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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les contrôleurs aériens espagnols visés par la répression étatique croissante

Par Paul Mitchell et Chris Marsden
13 décembre 2010

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Le responsable judiciaire le plus haut placé du gouvernement du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), le procureur général Candido Conde-Pumpido, requiert des peines de prison allant jusqu'à 8 ans contre des centaines de contrôleurs aériens, qui ont organisé une grève le week-end dernier. Ces contrôleurs sont accusés de sédition sur la base de la Loi pénale sur la navigation aérienne.

Les contrôleurs sont considérés comme des insurgés qui devront être confrontés à la pleine force de l'Etat. Le Premier ministre José Luis Zapatero a décrit la grève comme une « rébellion ouverte contre la légalité » et « un affront à l'ordre constitutionnel. »

« Le gouvernement n'hésitera pas à avoir recours, sans méconnaître l'exigence de proportionnalité, à tous les instruments de la loi afin de mettre fin à des situations comme celle que nous avons connue ce week-end, » a déclaré Zapatero.

Le "crime" des contrôleurs a été de téléphoner en masse pour prévenir qu'ils étaient malades, pour défendre les conditions de santé et de sécurité au travail ainsi que pour s'opposer aux plans du gouvernement de privatiser 49 pour cent de l'Agence publique qui gère les aéroports, l'Aeropuertos Españoles y Navegación Aérea (AENA). Près de 90 pour cent des contrôleurs ont dépassé le maximum légal de 1670 heures de travail par an. Au début de l'année, le gouvernement avait augmenté ce maximum qui était auparavant de 1200 heures, il avait également limité à 80 par an le nombre d'heures supplémentaires payées, et réduit les salaires de moitié.

Le gouvernement du PSOE a réagi à cette action des travailleurs en déclarant l'état d'alerte pour une durée de 15 jours – la première depuis la chute de la dictature fasciste de Franco en 1975. Les contrôleurs ont été escortés sous la menace des armes de l'hôtel où ils s'étaient réunis et ont été contraints de signer un document les plaçant sous l'autorité de l'armée. Depuis ce moment, ils travaillent sous la surveillance de la police. Plus de 190 officiers de l'armée de l'air ont été déployés dans les tours de contrôle espagnoles et plus de 2000 policiers ont été affectés aux aéroports.

Zapatero menace maintenant d'étendre les pouvoirs d'urgence au prétexte d'empêcher une grève durant la période des fêtes de noël. Cela devrait également donner le temps au personnel militaire d'être formé pour reprendre les postes des contrôleurs licenciés.

L'adjoint du Premier ministre, Alfredo Pérez Rubalcaba, a dit que le gouvernement discutait d'un plan de secours top secret pour que ce type de grève ne se reproduise « plus jamais, » prévenant que les contrôleurs devraient « faire face à toute une série de procès et de sanctions administratives. »

Le premier groupe de 100 contrôleurs devant faire face à des poursuites a été convoqué devant le procureur de Madrid jeudi. Une dizaine a refusé de se présenter, disant qu'ils devraient comparaître devant une cour militaire puisque c'est l'armée qui les avait pris sous son autorité.

L'AENA a également engagé des procédures disciplinaires contre 442 contrôleurs. D'après El Mundo, des milliers de voyageurs affectés, des associations de consommateurs et d'autres procureurs se préparent également à les poursuivre devant les tribunaux, ce qui risque de mettre les contrôleurs en faillite.

Le gouvernement du PSOE a agi de cette manière impitoyable pour montrer aux investisseurs internationaux qu'il ferait tout son possible pour appliquer les mesures d'austérité qui sont exigées de l'Espagne. Zapatero a été récompensé par un reportage élogieux dans le Wall Street Journal (WSJ), qui notait que « La réponse sévère du gouvernement a renforcé la position du Premier ministre espagnol en difficulté, et pourrait lui donner plus de soutien pour faire passer ses réformes. »

Le principal organe du grand patronat américain a déclaré que les actions de Zapatero étaient populaires chez les « conservateurs qui veulent voir des réformes fortes dans des secteurs comme le travail, le coût des retraites et le secteur bancaire. » Zapatero a été en contact permanent avec Mariano Rajoy, le dirigeant du Parti populaire, le parti d'opposition de droite, « pour le tenir au courant. »

