeants de la bourgeoisie. Il cherche à empêcher le développement de la conscience de classe dans la classe ouvrière en faisant la promotion de l'» identité » culturelle au-delà des lignes de classe. Le PES revendique l'égalité complète de tous et défend sans équivoque les droits démocratiques de tous. Toutes formes de discrimination s'appuyant sur un héritage national, ethnique, racial, religieux ou linguistique, ou sur l'orientation sexuelle, doit être abolie. Le PES avance ce composant essentiellement démocratique de son programme dans le contexte de la lutte pour le socialisme, en s'appuyant sur l'unification politique de toutes les sections de la classe ouvrière en Australie et de par le monde.

Pour les droits des aborigènes

36. Une prémisse essentielle pour forger cette unité est la défense inconditionnelle des droits démocratiques de la population indigène australienne. Les conditions de vie inacceptables endurées par la majorité des aborigènes sont une condamnation sans appel du capitalisme australien. Mesurée par de nombreuses statistiques sociales - la durée de vie, la pauvreté, le chômage, le niveau d'éducation et le taux d'alphabétisation, le logement la santé, le taux d'incarcération, et l'accès aux services sociaux et aux infrastructures de base - la position sociale des indigènes d'Australie est équivalente à celle des peuples les plus pauvres du monde, c'est le résultat d'une expropriation par la force et du génocide qui ont accompagné l'introduction du capitalisme sur tout le continent aux 18e et 19e siècles. Les prétendus « droits indigènes à la terre » n'ont rien fait pour améliorer le sort des communautés aborigènes, ils n'ont servi qu'à une mince élite cooptée. De même, les excuses du gouvernement travailliste pour les crimes du passé envers les aborigènes sont une honte, l'un de leurs premiers objectifs étant d'ouvrir la voie à de nouveaux crimes, y compris « l'intervention » dans les territoires du Nord et la rétention des aides sociales. Le PES s'oppose à toutes les tentatives, qu'elles soient directes ou indirectes, de faire porter la responsabilité de l'oppression des aborigènes sur la « société blanche » au lieu du système capitaliste, y compris par la proposition d'un « traité » entre les aborigènes et les « blancs » ou par la perspective frauduleuse de la « réconciliation ». Le seul moyen de résoudre la situation déplorable qui se pose aux travailleurs et aux jeunes aborigènes est la mobilisation de toute la classe ouvrière, aborigène comme non aborigène, pour mettre fin à l'ordre socio-économique qui l'a produit.

En défense des réfugiés et des immigrés

37. Le PES condamne et s'oppose à tout le cadre réactionnaire de « protection des frontières » et de restrictions à l'immigration soutenu par tous les partis au Parlement, y compris les Verts. Les gouvernements travaillistes comme libéraux incitent à la xénophobie, ils mènent une chasse aux sorcières contre les demandeurs d'asile pour détourner l'attention de leurs propres responsabilités pour les crises sociales et économiques. Les réfugiés et les immigrés se voient régulièrement dénier les droits démocratiques fondamentaux. Le PES rejette le classement de n'importe quel être humain comme « entré illégalement sur le territoire » et soutient le droit inconditionnel des travailleurs de chaque pays à vivre et travailler où ils le souhaitent, avec tous les droits d'un citoyen à part entière.

Les politiques socialistes contre le protectionnisme et le « libre-échange »

38. L'affirmation faite par les chauvinistes, et invariablement reprise par les syndicats, selon laquelle la réponse à la perte des emplois en Australie se trouve dans le protectionnisme, est fausse. Et d'un point de vue purement pratique, il n'est de toute façon pas possible, à l'époque de la globalisation, d'en revenir au nationalisme économique. En même temps, l'invocation du « libre-échange » par les monopoles transnationaux est tout aussi fausse que leurs autres appels à la « liberté ». Le PES ne défend ni le protectionnisme ni le libéralisme, mais lutte pour la propriété sociale des moyens de production, l'élimination des frontières nationales, et la création d'une économie mondiale planifiée et rationnellement intégrée.

Le centralisme démocratique

39. La lutte révolutionnaire de la classe ouvrière exige de l'organisation, et l'organisation est impossible sans discipline. Mais la discipline exigée par la lutte révolutionnaire ne peut pas être imposée bureaucratiquement d'en haut. Elle doit se développer en s'appuyant sur un accord librement consenti sur les principes et le programme. Cette conviction trouve son expression dans la structure organisationnelle du Parti de l'égalité socialiste, qui s'appuie sur les principes du centralisme démocratique. Dans la formulation des politiques et des tactiques appropriées, la démocratie la plus complète doit régner dans le parti. Aucune limite, autres que celles mentionnées par la constitution du parti, ne sont imposées aux discussions internes sur les politiques du PES et ses activités. Les dirigeants sont élus démocratiquement par les membres et sont sujets à la critique et au contrôle de leur activité. Mais si la formulation des politiques requiert la discussion la plus large et une critique ouverte et honnête, son application exige la discipline la plus stricte. Les décisions auxquelles le parti est arrivé démocratiquement engagent tous les membres. Ceux qui s'opposent à cet élément essentiel du centralisme dans l'application des décisions, qui voient dans la demande d'une discipline une violation de leur liberté personnelle, ne sont pas des socialistes révolutionnaires mais des individualistes anarchistes, qui ne parviennent pas à comprendre les implications et les exigences de la lutte de classe.

