wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le premier ministre italien Berlusconi survit de justesse à une motion de censure

Par Peter Schwarz
24 décembre 2010

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Le premier ministre italien Silvio Berlusconi reste provisoirement au pouvoir. Mardi, dans une atmosphère tendue, il a survécu par une courte majorité à une motion de censure.

A la Chambre des députés, 314 ont voté pour et 311 contre Berlusconi. Au Sénat, le résultat a été le suivant, comme on pouvait s’y attendre : 162 sénateurs ont soutenu le premier ministre et 135 étaient contre.

En mai 2008, Berlusconi avait été élu premier ministre pour la quatrième fois depuis 1994. Son gouvernement de coalition, comprenant son parti le Peuple de la Liberté (PDL) et la xénophobe Ligue du Nord, disposait d’une majorité sûre dans les deux Chambres du parlement.

Toutefois, l’impact de la crise économique internationale a rapidement miné le gouvernement Berlusconi. Après la Grèce, la dette publique de l’Italie est la deuxième plus élevée de l’Union européenne. Le chômage des jeunes est de 25 pour cent, et 8 millions d’Italiens sur les 60 millions que compte le pays vivent avec moins de 800 euros par mois.

Confronté à cette crise, le gouvernement était fortement paralysé et trébuchait d’un scandale à un autre. Des allégations de corruption et d’implication de la mafia dans l’empire médiatique de Berlusconi, qui avait déjà maintenu son précédent gouvernement dans les limbes, ont été suivies de scandales sexuels impliquant Berlusconi âgé de 74 ans et des mineures et fait les gros titres pendant des semaines. A Naples, les montagnes d’ordures ménagères que Berlusconi avait promis d’éliminer durant la campagne électorale, s'empilent plus haut que jamais.

Dans les rangs de ses propres partisans, Berlusconi perd de plus en plus de soutien. D’influents représentants industriels se détournent de lui. La présidente de l’organisation patronale, Emma Marcegaglia, l’a attaqué publiquement. Son prédécesseur, le patron de Ferrari Luca di Montezemolo, a dit, « Après 15 ans d’inaction, il est temps de mettre un terme au one man show. »

Finalement, le président du parlement, Gianfranco Fini a pris la tête de l’opposition. En 2009, cet ancien fasciste avait fusionné son Alliance nationale (Alleanza Nazionale, AN) avec le parti de Berlusconi. A présent, voyant s’évanouir ses chances de devenir le successeur de Berlusconi, il a décidé de se rebeller. En été 2010, avec ses 36 députés il a rompu avec le parti gouvernemental pour fonder son propre groupe appelé « Futur et Liberté pour l’Italie » (FLI), en privant ainsi Berlusconi de sa majorité à la Chambre des députés.

Après une certaine hésitation, le FLI de Fini a déposé une motion de censure. Ce qui s’ensuivit fut une bataille de chiffonniers sans pareil en Italie. Le camp de Berlusconi aurait versé des pots de vin d’un montant de 500.000 euros à deux députés, il aurait promis une commande à l’entreprise d’un autre et un siège dans le futur gouvernement à un quatrième. D’autres ont été menacés de la perte de leurs sièges et appâtés avec la promesse de figurer sur une prochaine liste.

Un jour avant le vote de confiance, Berlusconi avait mis en garde que sa destitution plongerait le pays au cœur de la crise de la dette européenne. Qu’au vu des spéculations continues sur les marchés financiers, ce serait « une folie politique de provoquer une crise sans raisons évidentes et crédibles», a-t-il dit. Dans le même temps, il offrait à l’opposition chrétienne-démocrate (UDC) des postes dans un futur gouvernement.

Plusieurs partisans de Fini se sont montrés réceptifs aux attraits présentés par Berlusconi et à ses menaces. Six des 36 députés FLI ont dit qu’il n’était pas raisonnable de risquer une telle crise gouvernementale et qu’ils voteraient pour Berlusconi « en raison d’une profonde préoccupation pour le pays ». Néanmoins, le vote de confiance été extrêmement juste et la séance a été interrompue lorsqu’une bagarre a éclaté entre les députés.