Le WSJ est sincère quant à l'usage qui sera fait par le PSOE du soutien qu'il a gagné en s'en prenant aux contrôleurs – faire passer « la consolidation du secteur bancaire espagnol en difficulté» et s'attaquer à « un marché du travail rigide qui protège scrupuleusement les salaires et les aides sociales des travailleurs à plein temps. »

Si le PSOE peut exploiter les sentiments confus chez certains travailleurs – auxquels ils font appel contre des contrôleurs relativement bien payés – c'est grâce au soutien actif de la bureaucratie syndicale et des groupes de la fausse gauche pour son offensive de propagande et de mesures de répression justifiées sur cette base.

Les deux principales fédérations syndicales, L'UGT (Union générale des travailleurs) alignée sur le PSOE et le CC.OO (Commissions ouvrières) contrôlé par le Parti communiste, s'en sont prises aux contrôleurs. L'UGT a dit que l'action des contrôleurs n'était « justifiée d'aucune manière. » Le CC.OO a été encore plus agressif, décrivant la grève comme « intolérable » et « étrangère » aux « codes » des syndicats normaux et méritant « notre rejet le plus fort et le plus radical. » Le CC.OO a attaqué les contrôleurs qu'il a présentés comme « un groupe corporatiste chouchouté par la compagnie et le gouvernement » et il a demandé qu'ils « respectent le droit du travail. »

Quant l'Unión Sindical de Controladores Aéreos (USCA), qui représente les contrôleurs, elle a a été prompte à présenter ses excuses pour la grève et à insister sur le fait que cette grève n'avait pas été autorisée par le syndicat.

La Gauche unie (Izquierda Unida-IU), menée par les staliniens en alliance avec divers groupes petit-bourgeois, a publié une déclaration le jour de la déclaration de l'état d'alerte, rassurant le grand patronat et le gouvernement sur le fait qu'il « n'avait jamais été d'accord avec les demandes des contrôleurs ou leur manière de les faire connaître. »

Gaspar Llamazares, le porte-parole de la Gauche unie au parlement, a déclaré au Congrès des députés que l'IU « condamne sans ambiguïtés l'attitude des contrôleurs aériens… parce qu'après cet arrêt du travail des contrôleurs aériens, qui n'est pas une grève, nous sommes plus faibles pour défendre le droit du travail et les droits sociaux, pour défendre le droit de grève. »

On marche sur la tête. C'est le refus de l'IU de défendre les contrôleurs et son alignement derrière la répression d'Etat qui ont renforcé le gouvernement. Le précédent établi par cette trahison méprisable, qui accepte l'imposition de l'autorité militaire contre une grève, peut être utilisé à l'avenir contre les autres grèves, et il le sera. Et cela s'accompagnera dans ces cas suivants de déclarations identiques contre les travailleurs d'un « service essentiel » qui « prennent le pays en otage. »

Le même rôle est joué dans chaque pays par l'appareil syndical et les pseudo-groupes de gauche qui gravitent autour. Dans toute l'Europe, les syndicats trahissent toutes les luttes qui se développent contre les mesures d'austérité qui menacent de licenciement des dizaines de millions de gens et des dizaines de millions d'autres à finir dans la pauvreté.

Encouragés par cette trahison, les gouvernements quelle que soit leur couleur politique officielle – social-démocrate en Espagne et en Grèce, conservateur en France et en Grande-Bretagne – emploient la violence policière pour briser les grèves et intimider les manifestation des étudiants et autres.

Le temps est venu de faire cesser cela. Le World Socialist Web Site exhorte les travailleurs en Espagne et dans toute l'Europe à dénoncer l'offensive légale contre les contrôleurs, à demander la suspension immédiate de l'état d'alerte et le retrait de toutes les mesures pénales et disciplinaires. Cela doit être le point de départ d'une rébellion politique contre les appareils bureaucratiques en décomposition des syndicats, qui fonctionnent comme une cinquième colonne pour le compte du grand patronat et de l'Etat.

(Article original paru le 11 décembre 2010)

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