La conscience de classe, la culture et le World Socialist Web Site

40. La lutte pour le socialisme exige une croissance énorme de la stature politique, intellectuelle et culturelle du mouvement ouvrier, en Australie et internationalement. À l'opposé de ceux qui pratiquent des politiques pragmatiques et opportunistes, le PES est convaincu que seul un mouvement travaillant au niveau théorique le plus élevé se révélera capable d'attirer la classe ouvrière vers son étendard, et de la préparer pour la lutte contre le capitalisme, et au-delà, pour la construction d'une société socialiste. Si les politiciens bourgeois et les médias cherchent à tirer la classe ouvrière vers le bas, à leur propre niveau intellectuel sans principes, le PES s'efforce d'élever la classe ouvrière au niveau requis par ses tâches historiques. Ce n'est pas seulement la politique mais également la science, l'histoire, la philosophie, la littérature, le cinéma, la musique, les beaux-arts et tous les domaines de la culture qui tombent dans le domaine de l'éducation socialiste. L'instrument le plus important du PES pour le développement de la conscience socialiste dans la classe ouvrière est le World Socialist Web Site, publié par le Comité international de la Quatrième Internationale. Avec ses analyses journalières des développements économiques et politiques mondiaux, ses révélations de la réalité sociale du capitalisme, la couverture des luttes ouvrières, les commentaires sur les questions vitales de culture et de science, sa discussion des thèmes historiques et philosophiques et l'examen des questions critiques de stratégie révolutionnaire, de tactique et de pratique, le WSWS joue un rôle décisif pour forger le mouvement marxiste mondial contemporain.

La stratégie révolutionnaire et les revendications transitoires

41. L'objectif stratégique du Parti de l'égalité socialiste est d'éduquer et de préparer la classe ouvrière pour la lutte révolutionnaire contre le capitalisme, l'établissement du pouvoir ouvrier et la création d'une société socialiste. Notre but n'est pas la réforme du capitalisme, mais son renversement. Pour atteindre ce but, il faut cependant apporter l'attention la plus grande aux conditions de vie de la grande majorité des travailleurs, et à la formulation des demandes qui répondent à leurs besoins. Le PES reconnaît la nécessité d'établir, en pratique, un lien entre la perspective de la révolution socialiste et les luttes concrètes dans lesquelles la classe ouvrière est engagée. Dans cet effort, le travail du PES est guidé par l'approche défendue par Léon Trotsky dans le programme de transition. « Il faut » écrivait-il, « aider les masses, dans le processus de leurs luttes quotidiennes, à trouver le pont entre leurs revendications actuelles et le programme de la révolution socialiste. Ce pont doit consister en un système de revendications transitoires partant des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière et conduisant invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat. »

42. Parmi ces demandes, figurent le plein emploi, l'ajustement automatique des salaires sur l'inflation, la réduction du temps de travail sans perte de salaire, l'accès sans restrictions à une santé et une éducation de qualité, des logements décents et l'annulation des expulsions de locataires. Ils comprennent également la démocratisation du lieu de travail, l'inspection sans entraves par tous des données financières des entreprises et institutions financières, l'établissement de limites aux salaires des dirigeants, l'imposition d'une taxe sur le revenu vraiment progressive et une restriction significative sur le transfert de la richesse personnelle par l'héritage. Le PES présentera d'autres demandes transitoires importantes comme les nationalisations et l'établissement d'un contrôle démocratique des ouvriers sur les grandes entreprises vitales pour l'économie globale et nationale, le démantèlement de l'armée et le transfert de l'autorité à des milices populaires avec des officiers élus contrôlés par la classe ouvrière ainsi que d'autres politiques à caractère démocratique et socialement bénéfique.

43. Les revendications transitoires joueront un rôle important dans la mobilisation politique de la classe ouvrière dans la mesure où elles forment une partie d'une campagne plus large pour développer la conscience socialiste. Le programme de transition n'est pas un menu à la carte, dans lequel on pioche les revendications selon son bon vouloir, sans un contexte politique approprié ou des références à des buts politiques plus larges. Si le programme de transition doit servir de pont vers le socialisme, la destination ne peut pas être cachée à la classe ouvrière.

La classe ouvrière et la révolution socialiste

44. Le travail du PES est pénétré d'une confiance sans faille, s'appuyant elle-même sur une théorie scientifique avancée et une expérience historique riche, dans le rôle révolutionnaire et la destinée de la classe ouvrière. Mais la victoire de la révolution socialiste dépend de la lutte consciente des travailleurs. L'émancipation de la classe ouvrière est, en dernière analyse, la tâche de la classe ouvrière elle-même. Comme Engels l'a si bien dit, « quand il est question de la transformation complète de l'organisation sociale, les masses elles-mêmes doivent également intervenir, doivent elles-mêmes avoir déjà compris ce qui est en jeu, ce pour quoi elles luttent, corps et âme. » Lorsque les travailleurs australiens décideront, sous les coups du capitalisme en crise, qu'ils doivent « intervenir », rien ne pourra les empêcher de prendre leur place bien méritée dans la révolution socialiste mondiale.

Fin

(Article original publié le 12 mars 2010)

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