Le résultat du vote de confiance ne résoudra pas la crise politique en Italie. Compte tenu de sa majorité restreinte et précaire, le gouvernement sera à peine en mesure d’agir. Avant le vote, le partenaire de coalition de Berlusconi, Umberto Bossi de la Ligue du Nord, avait insisté pour la tenue d’élections anticipées. « Vous ne pouvez pas gouverner avec une majorité d’une seule voix, la seule solution c’est une nouvelle élection, » a-t-il dit.

En Italie, le déclin des institutions démocratiques en plein tourbillon d’affaires de corruption, de pots de vin et de sexe a atteint un niveau qui n’a généré qu’horreur et dégoût de la part des nombreux électeurs.

Des intellectuels et des personnalités culturelles sont descendus à maintes reprises dans la rue pour exprimer leur indignation à l’égard de Berlusconi. Samedi dernier, des dizaines de milliers ont répondu à l’appel du Parti démocrate (PD) en protestant à Rome contre la politique du chef du gouvernement. « Cette manifestation sera le début d’un changement historique qui mettra fin au gouvernement Berlusconi, » a annoncé le dirigeant du PD. Ceux qui protestent « forment l’Italie de demain, » a-t-il déclaré.

Désespérés de voir Berlusconi survivre en apparence à chaque affaire et aux nombreux revers subis, pour toujours retourner au pouvoir durant ces 16 dernières années, de nombreux intellectuels en ont imputé la faute aux masses de la population.

L’auteur de best-seller, Umberto Eco a dit au journal Frankfurter Rundschau, « De nombreux Italiens admirent Berlusconi parce qu’il leur fait miroiter ce que tout Italien aimerait faire – s’amuser avec des femmes et ne pas payer d’impôts. Berlusconi incarne leurs rêves les plus fous. » Comme solution, Eco propose un « renouveau moral » de la société italienne.

En réalité, la responsabilité pour la persistance de Berlusconi au pouvoir revient à la soi-disant opposition dirigée par les Démocrates qui sont issus du Parti communiste en 1991. A chaque fois qu’ils ont été impliqués dans le gouvernement – de 1996 à 2001 et ensuite de 2006 à 2008 – ils ont imposé des coupes massives dans les programmes sociaux ainsi que des attaques à l’encontre des travailleurs, ouvrant la voie au retour au pouvoir de Berlusconi.

Les partis d’« opposition » sont soutenus et défendus par une multitude de groupes petits-bourgeois rassemblés au sein du parti Rifondazione Comunista. Rifondazione affirme que les Démocrates représentent un moindre mal et ont même rejoint en 2006 le gouvernement du politicien bourgeois Romano Prodi – se décrédibilisant politiquement de ce fait. En l’espace de deux ans, le gouvernement Prodi avait à tel point déçu ses électeurs que Berlusconi fut capable de revenir au pouvoir en triomphe.

Les démocrates n’attaquent pas Berlusconi pour sa politique mise en oeuvre dans l’intérêt des riches et des puissants. Ils sont surtout préoccupés que le gouvernement n’impose pas les mesures d’austérité avec la même vigueur que le font en Grèce, en Espagne et au Portugal les amis sociaux-démocrates du PD. La soi-disant « gauche » s’est tellement distancée de la masse de la population qu’elle craint une nouvelle élection et préfèrerait la formation d’un « gouvernement composé de technocrates. »

Alors que la xénophobe Ligue du Nord insiste pour que soient organisées de nouvelles élections, et que Berlusconi espère une réélection, les Démocrates se cachent derrière le fasciste Fini en lui laissant l’initiative politique. « Nous sommes obligés de suivre la volonté des anciens néo fascistes, une expérience quelque peu étrange, » a remarqué, samedi lors d’une manifestation à Rome, Enrico Letta, un Démocrate influent et proche associé de l’ancien premier ministre Prodi.

Le problème clé auquel sont confrontés les travailleurs partout en Europe et dans le monde est très clairement exposé en Italie : parmi les partis traditionnels, pas un n'exprime ni ne représente les intérêts de la classe ouvrière. Les partis et les programmes réformistes qui promettent des améliorations sociales tout en laissant le système capitaliste intact, sont tous en faillite. Seule une offensive internationale de la classe ouvrière sur la base d’un programme socialiste peut stopper la réaction politique et sociale que le personnage de Berlusconi représente si clairement.

(Article original paru le 15 décembre 2010)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés